Actualités

Côte d’Ivoire : les dernières heures d’Amadou Gon Coulibaly

| Par Jeune Afrique
Le 2 juillet, le président Alassane Ouattara avait accueilli le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly (à gauche) à l'aéroport à son retour d'Abidjan après sa convalescence en France.

Décédé le 8 juillet, le Premier ministre ivoirien avait regagné la Côte d’Ivoire le 2 juillet. Voici le récit, jour par jour, de sa dernière semaine à Abidjan. 

Rentré à Abidjan le 2 juillet après deux mois de convalescence à Paris, Amadou Gon Coulibaly (AGC) a passé les 3 et 4 juillet en famille, tout en commençant à se replonger dans le travail. Il préparait en effet le lancement de la phase trois du Contrat de désendettement et de développement (C2D), le principal axe de coopération avec la France.

Par ailleurs, il devait conduire la délégation gouvernementale lors des obsèques du père du ministre de la Construction, Bruno Koné, décédé le 9 juin.

Le lendemain, le 5 juillet, il a déjeuné chez le président Alassane Ouattara avec les ministres Téné Birahima Ouattara (Affaires présidentielles) et Hamed Bakayoko (Défense), pour faire le point sur les principaux dossiers. Dans la soirée, il s’est entretenu une seconde fois avec le chef de l’État.

Le Premier ministre a officiellement repris ses activités le 6 juillet, par un entretien avec Gilles Huberson, l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire. Le 7 juillet, AGC a regagné ses bureaux, depuis lesquels il a présidé le conseil de gouvernement. Cette rencontre précède le conseil des ministres hebdomadaire, qui a lieu tous les mercredis à la présidence voisine.

Dans la nuit du 7 au 8 juillet, à minuit trente, il a eu une petite alerte qui n’a pas été jugée sévère. Le 8 juillet, Amadou Gon Coulibaly est arrivé au bureau, tout sourires. Il a demandé à son assistante principale de lui procurer les dossiers du conseil des ministres, avant de se rendre à la présidence, où les employés ont formé une haie d’honneur à son intention.

Il s’est ensuite entretenu avec Daniel Kablan Duncan, le vice-président, dans ses bureaux du premier étage. Le secrétaire général de la présidence, Patrick Achi, et Hamed Bakayoko se sont joints à cette séance de travail. Puis Gon Coulibaly a gagné la salle du conseil située au sous-sol en compagnie des deux hommes.

Malgré son malaise de la veille, le Premier ministre semble en forme. À son arrivée dans la salle, Alassane Ouattara plaisante. « Le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly va très bien, il monte et descend chaque jour des escaliers équivalant à trois étages. Il faudrait qu’on rajoute ce critère dans la Constitution ! » lance-t-il. En plus des collaborateurs du président et du chef de gouvernement, sont présents une quinzaine de ministres – en raison du Covid-19, les autres sont tenus de suivre les délibérations depuis leurs bureaux respectifs via Zoom.

Après l’intervention d’Amadou Gon Coulibaly, Alassane Ouattara prend la parole et évoque notamment un déconfinement du gouvernement pour le 22 juillet, lors d’un conseil des ministres qui se tiendra à Yamoussoukro en présence de tous. À ce moment précis, peu après 13 heures (locales), AGC tousse et semble faire un malaise. Hamed Bakayoko se penche vers le président et l’avertit discrètement. Ce dernier met fin à la séance, avant de demander à son Premier ministre de le rejoindre dans ses bureaux.

Amadou Gon Coulibaly exprime alors le besoin de se rendre dans la salle d’eau. La directrice de la communication, Masséré Touré, dont il est très proche, l’accompagne. Mais il met du temps à ressortir. Celle-ci alerte alors le président, dont les médecins, présents au palais, prennent en charge AGC. Alassane Ouattara ordonne que celui-ci soit discrètement transféré à la Polyclinique internationale Sainte-Anne-Marie (Pisam), située à quinze minutes de la présidence, où il a été rejoint par son médecin personnel, Raphaël Zogo.

Effondré, Alassane Ouattara peine à y croire

Amadou Gon Coulibaly décède peu après 15 heures. Effondré, peinant à y croire, Alassane Ouattara se rend en personne à la clinique. Il dépêche alors auprès de la famille leur ami commun, le général Abdoulaye Coulibaly (président du conseil d’administration d’Air Côte d’Ivoire et d’Aéria, gestionnaire de l’aéroport d’Abidjan). Puis il demande à Patrick Achi de rédiger un communiqué. Tous les ministres sont convoqués par e-mail à un conseil extraordinaire qui se tiendra le 13 juillet.

Les obsèques d’Amadou Gon Coulibaly seront célébrées la semaine prochaine. Le 14 juillet, un hommage national lui sera rendu au Palais, à Abidjan. Le Premier ministre sera inhumé dans les jours qui suivront à Korhogo.

Côte d’Ivoire : Toikeusse Mabri contesté au sein de son propre parti

| Par - à Abidjan
Albert Mabri Toikeusse, à Paris, en juillet 2015.

L’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) d’Albert Toikeusse Mabri est en crise. Alors que ce dernier laisse planer le doute sur ses intentions à l’approche de la présidentielle d’octobre, certains cadres du parti ont déjà apporté leur soutien à la candidature d’Amadou Gon Coulibaly.

Depuis Zouan-Hounien, son fief de l’Ouest montagneux, Albert Toikeusse Mabri suit de près, ce samedi 5 juillet 2020, le conclave qui se tient à plusieurs centaines de kilomètres de là, à Yamoussoukro. Emmenés par Laurent Tchagba, son ex-bras droit par ailleurs ministre de l’Hydraulique, près de 150 cadres et responsables de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) y sont réunis. À l’issue de la journée, le président de l’UDPCI n’a pas été destitué, comme cela a un temps été envisagé, mais les participants ont affiché un clair soutien au Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et à son candidat à la prochaine élection présidentielle, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Alors quand on lui demande ce qu’il en pense, Toikeusse Mabri n’a qu’une réponse, énigmatique : « Dieu est au contrôle. »

De fait, depuis le 12 mars dernier, l’UDPCI est dans une position délicate. Ce jour-là, alors que le RHDP (auquel appartient l’UDPCI) faisait de Gon Coulibaly son candidat, Toikeusse Mabri avait clairement manifesté son désaccord. Un mois plus tard, il était limogé de son poste de ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique – portefeuille qui lui avait été confié en juillet 2018.

Depuis, le parti est divisé entre les partisans de la candidature de Gon Coulibaly et ceux qui soutiennent une probable candidature de Toikeusse Mabri. Ce dernier a depuis longtemps affirmé qu’il souhaitait briguer la magistrature suprême en octobre prochain. « Oui, je serai candidat, nous avait-il confié dès le mois de juillet 2017. L’UDPCI m’a demandé dès 2013 de me préparer pour l’élection présidentielle de 2020, et j’ai donné mon accord. » Il n’a depuis pas officialisé son ambition, mais il n’a pas non plus fait marche arrière.

Échec des négociations

Les négociations tentées tout début mai pour le ramener au sein de la famille RHDP ont par ailleurs échoué, en dépit de l’implication personnelle de l’imam Cheick Boikary Fofana, l’influent président du Conseil supérieur des imams, des mosquées et des affaires islamiques en Côte d’Ivoire (Cosim), décédé le 18 mai dernier. Malgré des tractations et des pressions, Albert Toikeusse Mabri a refusé de rentrer dans le rang, autrement dit d’apporter un franc soutien au candidat du RHDP et de mettre les activités de l’UDPCI en sommeil.

« Nous continuerons à tout mettre en œuvre pour le convaincre de prendre sa place de deuxième vice-président au sein du RHDP, auprès de son frère Amadou Gon Coulibaly pour qu’ils travaillent en équipe, comme le souhaite le président de la République, Alassane Ouattara », a malgré tout assuré Laurent Tchagba, le 5 juillet à Yamoussoukro.

Comme Laurent Tchagba, plusieurs cadres influents de l’UDPCI ont rallié la candidature du Premier ministre. C’est le cas de Clarisse Mahi, directrice générale adjointe de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), ou du député Kouadio Séraphin Yao, vice-président de l’Assemblée nationale.

Une poignée de fidèles

Mais Toikeusse Mabri peut toujours compter sur une poignée de fidèles. Parmi eux, la députée Évelyne Kpon Tally ou Jean Blé Guirao, l’ancien responsable de la jeunesse de l’UDPCI, formé à la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) et rompu aux combats politiques. Ce dernier a été de tous les combats menés par le président du parti.

Car ce n’est pas la première fois que l’UDPCI, fondée en 2001 par le général Robert Gueï – tué en 2002, lors du coup d’État avorté – est menacé d’implosion. Sous Laurent Gbagbo déjà, plusieurs cadres avaient vainement tenté d’arracher le parti à Toikeusse Mabri après s’être rapprochés du Front populaire ivoirien (FPI, alors parti présidentiel).

Mais il ne faut pas s’y méprendre : l’UDPCI n’est pas le seul parti dont les divisions internes sont ainsi exposées. Plusieurs formations appartenant au RHDP font face à des dissidences. L’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI) est aujourd’hui scindé en deux. Les partisans de son président, Brahima Soro, s’opposent aux frondeurs emmenés par Yacou Sidibé.

Multiples dissidences

Le Mouvement des forces d’avenir (MFA) est, quant à lui, divisé en trois : Innocent Anaky Kobena, son fondateur, Anzoumana Moutayé et le secrétaire d’État Siaka Ouattara en revendiquent chacun la présidence.

Au sein de l’UDPCI, qui est bien implanté dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, Toikeusse Mabri semble pouvoir compter sur le soutien de sa base. Mais cela lui permettra-t-il de conserver encore longtemps la présidence du parti, et ce dernier peut-il éviter l’implosion ? Cela reste à prouver.

Coronavirus en Afrique : une carte pour suivre au jour le jour l’avancée de l’épidémie

| Par Jeune Afrique

Tchad: «On ne peut pas renvoyer aux calendes grecques les législatives»

Audio 04:55

Au Tchad, les élections législatives sans cesse repoussées depuis cinq ans, n'auront lieu que le 24 octobre 2021.
Au Tchad, les élections législatives sans cesse repoussées depuis cinq ans, n'auront lieu que le 24 octobre 2021. AFP/Gael Cogne

 

Maintes fois différées depuis cinq ans, les élections législatives au Tchad, qui devaient se tenir en décembre, ont été finalement repoussées au 24 octobre 2021, soit six mois après la présidentielle du 1er avril. Le G24 des partis politiques de l'opposition a publié un communiqué lundi : il rejette ce nouveau calendrier. Membre de ce G24, Mahamat Ahmad Alhabo est secrétaire général du PLD, le parti de l'opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh, disparu le 3 février 2008 après son enlèvement. 

Mali: le mandat de la Minusma prorogé pour un an à l'ONU

Véhicule des casques bleus de la Minusma entre Mopti et Djenné, dans le centre du Mali, le 28 avril 2019 (photo d'illustration).
Véhicule des casques bleus de la Minusma entre Mopti et Djenné, dans le centre du Mali, le 28 avril 2019 (photo d'illustration). MICHELE CATTANI / AFP

Le Conseil de sécurité a décidé, à l’unanimité, de proroger, pour un an, le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), soit jusqu’au 30 juin 2020.

Avec notre correspondante à New York, Carrie Nooten

Ce vote, qui se réalise dans un contexte où les diplomates sont plus cléments avec l’épidémie de Covid-19, est aussi un certificat de confiance. Si, à Bamako, des manifestations ont réclamé - ce mois-ci - la destitution du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le Conseil de sécurité tient, lui, à souligner les progrès du rétablissement de la souveraineté de l’État, exigé dans l’Accord pour la paix et la réconciliation (APR).

Ainsi, la mission est renouvelée jusqu’en juin 2021 avec le même nombre d’effectifs, et un budget en légère croissance ; avec son 1,2 milliard de dollars, la Minusma reste la troisième opération de paix la plus coûteuse. La résolution devrait redéfinir de nouveaux indicateurs de progrès sur l’APR ; pour la section désarmement, démobilisation, réinsertion et de réintégration, pour la réforme constitutionnelle et pour la mise en place de la zone de développement du nord.

Elle fixera aussi pour la première fois des référentiels sur le Centre, où la situation n’a cessé de se dégrader, et où 580 personnes ont été tuées depuis janvier 2020.  Enfin, le texte clarifiera encore plus le soutien de la Minusma à la force conjointe du G5 Sahel pour plus d’efficacité lors des missions sur le terrain.

À lire aussi : Sahel: l’armée malienne a commis 101 exécutions extrajudiciaires selon la Minusma

 
What do you want to do ?
New mail