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Burkina : les salaires des fonctionnaires bientôt versés exclusivement par virement bancaire

 

Cette bancarisation remplace le paiement au numéraire, ou système du "billetage", utilisé depuis 2015 pour le versement des traitements des fonctionnaires.

À partir d’octobre 2017, tous les salaires des agents de la fonction publique du Burkina Faso seront versés exclusivement par virement bancaire. C’est ce qu’a annoncé le ministère de l’Économie et des Finances dans un communiqué paru le 17 juillet dernier. Le ministère précise que ce changement intervient dans le cadre de la « sécurisation des paiements effectués par l’État ».

Les agents de la Fonction publique sont appelés à « transmettre à la direction des soldes ou aux directions générales du budget leurs références de domiciliation afin de permettre la mise à jour de leurs adresses bancaires d’ici septembre 2017″, ajoute le communiqué. Faute de quoi, les mandats ne pourront pas être versés car  » le mandatement du premier salaire sera conditionné à la production préalable d’un dossier de domiciliation de salaire », conclut le communiqué.

Lutte contre les fonctionnaires fictifs

Par le biais de cette bancarisation, le Burkina Faso espère lutter contre la présence de fonctionnaires fictifs dans son administration. Ce phénomène d’emploi fictif a coûté aux caisses de l’État 2,7 milliards de F CFA en 2015.

Pour parer à ce phénomène, le Burkina Faso a déjà mis en place en 2015 le système de rémunération au numéraire ou système de « billetage », qui consiste à faire venir chaque agent de la fonction publique devant une commission pour percevoir son salaire du mois sur présentation de certains documents administratifs qui attestent de sa régularité.

Toujours dans le soucis d’assainir ses finances publiques et de lutter contre les dépenses superflues, la Burkina Faso a procédé en 2014 à l’enrôlement biométrique des agents de la fonction publique. Cet enrôlement a permis de découvrir et de traquer des fonctionnaires à double ou plusieurs matricules.

Un fléau régional

A l’instar du Burkina Faso, plusieurs pays africains luttent contre le phénomène des fonctionnaires fictifs. Ainsi, depuis 5 ans ont été débusqués environ 3 000 fonctionnaires ivoiriens fictifs, 4 909 agents congolais virtuels, 8 499 fraudeurs tchadiens au budget de la fonction publique et près de 5 000 agents guinéens fantômes. En 2010, l’État camerounais détectait pas moins de 15 000 agents fictifs.

Selon les chiffres de l’institut burkinabé de la Statistique et de la démographie, le Burkina Faso compte en 2016, 154 819 agents de la fonction publique dans les différents ministères de l’État.

Burkina : Djibrill Bassolé est finalement inculpé pour « trahison »

Au Burkina Faso, le juge d'instruction en charge de l'enquête sur le coup d'État raté du général Gilbert Diendéré a finalement inculpé l'ancien ministre des Affaires étrangères de "trahison". Une décision qui soulage ses avocats pour qui Bassolé "n'a rien à craindre dans ce dossier".

Dans son ordonnance de règlement datée du 24 juillet dernier, le juge d’instruction abandonne la quasi totalité des charges – attentat à la sûreté de l’État, association de malfaiteurs, meurtre, coups et blessures volontaires – qui pesaient sur le général Djibrill Bassolé dans le cadre de l’enquête sur le coup d’État manqué de septembre 2015. Il n’est désormais accusé « que » de collusion avec des forces étrangères en vue d’attaquer le Burkina Faso. Une décision qui sonne pour l’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Comparé et ses conseils comme une « victoire d’étape », en attendant que la chambre de contrôle ne donne son avis sur l’ordonnance du juge, ouvrant ou pas la voix à un éventuel procès qui devrait se tenir avant la fin de cette année.

Contacté par Jeune Afrique, un des avocats de Bassolé, qui a requis l’anonymat, se dit soulagé. « Il est évident que depuis le départ, Bassolé n’avait rien à voir avec le coup de force du régiment de sécurité présidentielle. Quand on regarde le dossier, le seul élément consistant pour l’accusation porte sur les écoutes téléphoniques. Malgré le fait que leur authenticité soit remise en cause et que l’on se sache pas d’où elles viennent, l’accusation à tenu mordicus à les avoir dans le dossier. Du coup, la seule charge solide sur laquelle l’accusation allait s’appuyer est bel et bien la trahison », déclare l’avocat.

« Guillaume Soro ne sera pas présent au procès »

Selon lui, le juge d’instruction fonde l’accusation sur la supposée conversation téléphonique entre Djibrill Bassolé et Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Or dit-il, une contre expertise réalisée par les conseils du général, qui n’a jamais été acceptée par le juge, révèle « qu’il ne s’agit pas d’une conversation téléphonique mais d’un montage ».

Si la chambre de contrôle est rigoureuse en droit, les supposées écoutes téléphoniques doivent être écartées du dossier », plaide l’avocat

Et de s’interroger : « Comment l’accusation va-t-elle continuer avec la charge de trahison alors que Guillaume Soro ne sera pas présent au procès ? Si la chambre de contrôle est rigoureuse en droit, les supposées écoutes téléphoniques doivent être écartées du dossier », plaide l’avocat.

Non-lieu pour deux proches de Bassolé

Fin juillet, le groupe de travail sur la détention arbitraire du Haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations-Unies s’était prononcé en faveur d’une libération immédiate du général Bassolé. Jugeant  » arbitraire » l’arrestation et la détention de Bassolé, le groupe avait également préconisé qu’il soit traduit devant un tribunal civil.

Toujours dans le dossier putsch raté, deux proches de l’ancien ministre des Affaires étrangères, à savoir son frère Nicodeme Bassolé et son ex-directeur du protocole, Halidou Sawadogo, qui étaient sous le coup de poursuites judiciaires, viennent de bénéficier d’un non-lieu.

Référendum en Mauritanie :
certains sénateurs refusent d’en tenir compte

Les leaders de l'opposition mauritanienne lors de leur manifestation contre le projet de révision constitutionnelle du président Abdel Aziz, le 7 mai 2016.
© STR / AFP
 

En Mauritanie, les résultats du référendum constitutionnel sont tombés et, sans surprise, c’est le « oui » qui l’emporte à 85 % des voix pour près de 54% de participation. Le référendum prévoit notamment un changement du drapeau mauritanien et la suppression du Sénat. Une réforme que certains sénateurs rejettent farouchement. Du côté du gouvernement, on estime que le débat n’a pas lieu d’être.

Les sénateurs ont décidé lundi 7août de ne pas prendre en compte les résultats du référendum. Ils se sont rendus au Sénat, comme à leur habitude, et comptent exercer leurs fonctions, malgré tout.

Joint par RFI, Cheikh Ould Hanena, l'un de ces sénateurs, estime que cette consultation est un « non évènement », qu’elle est « illégale » et « illégitime » car, insiste-t-il, ces élections ne sont pas passées par les procédures normales.

 
 
 

« La Constitution mauritanienne dit que nous exerçons nos fonctions jusqu’au renouvellement du Sénat. Or le Sénat n’a pas été renouvelé (...). Nous sommes élus par le peuple mauritanien et nous avons la légitimité démocratique. Nous nous réunirons devant le Sénat vu que l’on nous a refusé l’accès. Nous sommes en train de défendre la stabilité et la démocratie de ce pays », a-t-il expliqué.

Du côté du pouvoir, Sidi Némine, membre de l'UPR, le parti au pouvoir, le débat n'a pas lieu d'être. « Normalement, le débat est clos. Le peuple a parlé. Je crois qu’aujourd’hui on doit se tourner vers la mise en place de ces Conseils régionaux, vers une nouvelle vie démocratique et un nouveau débat (...). Le débat sur la constitutionnalité du référendum est dépassé parce que d’éminents juristes se sont réunis et l’article 38 est très clair et explicite (...). Le président de la République peut demander un référendum sur les questions importantes. Donc voilà, je crois que la pilule est avalée », a-t-il défendu.

 

Mali: des fosses communes découvertes
dans la région de Kidal

Des membres d'un groupe armé à Kidal, le 13 juillet 2016.
© SOULEYMANE AG ANARA / AFP
 

Au moins deux fosses communes ont été découvertes par la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) dans la région de Kidal, dans le nord du Mali. Une enquête de la division des droits de l’homme est en cours dans cette région théâtre d’un regain de violences entre groupes armés pro-gouvernementaux et combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

La division des droits de l’homme de la Minusma mène l’enquête dans la région de Kidal, où les exactions contre les civils se sont multipliées ces dernières semaines. Les enquêteurs se sont notamment rendus à Anéfis, « où l’existence de charniers a été rapportée », précise la Minusma dans un communiqué diffusé ce samedi 5 août. Sur place, les enquêteurs ont constaté « l’existence de tombes individuelles et de fosses communes ».

« Il y a eu des exécutions sommaires »

 
 
 

« Nous avons pu établir l’existence de deux tombes individuelles, ainsi que de deux fosses communes. Mais nous ne connaissons pas, bien sûr, le nombre de corps dans ces deux fosses communes. Encore moins les circonstances des décès ou d’exécutions de ces personnes. La mission va essayer de continuer à mener les enquêtes afin que nous puissions faire la lumière et établir les responsabilités », précise à RFI Guillaume Ngefa, directeur de la division des droits de l'homme de la Minusma.

L’identification des corps et la datation de leur décès s’avère « très difficile », insiste Guillaume Ngefa, qui évoque même un « défi » pour les enquêteurs. Les enquêteurs de la Minusma ont cependant pu « établir » que, sur la période de juin à juillet 2017, « il y a eu effectivement des exécutions sommaires », sans pour autant être pour l’instant en capacité d’en établir les circonstances.

A Anéfis, les témoignages confirment

Joint par RFI, le maire adjoint d’Anéfis confirme que des exactions ont bel et bien été commises. « La population a confirmé cela », affirme Izga Ag Sidi, qui a accueilli les enquêteurs de la Minusma dans sa localité. « Je les ai rencontrés après qu’il ait fait leur travail et fouillé les tombes », explique-t-il. Les enquêteurs de la Minusma ont également rencontré la population. « Des gens ont confirmé qu’il y avait des parents qui ont  été exécutés et qui ont été rapidement mis sous terre. Ils ont été enterrés par des agents exécuteurs », précise le maire adjoint d’Anéfis. « Cela m’a fait très mal, j’ai été choqué, parce que chez nous, sur notre territoire, on n’a jamais vu des exécutions sommaires de ce genre », rapporte-t-il, insistant sur le fait que ces exécutions auraient été « réalisées par (…) des gens de notre communauté touarègue ».

Reprises des combats depuis juin

Malgré l’accord de paix signé à Alger en juin 2015, les combats ont repris dans la région de Kidal entre les groupes armés pro-gouvernementaux – le Groupe d’autodéfense touareg Imghad (Gatia) et leurs alliés rassemblés au sein de la  Plateforme - et les combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad. Ces deux groupes antagonistes sont supposés former les patrouilles mixtes du Mécanisme opérationnel conjoint (MOC).

Les combats, qui durent depuis le mois de juin, ont été intenses dans la zone, poussant même certaines ONG à retirer leurs équipes d’intervention sur le terrain. Fin juillet, Bamako a envoyé Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique du Mali, pour tenter de mener une médiation.

Alassane Ouattara: «Tous pourront se porter candidats» à la présidentielle de 2020

Le président ivoirien, Alassane Ouattara, lors des Jeux de la Francophonie, le 21 juillet 2017 à Abidjan.
© REUTERS/Luc Gnago
 

Dans son traditionnel discours à la veille de la fête nationale ivoirienne, Alassane Ouattara est revenu sur les nombreux dossiers brûlants qui agitent le pays. Le chef de l’État est revenu sur les mutineries, la zizanie politique au sein de la coalition au pouvoir et les questions économiques sociales avec un seul mot d'ordre, « rester unis ».

C'est tout d'abord sur le thème de la sécurité que le chef de l'État a débuté son discours télévisé, ce dimanche 6 août. Sur cette question cruciale qui a défrayé la chronique, entre mutineries du printemps et braquages de l'été, le président ivoirien a affiché sa fermeté contre tout soldat qui commettrait des manquements à la discipline et contre les braquages, « qui doivent être éradiqués ».

Sur le plan social, il s'agit, pour Alassane Ouattara, de privilégier la concertation et de faire en sorte que les usagers des services publics « ne soient pas les victimes collatérales » d'un conflit qui oppose État et syndicats, en attendant un accord.

 

Rappel à l'ordre

Enfin, s’il est conscient de la grave crise que traverse en ce moment le monde paysan, avec la chute des cours du cacao, c'est sur un chapitre plus politique que le président a conclu son discours. Il est revenu sur la bataille qui s'annonce pour sa succession en 2020 et qui occasionne des remous, principalement dans les rangs de la majorité.

« En tant que responsables politiques, nous n’avons pas le droit de rajouter des moments de doute aux difficultés que nos populations ont vécues depuis le début de cette année », a asséné Alassane Ouattara. « La satisfaction des besoins de nos concitoyens doit être notre seule préoccupation », a-t-il par ailleurs lancé à l'adresse de certains politiques qui se querellent plus pour leur compte que pour celui de leurs électeurs.

Querelles de succession

Le chef de l'État - réélu en octobre 2015 pour un second mandat - a appelé les forces politiques de sa majorité à arrêter d'attiser le débat autour de l'élection 2020. Élection à laquelle, en théorie, lui-même ne se représentera pas.

Un débat parfois houleux secoue la coalition de la majorité du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie en Côte d’Ivoire (RHDP). Au nom de l'alternance, un membre du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) devrait postuler à la présidence et un membre du Rassemblement démocratique républicain (RDR) pour la vice-présidence, dans un ticket que la majorité espère gagnant.

Mais pour l'heure, ce n'est pas le débat, selon Alassane Ouattara, qui a suggéré aux politiques de se soucier plus de l'avenir de leurs électeurs que de leurs propres intérêts. « La prochaine élection présidentielle prévue par la Constitution, est dans plus de trois ans et elle mobilise déjà beaucoup d’énergie. De tels comportements attisent les tensions au sein de l’alliance au pouvoir alors que nous devons nous concentrer sur la mise en œuvre de notre programme commun », a insisté Alassane Ouattara.

Appel à l'unité

Le chef de l'État a terminé son discours sur un appel à « rester uni » et « œuvrer pour une plus grande réconciliation ». « Nos populations ne méritent pas ce débat au sein de la coalition au pouvoir ; elles ne le comprennent pas d’ailleurs. Nous devons rester unis dans l’intérêt de notre pays. (…) Je veux dire aux uns et aux autres que pour la prochaine élection présidentielle, tous pourront se porter candidat, selon les dispositions de notre loi fondamentale qui garantit des élections démocratiques et transparentes », a notamment déclaré le président ivoirien.

Il a fallu 20 minutes de discours solennel au président Alassane Ouattara pour rappeler ces préceptes d’unité. Il lui reste désormais trois ans pour les mettre en œuvre.