Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Bénin  : « Les nouveaux groupes religieux ont tendance
à abuser du droit à la liberté religieuse et à la liberté de religion » (La Croix Africa)

Le ministre des affaires étrangères du Bénin, Aurélien Agbénonci, et le nonce apostolique au Bénin, Mgr Brian Udaigwe/DR

Le 23 août, la République du Bénin et le siège apostolique ont signé un accord-cadre qui fixe le cadre juridique de leurs relations.

Le père Fulgence Mehouenou, prêtre dans le diocèse de Parakou dans le nord du Bénin, spécialiste en droit civil et en droit canonique explique à La Croix Africa le contenu de cet accord.

La Croix Africa : Quelles sont les grandes lignes de l’accord-cadre ratifié le 23 août 2018 par la République du Bénin et le siège apostolique ?

Père Fulgence Mehouenou : Cet accord-cadre est une convention de droit international qui fixe « le cadre juridique des relations entre le Saint-Siège et la République du Bénin, ainsi qu’entre l’Église et l’État au Bénin ». Cette convention reconnaît, garantit et protège le droit fondamental à la liberté religieuse qui comprend le droit à la liberté de religion, à la liberté d’expression et à la liberté de manifestation.

Parmi les grandes avancées de l’accord-cadre, on peut noter la reconnaissance, en droit béninois, de la personnalité juridique privée et publique aux entités ecclésiales identifiées en droit canonique comme étant des personnes juridiques mais aussi le respect des lieux de culte et de l’identité catholique. L’accord garantit aussi, entre autres dispositions, le devoir de non-ingérence de l’État dans les nominations et dans la répartition des charges ecclésiastiques.

Concernant les initiatives d’intérêt public prises par l’Église catholique au Bénin, il reconnaît le droit à l’enseignement en garantissant le respect du caractère propre de l’enseignement catholique et garantit le droit de créer des institutions d’éducation, de formation professionnelle, de bienfaisance et d’assistance sociale dans le respect de la législation béninoise. En outre, l’Église peut désormais compter sur une contribution financière étatique à définir ainsi que des garanties domaniales, des concessions sur les taxes et les impôts.

Est-ce là une marque de reconnaissance en faveur de l’Église du Bénin ?

Père Fulgence Mehouenou : C’est la preuve de la reconnaissance officielle de l’engagement multiséculaire de l’Église catholique en faveur de la liberté religieuse et de sa contribution diplomatique, en qualité d’autorité morale et spirituelle, en faveur de la justice, de la paix et du développement.

D’autres arguments viennent justifier cette marque de reconnaissance de l’État béninois, à savoir l’importance numérique des chrétiens catholiques au sein de la population béninoise, l’enracinement profond et ancien dans l’espace public béninois d’institutions catholiques de bienfaisance et d’assistance sociale et, enfin, l’existence de relations diplomatiques entre le Siège Apostolique et l’État béninois avec accréditation d’un légat pontifical au Bénin et d’un ambassadeur du Bénin au Vatican.

Comment l’Église béninoise se porte-t-elle avec la prolifération de nouveaux groupes religieux ?

Père Fulgence Mehouenou : Plusieurs principes caractérisent le statut constitutionnel des religions au Bénin, à savoir la liberté des religions sous un régime béninois de pluralisme religieux dans un État laïc, l’égalité juridique des religions et, enfin, la liberté d’expression et d’œuvres de la part des religions. Le problème, c’est la définition de ce que le législateur béninois entend par « religion », par « groupes religieux » ou encore par « communautés religieuses ». Les sectes sont-elles aussi des « communautés religieuses », par exemple les grandes religions monothéistes ?

Les nouveaux groupes religieux ont tendance à abuser du droit à la liberté religieuse et à la liberté de religion. La liberté de religion implique le devoir de respecter la religion de l’autre. C’est pourquoi, il existe des situations où les pouvoirs publics sont même autorisés à apporter des restrictions légales à l’exercice de la liberté de religion.

Malgré tout, l’Église catholique au Bénin se porte bien. Il y a certes des difficultés et des crises mais il en est ainsi de toute vie et de toute société organisée. Ce qui fait la force de l’Église catholique depuis deux millénaires, c’est qu’elle est avant tout une œuvre humano-divine et Satan, l’accusateur, ne peut la déstabiliser. Parmi ceux qui quittent l’Église catholique, beaucoup reviennent et demandent leur réadmission. L’Église se doit d’être pour eux visage de la miséricorde divine.

Recueilli par Lucie Sarr

Source : Père Fulgence Mehouenou  : « Les nouveaux groupes religieux ont tendance à abuser du droit à la liberté religieuse et à la liberté de religion » – La Croix Africa, 06/11/18

Hela Ouardi : «Le Prophète ne se considérait pas comme un personnage sacré» (El Watan)

A l’occasion de sa participation au SILA – stand des éditions Koukou  qui éditent en Algérie son livre Les derniers jours de Muhammad (voir la recension par A. Arteche) – l’intellectuelle tunisienne répond aux questions de Hacen Ouali.

 

Votre livre Les derniers jours de Muhammad est désormais édité en Algérie chez les éditions Koukou. Enquêter sur les circonstances de la mort du Prophète de l’islam 14 siècles après n’était-il pas un pari risqué ?

Si vous parlez des menaces des fanatiques, je n’ai pas le sentiment d’avoir pris un risque particulier, car depuis des années déjà, nous voyons bien que le fanatisme est un monstre aveugle qui ne différencie pas ses victimes. Il frappe tout le monde et partout. Même les musulmans dans les mosquées ne sont pas épargnés ! En revanche, je considère mon enquête sur la mort du Prophète comme un véritable défi intellectuel que je me suis fixé : le travail sur un sujet aussi délicat, l’exploration minutieuse de dizaines de sources de la Tradition, le travail de comparaison et de confrontation des différents récits, le rassemblement des morceaux du «puzzle» ont été une aventure scientifique à la fois difficile et passionnante. En somme, le seul risque auquel j’étais vraiment attentive est celui de ne pas parvenir à une version intelligible des faits avec un récit cohérent qui respecte la succession chronologique des événements. Heureusement, le succès du livre auprès des lecteurs montre que les efforts que j’ai fournis n’ont pas été vains.

Comment était le climat au sein de la grande famille du Prophète durant ses derniers jours ?

C’était un climat de grande tension politique. Une ambiance de fin de règne. Les ambitions de la famille et des Compagnons du Prophète entrent en conflit. Chacun tente de se positionner dans la perspective d’une succession imminente. A cela s’ajoute le fait que quelques semaines avant la maladie du Prophète, la communauté musulmane traversait déjà un grand moment de doute pour deux raisons principales : d’une part, l’affrontement de l’armée musulmane avec Byzance a échoué, notamment dans la défaite cuisante de Mu’ta. D’autre part, un peu partout en Arabie, les faux prophètes comme Tulayha, Aswad ou Musaylima commencent à réunir autour d’eux de nombreux adeptes. Ce qui a été ressenti par les musulmans, le Prophète le premier, comme une véritable menace pour l’islam. On comprend dès lors que durant les derniers jours du Prophète, la crise était à son comble.

Pourquoi a-t-on attendu trois jours pour l’enterrer alors que sa dépouille était putréfiée ?

Il y a deux raisons à cela. Une raison religieuse et une raison politique. La raison religieuse vient du fait que de nombreux musulmans croyaient que le Prophète allait ressusciter au bout de trois jours comme Jésus et donc son corps ne peut en aucun cas se décomposer. En outre, à l’annonce de la mort du Prophète, les musulmans étaient – comme souvent devant une grande catastrophe – dans une attitude de déni : ils ne voulaient pas admettre qu’il était mort à cause, notamment, du caractère eschatologique et messianique de la mission de Mohamed. Pour eux, le Prophète est venu annoncer la fin du monde, comme en témoignent plusieurs versets du Coran. Et donc, pour eux, sa mort est inadmissible : il ne peut pas mourir avant l’apocalypse. D’ailleurs, ceci explique le sentiment de terreur qui s’est emparé des musulmans. Ils étaient nombreux à croire que la mort du Prophète est le signe que la fin du monde est imminente.

Par ailleurs, la raison politique derrière l’enterrement tardif du Prophète est due au fait que son entourage proche était occupé au règlement de la question de la succession, prioritaire à leurs yeux. La fameuse réunion de la Saqifa des Banu Saida a eu lieu avant les obsèques du Prophète. On remarque d’ailleurs que jusqu’à aujourd’hui, l’annonce officielle de la mort d’un chef d’Etat est précédée de certaines dispositions qui peuvent prendre un certain temps. Ce qui nécessite le décalage entre la mort et les obsèques.

Le Prophète est mort jeune (63 ans), était-il décédé d’une mort mystérieuse, comme le suggère le titre de votre livre ?

L’une des questions cruciales auxquelles j’ai tenté de répondre est la cause de la mort du Prophète. La Tradition fournit des réponses contradictoires, parfois même des auteurs comme Tabarî ou Bukhârî disent tantôt qu’il est mort empoisonné par une juive de Khaybar, tantôt qu’il est mort d’une pleurésie (dhât al janab). Il est impossible de trancher. En tout cas, là où j’ai trouvé une unanimité dans toutes les sources est que le Prophète était dans un état d’abattement psychologique. Par exemple, quand il reçoit quelques jours avant sa mort la visite de l’ange Gabriel qui demande de ses nouvelles, il répond : «ô Gabriel je suis accablé ! je suis affligé.» Quand le Prophète visite le cimetière de Médine le mercredi qui précède son décès, il dit aux morts : «Les discordes se profilent à l’horizon ; elles arrivent comme les lambeaux d’une nuit noire.» Force est de constater que les sombres prédictions du Prophète au sujet de l’avenir de l’islam, dont l’histoire est jalonnée de guerres civiles, se sont bel et bien réalisées !

La figure du Prophète est sacrée, l’était-elle durant son vivant ?

Question très complexe, car le processus de sacralisation du Prophète et de ses Compagnons est un processus historique qui s’est étalé sur plusieurs siècles. En revanche, ce qu’on peut affirmer c’est que le Prophète lui-même ne se considérait pas comme un personnage sacré. Dieu ne lui dit-il pas dans le Coran : «Dis : Je ne suis qu’un mortel semblable à vous.» (verset 110 de la sourate «La caverne»). Le Prophète se considérait comme un messager, sans plus. Dans son discours lors du pèlerinage de l’adieu, il souligne bien que sa mission consiste à transmettre un message de Dieu. Plusieurs récits de la Tradition témoignent de la grande humilité du Prophète qui ne se considérait pas comme un être sacré, intouchable. Précisément, j’ai essayé de montrer dans mon livre le visage humain d’un Prophète si semblable à nous !

Le Prophète de l’islam a-t-il laissé un testament où il aurait désigné son successeur ?

Non. D’ailleurs, l’un des épisodes les plus étonnants et bouleversants des derniers jours du Prophète est la fameuse «calamité du jeudi», raziyyat al khamîs (citée par les sources sunnites et chiites). Le jeudi qui précède sa mort, le Prophète exprime le souhait de dicter un testament. Il demande qu’on lui apporte une omoplate et un encrier (katif wa dawât). «Je vais rédiger pour vous un document qui vous préservera de l’égarement pour l’éternité», dit-il. Curieusement, Omar Ibn Al Khattâb, qui était présent, s’y oppose farouchement et dit : «Le Prophète divague (yahjuru). Nous avons déjà Le Coran, le Livre d’Allah, et cela nous suffit.» Le Prophète ce jour-là se fâche et demande à ce que tout le monde quitte sa chambre. Je consacre un chapitre entier de mon livre à cet épisode décisif sur lequel, étonnamment, les sunnites et les chiites sont d’accord !

Il n’est pas dit dans Le Coran qu’après la mort du Prophète, il fallait désigner un successeur. Comment est venue l’idée de la «Khilafa» et pourquoi ?

La réponse à cette question se trouve dans mon prochain livre qui sortira très bientôt. Je peux vous dire en tout cas que le califat n’a aucun fondement religieux ni dans Le Coran ni dans les hadiths. Le Prophète lui-même n’a pas désigné clairement un successeur. Certes, les chiites pensent que le Prophète a transmis le flambeau à Ali, cependant les chiites ne parlent pas de calife mais d’imam, qui est plus un guide spirituel qu’un chef politique. Le califat est une institution ad hoc inventée de toutes pièces par les Compagnons du Prophète qui étaient confrontés, il y a 14 siècles, à une situation de vacance du pouvoir à la mort de ce dernier. Je crois que les premiers califes ne savaient pas que l’institution qu’ils ont «bricolée» dans une situation d’urgence historique allait survivre des siècles après eux. J’explore toutes ces questions dans mon prochain livre.

Le conflit sunnite-chiite est-il apparu à la faveur de l’isolement de Ali ?

Le conflit sunnite-chiite a des racines profondes. Historiquement, on l’associe à la guerre civile de la Grande discorde (al ftina al kubra), mais les problèmes entre partisans de Ahl al bayt («gens de la maison», la famille du Prophète) et les partisans d’Abou Bakr et Omar datent déjà de l’époque du premier califat d’Abou Bakr. J’ai examiné attentivement le début de ce conflit au lendemain de la mort du Prophète (pour les besoins de mon prochain livre) et j’ai constaté que Ali n’a pas été isolé ; il s’est isolé lui-même et a refusé les sollicitations des musulmans (notamment l’aristocratie qurayshite) qui le voulaient comme calife. Il a décliné pour toutes sortes de raisons que je ne peux pas détailler ici.

Au fond, je crois que Ali n’a jamais vraiment cherché le pouvoir, comme le montre le fait qu’il a laissé passer «son tour», si j’ose dire, trois fois et qu’il n’a accepté le califat qu’après Abou Bakr, Omar et Othman. De nos jours, je crois que le conflit sunnite-chiite incarné par l’antagonisme entre l’Arabie Saoudite et l’Iran est moins un conflit entre deux doctrines religieuses qu’un conflit entre l’islam arabe et l’islam non arabe.

Pourquoi, selon vous, l’histoire de l’islam est jalonnée de conflits violents depuis les conquêtes jusqu’à notre époque, où des massacres sont commis au nom de la religion ?

La violence est le moteur de l’histoire d’une manière générale. Ouvrez n’importe quel livre d’histoire et vous verrez que c’est une succession de conflits et de périodes de paix plus ou moins longues. Pourquoi l’histoire de l’islam échapperait-elle à cette règle ? Les musulmans sont des hommes comme les autres, ils ont des ambitions, des excès, des rêves de domination, ce qui les pousse à entrer forcément en conflit les uns contre les autres ou contre le monde extérieur. Mais là où il y a un problème à mon avis avec l’islam, c’est que cette violence «naturelle» de l’histoire est sacralisée, ce qui permet à certains musulmans de recourir aux méthodes les plus atroces en croyant accomplir un acte qui les rapproche de Dieu. Donc, ce n’est pas la violence qui est le problème dans l’histoire de l’islam, mais la sacralisation de cette violence qui repose elle-même sur le fait que le Prophète et ses Compagnons ont été des guerriers. Or, comme chaque bon musulman a le devoir d’imiter son Prophète, il n’est pas étonnant de voir certains réactualiser cette dimension «épique» de la vie de leur Prophète.

Finalement, les «ennemis» de l’islam ne sont-ils pas les musulmans eux-mêmes ?

Je préfère éviter les généralisations : les musulmans ne forment pas du tout une masse homogène (loin de là !), donc il m’est impossible d’émettre un jugement sur les musulmans dans leur ensemble. Ce que je peux dire pour donner un élément de réponse à votre question, c’est que les musulmans se croient en général supérieurs aux autres : ils sont les adeptes de la dernière religion révélée (donc pour eux, la plus accomplie, la plus parfaite), leur Prophète est le sceau des prophètes. Et Dieu leur dit dans Le Coran : «Vous êtes la meilleure des nations de l’humanité.» Ceci crée chez eux un sentiment de supériorité qui les rend hostiles à toute forme de critique et incapables d’autocritique.

Ce sentiment de «suffisance», si j’ose dire, a produit un immobilisme, un figement dans de nombreuses sociétés musulmanes, surtout les sociétés arabo-musulmanes. Car on constate que les sociétés musulmanes non arabes (la Turquie, l’Iran, l’Indonésie, etc.) sont plus évoluées. En revanche, dans les sociétés arabo-musulmanes, la religion est mélangée à la «sauce ethnique» qui se nourrit elle aussi des mêmes prétentions illusoires : l’utopie arabe qui charrie des rêves de gloire constamment brisés par des échecs aussi cuisants qu’humiliants. Peut-être qu’il est temps de séparer l’islam de l’arabité : les Arabes sont les habitants de la péninsule Arabique, les autres sont des arabophones… Mais c’est un autre sujet. En tout cas, je demeure persuadée que sans un travail d’autocritique, de distanciation (qui conduit naturellement à plus d’humilité), la plupart des sociétés musulmanes seront incapables d’intégrer pleinement le monde moderne. 

Extrait de : Hela Ouardi. Auteur de Les derniers jours de Muhammad : «Le Prophète ne se considérait pas comme un personnage sacré» | El Watan, Hacen Ouali, 31/10/18.

Message pour la fête de Divali 2018 (autour du 7 nov.)

« Chrétiens et Hindous: en défense des personnes vulnérables de nos sociétés »

Chers Amis Hindous,

Le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux vous adresse ses salutations les plus cordiales et ses vœux priants alors que vous célébrez, le 7 novembre prochain, la fête de Deepavali [1]. Puissent les célébrations entourant cet évènement renforcer l’esprit d’amitié et de fraternité entre vous et rester source de paix et de joie dans vos familles et vos communautés !

Non seulement l’expérience directe, mais aussi les bulletins d’actualité et les portails web, témoignent chaque jour des difficultés quotidiennes des membres vulnérables de notre société : pauvres, infirmes, personnes âgées, handicapés, démunis, abandonnés et migrants, autant de marginalisés et d’exclus sur le plan social, religieux, culturel et linguistique. Les victimes d’abus et de violence, en particulier les femmes et les enfants, eux aussi largement impuissants et sans défense, sont souvent rejetés et ignorés par une société de plus en plus indifférente, voire insensible aux besoins et aux souffrances des hommes : partout dans le monde les plus vulnérables souffrent énormément. C’est à travers le prisme de ce contexte inquiétant que nous souhaitons partager avec vous une réflexion sur la manière dont nous, Hindous et Chrétiens, nous pouvons nous engager dans la défense, la protection et le soutien à ces personnes.

Le devoir moral de prendre soin des personnes vulnérables découle de notre conviction commune que nous sommes tous des créatures de Dieu et, par conséquent, des frères et des sœurs, égaux en dignité, responsables les uns des autres. Il a également sont origine dans la prise de conscience que nous sommes nous-mêmes parfois vulnérables, à la recherche de quelqu’un pour nous aider. Une conscience saine de notre condition humaine commune et de notre devoir moral envers les autres nous incite donc à promouvoir leur cause en faisant tout ce qui est en notre pouvoir pour alléger leurs souffrances, défendre leurs droits et restaurer leur dignité.

À cet égard, il ne plane aucun doute sur les efforts nombreux et louables déployés par des individus, des groupes et des communautés dans différentes parties du monde. Cependant, compte tenu du grand nombre de personnes vulnérables et de la complexité souvent associée au soulagement de leurs besoins, ces efforts peuvent apparaître comme une goutte dans l’océan. Pourtant, les occasions pour venir en aide sont toutes autour de nous, les vulnérabilités existant dans chaque communauté et société. Des efforts accrus, inspirés par le sens de la solidarité, sont nécessaires afin que se manifeste « la présence de frères et de sœurs qui se préoccupent d’eux, et ouvrant la porte de leur cœur et de leur vie, les considèrent comme des amis et des familiers. » (Pape François, Message pour la deuxième journée mondiale des pauvres, 18 novembre 2018). La véritable mesure de la civilisation de toute société n’est-elle pas celle de la manière dont elle traite ses membres les plus vulnérables ?

L’attention et la coopération sont nécessaires non seulement pour défendre la place et les droits légitimes des personnes vulnérables dans la société, mais aussi pour cultiver une culture de soins et d’assistance à leur égard. Dans nos familles aussi, tous les efforts doivent être faits pour que personne ne se sente indésirable, mal aimé, ignoré ou laissé de côté. Tous les niveaux de la société, en particulier les dirigeants politiques et gouvernementaux et ceux qui sont les mieux à même de fournir un soutien concret, doivent faire montre d’un visage et d’un cœur humains envers les personnes vulnérables de notre société et atteindre celles qui souffrent de marginalisation et d’oppression. Une telle générosité ne devrait pas constituer un geste symbolique, mais être une inspiration divine, visant à la véritable émancipation et au bien-être des personnes vulnérables et à la défense de leur cause.

En tant que croyants ancrés dans nos traditions spirituelles respectives et en tant qu’individus partageant les mêmes préoccupations pour le bien-être de tous, puissions-nous nous associer aux adeptes d’autres traditions religieuses et à toutes les personnes de bonne volonté dans un effort collectif et concerté pour le temps présent et avenir de nos frères et sœurs vulnérables!

À tous, une joyeuse célébration de Deepavali!

Mgr Miguel Ángel Ayuso Guixot, MCCJ

Secrétaire


[1] Divali ou Deepavali, signifie « file de lampes à huile » et la fête s’enracine dans une mythologie de la victoire de la vérité sur le mensonge, de la lumière sur les ténèbres, de la vie sur la mort, du bien sur le mal. Les célébrations durent trois jours, et marquent le début d’une nouvelle année, sous la symbolique de la réconciliation en famille, spécialement entre frères et sœurs, et de l’adoration de Dieu.

Deepavali © Wikimedia Commons

Deepavali © Wikimedia Commons

Calendrier interreligieux: novembre 2018

Clic sur l’image pour l’agrandir

1 : Toussaint (3 juin: orthodoxe, 1er novembre: catholique) Grande fête catholique des saints et saintes de l’Église, suivie le lendemain de la Commémoration des défunts. [ + d’infos ]

3 : Aki no Taisai (du 1er au 3 novembre) Grand rituel d’automne en l’honneur de l’empereur Meiji (1852-1912), père du Japon moderne (sanctuaire Meiji, Tokyo).

 3 au 11 : Semaine des religions: une plateforme pour des rencontres entre membres ou proches de différentes communautés religieuses de Suisse. http://www.semaine-des-religions.ch

7 : Réformation (France: 28 octobre; Suisse: 4 novembre) En souvenir de l’affichage des 95 thèses de Luther le 31 octobre 1517. [ + d’infos ] Mer. 7

7 : Divali / Dipavali Fête hindoue également célébrée par les jaïns pour commémorer l’accession au nirvana de Mahavira. Les fidèles passent la nuit à méditer et chanter des hymnes sacrés.

8 :Divali / Dipavali (3 à 5 jours) Fête de la lumière et de la déesse de la prospérité Lakshmi. [ + d’infos ]

8 : Nouvel An jaïn Premier jour de l’an 2545 du calendrier jaïn. Celui-ci débute en -527, date de l’extinction de Mahavira (ou en -57/58 selon le calendrier luni-solaire hindou de l’ère vikrama).

9 : Nutan Varsh / Bestu Varas Nouvel An hindou 2075 de l’ère vikrama selon le calendrier lunaire.

10 : Naissance du Bab Anniversaire du précurseur de Baha’u’llah né en 1819 à Shiraz (Iran).

11 : Naissance de Baha’u’llah Anniversaire du fondateur de la foi baha’ie né en 1817 à Téhéran (Iran).

20 : Armistice de la guerre 14/18 Commémoration de la fin de la «Grande Guerre» devenue, en France, un «jour du souvenir» de tous les soldats morts au combat.

20 : Journée internationale des droits de l’enfant (instituée par l’ONU en 1989) Journée dédiée à la protection, à l’éducation et au bien-être des enfants du monde entier.

21 : Mawlid al-Nabi / Mouloud * Fête populaire de la naissance du prophète Muhammad en 570. * Date variable (1 à 2 jours) en fonction de l’observation de la lune.

22 : Présentation de la Vierge (21 novembre: cal. grégorien; 3 décembre: cal. julien) Fête orthodoxe de la présentation de Marie au Temple de Jérusalem.

22 : Thanksgiving (USA; Canada: 8 oct.) Journée d’action de grâce célébrée à l’origine pour fêter les moissons agricoles. Elle a été instituée en 1621 par une colonie d’émigrés d’Amérique du Nord en signe de reconnaissance pour sa première récolte.

23 : Xiayuan Fête célébrant la 3e et dernière partie de l’année chinoise. On prie le dieu taoïste en charge de l’Eau pour une année paisible.

24 : Naissance (parkash) de Guru Nanak Fondateur de la religion sikhe, il est né en 1469, dans le Penjab, probablement un 14 avril. Mais sa naissance est souvent célébrée en novembre, lors de la fête indienne de Karttika Purnima qui a lieu à la pleine lune.

Décès (jotijot) du 9e Guru Tegh Bahadur Commémoration du martyre de Guru Tegh Bahadur, mort à Delhi en 1675 par décapitation.

En Côte d’Ivoire, les guides religieux
prient pour la paix (La Croix Africa)

Dimanche 21 octobre, les membres de différentes confessions religieuses en Côte d’Ivoire se sont réunis au centre Sant’Egidio, à Abidjan, pour prier pour la paix.

6ième rencontre interreligieuse pour la paix en Côte d’Ivoire organisé par la communauté Sant’Egidio à Abidjan/ Guy Aimé Eblotié/ LCA

À cette occasion, ils ont appelé à des actions concrètes pour la construction de «ponts de paix».

En Côte d’Ivoire, à l’invitation de la communauté Sant’Egidio, plusieurs guides religieux chrétiens et musulmans ainsi que des représentants de la société civile et des partis politiques, ont participé, dimanche 21 octobre, à la 6e rencontre interreligieuse pour la paix.
La rencontre d’Abidjan fait écho au pèlerinage mondial pour la paix de la communauté Sant’Egidio qui s’est déroulé en Italie, les 14,15 et 16 octobre. Réunis à Bologne, des représentants des différentes religions et cultures se sont unis pour construire des « ponts de paix ».
À leur suite, dans un appel pour la paix, les guides religieux ivoiriens se sont engagés à travailler ensemble pour combattre ce qui est à leurs yeux à l’origine de nombreux conflits. Il s’agit entre autres de l’avidité de pouvoir et de l’argent, le fanatisme et le nationalisme exacerbé. Les religieux se sont aussi engagés à créer et préserver les liens humains pour lutter contre la solitude devenue de plus en plus prégnante.

Lire la suite: En Côte d’Ivoire, les guides religieux prient pour la paix – La Croix Africa, Guy Aimé Eblotié, 22/10/18.