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Mali: la médiation internationale condamne les incidents de Kidal

Vue de la ville de Kidal, où des manifestants ont brulé un drapeau, le 17 juillet (image d'illustration).
© David Baché/RFI

À Bamako, la médiation a non seulement condamné unanimement les manifestants qui ont notamment brûlé le drapeau malien à Kidal, mais ils ont également haussé le ton contre la CMA, l’ex-rébellion.

À l’issue d’une rencontre à Bamako jeudi 18 juillet, la médiation internationale a exprimé son « indignation » et sa « consternation ». Les propos ne sont pas que diplomatiques. Le communiqué officiel qualifie « d’inadmissibles » les évènements survenus à Kidal, où « un groupe de manifestants a délibérément saccagé et vandalisé les symboles de l’Etat malien ». Ce sont « des atteintes gravissimes à l’unité nationale » poursuit le communiqué.

La médiation internationale estime que ces actes sont en réalité une violation de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Pour bon nombre d’observateurs, c’est quasiment la première fois que la médiation internationale hausse vraiment le ton vis-à-vis de l’une des parties.

Selon un diplomate qui a participé à la rencontre, il est clair que, désormais, l’ex-rébellion, la Coordination des mouvements de l’Azawad, doit prendre ses responsabilités. Elle a certes condamné le fait de brûler le drapeau national, mais elle doit respecter les engagements pris pour le retour effectif à Kidal des symboles de l’État.

Avec une épée de Damoclès sur la tête : « Très rapidement », confie un autre diplomate, le Conseil de sécurité des Nations unies pourrait annoncer de nouvelles sanctions contre des individus.

Présidentielle en Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara à l’heure du choix

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À un peu plus d’un an de la présidentielle ivoirienne de 2020, le chef de l’État Alassane Ouattara entretient le mystère sur ses intentions.

« Le président ne veut pas qu’on parle de lui. » En chœur, ses plus proches font passer l’étrange message. « Il n’en voit pas l’intérêt », explique l’un. « Ce n’est pas le moment », assure l’autre. « Et pour dire quoi ? » tente de dissuader un troisième. « Non, vraiment, Alassane ne souhaite pas que l’on écrive sur lui. »

L’homme le plus puissant de Côte d’Ivoire est pourtant rompu aux premiers rôles et aux pleines lumières. Et il ne peut ignorer que son vœu est destiné à rester pieux. Cela semble être la marque d’Alassane Ouattara. Alors que la scène politique ne cesse de se tendre, il se veut discret. Quand beaucoup rêvent d’en découdre, il demeure en retrait.

Un peu plus d’un an avant la fin de son mandat, le président se retire-t-il à petits pas ? À l’inverse, cherche-t-il à dissimuler des ambitions risquées ? Ou est-il d’une extrême prudence, à l’heure des incertitudes ? À Abidjan, beaucoup guettent un signe à décrypter.

Stratège, méticuleux et appliqué

Chaque matin depuis huit ans, l’écho des sirènes hurlantes annonce le passage du convoi présidentiel. Alassane Ouattara s’est levé tôt, avec le jour. Patiemment, il a écouté les nouvelles à la radio, attendu 7 heures pour passer les premiers appels, puis voici son cortège qui s’élance, empruntant toujours le même chemin. Depuis la Riviera, il serpente le long de la lagune. À gauche, on aperçoit le troisième pont, inauguré à la fin de 2014.

Les voitures filent, remontent le boulevard de France, désormais prolongé, puis plongent vers le Plateau. Avant d’arriver au Palais, il reste à longer la baie de Cocody sous le vacarme de ses engins de chantier. Là, Alassane Ouattara a imaginé une grande marina : restaurants, centres commerciaux, port… Au pied des grandes tours, le cœur d’Abidjan doit faire peau neuve juste à temps pour la prochaine présidentielle. Dans l’intimité de sa berline aux vitres teintées, il observe cette ville en train de se réinventer. Ces ponts, ces routes… Ce sont les traces qu’il laissera pour toujours derrière lui.

Laurent Gbagbo était débonnaire et sympathique, mais c’était la pagaille, le Palais était ouvert à tous les vents. Dès son arrivée, Ouattara a décrété la fin de la récré

L’ancien haut fonctionnaire en est persuadé. Depuis Félix Houphouët-Boigny, le premier dirigeant du pays, nul n’a fait autant que lui. Héritier d’un pays épuisé par une décennie de crise, il a voulu remettre de l’ordre. « Laurent Gbagbo était débonnaire et sympathique, mais c’était la pagaille, le Palais était ouvert à tous les vents. Dès son arrivée, Ouattara a décrété la fin de la récré, rapporte un ministre. Et cela ne s’est jamais relâché. Chez lui, on peut venir en short, décontracté. Mais au Palais, l’ambiance est studieuse, on se vouvoie, et gare à celui qui oserait porter un costume dépareillé ! »

L’austérité règne désormais autour du bureau du premier étage, son occupant y est concentré. En presque deux mandats, l’ancien économiste, passé par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et le FMI, a relancé la croissance jusqu’à des niveaux records, a fait revenir les investisseurs et rendu à la Côte d’Ivoire sa position d’acteur incontournable du continent.

Alors, non, le libéral n’a pas admis les grèves des fonctionnaires. N’avait-il pas relevé leurs salaires ? Il n’a pas compris les revendications des enseignants. Ne vivent-ils pas mieux qu’avant ? À peine entend-il le mal-être de certains planteurs, les difficultés de petits employés, le ras-le-bol face à la corruption. « Depuis notre arrivée, nous avons tant fait, tant travaillé ! Rendez-vous compte ! » s’agace un ministre. Le peuple serait-il ingrat ? Le tumulte du pays peine parfois à traverser les ors et les bois précieux des murs du palais.

Déstabilisations

Stratège, méticuleux et appliqué, le président s’est parfois fait surprendre par des mécontents qu’il n’avait su entendre. Comme en 2016, lorsque la deuxième plus grande ville du pays, Bouaké, s’est enflammée après que les prix de l’électricité ont augmenté au lendemain de sa réélection.

Comme en 2017, lorsque des militaires se sont par deux fois mutinés, faisant trembler le régime. Le chef de l’État n’avait rien vu venir. Depuis, il a admis avoir été mal conseillé, sans que des sanctions internes soient prises, et a conclu à une mauvaise communication. « S’ils ne sont pas contents, c’est parce que nous ne nous sommes pas compris », sous-titre le même ministre. La pédagogie : voilà le maître-mot de la fin de ce deuxième mandat.

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Le président ne comprend pas Guillaume. Il veut le pouvoir ? Il est si impatient !

Mais les cicatrices sont là, qui n’ont jamais su se refermer. Ces soubresauts ont lancé la bataille pour l’après-Ouattara. « Bien trop tôt », selon celui-ci. Ils ont annoncé la rupture, au début de 2019, entre Guillaume Soro et le premier cercle du chef de l’État, persuadé que l’ancien rebelle avait orchestré ces déstabilisations. « Le président ne comprend pas Guillaume. Il veut le pouvoir ? Il est si impatient ! rapporte un conseiller d’Alassane Ouattara. Le chef de l’État est comme un père face à son ado turbulent. Il est en colère, mais lui conserve une certaine tendresse. »

Menacé, trahi, le président n’a cessé depuis de se replier sur son premier cercle. Téné Birahima Ouattara, son petit frère et ministre des Affaires présidentielles, titre aussi secret que les missions qui lui sont confiées, Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre et historique bras droit, Hamed Bakayoko, le ministre de la Défense devenu indispensable. On est loin de la large coalition dont le chef de l’État disait rêver.

Divorce avec Henri Konan Bédié

Quinze ans après le début de l’union avec Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara voulait une grande formation houphouëtiste avec ses « cousins » du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Face aux partisans de Laurent Gbagbo, cela aurait été l’assurance d’une victoire en 2020 – et même pour les cinquante prochaines années, fantasmait-il publiquement. En 2014, « l’appel de Daoukro », lancé depuis le fief de l’ex-président, en était la promesse. Mais entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, au moins aussi rivaux qu’alliés, les vieux démons ont fini par ressurgir.

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Le président n’a jamais eu une grande estime pour son ancien allié du PDCI, qu’il considère comme un vieil homme vénal et prétentieux

Le président ne se faisait plus vraiment d’illusions. Ce 8 août 2018, lorsque Henri Konan Bédié passe la porte de sa résidence à la Riviera, Alassane Ouattara sent bien que leur divorce est inévitable. Fidèle à ses habitudes, le vieux sphinx multiplie les « petites piques qui font mal », selon les mots d’un fin connaisseur des deux hommes. Il lui donne du « Alassane » et le tutoie. Le chef de l’État est ulcéré, le vouvoiement qu’il accorde à son aîné ne cache pas sa colère. L’entretien est glacial et expéditif.

« Bédié ne se battait pas pour qu’un homme de son parti soit candidat, il se battait pour lui-même », assure un conseiller du président. Bédié a publiquement démenti vouloir se présenter mais, dans le camp adverse, on assure voir clair dans son jeu. « Il a annoncé à Alassane Ouattara sa candidature à la présidentielle de 2020 et a réclamé son soutien. C’était inacceptable. La ligne rouge était franchie. » « À 85 ans, tout de même, c’est du délire ! » renchérit un autre.

Contre-offensive

Ce n’est pas qu’Alassane Ouattara ait eu une grande estime pour son ancien allié, qu’il considère comme un vieil homme vénal et prétentieux, « un peu gâteux », qui « ment » à son sujet et « le traîne dans la boue ». Il n’a jamais oublié le Bédié des années 1990, prêt à agiter le concept d’« ivoirité » pour le disqualifier. « Le président est bien plus furieux contre Bédié qu’il l’a jamais été contre Gbagbo », affirme un proche.

Au début de mai, les propos du sphinx sur les étrangers, passés d’abord inaperçus puis opportunément dénoncés par le gouvernement, n’ont fait que renforcer les crispations. « Quand Bédié nous ressort ses vieux refrains, c’est la preuve qu’il n’a jamais changé, estime un cadre du parti présidentiel. Dans le fond, c’est une bénédiction. Quoi de mieux que cette vieille rengaine pour resserrer nos rangs ? »

Alors le chef de l’État a lancé la contre-offensive. Bédié ne veut pas d’un parti unifié ? Qu’à cela ne tienne, Ouattara va lui prouver qu’il n’a pas besoin de lui. C’est dans les rangs mêmes du PDCI qu’il décide de recruter pour son tout nouveau Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Des menaces aux appâts, notamment financiers, tous les moyens seront bons.

Pour 2020, la messe est dite

Les négociations sont parfois rudes, comme avec Jeannot Ahoussou-Kouadio, le président du Sénat, dont le ralliement n’a été acté qu’au début de juin, mais désormais « la mission est accomplie », aux yeux du président. « Nous maîtrisons le Nord. Dans le Sud, nous avons Daniel Kablan Duncan [le vice-président] et Patrick Achi [le secrétaire général de la présidence]. Dans le Centre, c’est Ahoussou-Kouadio, et dans l’Ouest, il y a Mabri Toikeusse [le ministre de l’Enseignement supérieur et président de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire – UDPCI]. Pour 2020, la messe est dite », jubile le cadre du parti déjà cité.

Qu’importent les récents rapprochements entre Bédié et Soro, puis entre Bédié et Gbagbo. « L’hypothèse de leur alliance ne nous fait pas peur. Que pèsent-ils sur le terrain ? Rien ou pas grand-chose. Ce serait l’union des bras cassés », rit l’un des stratèges du camp présidentiel, brandissant les résultats des dernières municipales – boycottées par une partie de l’opposition.

Trouver un dauphin ?

Mainmise sur les principales institutions, réforme polémique de la Commission électorale indépendante (CEI)… Au sein du parti au pouvoir, on balaie les accusations de verrouillage en vue du prochain scrutin. On affiche sa confiance et on l’assure : le président est serein.

Trop peut-être. La machine RHDP est en marche mais, chacun le sait, une élection n’est pas qu’affaire de comptabilité. Le chef de l’État se cherche désormais un candidat. À plusieurs reprises, il a dit son souhait de transmettre le pouvoir à une « nouvelle génération », à une équipe qu’il aimerait voir menée par Amadou Gon Coulibaly, fidèle parmi les fidèles depuis plus d’un quart de siècle. Ce n’est plus vraiment un secret. Pas plus que les doutes qui ont émergé autour du manque d’aura du Premier ministre.

Après avoir assuré qu’il ne se représenterait pas, Alassane Ouattara a fait machine arrière, agitant le spectre d’un troisième mandat

Le risque d’un scénario à la congolaise, où Joseph Kabila n’a pu que constater la défaite de son poulain, Emmanuel Ramazani Shadary, effraie sur les bords de la lagune. « Dans l’esprit du chef de l’État, toutes les hypothèses sont encore sur la table », assure-t-on au Palais. Alors cela pourrait-il être un autre ? Ou bien tout simplement lui ?

À Abidjan, les pronostics vont bon train. « Je parie 70/30 ! 70 % de probabilités qu’il parte, 30 % qu’il reste », avance un militant de la première heure. « 95/5 ! » se risque un autre. Après avoir assuré qu’il ne se représenterait pas, Alassane Ouattara a fait machine arrière, agitant le spectre d’un troisième mandat. « Il annoncera sa décision dans un an », promet un proche conseiller.

Si ses adversaires dénoncent un maintien au pouvoir immoral, ses partisans rappellent que cela serait légal. Rares pourtant sont ceux qui y croient réellement. « Lorsqu’il a dit qu’il ne se représenterait pas, ça a été la foire d’empoigne. Il n’a pas d’autre choix que de laisser planer cette menace, sous peine de perdre toute autorité. »

Mémoires

À 77 ans, le président éprouve désormais une certaine lassitude. Qui se souvient encore qu’en 2015, il souhaitait passer la main avant la fin de son mandat ? « À plusieurs reprises, il a vraiment songé à démissionner. Il en avait ras-le-bol. Un jour où la situation politique était difficile et où, en plus, il était enrhumé, il m’a dit : “Si c’est comme ça, qu’ils se débrouillent, je pars !” se souvient l’un de ses amis. Je lui ai dit de se reposer, de prendre conseil auprès de ses pairs de la sous-région. Après une bonne nuit de sommeil, son rhume était passé et il avait retrouvé l’envie de diriger. »

Ouattara ne veut pas partir, chassé par son peuple ou par des militaires, à bord d’un avion des forces spéciales françaises

Parfois, au bord de sa piscine, Alassane Ouattara fait quelques confidences. L’homme est décontracté, jovial, assez éloigné du président sévère que l’on croise au Palais. Marqué récemment par plusieurs décès et maladies dans sa famille, il raconte comment il imagine « l’après ». Entre les plages d’Assinie et sa maison française de Mougins, il se voit en vieux sage consulté par les grands de ce monde. « Il ne veut pas partir, chassé par son peuple ou par des militaires, à bord d’un avion des forces spéciales françaises », confie un proche. Il a même prévu de rédiger ses Mémoires, décidément hanté par la trace qu’il laissera dans l’histoire de la Côte d’Ivoire.

« Il veut quitter la présidence en 2020, assure son ami. Mais on ne sait jamais, des circonstances exceptionnelles pourraient le contraindre à se représenter. » Quand on est président, les tentations sont légion. Restent toujours l’insistance de l’entourage, la peur de perdre les privilèges, le vertige du départ. Et l’ivresse du pouvoir, qui atteint parfois jusqu’au plus sobre des hommes.


Une décrispation grâce aux femmes ?

Cela fait près d’un an qu’Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ne se sont pas parlé, mais leurs femmes, elles, cultivent leur entente. Elles se téléphonent et se voient. Alors que les relations étaient déjà glaciales entre leurs conjoints, elles avaient convié les photographes à immortaliser leur propre proximité lors d’un repas en novembre. Entre les deux épouses, le courant passe bien. « C’est par elles que pourrait venir la décrispation », croit savoir un observateur.


Amitiés choisies

De sa carrière de haut fonctionnaire international, Alassane Ouattara a gardé certaines de ses plus grandes amitiés. Le Français Michel Camdessus, ancien patron de Ouattara au FMI, est depuis les années 1980 l’un de ses amis les plus proches. Parmi les intimes figurait également Djibril Sakho, décédé en mai, avec lequel le chef de l’État avait travaillé à la BCEAO. Le président garde également des relations, quoique moins étroites, avec le Gabonais Alexandre Barro-Chambrier ou encore avec Karnit Flug, l’ex-gouverneure de la Banque centrale d’Israël, qu’il a connue au FMI.

Côte d'Ivoire: croissance stable,
des risques planent selon la Banque mondiale

Plantation de cacao à Toumodi, en Côte d'Ivoire, le 13 octobre 2018.
© REUTERS/Thierry Gouegnon

L’économie ivoirienne se maintient. Sa croissance est stable, selon le dernier rapport de la Banque mondiale qui prévoit un taux de croissance de 7,2% en 2019 contre 7,4% en 2018. Mais plusieurs risques planent toutefois sur cette économie.

La croissance à plus de 7% qui fait la fierté des autorités depuis 2012 devrait se maintenir à condition « que l’économie ivoirienne ne subisse pas de chocs extérieurs majeurs et que l’environnement politique reste apaisé à l’approche de la présidentielle de 2020 », estime la Banque mondiale dans son rapport intitulé « Au pays du cacao, comment transformer la Côte d'Ivoire ».

►À lire aussi :Côte d'Ivoire: croissance toujours insolente malgré un léger ralentissement

D’autres indicateurs sont au vert : une inflation faible à 0,3% en 2018 et un déficit budgétaire à 4% et en baisse. L’objectif des 3% exigés par l’UEMOA pour intégrer la monnaie unique l’an prochain est à portée de main.

La Banque mondiale pointe toutefois plusieurs problèmes. Problème de mobilisation des recettes fiscales, en particulier la TVA. Et puis l’économie ivoirienne est encore très dépendante du secteur agricole (21,5% du PIB), secteur dont la croissance a fortement ralenti l’année dernière.

 

Banque mondiale

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La fluctuation des marchés, le changement climatique font donc peser de lourdes menaces sur cette économie ivoirienne, tout comme le risque terroriste et l’incertitude autour des possibles troubles liés au processus électoral à venir.

« Cette possible dégradation de l’environnement politique pourrait aussi conduire les opérateurs privés à ralentir leurs investissements », note le rapport. Pour l’instant, ce n’est pas le cas puisque les investissements directs étrangers sont en hausse en 2018. « Ces risques politiques pourraient être exacerbés par le partage relativement limité des fruits de la croissance », ajoute la Banque mondiale. Selon les dernières statistiques disponibles sur la question et datant de 2015 : 46% des ivoiriens vivent sous le seuil de pauvreté.

 

L'éco, future monnaie ouest-africaine,
gardera sa parité avec l'euro

Le président ivoirien et de l'UEMOA Alassane Ouattara accueille son homologue Macky Sall, le 12 juillet 2019, à Abidjan.
© ISSOUF SANOGO / AFP

L’organisation régionale, dont les huit États membres ont tous pour monnaie le FCFA, plaide pour les critères de convergence économique nécessaires à la mise en place de cette monnaie soient atteint dès la fin de cette année. Sur l’éco, future monnaie ouest-africaine, le président en exercice de l’UEMOA , Alassane Ouattara, a donné quelques précisions.

L’éco sera-t-il le nouveau nom du franc CFA ? Oui, en tout cas dans un premier temps, puisque la monnaie unique ouest-africaine conservera son taux fixe par rapport à l’euro, a expliqué Alassane Ouattara. « Aujourd'hui, le taux de change de l'euro par rapport au franc CFA est de 655,9. Et bien sûr, si les chefs d'État décidaient l'année prochaine de changer le franc CFA en éco parce que nous avons respecté tous les critères de convergence, ce taux ne changerait pas dans l'immédiat. »

→ Lire aussi : le franc CFA remplacé par «l’éco», l’idée fait son chemin en Afrique de l’Ouest

À terme, une fois que l’éco dépassera les frontières de l’UEMOA et intégrera des pays qui n’ont pas le franc pour monnaie, cette question d’un taux flexible pourra être remise sur la table des débats. Mais pour Alassane Ouattara la parité fixe a plusieurs avantages. « Nous considérons que ce taux de change fixe vis-à-vis de l'euro a bien servi nos économies, maîtrise l'inflation, nous permet d'avoir des taux de croissance les plus élevés du continent. Il n'y a rien de pire pour les populations que l'inflation. Je suis très fier de dire que la Côte d'Ivoire depuis sept ans n'a jamais dépassé un taux d'inflation de 1 à 2% par an, et il faut que cela soit maintenu. »

Pour l’instant, l’heure est au respect des critères de convergences. Notamment le déficit à 3% du PIB. L’UEMOA est à quatre aujourd’hui. Objectif pour les États membres : descendre à 3% d’ici la fin de l’année pour que l’éco puisse entrer en vigueur l’an prochain.


■ Les chefs d’État de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) veulent un sommet extraordinaire de la Cédéao le 14 septembre à Ouagadougou pour discuter des problèmes sécuritaires que rencontrent les pays membres et qui affectent les économies de la sous-région.

Il ne suffit pas de s'en tenir au G56 Sahel ou à la Minusma, il faut que ce soit l'ensemble des pays de la Cédéao et je dirais qu'il faut inclure les pays du lac Tchad, comme le Tchad et le Cameroun, dans cette coalition. Nous avons demandé à nos ministres de la Défense et à nos ministres de la Sécurité de nous faire des propositions en septembre prochain pour que nous puissions présenter notre rapport à l'occasion de l'assemblée générale des Nations unies fin septembre à New York.

Alassane Ouattara
12-07-2019 - Par Pierre Pinto
 
 

Lutte contre le terrorisme : un sommet de la Cédéao le 14 septembre à Ouagadougou

| Par Jeune Afrique avec AFP

Les chefs d'État d'Afrique de l'Ouest se réuniront le 14 septembre à Ouagadougou pour débattre des questions sécuritaires et envisager une large coalition au-delà de leur zone pour combattre le terrorisme au Sahel, a annoncé le 12 juillet le président ivoirien, Alassane Ouattara, depuis Abidjan.

« Nous avons convenu d’un sommet extraordinaire de la Cédéao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, 15 pays), le 14 septembre prochain à Ouagadougou pour mieux coordonner nos efforts et (…) prendre toutes les mesures nécessaires pour essayer de combattre le terrorisme », a déclaré Alassane Ouattara, à l’issue d’un sommet des chefs d’État de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa, qui regroupe huit pays).

Le sommet de l’Uemoa a « condamné vigoureusement les attaques terroristes récurrentes au Burkina, Mali et Niger », trois pays membres de l’organisation.

Le G5 Sahel « ne suffit pas »

Le président ivoirien a plaidé pour « une synergie, car il ne suffit pas de s’en tenir aux forces conjointes du G5 Sahel (…) , mais il faut que ce soit l’ensemble des pays de la Cédéao, le Tchad et le Cameroun avec nous dans cette coalition ».

Les propositions issues de cette rencontre de Ouagadougou devraient être présentées à la prochaine Assemblée générale de l’ONU fin septembre.

La force antijihadiste Barkhane mobilise quelque 4 500 militaires dans cinq pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie). Ils luttent contre des attaques qui se sont étendues au centre et sud du Mali ainsi qu’au Burkina Faso et au Niger voisins, devenant de plus en plus fréquentes. Le nombre de victimes se chiffre en milliers malgré le déploiement massif de forces de sécurité.

Hormis la Guinée-Bissau représentée par son Premier ministre Aristides Gomes, les présidents des pays membres de l’Uemoa étaient tous présents à ce sommet : Alassane Ouattara, Roch Marc Christian Kaboré, Patrice Talon, Macky Sall, Ibrahim Boubacar Keïta, Faure Gnassingbé, et Mahamadou Issoufou. La population globale de l’Uemoa avoisine les 90 millions d’habitants.