Vu au Sud - Vu du Sud

Mali : la garde rapprochée de Boubou Cissé,
figure de proue du gouvernement d’ouverture

  | Par Jeune Afrique

Nommé le 22 avril, le Premier ministre malien dirige un gouvernement ouvert à des partis d’opposition. Le 3 juillet, il s’est rendu dans le centre du pays pour réaffirmer l’autorité de l’État dans les régions en proie à des violences intercommunautaires. Dans ses tâches quotidiennes, Boubou Cissé s’appuie sur un carré de fidèles.

• Amadou « Baba » Cissé

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Amadou « Baba » Cissé est le frère aîné de Boubou Cissé. Il est la courroie de transmission avec les partis politiques, notamment Asma, dont il est le vice-président, et que dirige l’ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. C’est ce dernier qui avait recommandé Boubou Cissé au président, Ibrahim Boubacar Keïta.

• Sidi Kanouté

Son directeur de cabinet. Il avait occupé le même poste auprès de Boubou Cissé lorsque ce dernier détenait le portefeuille de l’Économie et des Finances, en 2016. Tous deux n’ont cessé de collaborer depuis. Il est un ancien contrôleur des services publics de l’État.

• Aziz Ly

Rattaché à son cabinet, où il est très polyvalent. Il est un ami de Léo Cissé, le frère cadet du Premier ministre, qui les a présentés en 2013 lorsque ce dernier était ministre des Mines. Depuis, ils entretiennent des relations très étroites.

• Mahamet Traoré

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Chargé de sa communication depuis l’époque où il était ministre des Finances. Malgré la mise en place d’une grosse équipe de com du temps de Soumeylou Boubèye Maïga, il joue un rôle clé dans ses relations avec la presse. Il est également ancien journaliste sportif.

G5 Sahel : l'UE annonce une aide additionnelle de 138 millions d’euros

La Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères Federica Mogherini, à Bruxelles, le 18 mars 2019.
© REUTERS/Yves Herman

La Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, rencontrait ce mardi le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, aux côtés des ministres des affaires étrangères des pays membres du G5 Sahel réunis à Ouagadougou lors de la cinquième réunion interministérielle.

Préoccupés par la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans l’espace G5 Sahel, les participants à la rencontre de Ouagadougou appellent à une réaction déterminée et concertée des pays concernés et leurs partenaires. C’est dans ce cadre que l’Union européenne envisage un renforcement des capacités des forces armées de chaque pays, selon Alpha Barry, le ministre burkinabè des Affaires étrangères. « [L'UE] a bien voulu qu’il y ait un renforcement des capacités nationales de l’armée, a-t-il déclaré, il va y avoir cette possibilité. Il est important que nous renforcions l’intérieur des pays à travers les capacités de nos armées nationales. »

Le démantèlement urgent des milices 

Dans un contexte difficile, avec la recrudescence des attaques terroristes, Federica Mogherini, Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, a annoncé une aide supplémentaire à la force conjointe du G5 Sahel. « Il y a un contexte de dégradation significative de la situation sécuritaire, la multiplication des attaques et des violences, y compris des violences communautaires. L’Union européenne appuiera la force conjointe, y compris sa composante police, à hauteur de 138 millions d’euros additionnels. »

Afin de lutter contre les exactions commises par les groupes d’autodéfense et prévenir toute escalade de la violence, les participants à cette cinquième réunion soulignent l’urgence de procéder au démantèlement des milices dans le cadre des réformes du secteur de la sécurité.

►À lire aussi : L’UE et les pays du G5 Sahel ensemble pour améliorer l’efficacité de l’organe

Sommet de l’UA :
la Zlec entre officiellement dans sa phase opérationnelle

Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, lors du sommet de l'Union africaine à Niamey, au Niger, le 7 juillet 2019.
© REUTERS/Tagaza Djibo

Une plaque a été dévoilée à Niamey, la Zlec entre officiellement dans sa phase opérationnelle. La Zone de libre-échange économique continentale a été mise sur les rails ce dimanche soir dans la capitale nigérienne, à l'occasion d'un sommet extraordinaire de l'Union africaine. Trente-deux chefs d'État ont fait le déplacement pour la naissance de ce marché commun africain.

Il était environ 20 heures, hier soir à Niamey, lorsque les chefs d’État ont officiellement lancé la phase opérationnelle de cette zone de libre-échange, la Zlec ou la Zlecaf, comme on l’appelle, une nouvelle entité qui doit permettre de multiplier les échanges intra-africains et ainsi accélérer le développement du continent.

Les chefs d’État et de gouvernement ont donc officiellement lancé cette zone de libre-échange et se sont entendus sur certains des instruments à mettre en place pour permettre son fonctionnement, en particulier en ce qui concerne les offres tarifaires en ligne, le système de paiement numérique et l’observatoire africain du commerce.

Le choix d’Accra comme siège du futur secrétariat permanent de cette Zlec a été validé, il a également été confirmé que la zone n’entrera pleinement en vigueur que dans un an, le 1er juillet 2020.

Au cours de la cérémonie de lancement, les noms des pays qui ont signé cet accord ont été égrenés : ils sont 54. Seule l’Érythrée ne l’a pas signé ; le Nigeria et le Bénin, eux, l’ont fait ce matin. Vingt-sept pays au total ont ratifié ce texte, les deux derniers à l’avoir fait dimanche matin sont le Gabon et la Guinée équatoriale.

Pour beaucoup, ce lancement est un moment historique. En ouverture des travaux ce matin, le président nigérien Mahamadou Issoufou avait estimé que c’était là « l’événement le plus important dans la vie du continent africain », et ce depuis la création de l’OUA et sa transformation en Union africaine.

La Zone de libre-échange continentale africaine que nous lançons aujourd’hui est l’un des projets les plus emblématiques de l’agenda africain...

Pour Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l'Union africaine, c'est un vieux rêve qui se réalise.
07-07-2019 - Par RFI

Sénégal – Affaire Petro-Tim : comment l’entourage présidentiel
gère-t-il la communication de crise ?

  | Par - à Dakar

Secouée par l’affaire Petro-Tim, relancée au début du mois de juin par la BBC, la présidence sénégalaise se cherche une stratégie de communication de crise, entre promesses de transparence et verrouillages.

« Le pétrole c’est comme le cinéma, ça suscite des fantasmes. Mais rien n’est secret. » À l’occasion d’une concertation nationale sur la mise en œuvre de la loi sur le Contenu local dans le secteur des hydrocarbures, mardi 2 juillet à Diamniadio, Macky Sall a pour la première fois esquissé une réponse publique à l’enquête de la BBC sur l’affaire Petro-Tim diffusée le 2 juin.

Intitulé Un scandale à 10 milliards de dollars, ce reportage était venu raviver les braises de l’affaire Aliou Sall-Frank Timis, relative à l’attribution controversée, en  2012, de deux blocs gaziers à la société Petro-Tim, relançant des soupçons de corruption et de conflit d’intérêt qui éclaboussent la présidence depuis cinq ans.

La transparence pour leitmotiv

Le chef de l’État a donc profité de cet atelier pour marteler sa volonté de « mettre le Sénégal à l’abri de convulsions symptomatiques de l’exploitation du pétrole et du gaz dans certains pays », avec pour leitmotiv la transparence dans la gestion des hydrocarbures.

Devant des acteurs privés du secteur pétrolier, des représentants de la société civile et des élus locaux et nationaux, il a ainsi égrené les mesures prises sous son mandat, de « l’adhésion du Sénégal à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) », en 2013, à la « constitutionnalisation du droit de propriété du peuple sur ses ressources naturelles lors du référendum de mars 2016 ».

Macky Sall a également mentionné « la publication systématique des contrats miniers et pétroliers depuis septembre 2016 », ainsi que la « création du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (COS-Petrogaz), élargi à la société civile et l’opposition ».

Couacs médiatiques

La rencontre, « prévue de longue date » selon le président sénégalais, intervient néanmoins à la suite d’une série de couacs dans la communication gouvernementale. Après la conférence de presse du gouvernement le 5 juin, au cours de laquelle la porte-parole Ndèye Tické Ndiaye Diop dénonçait « un tissu de contrevérités […] destiné à manipuler l’opinion et à jeter le discrédit sur le gouvernement et l’État du Sénégal », la communication de l’exécutif a en effet été marquée par des cafouillages malencontreux.

À deux reprises, en juin, le ministre-conseiller à la Communication  El Hadj Hamidou Kassé a ainsi mis en porte-à-faux le chef de l’État et son frère Aliou.


>>> [Vidéo] Sénégal : quand un conseiller du président contredit la version d’Aliou Sall dans l’affaire Frank Timis


Et la presse locale de s’emballer de plus belle. Kassé vient donc d’être remplacé dans cette fonction par l’ex-porte-parole du gouvernement, Seydou Guèye, héritant du poste moins exposé de ministre-conseiller en charge de la culture. Une affectation selon lui prévue depuis mars mais que ses deux bourdes récentes auront accéléré.  « Tant que je suis en politique, je ne ferai aucun commentaire sur le sujet », élude l’intéressé, interrogé par  Jeune Afrique.

Zones d’ombre

Depuis, du côté du gouvernement comme de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY, au pouvoir), la communication est verrouillée. « Nous avons pour consigne de ne plus nous exprimer sur ce dossier qui est entre les mains du procureur depuis le 10 juin. Mais évidemment, nous ne sommes pas à l’aise avec les propos de Kassé », nous confie un membre de BBY.

Un silence qui laisse en suspens plusieurs questions clés. À l’instar des critères qui ont motivé l’attribution des deux blocs à Petro-Tim, en 2012, aux dépens de pétroliers plus chevronnés comme le britannique Tullow Oil ou le nigérian Oranto Petroleum, alors que cette société de création récente ne présentait aucune référence dans l’exploration offshore. « Tout est conforme au code pétrolier », rétorque sobrement un officiel au ministère du Pétrole et des Énergies.

Des royalties surévaluées ?

Autre point qui cristallise la contestation, le montant des royalties que pourrait toucher Frank Timis suite à la cession de ses parts à British Petroleum, en 2017. Dans son enquête, la BBC avance des montants allant de 9 à 12 milliards de dollars sur quarante ans. « Les allégations de la BBC concernant le montant des royalties qui pourraient être payées à Timis Corporation sont absurdes », avait balayé Géraud Moussarie, directeur général de BP Sénégal, en conférence de presse.

Sur cette question, l’entourage présidentiel renvoie à la confidentialité qui entoure un contrat passé entre deux entités privées. Des émissaires de BP ont cependant été dépêchés auprès d’Ousmane Ndiaye, le secrétaire permanent du COS-Petrogaz, et de son adjoint, Mamadou Fall Kane, afin d’éclairer la lanterne des autorités.

Selon plusieurs sources au sein de British Petroleum et du COS-Petrogaz que Jeune Afrique a rencontrées, les royalties prévues au bénéfice de la holding de Frank Timis n’excéderaient pas 0,7 % à 1 % des futurs revenus de l’État liés au pétrole – eux-mêmes estimés autour de 23 milliards de dollars –, soit moins de 230 millions de dollars.

Très loin, donc, des 10 milliards de dollars évoqués par le média britannique.

Nouvelles mesures

En attendant de faire la lumière sur ces zones d’ombre, le gouvernement continue de se chercher une stratégie de communication à l’international, tout en rappelant à l’envi dans les médias locaux les mesures déjà prises pour assurer la transparence de ce secteur objet de tant de « fantasmes ».

De nouvelles mesures sont d’ailleurs en préparation, comme l’octroi systématique des blocs d’hydrocarbures par appel d’offres, ainsi que le prévoit le nouveau code pétrolier, adopté en janvier, ou encore le vote prochain à l’Assemblée nationale d’une loi sur la transparence dans l’utilisation des futurs revenus issus de l’exploitation du pétrole et du gaz.

Quant aux questions restées sans réponse à propos des blocs déjà octroyés à Petro-Tim avant d’être rétrocédés à Kosmos Energy et BP, « seule la justice pourra édifier le peuple sénégalais », estime l’entourage présidentiel.

Mali: Boubou Cissé annonce des renforts à Mopti

Le Premier ministre malien Boubou Cissé avec des responsables locaux à son arrivée à Sévaré, dans le centre du Mali, le 3 juillet 2019.
© MARCO LONGARI / AFP

Le Premier ministre malien Boubou Cissé entame ce samedi 6 juillet le quatrième jour de sa visite dans le centre du Mali. Après avoir présidé à Sévaré une distribution de céréales pour faire face à l'insécurité alimentaire, il s'est rendu ce vendredidans les localités de Bankass et de Koro. Il a annoncé le déploiement de près de 3 600 militaires supplémentaires sur le terrain pour assurer la sécurité des populations. Il a évoqué aussi sa décision d'impliquer tous les leaders communautaires pour apaiser les tensions entre les populations.

Arrivé par route dans la localité de Koro, le Premier ministre malien a été accueilli par des milliers de personnes. Il commence à s'habituer aux bains de foule. Au cours d'une rencontre avec les populations, les problèmes sécuritaires ont dominé les débats. Et pour apporter des solutions, Boubou Cissé a annoncé un nouveau déploiement de militaires dans la région du centre du Mali.

« Je vais déployer nos forces de défense et de sécurité sur le terrain pour un maillage beaucoup plus important, a déclaré le chef du gouvernement. Pratiquement 3 600 hommes vont monter. Sur les 7 derniers jours, déjà 1 500 sont montés et ce sera complété avec 2 000 autres hommes qui vont arriver dans les prochains jours et les semaines à venir. »

Autre temps fort de la rencontre entre le Premier ministre et la population, c'est la prise de parole des leaders des communautés, notamment dogons et peuls. Certains avaient été un moment mis sur la touche. Pourtant, ils restent influents et peuvent contribuer à la recherche de la paix.

Boubou Cisé, lui, veut rassembler tout le monde. Une démarche approuvée par plusieurs élus de la région centre, à l'instar du député Bocari Sagara : « Il est sur la bonne voie : dialoguer avec les vrais acteurs, pas sur la façade mais en bas. »

De nouvelles rencontres inter et intra-communautaires sont prévues afin d'apaiser la situation.