Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Restitutions des œuvres au Bénin et au Sénégal: la loi adoptée par le Parlement français

                                     De grandes statues royales du Royaume du Dahomey datant de 1890-1892, le 18 juin 2018 au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris.

                                  De grandes statues royales du Royaume du Dahomey datant de 1890-1892, le 18 juin 2018 au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac                                                                                                                    à Paris.
 GERARD JULIEN / AFP
Texte par :RFISuivre
4 mn

Les députés ont finalement eu le dernier mot ce jeudi matin, faute d’accord avec les sénateurs sur un texte commun. Comme le stipule le texte, la France a maintenant un an pour remettre au Bénin les 26 œuvres du trésor de Béhanzin. Le sabre dit d’El Hadj Omar Tall, fondateur de l’empire Toucouleur, a lui déjà été restitué en novembre 2019 aux autorités sénégalaises.

Le texte a été adopté ce matin à la quasi-unanimité : 48 voix pour, aucune contre et seulement deux abstentions. La discussion a été rapide, elle n’a même pas duré une heure. Un quasi-consensus donc autour de ce texte et de ces deux articles qui stipulent que les 26 œuvres du trésor de Béhanzin et que le sabre avec fourreau dit d’El Hadj Omar Tall cessent de faire partis des collections nationales françaises à compter de la date d’entrée en vigueur de la loi.

Malgré cela, l’adoption de ce projet de loi n’aura pas été aussi rapide que prévu. En cause : la restitution par la France à Madagascar de la couronne ornant le dais royal de la reine Ranavalona III. Une restitution survenue début novembre en plein débat au Sénat sur ce projet de loi. Ce qui n’a pas été du goût des sénateurs, notamment de droite, qui ont reproché à l’exécutif de céder un bien culturel à un pays étranger sans demander son avis au Parlement.

Dans la foulée, les sénateurs ont alors proposé de créer une structure chargée de « mieux encadrer scientifiquement » les restitutions futures. Proposition rejetée par le gouvernement et la majorité. Résultat, le Sénat a refusé mardi de voter le projet de loi.

Le compte à rebours est lancé

 C’est donc l’Assemblée nationale qui a eu le dernier mot ce matin. C’est toujours ainsi que cela se passe lorsqu’il n’y a pas de consensus entre les deux chambres. Cette fronde des sénateurs n’étaient de toute façon pas dirigées contre ces restitutions en elles-mêmes. « Notre vote n’est en aucun cas un vote contre les restitutions au Bénin et au Sénégal », a tenu à préciser hier Laurent Lafon, le président de la commission des affaires culturelles du Sénat. Il s’agit, a-t-il expliqué, d’une opposition à la méthode du gouvernement. »

À l’Elysée, on se félicite aujourd’hui de l’adoption de ce texte et du chemin parcouru depuis 2017 pour en arriver là. Le compte à rebours est désormais lancé. Si le sabre dit d’El Hadj Omar Tall a déjà été restitué l’an passé à Dakar, la France a maintenant un an pour remettre aux autorités béninoises les 26 œuvres du trésor du Béhanzin, pillées en 1892 par le général Dodds lors du sac du palais d’Abomey.

Depuis plusieurs mois, Cotonou travaille avec Paris à l’accueil de ces œuvres. La restitution devrait avoir lieu d’ici la fin de l’année prochaine. Ces pièces seront d’abord exposées temporairement au Musée international de la mémoire et de l’esclavage de Ouidah avant d’être définitivement transféré au musée de l’épopée des amazones et des rois du Dahomey.

Nigeria: plus de 300 lycéens kidnappés au pensionnat de Kankara ont été libérés

                                       Usama Aminu, 17 ans, est l'un des lycéens kidnappés au pensionnat de Kankara, au Nigeria, dans la nuit du 10 au 11 décembre. Il a pu échapper aux ravisseurs. Il s'est confié sur ces événements le 16 décembre à Associated Press.
                                                 Usama Aminu, 17 ans, est l'un des lycéens kidnappés au pensionnat de Kankara, au Nigeria, dans la nuit du 10 au 11 décembre.
                                               Il a pu échapper aux ravisseurs. Il s'est confié sur ces événements le 16 décembre à Associated Press.
 AP - Sunday Alamba
Texte par :RFISuivre
3 mn

Au Nigeria, des lycéens capturés le week-end dernier dans leur pensionnat de Kankara, au nord-ouest du Nigeria, ont été libérés dans la soirée du jeudi 17 décembre. Cet enlèvement de masse a été revendiqué deux fois par Abubakar Shekau, chef d’une faction de Boko Haram, d’abord mardi, puis jeudi, à travers une vidéo dans laquelle apparaissaient plusieurs dizaines d’enfants surveillés par des hommes armés. Une partie d'entre eux est désormais libre, alors que le gouverneur de l'État de Katsina, dont ils sont originaires, assure qu'aucune rançon n'a été versée, ce qui reste à confirmer. 

Avec notre correspondante à Lagos, Liza Fabbian

Entassés à l’arrière des camions affrétés par les forces de sécurité nigérianes, les enfants tout juste libérés esquissent des sourires fatigués. 344 adolescents ont été relâchés jeudi soir selon les autorités. Ils vont être examinés par des médecins, avant de rejoindre leurs proches.

Cette libération est « un grand soulagement pour leurs familles », a salué le président Muhammadu Buhari, cité par l’un de ses porte-paroles. Le chef de l’État nigérian note que « le nord-ouest du pays représente maintenant un nouveau défi », d’autant que, selon lui, « les bandits et les terroristes ont continué à se fournir en armes malgré la fermeture des frontières » ces derniers mois. « Nous allons nous occuper de cela », promet Muhammadu Buhari dans cette communication.

► À lire aussi : Nigeria: Abubakar Shekau de Boko Haram revendique l'enlèvement des lycéens à Kankara

 
 
 

Quels liens exacts entre les ravisseurs et Boko Haram ?

Après leur enlèvement par des groupes criminels bien implantés dans le nord-ouest du Nigeria, les lycéens de Kankara ont été séparés en plusieurs groupes. Dans une vidéo publiée ce jeudi, un jeune entouré de dizaines d’autres otages affirmait que ce sont 520 lycéens qui ont été capturés. Un certain nombre d’entre eux se trouveraient toujours entre les mains du chef de gang local qui a conduit cet enlèvement de masse. 

La nature des liens entre ces bandits spécialisés dans le kidnapping et le pillage, et le groupe jihadiste Boko Haram, qui a revendiqué cette opération, reste floue. Que ces liens soient purement transactionnels ou bien plus idéologiques.

Tchad: les évêques alertent la présidence sur les conflits entre éleveurs et agriculteurs

Le président tchadien Idriss Déby (photo d'illustration).

Le président tchadien Idriss Déby (photo d'illustration).
 Ludovic MARIN / AFP
Texte par :RFISuivre
2 mn

Les évêques demandent au chef de l’État d’intervenir pour mettre fin aux conflits entre éleveurs et agriculteurs qui font des dizaines de morts depuis le début des récoltes qui ont commencé il y a deux mois. Le phénomène dure depuis des années et mine la cohabitation pacifique entre éleveurs et cultivateurs sans que les pouvoirs publics ne parviennent à l’endiguer.

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Avec notre correspondant à Ndjamena, Madjiasra Nako

Depuis deux mois, le même scénario se répète quotidiennement. Un champ qui attend d’être récolté a été dévasté par un troupeaux, provoquant une bagarre entre cultivateurs et éleveurs. Selon l’abbé Séverin, secrétaire général de la conférence épiscopale, des armes de guerre sont utilisés lors accrochages entre paysans :

« Il y a des individus qui vont sortir des kalachnikovs, des Famas, ça fait peur. On a été témoins de blessures dans nos centres de santé. Les gens qui meurent qui sont blessés, sont des Tchadiens. »

Toutes les pistes ont été explorées, sans résultats. Pourtant, les agriculteurs et les cultivateurs représente 80% de la population tchadienne. L’inquiétude est de voir ce conflit dégénérer. C’est pourquoi les évêques en appellent désormais au chef de l’État :

 
 
 

« Toutes les autres solutions ont déjà montré leurs limites. On a constaté l'engagement avec lequel le chef de l'État s'est investi dans la colère du Kourouma, au Mali, un peu partout. Mais ce phénomène qui est un phénomène de vivre ensemble, s'il s'y investit, nous sommes convaincus qu'il y aura solution. »

Selon des experts, le conflit entre éleveurs et agriculteurs aurait déjà fait plus d’une centaine de mort sur l’ensemble du territoire tchadien.

Tidjane Thiam, nouveau « gardien » du capitalisme inclusif avec le Vatican

| Par 
Mis à jour le 09 décembre 2020 à 14h18
Tidjane Thiam à Davos, le 22 janvier 2019.

Tidjane Thiam à Davos, le 22 janvier 2019. © Tidjane Thiam, chief executive officer of Credit Suisse Group AG, poses for a photograph following a Bloomberg Television interview on the opening day of the World Economic Forum (WEF) in Davos, Switzerland, on Tuesday, Jan. 22, 2019. World leaders, influential executives, bankers and policy makers attend the 49th annual meeting of the World Economic Forum in Davos from Jan. 22 - 25. Photographer: Simon Dawson/Bloomberg via Getty Images © Simon Dawson/Bloomberg/Getty

 

L’ancien patron franco-ivoirien de Credit Suisse intègre le Conseil pour un capitalisme inclusif, initié par le pape François, qui réunit une vingtaine de dirigeants mondiaux d’entreprises.

Mettre en avant la dimension morale de la vie économique pour favoriser « un développement humain intégral », tel était le vœu du souverain pontife lorsqu’il a lancé les premières consultations, fin 2019, avec une organisation américaine qui plaide pour une vision vertueuse de l’économie de marché, le Conseil pour un capitalisme inclusif.

Ce dernier annonce, ce 8 décembre, le lancement officiel d’un partenariat avec le Vatican. Concrètement, un groupe d’investisseurs et de chefs de grands groupes mondiaux, appelés « gardiens », s’engage à « réformer le capitalisme (…) pour le bien de l’humanité » et à promouvoir la dynamique auprès du secteur privé pour que capitalisme rime davantage avec justice, inclusion et développement durable.

Ces dirigeants, qui représentent plus de 10 500 milliards de dollars d’actifs sous gestion, doivent se réunir chaque année avec le pape François et le cardinal ghanéen Peter Turkson – l’un des deux cardinaux africains pressentis en 2013 pour succéder à Benoît XVI et devenir ainsi le premier « pape noir » de l’histoire – pour faire le point sur leurs actions visant à faire progresser le capitalisme inclusif.

Finance « désintéressée »

Parmi eux, l’ancien directeur général de Credit Suisse, Tidjane Thiam, dont les derniers choix dans la sphère économique témoignent d’une volonté pour celui que d’aucuns qualifient de « prodige de la finance » de partager son expérience au service du continent.

Depuis son départ de la deuxième plus grande banque helvète, le dirigeant a ainsi intégré la task force de l’Union africaine – aux côtés de Ngozi Okonjo-Iweala, Trevor Manuel et Donald Kaberuka -, chargée de trouver une solution coordonnée et continentale à la crise sanitaire.

Après une parenthèse ivoirienne, pendant la présidentielle remportée le 3 novembre par Alassane Ouattara, il est recruté par le Rwanda pour promouvoir la place financière de Kigali en intégrant le board du Rwanda Finance Limited.

Dirigeants de haut niveau

Thiam, qui siège depuis juin au conseil d’administration du numéro trois mondial du luxe, le français Kering, est par ailleurs membre du « Groupe des 30 », un organisme mondial indépendant, créé en 1978, et composé de dirigeants des secteurs public et privé.

Parmi eux, plusieurs anciens gouverneurs de banques centrales dont Jacob A. Frenkel, le président du conseil des administrateurs et ancien gouverneur de la banque centrale d’Israël, Jean-Claude Trichet, ancien gouverneur de la Banque de France puis de la Banque centrale européenne, ou encore Maria Ramos, coprésidente du groupe de travail du secrétaire général des Nations unies sur le financement numérique des objectifs de développement durable et ancienne DG d’Absa Group.

Dans le cadre du Conseil pour un capitalisme inclusif, Tidjane Thiam se retrouve ainsi engagé aux côtés d’autres poids lourds mondiaux des affaires, tels le Mexicain Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, l’Italo-Américain Carmine Di Sibio, PDG du géant de l’audit EY, Oliver Bäte, PDG du groupe allemand d’assurances Allianz, l’Indo-Américain Ayay Banga, PDG de Mastercard ou encore Kenneth Frazier, PDG de Merck & Co et premier dirigeant noir-américain d’un laboratoire pharmaceutique.