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Sahel: que sait-on de la mort d’al-Sahraoui, chef du groupe État islamique au Grand Sahara?

Des hélicoptères de la force française Barkhane déployée au Sahel. (Image d'illustration)

Des hélicoptères de la force française Barkhane déployée au Sahel. (Image d'illustration)
 MICHELE CATTANI AFP/File

Adnan Abou Walid al-Sahraoui a été tué par une frappe de Barkhane, il y a quelques semaines, selon le président français. L'annonce a été publiée sobrement sur le compte Twitter d'Emmanuel Macron un peu avant 1h du matin, ce jeudi 16 septembre 2021. Adnan Abou Walid al-Sahraoui et le groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS) avaient été désignés comme ennemi numéro un lors du sommet du G5 Sahel de Pau en janvier 2020.

Depuis le mois de juillet dernier, l’étau se resserrait autour du chef du groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS), Adnan Abou Walid al-Sahraoui, confie une source sécuritaire française. À cette période, deux autres cadres du mouvement avaient déjà été tués et des documents saisis. C’est quasiment dans la même zone que Adnan Abou Walid al-Sahraoui a donc à son tour été abattu fin août. Il venait semble-t-il de quitter les environs de la ville malienne de Ménaka pour la frontière nigérienne.

D'après une source proche de l'Élysée, c'est un raid aérien, sans renfort au sol, qui l'a neutralisé. « Un faisceau de renseignements indiquait la présence d'un haut cadre, poursuit cette source, mais nous n'étions pas sûrs qu'il s'agissait d'Abou Walid. » D'où le délai entre la mort du terroriste et l'annonce officielle. Confirmer son identité a pris des semaines. L’opération menée par des militaires français a, d’après nos informations, également permis de neutraliser plusieurs autres combattants de l’organisation État islamique.

Deux mois de traque

Tout commence le 14 juillet dernier par un l’interrogatoire de deux jihadistes prisonniers. Le contenu de leurs téléphones révèle, où se situe la cache probable de l'émir de l'EIGS. La cible, c'est la forêt de Dangarous au sud d'Indélimane, au cœur du Liptako malien. Une zone de taillis et de futaies plus ou moins denses, très souvent utilisée comme refuge par les katibas. Un drone reaper s'y positionne et le 17 août, dans un couloir de mobilité, il repère une moto et ses deux passagers, des terroristes assure le général Burkhard, chef d’état-major des armées françaises, le drone fait feu sans savoir à cet instant qu'il vient d'éliminer l'émir de l'EIGS.

« Ils étaient en déplacement, peut-être ayant détecté des mouvements aériens sur zone. Ils se déplaçaient effectivement isolément, ce qui était néanmoins une des caractéristiques qui entouraient ses modes de déplacement. Cela nous confortait sur cette identification, explique le général Burkhard. S’en est suivie une phase d’engagement à terre, donc du 20 au 22 août avec la mise en place par héliportage d’un groupe commando d’une vingtaine de soldats. Ils avaient pour mission de reconnaître et de fouiller l’ensemble de la zone. Entre le 17 et le 22, plusieurs membres de l’EIGS, estimés à une dizaine, ont été neutralisés, dont d'Abu Walid al Sahraoui. »

Quel impact pour l’EIGS ?

Sa mort est un coup dur pour ses troupes qui opèrent dans la zone dite des « trois frontières » - Mali, Burkina Faso, Niger. Un coup dur qui néanmoins ne signifie pas la fin des opérations jihadistes. Les combattants de l’État islamique sont de plus en plus formés à agir en petits groupes autonomes. Et contrairement au second groupe jihadiste dirigé par Iyad Ag Ghali, le Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), qui a fait du Mali sa base, l’État islamique étend ses tentacules au Niger et au Burkina Faso voisins afin de ne plus trop dépendre du Mali où sont concentrées de nombreuses forces étrangères.

L'opération Solstice en juin dernier avait déjà neutralisé plusieurs cadres, comme Rhissa al-Sahraoui ou encore Ikarey. Pour autant les attaques se poursuivent dans la zone des « trois frontières » et notamment dans le Tillabéri nigérien. La dernière a eu lieu ce week-end, alors même que le président du Niger était en visite dans cette région.

Qui était Adnan Abou Walid al-Sahraoui ?

Adnan Abou Walid al-Sahraoui, Lehbib Ould Ali Ould Saïd Ould Joumani, est né dans les années 1970, c'est un Sahraoui. On le retrouve dans les années 1990 en Algérie comme étudiant et militant du mouvement indépendantiste, le Polisario, selon une enquête menée par le journaliste-chercheur mauritanien et spécialiste du Sahel, Isselmou Ould Salihi.

RFI l’avait rencontré en 2012 près de Gao lors de l’occupation du septentrion malien par les jihadistes. Regard d’enfant, talkie-walkie en main, ce qui frappait c'est le calme qui se dégageait du chef jihadiste Il donnait l’impression d’avoir une autorité naturelle, d’être à la tête d’un groupe très structuré qui à l’époque s’appelait alors le Mujao, le Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest, dont il était que co-fondateur, et ne cachait pas que contrairement à d’autres groupes jihadistes du Nord, son ambition était d’étendre son mouvement dans toute la région..

Il s’est ensuite rapidement imposé comme le chef de l’organisation de l’État islamique au Grand Sahara dans la zone des « trois frontières ». Sa stratégie : la violence, les atrocités et l’implantation de cellules jihadistes surtout au Niger et au Burkina Faso pour ne pas dépendre que de ses bases maliennes.

La bête noire des Occidentaux

L’homme de taille moyenne, avec une voix plutôt fluette, est connu pour diriger lui-même ses troupes lors d’attaques. C’est ce qu’il a fait par exemple en 2017, deux ans après avoir créé l’État islamique en menant la meurtrière embuscade de Tongo Tongo au Niger contre les troupes américaines et nigériennes. Le 9 août 2020, encore au Niger, il avait personnellement ordonné l'assassinat de six travailleurs humanitaires français.

Dans le curriculum d’Abou Walid, il lui faut également noter le rapt de plusieurs otages dont des Occidentaux.

Dans le haut de la liste des ennemis de la force Barkhane, il ne reste désormais plus qu'un nom : Iyad Ag Ghali, chef du GSIM, le Groupe de soutient à l'islam et aux musulmans.

Une annonce qui intervient à un moment particulier

Le timing de cette annonce des autorités françaises étonne. Elle intervient alors que la rumeur d'un contrat entre le Mali et société de mercenaires russes Wagner, court. Rien à voir assure l'Élysée : « Ce n'est pas le genre d'informations avec lesquelles nous faisons des coups de théâtre. »

 

La copie d'un petit article dans la revue "Science et vie" du mois d'août 2021

 

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Paludisme : vers un vaccin ?

Le paludisme concerne, d’après les estimations de l’OMS, 229 millions de personnes dans le monde.

Le paludisme concerne, d’après les estimations de l’OMS, 229 millions de personnes dans le monde.
 © Shutterstock/mycteria

Maladie potentiellement mortelle, le paludisme concerne, d’après les estimations de l’OMS, 229 millions de personnes dans le monde. Les enfants de moins de 5 ans constituent le groupe le plus vulnérable face au paludisme : 67 % des décès en 2019, à l’échelle mondiale. 

Un vaccin mis au point par des chercheurs de l'université d'Oxford et du Burkina Faso s'est révélé efficace à 77 % lors d'essais de phase 2. La phase 3 s’achèvera dans 2 ans. Quid de ce vaccin ? Comment prévenir le paludisme ? Peut-on évaluer l’impact qu’ont eu la pandémie de Covid-19 et la crise sanitaire sur la riposte au paludisme ?

► En fin d’émission, nous parlons des résultats de l’étude sur les survivants d’Ebola 5 ans après avec le Pr Eric Delaporte, l’un des investigateurs principaux de l'étude PostEbogui et professeur de maladies infectieusesDirecteur de l’unité « VIH /SIDA et maladies associées » à l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement), INSERM et à l’Université de Montpellier

Mali: les mercenaires russes du groupe Wagner bientôt présents dans le pays?

Le président malien par interim, le colonel assimi Goïta, lors d'une revue des forces armées, le 7 juin 2021 à Bamako.

Le président malien par interim, le colonel assimi Goïta, lors d'une revue des forces armées, le 7 juin 2021 à Bamako.
 AFP - ANNIE RISEMBERG

Les mercenaires russes de la société privée Wagner seront-ils bientôt actifs au Mali ? Oui, selon l’agence de presse britannique Reuters, qui affirme que des négociations entre les autorités de transition et le groupe Wagner sont en cours et même « proches de conclure ».

Le groupe Wagner est déjà présent en Afrique, notamment en Libye ou en Centrafrique, où ses exactions ont été documentées par des journalistes, de RFI notamment, et par des organisations de défense des droits de l’homme. Au Mali, en revanche, ce serait une première et cela, dans un contexte de désengagement français avec la fin annoncée de l’opération Barkhane et la réduction des effectifs militaires français dans le pays.

L’accord en cours de négociation porterait, selon Reuters, sur l’envoi de plusieurs centaines, voire d’un millier de mercenaires russes au Mali. Le groupe Wagner serait payé six milliards de francs CFA - plus de neuf millions d’euros - par mois pour former des militaires maliens et assurer la protection de certains hauts dirigeants. Pas de participation directe au combat contre les groupes terroristes.

L’accès du groupe Wagner à trois sites miniers ferait également partie des discussions. Reuters s’appuie sur sept sources diplomatiques et militaires, mais aucune confirmation officielle, ni côté Wagner, ni côté malien. Sollicitées par RFI, depuis plusieurs jours sur le sujet, aucune des autorités gouvernementales, militaires ou à la présidence contactées n’a confirmé les discussions en cours.

► À lire aussi Fin de Barkhane: le Mali face au désengagement militaire français au Sahel

Paris tenterait de dissuader Bamako de concrétiser l'accord

Le ministre malien de la Défense était en visite à Moscou au début du mois. Ce n’est pas sa première mission dans le pays qu’il connaît bien puisque le Colonel Sadio Camara, tout comme le Colonel Assimi Goïta, président de la Transition, a effectué une partie de sa formation en Russie. C’est également le cas du Colonel Malick Diaw, président du Conseil national de Transition. Soit trois des cinq piliers de la junte du CNSP, auteurs du coup d’État d’août 2020 qui a fait tomber le président Ibrahim Boubacar Keïta.

Reuters affirme en outre que Paris tenterait, actuellement, de dissuader les autorités maliennes de concrétiser cet accord. Sans le confirmer, un haut-gradé de l’armée française rappelle les nombreuses exactions dont le groupe Wagner est accusé en Centrafrique. Et de commenter : « Ce n’est certainement pas la meilleure solution. »

 

Burkina Faso: dans la province de la Comoé, des villages se vident en raison de l'insécurité

Des Burkinabè emportent leurs bien lors de la fuite de leur village, en janvier 2020.

Des Burkinabè emportent leurs bien lors de la fuite de leur village, en janvier 2020.
 AFP - OLYMPIA DE MAISMONT

Huit villages de la commune de Mangodara, dans la province de la Comoé, au sud-ouest du pays, à la frontière avec la Côte d'Ivoire, ont été désertés par leur population. Depuis environ une semaine des milliers de familles partent trouver refuge à Mangodara, chef-lieu de la commune ou bien de l'autre côté de la frontière. Elles fuient l'insécurité. 

« En une semaine, près de 2 000 personnes sont arrivées à Mangodara », explique un notable de la ville. La plupart sont accueillies par des familles. D'autres sont hébergées dans une école. Mais selon une autorité locale, la capacité d'accueil de l'établissement est déjà saturée. « À Mangodara, nous sommes environ 10 000 habitants. Ce n'est pas facile d'accueillir tout ce monde, mais c'est la solidarité qui prévaut », poursuit le notable.

Les habitants des villages alentour fuient les violences qui se sont intensifiées depuis une dizaine de jours. Le vendredi 3 septembre, des individus armés sont entrés dans la localité de Sirakoro pour enlever un homme accusé d'être un « informateur » des autorités.

Dans la nuit du 9 au 10 septembre, à Noumoukiédougou, un volontaire pour la défense de la patrie est assassiné et sa mère blessée. « On croise des hommes armés, parfois ils prêchent dans les villages. On sait que c'est comme ça que ça a commencé dans le nord et l'est du pays », explique un habitant de la région.

Certains villageois ont préféré traverser le fleuve Comoé pour passer en Côte d'Ivoire, car « les gens ont tellement peur qu'ils n'osent plus prendre la route », conclut une autorité locale.

1,4 million de personnes déplacées

Dans un communiqué daté de lundi, l'ONG Norwegian Refugee Council (NRC) alerte sur les nouvelles violences au Burkina et leur impact sur les populations. Le pays compte 275 000 nouveaux déplacés depuis avril. En tout, ce sont désormais plus d'1,4 million de personnes qui sont déplacées dans le pays, majoritairement dans la région du Sahel, dans le nord du pays. Des déplacements de populations qui ont un fort impact sur la sécurité alimentaire des populations.

Depuis avril, on assiste à une recrudescence assez forte de la violence. Une situation très précaire pour les déplacés dans une période, dite de soudure, où les greniers sont quasiment vides. Il n’y a plus grand-chose à manger avant la prochaine récolte. Tout ceci crée un climat extrêmement précaire pour ces déplacés, qui en plus ne bénéficient pas de l’aide humanitaire adéquate.

Tom Peyre-Costa, porte-parole régional de NRC

À l’heure actuelle, les personnes déplacées internes (PDI) sont accueillies dans 274 communes dans les 13 régions du pays. La plupart de ces personnes déplacées ont bénéficié d’une assistance alimentaire qui s’élève à 38 000 tonnes de vivres avec une priorité aux communes en proie à l’insécurité. Plus de 2 milliards de francs CFA ont été également transférés à ces PDI et populations hôtes, selon Laurence Marshall Ilboudo, ministre de la Femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l'action humanitaire. Afin d’avoir des chiffres fiables sur le nombre de personnes déplacées internes, le gouvernement entend mettre en place un nouveau système de comptage.

Nous allons travailler à mettre en place la carte PDI. Nous allons donner une carte à chaque chef de famille avec un code barre. En cas de mobilité, ils n’auront qu’à donner ce code barre et seront pris en charge au même titre où ils étaient. Mais il n’y aura plus de doublon sur les listes. Nous aurons des vraies livres fiables.

Laurence Marshall Ilboudo ministre de la solidarité nationale, de la famille et de l'action humanitaire