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Otages libérés au Burkina: ce que l'on sait
de l'opération et des ravisseurs

Les commandos marine font partie des forces spéciales françaises engagées dans le cadre de la Force «Sabre» au Sahel.
© RFI/Olivier Fourt

Après la libération par les forces spéciales françaises de quatre otages, dont deux Français enlevés au Bénin au début du mois, l'identité des preneurs d'otages est encore inconnue. Il est « trop tôt pour se prononcer », a déclaré ce vendredi la ministre des armées Florence Parly, mais les connexions entre les groupes armés du nord du Burkina Faso, et la katiba Macina dans le centre du Mali, à qui étaient semble-t-il destinés les otages, laissent à penser que des membres du groupe Ansarul Islam pourraient être les auteurs de l’enlèvement des deux touristes français au Bénin.

L'alerte de l'enlèvement des deux Français au Bénin a été donnée le 2 mai et cinq jours après les forces spéciales françaises mènent une première opération sur le sol burkinabé. La mission était de récolter du renseignement. Selon Ouagadougou, « des téléphones sont récupérés ». Ils ont peut-être permis de remonter la piste des preneurs d'otages. Ensuite, grâce à un important travail de renseignement, le véhicule des ravisseurs est repéré.

Selon nos informations, arrivés à la frontière malienne, à environ 70 km de Djibo, les ravisseurs stoppent leur progression. Une nouvelle fois les informations sont minutieusement recoupées, afin d'être sûr que les otages français se trouvent bien dans les huttes qui servent de caches aux terroristes. Les observations permettent de conclure que les otages sont aux mains de six terroristes.

Il faut savoir que des militaires burkinabè participaient à cette opération de recherche des otages depuis le début, donc depuis l'est du Burkina jusqu'à la partie nord, il y avait un groupe de commandos burkinabè qui sont déjà en opération avec les forces françaises stationnées au Burkina.

Autrement dit, c'est le moment d’agir, car il y a un risque que les Français soient transférés vers un groupe armé « plus aguerri » précise une source militaire. Dans la nuit de jeudi à vendredi 10 mai, l'opération est lancée. L’infiltration a lieu de nuit. Les forces spéciales neutralisent la sentinelle, s’ensuit un échange de coups de feu. À l'intérieur des huttes, les commandos découvrent quatre otages et non deux comme ils l’avaient imaginé au départ : les deux Français, une Américaine et une Sud-Coréenne. Dans l'assaut, deux militaires d'une trentaine d'années sont mortellement touchés. Quatre terroristes sont tués, deux autres sont en fuite. L'objectif de la mission a été rempli, mais le prix à payer a été élevé pour les commandos marine.

Le groupe Ansarul Islam soupçonné

L’identité des ravisseurs reste incertaine. Selon des sources concordantes,  les soupçons portent sur les hommes de Jafar Dicko, le frère d'Ibrahim Malam Dicko qui a été tué en 2017. Il dirige Ansarul Islam, un groupe terroriste qui recrute principalement dans la communauté peule, agissant dans le nord du Burkina Faso, et ayant des connexions avec la katiba Macina d'Amadou Koufa dans le centre du Mali.

L’information est non confirmée à ce stade par la ministre des Armées Florence Parly qui assure prudemment « qu'il est encore trop tôt pour se prononcer » sur l'identité des ravisseurs.

Deux groupes terroristes opèrent dans la zone

Comme l'a rappelé la ministre, deux mouvements terroristes opèrent dans la zone. L'un affilié à al-Qaïda, le Front de libération du Macina. En mars 2017, le chef de guerre, Amadou Koufa apparaissait en personne sur la vidéo de formation du Groupe de Soutien à l'Islam et aux Musulmans aux côtés du jihadiste Iyad Ag Ghali.

L'autre mouvement est plus proche de l'État islamique. Il s’agit de l'État islamique au Grand Sahara, dont le chef de guerre Abdoual Hakim, un proche d'Adnane Abou Walid al-Sarahoui opère non loin de là, un peu plus vers l'Est, côté malien. Cette zone frontalière entre le Mali, Burkina et le Niger sert de base arrière aux groupes terroristes régionaux.

Transports : au Burkina Faso, des chantiers majeurs engagés pour désenclaver le pays

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Des voies de contournement de la capitale à la liaison ferroviaire avec le Ghana, en passant par l’autoroute Ouaga-Abidjan, les chantiers pour améliorer les transports n’ont jamais été aussi nombreux au Burkina Faso.

À la fin de mars, le président Roch Marc Christian Kaboré inaugurait la route inter-États Koupéla-Bittou-Cinkansé-frontière du Togo (la nationale 16). Les travaux, dont le coût s’élève à plus de 100 milliards de F CFA (près de 152,5 millions d’euros), ont porté, entre autres, sur la réhabilitation de plus de 150 km de route et de six ponts, la construction d’un péage à Cinkansé, l’aménagement de 14 km en 2×2 voies dans les agglomérations traversées.

La modernisation de cet axe, qui permet d’améliorer considérablement le trafic entre le Burkina et Lomé, son principal port d’approvisionnement, est emblématique des chantiers engagés pour désenclaver le pays et doper ses échanges intracommunautaires. Le programme d’investissement routier de l’État prévoit une enveloppe globale de 250 milliards de F CFA pour l’année 2019, dont 128 milliards mobilisés au titre du Fonds spécial routier (FSR).


>>> À LIRE – Au Burkina Faso, les travaux de l’autoroute de contournement de Ouagadougou sont lancés


Des chantiers majeurs

Parmi les chantiers majeurs en cours : la route nationale Ouagadougou-Fada-Ngourma (125 milliards), le boulevard circulaire Tengsoba, à Ouaga (28 milliards), et l’autoroute de contournement de la capitale (185 milliards). Confié au groupe burkinabè Ebomaf, ce projet a démarré dans le village de Yimdi (banlieue ouest) et s’étendra sur un linéaire de 125 km, avec un tronçon nord (pour rejoindre les routes de Bobo et celles de Ouahigouya) et un tronçon sud (pour rejoindre Fada et Pô).

C’est à la China Harbour Engineering Company qu’a été attribuée, pour un montant estimé à 200 milliards de F CFA, la réalisation du premier tronçon burkinabè de l’autoroute Ouaga-Abidjan (1 200 km au total). Côté ivoirien, 240 km ont déjà été réalisés et 110 km sont en cours d’exécution. Côté burkinabè, les travaux devraient démarrer cette année, mais ce planning reste tributaire des assises de la commission mixte Chine-Burkina, censée faire l’arbitrage parmi les projets prioritaires et dont la réunion dépendra, entre autres, de la prise de fonctions des ambassadeurs des deux pays.

Or le Burkina n’a pas encore désigné son représentant à Pékin. « Dès que le projet sera retenu, nous sommes prêts à lancer les travaux de la première phase entre Ouagadougou et Pouni, près de Koudougou, à 100 km de la capitale, dans le Centre-Ouest », assure le ministre des Infrastructures, Éric Bougouma. « Le choix de réaliser ce projet par tronçons vise à tenir compte des capacités de financement et de remboursement », poursuit l’ancien banquier (surnommé « bulldozer » par ses concitoyens).

Le chantier de la voie ferrée entre Ouagadougou et Accra-Tema doit commencer cette année

Vers le port de Tema

Sur le front de l’interconnexion ferroviaire, le Burkina et le Ghana (qui représente entre 25 % et 30 % du volume des importations du Faso) mettent les bouchées doubles pour que le chantier de la voie ferrée entre Ouagadougou et Accra-Tema commence cette année. Au Burkina, la ligne passera notamment par Kombissiri, Bagré, Zabré, Pô, jusqu’à la ville frontière de Paga (soit un tracé d’environ 320 km). Au Ghana, elle desservira ensuite Tamale, Yendi, Ho, le port fluvial d’Akosombo et Accra, avec pour terminus le port de Tema (soit plus 800 km).

Douze soumissionnaires ont été retenus dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt pour la réalisation et l’exploitation du projet, qui doivent maintenant formuler leurs offres techniques et financières.

Togo: la réforme constitutionnelle
est votée par les députés

Lomé (photo d'illustration).
© Danita Delimont/Gettyimages

Les Togolais ont réclamé pendant dix-huit mois, à travers des manifestations parfois violentes, des réformes politiques. Hier, mercredi 8 mai, les députés, après une longue plénière jusque tard dans la nuit, ont voté. La réforme constitutionnelle est adoptée : le nombre de mandats présidentiels est limité à deux pour une même personne, la législature passe de cinq à six ans, renouvelable deux fois. Un député togolais pourra donc passer dix-huit ans dans l'hémicycle.

Le mandat présidentiel devait être voté à sept ans, renouvelable une seule fois.

Les motivations étaient toutes trouvées : « C’est une mesure salutaire pour permettre au pays de faire des enjambées », déclare le député Atigbé Ihou de la mouvance présidentielle.

Le débat prend de l’ampleur. Séna Alipui, de l’Union des forces de changement, opposition, annonce qu’il ne votera pas le texte si l’article 59 relatif au mandat présidentiel maintient la durée à sept ans.

Agbéyomé Gabriel Kodjo appelle à la sagesse et au rassemblement, puis une suspension de séance d'une heure est décidée pour concertation. Les tractations durent environ une heure.

À la reprise, coup de théâtre, le président du groupe parlementaire Union pour la République (UNIR, au pouvoir), Atcholi Aklesso, annonce: « Puisqu'il nous fait aller ensemble pour aller plus loin, nous avons pensé - après réflexion- qu'il était judicieux que nous revenions sur la durée du mandat du président de la République et (restions) à cinq ans, comme cela était. »

Lors du vote, 90 députés sur 91 inscrits votent la réforme. Il est 23h23, tous les députés se lèvent pour entonner La terre de nos aïeux, l’hymne national.

Or : croissance record pour les
exploitations burkinabè

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Grâce à l’exploitation de douze sites industriels, la filière aurifère du Burkina Faso a vu sa production croître de plus de 15 % entre 2017 et 2018. Et devrait faire encore mieux cette année.

Inférieure à 1 tonne par an au début des années 2000, la production d’or du pays ne cesse de croître : de 35 t en 2015, elle est passée à 38,5 t en 2016, 45,6 tonnes en 2017 et 52,66 t en 2018 (sans compter la production artisanale, qui s’élèverait, selon les autorités, à environ 10 t), avec douze mines industrielles en exploitation.

Cette hausse de 15,4 % de la production en un an s’explique notamment par le début d’exploitation du site de la Société d’exploitation minière d’Afrique de l’Ouest (Semafo) à Boungou (dans l’Est). Avec près de 11,5 t d’or produites en 2018, le gisement le plus important du pays reste celui du canadien Iamgold, à Essakane (Nord-Est), entré en phase d’exploitation commerciale à la mi-2010.

Quatrième producteur d’or du continent, derrière l’Afrique du Sud, le Ghana et le Mali (mise à jour : en 2018, le Ghana devenu le 1er producteur du continent, avec 158 tonnes), le Burkina est l’un des pays où les activités minières sont aujourd’hui les plus dynamiques. De nouveaux sites doivent entrer en phase de production d’ici à la fin de 2019 : celui de Wahgnion, à Niankorodougou (Sud-Ouest), dont les réserves estimées sont de 1,2 million d’onces (plus de 37 t), développé par le canadien Teranga Gold, ainsi que celui de son compatriote Orezone, à Bomboré, sur la commune de Mogtédo (Centre), dont les réserves sont également estimées à plus de 1 million d’onces (plus de 28 t), pour une durée de vie de treize ans, avec une production de 2,7 t/an pendant les sept premières années.


>>> À LIRE – Or : les compagnies minières canadiennes à l’assaut de l’Afrique de l’Ouest


À la fin de février, l’État a par ailleurs accordé des permis d’exploitation pour trois concessions aurifères : Mogtédo (production totale attendue de 39,6 t sur une durée de vie de dix ans), à la junior Orezone Bomboré ; Batié, dans le Sud-Ouest (28,6 t d’or sur une durée de vie de sept ans), à la société Konkera ; et Gogo, dans la région Centre-Sud (76,46 t sur une durée de vie de quatorze ans), à Kiaka SA. Le ministère des Mines estime que ces trois nouveaux permis d’exploitation devraient drainer au total 609 milliards de F CFA (928 millions d’euros) d’investissements.

Encadrer le secteur artisanal

En 2018, le secteur minier a représenté 10,6 % du PIB (contre 11,4 % en 2017) et 71 % des recettes d’exportation du pays, soit 1 308 milliards de F CFA. Pour l’heure, l’unique autre production minière du pays est le zinc, issu de la mine de Perkoa (Centre-Ouest), exploitée depuis 2013 et désormais gérée par le canadien Trevali, qui produit environ 160 000 t/an.

Notre ambition est d’explorer notre sous-sol pour voir s’il regorge de substances stratégiques comme le gaz, le pétrole

Pour diversifier le secteur, le ministère des Mines a entrepris des recherches pour tenter de découvrir de nouvelles ressources. « Nous avons complété les relevés géophysiques sur le quart sud-est du pays, soit une surface d’environ 72 000 km2. S’ils sont encore en phase d’interprétation, les résultats provisoires sont probants et montrent que c’est une zone à grand potentiel, explique le ministre, Oumarou Idani. Notre ambition est d’explorer notre sous-sol pour voir s’il regorge de substances stratégiques comme le gaz, le pétrole. Cette recherche va nous permettre d’atteindre l’objectif de diversification de la production. »

Afin de mieux encadrer le secteur artisanal, un guichet unique va être créé pour organiser, sur chaque site, l’orpaillage en zones d’extraction, de traitement de minerai et d’habitation. « Cela va nous permettre de contrôler l’activité et d’aider les acteurs dotés d’une carte d’artisan minier à évoluer vers la semi-mécanisation, voire vers la création de petites mines », précise Oumarou Idani.

La sécurité des sites miniers, un chantier prioritaire de l’exécutif burkinabè

Les autorités burkinabè travaillent en outre à la modernisation du cadastre minier, notamment pour offrir la possibilité de remplir les formalités en ligne. « Il faut poursuivre la politique d’attractivité des investisseurs étrangers pour favoriser le potentiel géologique prometteur du pays », souligne Tidiane Barry, le président de la Chambre des mines.


>>> À LIRE –Terrorisme : le Burkina Faso est-il le nouveau maillon faible ?


« Il est important que la dynamique se maintienne, d’autant que nous constatons une certaine fragilité liée à la situation sécuritaire, poursuit-il. L’exploration devient difficile, et les budgets ont été réduits, voire gelés. » Le problème de la vulnérabilité des sites miniers, dont certains ont été marqués ces derniers mois par des attaques meurtrières et des enlèvements d’agents, figure parmi les dossiers prioritaires de l’exécutif burkinabè.


Tambao relancé

Déboutées de toute prétention à dommages et intérêts par la décision, rendue fin février, de la chambre arbitrale du tribunal de commerce international de Paris, les sociétés du milliardaire australo-roumain Frank Timis ont perdu toute chance de développer le projet intégré de manganèse de Tambao (est du pays), dans le différend qui les opposait depuis 2015 à l’État burkinabè.

Lequel s’active désormais afin de réattribuer le permis minier de Tambao, dont les réserves sont estimées à 55 millions de tonnes, à un nouvel investisseur. Le français Eramet et plusieurs sociétés chinoises sont d’ores et déjà en lice pour la reprise du projet.

Burkina Faso : une croissance de bon augure

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Malgré le contexte difficile, la croissance devrait se maintenir durablement grâce aux efforts des pouvoirs publics, ainsi qu’à la vitalité des secteurs agricole et minier.

La belle croissance du Pays des hommes intègres promet de durer. Le FMI prédit qu’elle se maintiendra à 6 % dans les prochaines années. Ce n’est que justice compte tenu des efforts des gouvernants et de la population. Si l’on prend les grands paramètres macroéconomiques, les résultats sont là.

L’inflation est modérée (2 % par an) ; le déficit budgétaire, ramené de 7,8 % du PIB en 2017 et à 4,7 % en 2018, tend vers les 3 % requis ; la dette publique demeure raisonnable (42,5 % du PIB) et la dette vis-à-vis de l’étranger (24,2 % du PIB) promet de baisser. Les réformes se mettent en place. Le prix des carburants s’adaptera automatiquement aux évolutions sur le marché mondial, ce qui permettra de limiter les subventions publiques.

Les embauches dans la fonction publique ont été réduites de 40 % en 2018, et le régime des primes et indemnités est en voie d’être modifié. Malgré un certain relâchement l’an dernier, le Burkina Faso collecte mieux ses impôts. « Il a fait beaucoup de progrès en matière fiscale, confirme Arthur Minsat, chef de l’unité Afrique au Centre de développement de l’OCDE. Les recettes fiscales ont atteint 18,1 % du PIB en 2016, contre 10,2 % au début de la décennie. »

Un complément de revenus précieux

La liste des améliorations n’est pas close : l’interconnexion électrique permet de doubler la fourniture de courant en provenance du Ghana ; le pôle agro-industriel de Bagré est un succès, et le triangle transfrontalier avec la Côte d’Ivoire et le Mali (Bobo-Dioulasso - Korhogo - Sikasso) promet d’en être un autre à moyen terme. Rappelons que le Burkina Faso est l’un des rares pays à honorer la déclaration de Maputo (2003), qui demande aux pays africains de consacrer à l’agriculture au moins 10 % de leur budget.

Le secteur minier est en plein essor. Ses recettes progressent au rythme de 10 % par an, et 15 000 emplois y ont été créés en 2018. La locomotive est évidemment l’or – dont la quatorzième mine, exploitée par Teranga Gold à Niankorodougou, devrait sortir son premier lingot à la fin de l’année – avec une production industrielle de plus de 52,6 tonnes en 2018, auxquelles s’ajoutent quelque 9,5 t extraites par le secteur artisanal. Celui-ci pose des problèmes de pollution et de sécurité, mais il procure un complément de revenus précieux aux populations locales.

Si les effets ne se sont pas encore fait sentir, la reprise des relations diplomatiques avec la Chine devrait donner un coup de fouet aux innombrables projets d’infrastructures (routes, énergie), grâce à l’arrivée des prêts et des entreprises de Pékin – pour mémoire, le rythme de réduction de la pauvreté depuis 2000 au Burkina Faso est identique à ce qu’il a été en Chine entre 1996 et 2013. On comprend que, face à ce tableau plutôt favorable, le FMI ait débloqué, en décembre 2018, une nouvelle tranche de 25,1 millions de dollars dans le cadre de son accord triennal avec Ouagadougou.

Tout n’est pas rose pour autant. Selon la Banque mondiale, l’extrême pauvreté (moins de 1,9 dollar par personne et par jour) affectait 43,7 % de la population en 2017. « On constate le même type de croissance fondé sur la rente avec la prédominance des exportations d’or et de coton, déclare Arthur Minsat. Cela ne crée pas d’emplois en nombre suffisant et fragilise une économie sensible aux cours mondiaux des matières premières. » D’autant que la faible industrialisation du pays ne permet pas de transformer et de valoriser plus de 2 % de la production cotonnière.

Myriade de PME familiales

Autre écueil, le déficit en électricité. Certes, avec une puissance installée de 1 000 MW en 2020, contre 650 MW en 2018, il tend à se réduire, mais il pénalise toujours les bourgades rurales, dont plus de 95 % ne sont pas approvisionnées.

Le poids excessif de la fonction publique représente 10 % du PIB. L’expansion du terrorisme oblige à consacrer une part croissante du budget à l’armée et aux forces de l’ordre : le budget de la sécurité a bondi de 35 % en 2018, et il progressera encore de 28 % en 2019, détournant de précieuses ressources qui devraient être consacrées au développement.


>>> À LIRE – Burkina Faso : « Notre économie a prouvé sa résilience »


Enfin, l’informel demeure un grave handicap. « Le Burkina Faso est typique des pays les moins avancés, explique Aruna Bineswaree Bolaky, économiste à la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced). Les entreprises informelles y sont dominantes et se créent surtout par nécessité de sortir du chômage. L’innovation y est très marginale. Elles ont du mal à survivre et encore plus à se développer en raison des obstacles que représentent la rareté des compétences et un accès limité au crédit. Elles ne peuvent donc pas créer beaucoup d’emplois. » Aussi, il y a urgence à faciliter la vie de la myriade des petites entreprises familiales.

Oui, le Burkina Faso évolue dans le bon sens. Non, il n’est pas tiré d’affaire. Ce que reconnaissait avec lucidité Rosine Sori-Coulibaly

Oui, le Burkina Faso évolue dans le bon sens. Non, il n’est pas tiré d’affaire. Ce que reconnaissait avec lucidité Rosine Sori-Coulibaly, ministre de l’Économie de janvier 2016 jusqu’en janvier dernier, dans une interview accordée, en août 2018, à African Banker : « Les perspectives de croissance restent sujettes à des facteurs de risques tels que les attaques terroristes, la vulnérabilité de l’agriculture aux aléas climatiques, la persistance des revendications sociales, la faible mobilisation des ressources pour le financement du Plan national de développement économique et social et la volatilité des cours des matières premières. »