Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Blocages de concerts par des catholiques radicaux, l’épineuse position de l’Église

Analyse 

Ces dernières années, les incidents se sont multipliés en marge d’événements culturels organisés dans des églises. Des manifestations locales qui posent aujourd’hui la question d’une réflexion plus globale au niveau de l’Église de France.

  • Cécile Mérieux et Malo Tresca, 

Blocages de concerts par des catholiques radicaux, l’épineuse position de l’Église
 
En avril 2023, des menaces de mort provoquent l’annulation du concert du chanteur Bilal Hassani dans une église désacralisée de Metz (Moselle).G.LENZ/MAXPPP

La menace s’est d’abord matérialisée fin avril par un courrier anonyme dénonçant l’organisation prochaine d’un « concert profanatoire » en l’église Saint-Cornély à Carnac (Morbihan). En cause, la venue, le 13 mai, de l’organiste américaine Kali Malone, connue pour son style électro-acoustique. « Il est peut-être trop tard pour empêcher ce sacrilège, indiquait alors la missive adressée au curé local, le père Dominique Le Quernec, mais j’invite tous les fidèles de Carnac, vacanciers comme historiques”, à contester auprès du presbytère et à faire prière de réparation en disant le chapelet. »

La lettre circule parmi les paroissiens, avant d’être relayée sur des sites influents dans les milieux catholiques traditionalistes. Le curé tente d’éteindre la polémique en publiant un communiqué dénonçant de « fausses accusations », mais une trentaine de catholiques radicaux se rassemblent le soir du concert pour bloquer l’accès au lieu.

L’événement est finalement annulé malgré l’intervention du maire et des forces de l’ordre. Il avait pourtant été autorisé par le curé, à qui revient ce type de décision. « Nous avons une commission des concerts avec un comité de lecture des œuvres, retrace le père Le Quernec. Nousétudions chaque demande de concert en vérifiant qu’il n’y ait rien d’anti-chrétien ou de profanateur parmi les œuvres proposées. »

Phénomène récurrent

D’autres incidents ont défrayé la chronique en France. En juin 2021, le chanteur de pop Eddy de Pretto a été la cible d’attaques virulentes pour son concert à l’église Saint-Eustache de Paris. Quelques mois plus tard, à Nantes, un concert de l’artiste suédoise Anna von Hausswolff, a été déplacé et finalement annulé à cause d’actions de militants traditionalistes.

En avril 2023, des menaces de mort provoquent l’annulation du concert du chanteur Bilal Hassani dans une église désacralisée de Metz (Moselle). Une semaine plus tard, à Lille (Nord), les forces de l’ordre sont mobilisées pour permettre le maintien d’un concert de musiques ethniques prévu dans une église. Des actes ponctuels, d’ampleur variable, mais bénéficiant d’un fort écho médiatique et amplifié par les réseaux sociaux.

Militants divergents

Selon l’historien Bruno Dumons, coauteur de Droite et catholicisme en France et en Europe des années 1960 à nos jours, ce type d’actions est conduit par des militants souvent de « sensibilité traditionaliste, en rupture avec l’institution ecclésiale officielle ». « Ils estiment être les seuls à pouvoir faire respecter l’âme d’un lieu sacralisé ou non, et à juger si une œuvre musicale est ici profanatoire ou non », considère-t-il. En 2021, la publication par le pape François du motu proprio Traditionis custodes, renforçant le contrôle sur la messe tridentine, a encore fortifié leur sentiment d’être marginalisés dans le paysage ecclésial.

« Cela fait deux ou trois ans que je constate une montée en puissance de ces groupuscules », observe le père Dominique Thiry, chanoine de la cathédrale de Metz, témoin à plusieurs reprises de telles actions militantes. À chaque fois, le même mode opératoire : les militants perturbent l’événement en priant le chapelet à haute voix, poussant le responsable des lieux à faire intervenir les forces de l’ordre. « Leur but est d’imposer leur vision très étroite du religieux, déplore-t-il. Ils ignorent le rapport entre le culte et la culture et tous les liens féconds à travers l’histoire. Ils refusent le dialogue et cultivent l’entre-soi. C’est un raidissement identitaire et idéologique face à la société actuelle. »

Prêtres sous pression

Après avoir été contraint de demander l’expulsion de militants de la cathédrale de Metz, le père Thiry a été harcelé. Le prêtre indique être soutenu par ses confrères et son évêque… mais sait que ce n’est pas le cas de tous. « J’ai un devoir vis-à-vis de confrères qui sont seuls, sous pression, et ne veulent pas faire d’histoire. Si on ne dit rien, on laisse le “label catho” être récupéré par ces gens-là. Il faut avoir le courage de continuer d’agir, avec un esprit d’ouverture et d’accueil. » Avec plus de 70 avocats, artistes ou élus, ce dernier a signé en juin une tribune du Monde et de Télérama pour, dit-il, réaffirmer la prise de position de l’Église contre ces blocages.

Les responsables catholiques sont-ils unanimes sur la question ? Le président de Civitas, Alain Escada, assure qu’il reçoit aussi le soutien de prêtres diocésains opposés à la tenue d’événements qui « n’ont rien à voir avec la liturgie ». Contrairement à ce qui est régulièrement reproché sur le terrain aux militants – au point de déboucher parfois sur des poursuites judiciaires –, il conteste toute intention de basculer dans la violenceEt réfute l’idée qu’il serait fermé au dialogue, se disant prêt à « participer à un débat » – s’il en était organisé un – avec les responsables catholiques du pays.

 

Blocages de concerts par des catholiques radicaux, l’épineuse position de l’Église

Réflexion collective

La banalisation de ces incidents alimente-t-elle des craintes au sommet de l’Église de France ? Un chantier de réflexion s’amorce sur le sujet. « Tout ce qui a récemment été porté dans les médias indique qu’il y a une réflexion approfondie à conduire pour donner des clés de discernement. Mais nous n’en sommes qu’aux balbutiements de la démarche », répond Bernadette Mélois, directrice du Service national de pastorale liturgique et sacramentelle de la Conférence des évêques de France (CEF).

Responsable, lui, du département « art sacré » de la CEF, le père Gautier Mornas poursuit : « Sans être contrainte par l’actualité, c’est une préoccupation pour nous depuis longtemps. Nous voyons combien nombre d’évêques et de prêtres se sentent trop seuls pour décider. » Il rappelle que le cadre juridique – la loi de 1905 – pose que tout ce qui dépend de « l’annexe » au culte, y compris dans les églises qui sont propriétés communales (1), relève du bon vouloir des prêtres locaux, qui en sont les affectataires.

Plusieurs documents ecclésiaux existent, toutefois, pour donner des repères. « On acceptera en priorité, et on facilitera même, les concerts d’œuvres faisant partie de la tradition musicale de l’Église universelle. On pourra même accueillir d’autres types de musique, de façon occasionnelle, du moment qu’elles ne s’opposent pas au caractère particulier du lieu », indique ainsi une directive de l’Église de France, datée de 1988Mais ces textes datent de plus de vingt ans et peuvent paraître décalés par rapport à l’actualité.

Alors que la CEF va lancer à la rentrée des états généraux du patrimoine religieux, le père Mornas espère que cela permettra, à partir des retours du terrain, de faire émerger une « grille de lecture » plus actualisée pour « savoir ce qui est souhaitable ou non ». Et ainsi aider à prévenir de nouveaux incidents.

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Le cadre en vigueur

Les concerts dans les églises. Éléments de réflexion et d’interprétation des normes canoniques (1987). Ce document rappelle que « seule l’autorité ecclésiastique est habilitée à exercer librement ses pouvoirs dans les lieux sacrés » (canon 1213).

Les concerts dans les églises. Directives pour l’Église de France (1988). Il y est indiqué qu’il faut « faciliter » les concerts d’œuvres « faisant partie de la tradition musicale de l’Église universelle » tout en restant ouvert à « d’autres types de musiques, (…) du moment qu’elles ne s’opposent pas au caractère particulier du lieu ». En 1999, une nouvelle circulaire rappelle qu’une demande en bonne et due forme doit être adressée aux curés affectataires.

(1) Pour celles affectées au culte

« Tradis, nous croyons au même salut, par le Christ, à la messe »

 
Tribune
  • Abbé Paul Roy Fraternité sacerdotale Saint-Pierre

L’Abbé Paul Roy, de la Fraternité Saint Pierre, répond à une tribune publiée par La Croix s’interrogeant sur la différence de conception de la messe et du Salut des traditionalistes. Une accusation sous-jacente de divergence fondamentale qu’il juge grave et inquiétante.

  • Abbé Paul Roy, 
« Tradis, nous croyons au même salut, par le Christ, à la messe »
 
Une messe dans la forme extraordinaire du rite romain, à Valence, le 20 juillet 2021.NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS

L’accusation portée par Alain et Aline Weidert dans une récente tribune est grave. Ils dénoncent dans l’engouement pour la liturgie ancienne une divergence fondamentale sur « la conception de la messe et du salut. » Les « tenants de la Messe de Trente » considèrent selon eux que les messes, nouvelles mises à mort de Jésus, diminuent les peines éternelles dues aux péchés en tant que Jésus se chargerait par obéissance d’une tâche de bouc émissaire, pour satisfaire au courroux divin et apaiser l’offense faite à un Dieu « cruel, cynique, » qui ferait mourir son fils pour sauver ses enfants de sa propre colère.

Peut-on mettre en opposition la théologie qui sous-tend deux expressions liturgiques officielles de l’Église ? L’Église témoigne depuis ses origines d’une même foi, immuable et divine, qui inclut bien sûr le mystère de l’eucharistie, sacrement et sacrifice du Christ. Au-delà des légitimes discussions sur les gestes extérieurs, il faut réaffirmer l’unité intérieure de la foi de l’Église. Refuser la théologie de la « Messe de Trente » au nom de Vatican II, c’est se placer en « juge de l’Église », opposer des expressions différentes des mêmes vérités dogmatiques, enseignées par là même et unique Église, infaillible et indéfectible en vertu des promesses du Christ et par l’assistance du Saint-Esprit.

Le sacrifice comme don total

Or la thèse attribuée aux défenseurs de la « Messe de Trente » n’est autre que celle (luthérienne) de la « satisfaction pénale » : le Christ serait puni par son Père à notre place. Le problème réside d’abord dans une incapacité à penser le sacrifice dans toutes ses dimensions. Il ne s’agit pas d’un acte cruel ni toujours sanglant : le sacrifice est un don, « ce que l’on offre à Dieu pour lui rendre l’honneur qui lui est dû, en vue de lui plaire ». Il peut recouvrir quatre fins : l’action de grâces, l’expiation, la communion, mais surtout et premièrement l’adoration.

Certains dialectisent aujourd’hui la messe autour d’une opposition entre la cène et la croix : comme si l’acte central du culte chrétien devait être ou bien expiation (caractérisant une religion de crainte et de soumission à un Dieu jaloux et colérique), ou bien communion (caractérisant une religion moderne, de partage communautaire autour d’un Dieu rassembleur et tolérant). Or le catholicisme n’est en rien réductible à cette alternative : le sacrifice qui en est l’acte le plus haut - celui du Christ, rendu présent (et non pas recommencé) sur les autels à la messe, est un don total, à la fois adoration, pardon, action de grâces et communion.

Réparer ses fautes

Il ne s’agit absolument pas pour le Père de punir son Fils à la place des hommes, ni de lui faire subir le mal de nos péchés. Dieu apporte gratuitement à l’homme la possibilité de réparer ses fautes, à travers la Passion du Christ, l’associant à son propre salut, pour restaurer l’équilibre détruit par le péché.

« Le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures » (1 Corinthiens 15:3). Dieu se comporte envers nous comme un père dont l’enfant a commis une bêtise qu’il ne peut réparer de lui seul : il s’agenouille à son côté et restaure avec lui l’ordre brisé, s’abaisse par amour pour l’aider à rehausser sa volonté à la hauteur de la sienne, à travers un geste commun. Il prend sur lui de descendre vers nous pour réaliser, en notre nature même, la réconciliation parfaite d’une volonté humaine avec la sienne, nous montrant l’exemple de l’amour donné jusqu’au bout. Ce qui a été fait une fois pour toutes en Jésus, nous sommes rendus capables de le réaliser par la grâce et par l’union à son sacrifice, renouvelé pour toutes les époques du monde à la messe.

Les yeux fermés

Si l’on a aujourd’hui tant de mal avec la notion de sacrifice - en particulier dans sa dimension expiatoire et satisfactoire, c’est qu’à la racine, on refuse celle de péché. À quoi bon multiplier les messes s’il ne s’agit que de réunir les chrétiens ? À chaque messe l’Église est en « contact actuel » avec le sacrifice rédempteur. Et il faudrait avoir les yeux bien fermés pour ne pas voir que le monde a tant besoin - plus que jamais - de rédemption. Les auteurs de cette tribune semblent ne considérer que la supplication offerte - et c’est déjà un motif bien nécessaire - pour les âmes du Purgatoire. Mais c’est pour les péchés du monde entier, passés et actuels, qu’est offert le Saint-Sacrifice, seul apte à nous unir au pardon des offenses faites à la bonté infinie du Créateur.

Et ainsi chaque messe a une valeur infinie, puisqu’elle est le sacrifice du Christ, la même victime offerte par le même prêtre, manifestant l’unique acte intérieur d’offrande de la volonté de Jésus, depuis la Cène jusqu’à nos messes de chaque jour, en passant par la consommation du Vendredi saint : « Toutes les fois que le sacrifice de la croix par lequel le Christ notre pâque a été immolé se célèbre sur l’autel, l’œuvre de notre Rédemption s’opère ».

Une bombe d’amour

Chaque messe est une « bombe » d’amour divin, un hommage parfait à la magnificence et à la bonté du créateur, un séisme qui déséquilibre le mal et porte en lui la puissance de réparer tout le désordre du monde.

« Rien ne remplacera jamais une messe pour le salut du monde » : que cette explication de textes ne soit pas l’occasion d’accentuer les divisions mais de mieux contempler ce qui nous rassemble : notre désir d’union profonde au Christ qui nous sauve par son sacrifice d’amour rédempteur, manifesté par la participation extérieure à la liturgie, dont le rite romain ancien est une forme particulièrement digne et adéquate d’expression de la foi pérenne de l’Église.

Communauté de Taizé : frère Alois se retire de sa charge et nomme son successeur

Explication 

Depuis dix-huit ans à la tête de la communauté œcuménique fondée par Roger Schutz, frère Alois a annoncé, dimanche 23 juillet, qu’il renonçait à sa charge de prieur. Après avoir consulté ses frères, il a choisi comme successeur un Britannique de confession anglicane, le frère Matthew.

  • Céline Hoyeau et Anne-Bénédicte Hoffner, 
Communauté de Taizé : frère Alois se retire de sa charge et nomme son successeur
 
Prière du soir avec le frère Alois, prieur de Taize, le 28 décembre 2022, à Rostock, Allemagne, lors de la 45e rencontre européenne de jeunes de Taizé.HANS SCHERHAUFER/IMAGO VIA REUTERS

« Dix-huit ans après avoir succédé à frère Roger, alors que le monde et l’Église ont tellement changé ces deux dernières décennies, j’ai senti que le moment était venu qu’un frère entré après moi dans notre communauté reprenne ma responsabilité. » C’est ainsi que le frère Alois, prieur de Taizé depuis 2005, vient d’annoncer dans un message à ses proches qu’il renonçait à sa charge.

La nouvelle est inattendue pour cette communauté dont la règle ne fixe pas le terme ni la durée du mandat du supérieur. Son fondateur, Frère Roger, a été prieur de la communauté dont il avait eu l’intuition en 1941 jusqu’à sa mort tragique en 2005.

« Cela fait déjà plusieurs années que j’y réfléchis, et j’ai parlé à tous les frères il y a deux ans pour engager la réflexion : je sentais la nécessité de faire entrer la communauté dans une nouvelle étape de son existence, explique à La Croix frère Alois. L’Église et le monde changent tellement que je me demandais : quel est l’appel d’Évangile pour nous aujourd’hui ? ».

Délicate mission de succéder à Roger Schutz

Allemand de confession catholique, entré à l’âge de 20 ans dans la communauté œcuménique, Alois Löser a eu la lourde et délicate mission de succéder au charismatique fondateur de Taizé assassiné en 2005 au cours d’une veillée de prière. Frère Roger l’avait désigné déjà depuis huit ans pour lui succéder le moment venu.

Fr. Alois était alors chargé des relations avec l’Europe de l’Est. Dans les années 1980, il est régulièrement de l’autre côté du rideau du fer, visitant les communautés chrétiennes en Allemagne de l’Est, en Pologne, en Tchécoslovaquie… Autant de pays où Taizé a acquis, par sa présence aux moments douloureux, un immense prestige. Tout naturellement, dès la chute du mur de Berlin, les jeunes de l’Est fourniront de gros bataillons de participants aux Rencontres européennes organisées chaque année dans une métropole au moment du Nouvel An. Comme frère, fr. Aloïs a consacré beaucoup de temps à l’écoute et à l’accompagnement des jeunes, une attention qu’il a conservée ensuite durant son prieurat.

« Sans être soumis à une situation d’urgence »

Au moment de passer lui-même la main, il insiste sur son souhait de « préparer ce passage sans être soumis à une situation d’urgence ». Faut-il y voir l’influence de son compatriote, le pape émérite Benoît XVI ? S’il dit avoir « admiré sa décision de se retirer en 2013 », il assure qu’elle « n’a pas interféré » dans la sienne.

Le prieur de la communauté de Taizé réfute également tout lien avec la révélation, ces dernières années, d’abus sexuels commis en son sein. Le 18 octobre 2019, un frère de la communauté avait été arrêté, présenté devant un juge d’instruction et placé en détention provisoire pour des faits de viol et d’agression sexuelle.

« Non, il n’y a pas de lien direct, assure fr. Alois. Mais il est vrai que recevoir la parole des personnes victimes d’agressions sexuelles et d’abus spirituels commis par des frères a marqué, ces dernières années, ma mission de prieurGrâce à elles, nous avons commencé tout un cheminement pour revisiter notre vocation comme frères et pour améliorer notre dispositif de protection, afin que Taizé soit un lieu sûr pour les jeunes qui y viennent. Tout cela a sans doute pesé dans ma réflexion et je pense que, dans ce domaine aussi, un nouveau prieur devrait à présent poursuivre ce travail qui a été entamé ».

Besoin de consulter tous les frères

Le changement est significatif pour la communauté, tant cet homme d’écoute et de parole, né en 1954 à Ehingen-am-Ries, près de Stuttgart, de confession catholique et entré en 1974 dans cette communauté qu’il fréquentait déjà depuis plusieurs années, représentait encore une forme de continuité avec frère Roger. Sur ses traces, il a gardé les grandes intuitions de départ, tout en développant la présence des frères au-delà de la colline bourguignonne, avec des petites communautés de frères vivant un peu partout dans le monde. Alors que la règle de Taizé prévoit simplement que « le prieur désigne un frère pour assurer une continuité après lui », il dit avoir senti, lui, « le besoin de consulter tous les frères avant de décider lequel sera le nouveau prieur ».

Mais après avoir « prié, réfléchi » avec la communauté, c’est lui qui a choisi son successeur : ce sera frère MatthewDe nationalité britannique, né le 10 mai 1965 à Pudsey (Royaume-Uni) et entré à 21 ans à Taizé, Andrew Thorpe dans le civil a la particularité d’être anglican. « Une alternance d’appartenance confessionnelle d’un prieur à l’autre » que fr. Alois voit comme « un signe important », un rappel de sa vocation à rechercher l’unité chrétienne, et même à être « selon l’intuition de son fondateur, une “petite parabole de communion” »

Le passage de relais se fera le 3 décembre prochain, le 1er dimanche de l’Avent, après plusieurs événements majeurs pour la communauté de Taizé, à commencer par le grand rassemblement œcuménique prévu pour l’ouverture de la phase romaine du Synode sur l’avenir de l’Église et confié par le pape François à la communauté, le 30 septembre prochain, puis l’invitation de frère Alois à participer au synode lui-même.

La communauté œcuménique de Taizé rassemble une centaine de frères, catholiques et de diverses origines protestantes, de trente nationalités : 75 environ à Taizé et 25 dans des sept fraternités à travers le monde, en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

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06:25 (il y a 2 heures)
 
 L'Europe d'aujourd'hui entre crise des vocations et/ou de foi et expression de la vraie foi.

"Montre-moi ta foi qui n'agit pas. Moi, c'est par mes œuvres que je te montrerai ma foi." (Jacques 2,18)
Et si l'Europe du XXI ème siècle nous re-évangelisait par un engagement social authentique plutôt que de passer des heures dans des églises et des mosquées ? S'interrogera le philosophe. Voilà un plaidoyer en faveur de  la vraie religiosité de l'Europe d'aujourd'hui.
 
En effet, il n'est pas rare d'entendre des propos comme crise des vocations ou crise de foi en Europe et abondance des vocations en Afrique ou des églises pleines en Afrique. Mieux vaut une tête bien faite que bien pleine, dira le sage.

 
Curieusement, c'est pour rejoindre ce même continent de crise de foi que beaucoup de nos frères et sœurs africains perdent leur vie dans la mer. Autrement dit, ils cherchent à s'y rendre pour aller apprendre les astuces pour venir développer la crise de la foi en Afrique. 
Avons-nous vraiment raison de parler de la crise de foi ou des vocations en Europe qui aurait alors
un impact positif : le progrès réel dans bien des domaines de la vie, attirant la convoitise du reste du monde et surtout de l'Afrique.

 
C'est de cette Europe que 99% de nos projets de développement sont financés,  par ceux-là même qui ne pensent plus à aller remplir les églises ou les mosquées mais plutôt à travailler pour venir en aide à l'autre qui souffre puisqu'il est l'incarnation de Dieu.


Je pense qu'il vaille mieux de revoir notre orgueil de trop accuser  l'Europe, de crise des vocations et/ou de foi au moment où l'Europe devient de plus ce continent de rêve pour les africains. Les européens auraient certes compris que le Dieu  n'est plus à adorer dans les églises et les mosquées mais en esprit et en vérité, c'est-à-dire par un engagement social réel qui transforme l'homme et le monde.

Lorsque nous voyons l'attention que les européens accordent à l'homme c'est-à-dire au prochain, il y a de quoi dire que l'européen vit l'évangile pendant que l'africain cherche à le lire pour comprendre.
 
Lorsque nous voyons l'engouement des africains dans des églises et des mosquées et l'ampleur de la méchanceté en Afrique, les guerres et les conflits interethniques qui étouffent la cohésion sociale en Afrique,  nous nous demandons si vraiment les églises et les mosquées servent à quelque chose dans l'optique de la conversion des coeurs.
 
Et si ce n'est pas du temps perdu ou du pharisaïsme que de peupler les églises et les mosquées aujourd'hui. Tout cela donne à réfléchir sur la vraie religiosité de l'Afrique.

Là où la foi est authentique, on n'amenage aucun effort pour vivre dans la concorde et dans la paix, le nouveau nom du développement durable comme le disait le Pape Paul VI dans Populorum Progressio.

Oui, jadis les européens étaient nombreux dans des églises jusqu'à les remplir à tel point qu'ils étaient obligés de traverser la mer pour venir jusqu'en Afrique. Aujourd'hui ils semblent comprendre que l'autre est le lieu de la vraie religion. Ne pas engager des guerres pour s'entretuer et travailler à la promotion humaine dans toutes ses dimensions est une expression parfaite de l'adoration du Dieu-fait-homme. 

A quoi sert de passer des heures à l'église ou à la mosquée si nous devons encore prendre les armes ou du poison pour tuer l'autre? A quoi sert de passer des heures à l'église ou à la mosquée si c'est pour venir détruire les biens de l'autre par haine ou jalousie ?


Les européens ne sont pas parfaits certes. Mais ils semblent avoir compris que l'autre, avec ses potentialités est une chance pour moi, qu'il est un partenaire existentiel pour la transformation du monde inerte en planète agréable et habitable. Voilà pourquoi, ils accordent de la valeur et de la considération à l'autre, voilà pourquoi ils travaillent à restituer à chacun tous ses droits à la dignité humaine.

 
Et les africains, au lieu de travailler à se libérer de tout ce qui retarde le progrès du continent dont une conception pauvre des droits de la personne humaine, s'investissent à chercher comment traverser la mer et rejoindre l'Europe. Travaillons à notre libération de l'enfer plutôt que de toujours envier le paradis des autres.


- Oracle du philosophe-
Père Vincent KIYE 

Enseignement secondaire : Le petit séminaire de Tionkuy (Dédougou) recrute des effectifs complémentaires et ouvre un second cycle sur site

Accueil > Actualités > Société • Lefaso.net • mercredi 12 juillet 2023 à 21h30min 
 
Enseignement secondaire : Le petit séminaire de Tionkuy (Dédougou) recrute des effectifs complémentaires et ouvre un second cycle sur site

 

Destiné initialement et principalement à la formation des élèves nourrissant la vocation sacerdotale, le Petit Séminaire Saint Paul de Tionkuy dans le diocèse de Dédougou s’est ouvert aux candidats non vocationnels. Il accueille ainsi depuis quelques années, en internat, des élèves « non vocationnels » lors de recrutements complémentaires. Le directeur de l’établissement, l’Abbé Guy Judicaël Bicaba, nous donne des détails sur la campagne de cette année dont les dossiers sont reçus jusqu’au 15 juillet.

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présenter ?

Abbé Guy Judicaël Bicaba : Avant tout, merci de m’accueillir dans vos locaux ainsi que dans vos colonnes ; et avec moi, le Petit Séminaire Saint Paul de Tionkuy. Pour ma part, je suis l’Abbé Guy Judicaël Bicaba. Je suis le directeur du Petit Séminaire que je viens de citer.

En quelques mots comment peut-on présenter le petit séminaire de Tionkuy ?

 

Le Petit Séminaire de Tionkuy est d’abord un établissement d’enseignement post primaire. Il a été fondé en 1961 et est le premier établissement secondaire et le premier internat de la région de la Boucle du Mouhoun. C’est connu, l’Eglise a été une pionnière de l’enseignement au Burkina et le Petit Séminaire, depuis 1961, est une structure stratégique de cette mission éducative et spirituelle de l’ancien diocèse de Nouna-Dédougou, aujourd’hui scindé en deux diocèses différents : Nouna et Dédougou.

Quel bilan faites-vous de l’année scolaire qui vient de s’achever ?

L’année scolaire 2022-2023 a bien commencé en septembre, s’est bien poursuivie et s’est bien terminée en début juin, avec de très bons résultats, tant pour les passages en classes supérieures en général, que pour l’examen du BEPC qui a affiché les 100% de réussite habituelle au premier tour.

Au niveau de la formation spirituelle, quatre élèves de la classe de Terminale, sur 18, vont poursuivre leur formation au Grand Séminaire.

Le petit séminaire de Tionkuy a la particularité d’avoir ouvert ses portes à des pensionnaires qui n’ont pas forcément une vocation de prêtre ; de quand date ce changement et comment ça se passe ?

En effet, il y a déjà des années que la Conférence Episcopale Burkina-Niger avait pris la décision d’ouvrir les Petits Séminaires à l’extérieur et ce, pour mieux participer à l’effort de guerre national pour l’enseignement et l’éducation des adolescents et jeunes au Burkina. C’était une mise à jour face à un certain nombre de réalités solides de notre société burkinabè et aussi des Eglises diocésaines elles-mêmes. Mais déjà bien avant cela, autour des années 2000 disons, le Petit Séminaire de Tionkuy avait déjà amorcé timidement ce changement qui prendra progressivement de l’ampleur, avec la consolidation d’une analyse globale qui est demeurée persistante dans ses résultats et conclusions.

Ce changement date donc de longtemps et l’expérience se passe plutôt bien. Les élèves qui n’ont pas pour horizon le sacerdoce, sont d’abord fils de chrétiens, sont baptisés et veulent pour eux-mêmes la formation qui est dispensée aux séminaristes. Et il s’agit là d’un label que seuls les séminaires peuvent servir. Vocationnels et non vocationnels sont donc tous formés avec les mêmes exigences, pour le bénéfice conjoint et final de l’Eglise et de la Nation.

 

Où en êtes-vous avec les recrutements complémentaires pour la rentrée prochaine ?

Un certain nombre de médias ont été investis pour informer l’opinion intéressée sur le recrutement complémentaire du Petit Séminaire de Tionkuy. La composition du dossier à constituer étant connue, les candidatures sont reçues au Séminaire tous les jours ouvrables de 8h à 12h. Et pour les besoins d’information, l’infoline suivante peut être utile :

70 29 75 58 / 64 44 14 00 / 76 21 91 14 / 62 53 28 32 / 64 96 17 75 / 70 28 19 50

Le petit séminaire va aussi ouvrir le cycle secondaire à la rentrée prochaine ; qu’est-que cela va changer dans son fonctionnement ?

Cela va transformer en réalité les velléités historiques d’existence du second cycle à Tionkuy. C’est un souhait qui peuple tous les esprits depuis longtemps. C’est à défaut de cela que les élèves du second cycle étaient envoyés au Lycée Catholique Saint Gabriel à Dédougou pour les études, avec un salaire de grandes fatigues liées aux déplacements intempestifs induits, fatigues préjudiciables au rendement scolaire.

Dans le fond, il y aura enfin un second cycle attitré au Petit Séminaire de Tionkuy, du point de vue scolaire. Parce que dans la forme, c’est un cycle qui existe depuis bien longtemps au sein de l’internat. L’ouverture maintenant formelle de ce cycle à Tionkuy est surtout une bonne nouvelle pour un meilleur encadrement des élèves les plus grands dans l’internat.

Un messager particulier à lancer ?

Les structures d’enseignement sont des biens mis au service des populations. Je souhaite à l’opinion de profiter des opportunités de formation que représente le Petit Séminaire de Tionkuy et ses offres.

Lefaso.net