Actualités

Burkina Faso: sur l’axe Kaya-Dori, les transporteurs appellent les forces de sécurité à l’aide

 

Des dizaines de camions sont stationnés dans la ville et à la sortie de Kaya. Victimes d’enlèvement ou de vols de leurs marchandises, les transporteurs préfèrent attendre les forces armées avant de continuer leur route vers Dori où Essakane.

Avec notre correspondant à OuagadougouYaya Boudani

Selon les habitants de Kaya, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale, des dizaines de camions sont stationnés à l’intérieur et à la sortie de la ville avec leurs marchandes.

« Il y a des camions qui transportent des containers, de l’hydrocarbure et des vivres », relate Brahima Rabo, président de l'Union des chauffeurs routiers du Burkina. « Il y a beaucoup de braquage et de menaces ente Kaya et Dori. Et entre Dori et Esaakane. Rien que lundi dernier, des hommes armés ont enlevé deux camions qui transportaient des vivres, des produits pharmaceutiques, et un groupe électrogène », précise-t-il.

« C’est très inquiétant. Nous transportons l’hydrocarbure pour les mines, donc on a besoin d’une escorte », insiste l’un des chauffeurs. À la dernière escorte, il y a une quinzaine de jours, les forces de défense ont découvert et détruit plusieurs engins explosifs improvisés sur la route, témoignent certains transporteurs.

Selon un responsable de la société civile de la ville de Kaya, l’axe le plus dangereux couvre les communes de Pissila, Tougouri, Taparko et Yalgho. « C’est très difficile de circuler avec des marchandises dans cette zone », souligne-t-il. Il assure que les concertations sont en cours avec les autorités administratives de la région pour trouver une solution afin que ces camions puissent repartir vers leur destination.

Mali: la remise en cause des accords de défense, nouvel épisode de la tension avec la France

 

La junte malienne a « dénoncé », ce lundi 2 mai 2022, les accords de défense avec la France et ses partenaires européens. La décision a été notifiée par le ministère malien des Affaires étrangères au chargé d’affaires de l’ambassade de France à Bamako. Elle intervient alors que les soldats français et européens sont en train de quitter le pays et marque une nouvelle étape dans la dégradation des relations entre les deux pays. Paris juge « injustifiée » la décision du Mali. 

 

Bamako fustige les « insuffisances graves » de la coopération militaire, les « atteintes flagrantes » à la souveraineté nationale et de « multiples violations » de l'espace aérien malien. C’est la conséquence de deux semaines de passe d’armes autour de l’affaire de Gossi. Ce faux-charnier attribué aux militaires français dans un but de guerre informationnelle, selon Paris.

Un acte dénoncé par la France le 21 avril, vidéo à l’appui, où l’on voit des hommes, probablement des miliciens de Wagner, en train d’enterrer des corps tout près du camp que la force Barkhane venait de rétrocéder aux Maliens. Ces accusations de duplicité ont agacé Bamako, qui a déploré une communication hostile à son armée, et accusé en retour la France « d’espionnage » et de « subversion », ainsi que de violation de l’espace aérien.

Accusations contre Wagner

Des affirmations « douteuses » pour l’état-major français, qui a mis en avant l’accord liant les deux pays qui permet de déployer des drones de surveillance. La France a renchéri la semaine dernière en publiant des photos de militaires blancs faisant du sport dans le camp de Gossi. Nouvelle preuve, selon Paris, de la présence de Wagner.

Cet épisode poursuit une année 2022 conflictuelle, qui a vu notamment le Mali interdire de déploiement les soldats danois de Takuba, puis expulser l’ambassadeur de France, fin janvier, l’accusant de tenir des « réunions secrètes » dans le but de « préparer un plan pour renverser le gouvernement ». C’était juste avant qu’Emmanuel Macron confirme mi-février le départ des troupes françaises du Mali.

Le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga accuse la France d'avoir cherché à faire pression sur les autorités de transition maliennes

Concrètement, ces accords remis en cause sont trois textes. Le premier est le traité de coopération avec la France en matière de défense, signé en 2014. Ce retrait sera effectif dans six mois comme le prévoit le document. La plupart des coopérations, notamment sur la formation et l’échange de renseignements, sont déjà à l’arrêt en raison de la crise diplomatique entre les deux pays.

« Guérilla administrative »

Les deux autres textes sont les accords sur le statut des forces étrangères : celui conclut en 2013 concernant Serval puis Barkhane, et celui de 2020 pour Takuba. Le Mali estime que leur dénonciation est immédiate, mais selon le chercheur Julien Antouly, la France devrait se prévaloir d’un préavis de douze mois. 

Pour ce qui s’agit des conséquences de cette annonce, elles sont encore incertaines pour le chercheur. Il pourrait y avoir une sorte de « guérilla administrative » : rétablissements de visas, fin d’exonération douanière sur le matériel, risques de poursuites en cas de fautes ou de violation du droit par des militaires français. De quoi ralentir le désengagement des troupes françaises qui doivent quitter définitivement quitter le Mali d’ici fin août.

Une décision jugée « injustifiée », proteste le Quai d’Orsay

« Informée, le 2 mai, de la décision unilatérale des autorités de transition maliennes de dénoncer » ces accords, la France « considère cette décision injustifiée et conteste formellement toute violation du cadre juridique bilatéral qui serait imputable à la force Barkhane », souligne ce mardi 3 mai le ministère français des Affaires étrangères dans une déclaration écrite.

« Première fois que l’armée française se retrouve dans une telle situation »

« C’est la première fois que l’armée française se retrouve dans une telle situation » admet un militaire de haut rang, ajoutant que « malgré tout, il y a une forme de logique qui ne surprend pas ». Cela car depuis l’arrivée de la société de mercenaires Wagner au Mali en 2021, le dialogue avec la junte est chaque jour un peu plus difficile.

Alors que Bamako justifie sa démarche en pointant une violation du cadre juridique qui permet aux soldats français de stationner au Mali, l’état-major français affirme que la France n'a été saisie d’aucune plainte, et qu’aucun fait documenté n’a été produit :

« Nous avons toujours été soucieux d’observer toutes les règles qui nous étaient imposées », dit-on à Paris.

 

Départ du dernier soldat français prévu à la fin de l’été

Dans son communiqué de dénonciation des accords de défense, le Mali a également demandé, « avec effet immédiat », le départ d’une partie des forces étrangères présentes sur son territoire.

Mais côté français, l’état-major des Armées se veut serein et considère que le cadre juridique signé en 2013 et 2014 continuera à produire ses effets jusqu’à la fin de la ré-articulation au Sahel, c’est-à-dire jusqu’au départ du dernier soldat français du Mali, ce qui devrait intervenir à la fin de l’été.

D’ici là, « pas d’inquiétude particulière » disent les militaires, « les convois logistiques terrestres de la Force Barkhane ne seront pas entravés » : « On va continuer à se désengager en bon ordre, notre capacité de manœuvre reste intacte ».

Pendant toute la durée de l’opération de retrait, la France affirme sa détermination à assurer la sécurité de ses soldats et des soldats européens, ainsi que sa vigilance à toute « tentative de manipulation de l’information ».

Après avoir quitté les bases avancées de Tessalit, Tombouctou et Gossi, les militaires français doivent encore libérer celles de Ménaka et Gao, dans le Nord-Est.

Burkina Faso: course contre la montre pour sauver huit mineurs coincés à 700 m de profondeur

 

Surpris par les eaux suite à de fortes pluies, huit mineurs sont portés disparus depuis le 16 avril à la mine de zinc de Perkoa, dans la région du Centre-Ouest. Les familles s’inquiètent, car chaque jour qui passe voit la chance de les retrouver en vie diminuer. 

Avec notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani

Les opérations de sauvetage démarrées le 21 avril n’ont pas encore permis de retrouver huit mineurs piégés sous terre : six Burkinabè, un Zambien et un Tanzanien. 

« Les responsables de la mine ont promis l’arrivée de nouvelles machines à grande capacité de pompage. Ce qui pourrait accélérer l’évacuation de l’eau », confie Antoine Bama, le représentant des familles.  

Selon les responsables du comité de crise, cités par le représentant des familles, l’équipe de sauvetage a pu accéder à la première chambre de refuge, mais personne n’y était. La deuxième chambre est pour l’heure inaccessible.   

« Les refuges peuvent supporter certaines conditions de vie pendant deux semaines. Il y a de l’eau et de l’oxygène mais pour l’alimentation nous ne sommes pas certains », fait savoir Roland Djebré, secrétaire général du syndicat des travailleurs de la géologie, des mines et des hydrocarbures.

Au moins quatre sociétés minières participent aux travaux de pompage. Mais, les familles commencent à perdre espoir, vu la lenteur de l’opération. « Ils ont fait des efforts, mais ce n’est pas suffisant, car c’est lent. Ils auraient dû demander de l’aide sur le plan international », lance Antoine Bama, le porte-parole des familles des portés disparus.

En Algérie, Karim Tabbou, l'une des figures du mouvement démocratique, a été arrêté

alger 

 

[Photo d’illustration] Le 2 juillet 2020, Karim Tabbou, l’une des figures les plus emblématiques du Hirak en Algérie, lors de sa libération provisoire de la prison à Koléa, à 56 kilomètres d’Alger. © Ryad KRAMDI / AFP

 

La Ligue algérienne des droits de l'homme dit ignorer pour l'instant les raisons de cette nouvelle arrestation, vendredi soir 29 avril à son domicile. Il avait déjà été emprisonné en mars 2020 pendant un an.

Il était 19 heures ce vendredi lorsque la police est venu arrêter Karim Tabbou à son domicile d'Alger. Selon un membre de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, il a été conduit à commissariat du quartier de Châteauneuf. Mais on ignore encore les raisons de cette nouvelle arrestation d'un des visages les plus populaires du mouvement démocratique du Hirak, alors que Comité national pour la libération des détenus compte environ 300 prisonniers politiques dans le pays.

Chef d'un petit parti d'opposition, Karim Tabbou avait l'année dernière terminé de purger une peine d'un an de prison pour une publication sur sa page Facebook en 2020, critiquant l'implication de l'armée dans les affaires politiques en Algérie.

En début de semaine, il avait publié un « hommage à Hakim Debbazi », un détenu politique de 55 ans, père de famille d'une petite ville de l'ouest, mort en détention d'une crise cardiaque. Il s'était personnellement rendu aux obsèques de celui qu'il avait qualifié d'« enfant du peuple » qui avait « pris sur ses frêles épaules tout le poids des revendications exprimées dans le Hirak », pouvait-on lire dans son texte. Et il avait accusé « le pouvoir » d'être « le seul et unique responsable » de sa mort.

Cédéao: une stratégie face au changement climatique en passe d'être définie

 

Quelle « stratégie régionale climat » pour l’Afrique de l’Ouest ? La Commission de la Cédéao pilote depuis plus d’un an son élaboration, avec l’aide de l’Union européenne, pour que le climat soit au centre de l’action politique des États membres. Ce plan ouest-africain doit être validé vendredi 29 avril par les ministres de l’Environnement de la Cédéao, à l’issue de deux journées d’ateliers qui ont débuté mardi à Accra, la capitale du Ghana. 

Le changement climatique « détruit les infrastructures, barrages, ponts, routes, toute la croissance bâtie au cours des années », a alerté Kwaku Afriyie, le ministre de l’Environnement du Ghana, pays qui préside actuellement la Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) et qui héberge donc les ateliers sur la « stratégie régionale climat » de l’organisation régionale.

« Des changements profonds sont nécessaires », a de son côté martelé Sekou Sangaré, le commissaire de la Cédéao à l’Environnement, car « l’Afrique de l’Ouest et le Sahel se réchauffent plus vite que les autres régions du monde, que ce soit dans l’océan ou sur terre ». Les ressources en eau s’amenuisent, de même que les récoltes ou la taille des poissons. D’où la nécessité d’accélérer et d’amplifier l’action régionale contre un changement climatique qui n’a pas de frontière.

Cette première stratégie climat de la Cédéao, qui a reçu l’appui technique et un financement de 12 millions d’euros de l’Union européenne, est une sorte de cadre pour permettre aux 15 États membres de renforcer leurs compétences et de mieux collaborer entre eux dans la lutte et l’adaptation au réchauffement, secteur par secteur : eau, agriculture, énergie, transports, pour l’instant à horizon 2030.