Vu au Sud - Vu du Sud

Mali: dans le centre du pays,
les enseignants ont la peur au ventre [reportage]

La visite dans le centre du Mali du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga ce dimanche 14 octobre est placée sous haute sécurité (ici à Mopti).
© MICHELE CATTANI/AFP

Le Premier ministre malien s'est rendu dans le centre du pays, cette fin de semaine, pour y réaffirmer l'autorité de l'Etat. A bord d'un MI35 de l'armée de l'air, Soumeylou Boubeye Maïga s'est rendu dans deux localités de la région de Mopti où sévissent les jihadistes, Togoré-Coumbé et Ténenkou.

A Ténenkou comme à Togoré-Coumbé, localités situées dans le centre du Mali, il y a longtemps qu’on n’avait pas vu sur place une délégation officielle venue de Bamako. En faisant le déplacement, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a marqué un point.

A Togoré-Coumbé, par exemple, il y a peu, les jihadistes imposaient leur loi : pas de marchés, les femmes séparées des hommes sur les lieux publics et l’application de la charia… Les militaires maliens contrôlent désormais la localité. Ils sont nombreux, bien équipés, nous les avons vus. Mais la victoire est loin d’être totale. Les jihadistes sont en périphérie de Togoré-Coumbé, assiègent la ville d’où quasiment personne ne rentre et personne ne sort…

Comment les repousser définitivement en cette période hivernage alors que la zone est inondée ? Ensuite, c’est bien de reprendre le contrôle de la localité, de redéployer l’armée et un embryon de l’administration, mais il reste à remettre en état de marche le système de santé et d’éducation, par exemple.

A Ténenkou, les enseignants ont la peur au ventre

A Ténenkou, restée fermée plusieurs mois à cause de l’insécurité, l’école Tahirou Cissé a ouvert à nouveau ses portes. Le jeune Ali vient de commencer les classes, mais quasiment sans matériel scolaire :  les cahiers, les BIC, les livres manquent, nous explique t-il.

L’Etat malien s’est engagé à fournir des kits scolaires, alors que dans les classes les effectifs sont pléthoriques comme en témoignent les enseignants. «  Dans les classes vous avez au moins plus de 150 élèves par classe  ».

Le problème ici, c’est la sécurité. Le préfet de la localité, Makan Doumbia, a été enlevé il y a six mois par de présumés jihadistes à quelques dizaines de kilomètres de Tenenkou. Alors, c’est la peur au ventre qu’instituteurs et professeurs restés sur place dispensent les cours. «  Nous sommes comme des soldats. Les soldats, ils ont des AK47. Nous, on n’a pas d'AK47, mais nous avons nos craies, nous avons nos BIC. Nous, au quotidien, c’est la galère. C’est la galère…  »

A part les enseignants et les agents de santé, il n’y a quasiment pas d’autres fonctionnaires maliens à Ténenkou où le Premier ministre a notamment annoncé le «  renforcement de l'administration  » et du «  dispositif sécuritaire  ». On le voit, la tâche n’est pas terminée et c’est au pied du mur qu’on reconnaît le maçon.

Elections locales en Côte d'Ivoire:
la CEI annonce les premiers résultats

Des membres de la CEI comptent les votes dans un bureau électoral d'Abobo près d'Abidjan le 13 octobre 2018.
© SIA KAMBOU / AFP

Les premiers résultats des élections locales couplées de Cote d’Ivoire ont commencé à tomber dimanche au siège de la Commission Electorale Indépendante. La porte-parole de la CEI a égrené durant toute la journée une partie des scores des candidats aux municipales et aux régionales tandis que dans le pays règne un lourd climat de suspicion quant à des fraudes ou des manipulations de résultats. Le PDCI d’Henri Konan Bedié se montre extrêmement suspicieux à l’encontre du RHDP de son ex-allié Alassane Ouattara.

La victoire du Ministre d’Etat Hamed Bakayoko face au poulain de Guillaume Soro à Abobo, celle de Jean Marc Yace du PDCI à Cocody face au maire sortant et dissident du PDCI Mathias N’Goan ou encore la reconduction de Nicolas Djibo à Bouaké ou celle de Joachin Djedje Bagnon aux régionales du Goh étaient quelques-uns des résultats attendus de dimanche. Mais tandis que la CEI égrenait laborieusement ces résultats à la télévision nationale la tension montait sensiblement hier dans bon nombre de circonscription.

Le paroxysme de cette tension a été atteint près de Séguela où deux supporters d’un candidat indépendant s’attaquant aux forces de l’ordre ont été tués dans des affrontements.

Le PDCI dénonce des manipulations

Dimanche soir au Plateau, le quartier d’affaire d’Abidjan, une marche des supporters du candidat PDCI Jacque Ehouo était organisée pour dénoncer des manipulations des procès-verbaux de vote en faveur du candidat RHDP Fabrice Sawegnon. Ce dernier joint, par l’Agence France Presse, réfute catégoriquement ces allégations.

Des scènes ou des dénonciations similaires ont eu lieu à Port-Bouët, Grand-Bassam, Bondoukou, à Diabo, à Tiébissou. Le secrétaire exécutif du PDCI, Maurice Kakou Guikahué, a dénoncé « un braquage éhonté » des résultats qui restent à venir pour ces municipales et ces régionales. Des scrutins dont le déroulement et les conclusions faisaient office de répétion générale avant la présidentielle de 2020.

Prudence renforcée pour les ONG
dans l'est du Burkina Faso

A Fada (image d'illustration), la vie continue normalement mais les agents de terrain des ONG redoublent de prudence (image d'illustration).
© Wikipédia

Au Burkina Faso, alors que se mène la traque contre les bases terroristes dans l’Est, les ONG en activité fonctionnent pour le moment normalement. Mais des mesures de sécurité ont été prises pour les agents sur le terrain.

A Fada, Pama ou Gayéri, la vie continue normalement et la population vaque à ses occupations, souligne une chef de projet. Mais il est demandé aux agents sur le terrain de faire très attention aux « inconnus ». Les insignes, macarons ou tout autre signe distinctif ont été retirés des véhicules. L'objectif est d'éviter de se faire remarquer par les terroristes ou bandits, explique un responsable d'une ONG.

« Nous n'avons d'autre choix que de rester et travailler pour les populations, mais pour les déplacements nous nous référons aux consignes des forces de défense et sécurité », relate un chef de projet.

Les déplacements se faisaient sous escorte des forces de sécurité. Mais depuis que ces derniers sont la cible des terroristes, les escortes sont réduites.

Projets retardés

Pour ces responsables d'organisations non gouvernementales, l’inquiétude se situe dans les délais d'exécution des projets. « Nous avons réduit les heures de travail et parfois on évite d'aller sur le terrain en cas de menace », précise notre interlocuteur. Il affirme que certains délais ne seront pas respectés et qu’il faudra expliquer cela aux partenaires qui financent les projets.

Tous les responsables que nous avons appelés ont souhaité rester anonymes pour éviter toute exposition. « On ne sait pas qui nous attaque et il faut éviter de se dévoiler », justifie le responsable d'un projet financé par des partenaires européens

 

Voici la carte sécuritaire du Burkina le 19 septembre 2018

Risques Burkina

Zone CFA: augmenter les recettes fiscales
pour mieux financer le développement

Des francs CFA.
© RFI/Paulina Zidi

La seconde réunion semestrielle des ministres des Finances des pays de la zone franc s’est tenue à Paris. La croissance dans cet ensemble qui regroupe quinze pays d’Afrique Centrale, d’Afrique occidentale et les îles Comores, ne peut pas encore permettre un véritable décollage économique, selon un rapport de la Banque de France. La réunion d’hier a identifié l’augmentation des recettes fiscales, comme étant nécessaire afin que les pays concernés puissent mieux financer leur développement.

Pour financer leur croissance et réduire l’endettement, les pays de la zone franc ont besoin de mobiliser plus de recettes fiscales. 20% du PIB d'ici deux ans, au lieu de 15% aujourd’hui, c'est l'objectif que se sont fixé les huit pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

« Nous avons établi un plan d’action qui a plusieurs volets. Il y a un volet d’harmonisation des pratiques fiscales pour que les entreprises ne profitent pas des divergences de politique fiscale pour ne payer nulle part finalement ; il y a également tous les chantiers que nous avons sur la modernisation de l’administration fiscale et aussi de la gestion des exonérations qui sont généralement données aux groupes internationaux qui viennent investir dans la région », explique Romuald Wadagni, ministre béninois de l’Economie et des finances.

Le contraste entre les deux parties composant la zone CFA reste. Avec une croissance de 6,7% l'année dernière pour l'UEMOA contre une contraction de 0,1% dans la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cémac).

Mais dans cette région, il y a eu pourtant quelques avancées en matière de recettes fiscales, selon Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Banque centrale de cette zone : « Nous constatons qu’en moyenne sur cinq ans, le taux de pression fiscale dépassait de 9 à 12% en 2018. Sur cette période, le cas qui illustre bien cette progression, c’est celui d’un pays qui est passé de 4 à 9% ».

Concernant les exonérations fiscales accordées aux entreprises, les pays de la Cémac sont en train de supprimer celles qui sont considérées comme ayant été accordées de manière illégale.

Côte d’Ivoire: convocation en urgence
du bureau politique du PDCI de Bédié

Henri Konan Bédié a rencontré la direction du RDR le 6 juillet dans son fief de Daoukro.
© SIA KAMBOU / AFP

Alors que des élections locales vont se tenir en Côte d'Ivoire ce dimanche, Henri Konan Bédié a convoqué, ce lundi à Daoukro, un bureau politique d’urgence de son parti, le PDCI-RDA. Un bureau organisé à la hâte pour arrêter un certain nombre de décisions politiques qui ont été mises à mal par la justice et pour également fixer la date d'un prochain congrès extraordinaire. Avec une confirmation, le ton monte chaque jour un peu plus entre le PDCI et les partis frères et ex-alliés du RHDP d'Alassane Ouattara.

Alors que la plupart de ses militants sont sur le terrain pour battre campagne, Henri Konan Bedié, lui, invective son ex-allié : le camp d'Alassane Ouattara réunit au sein du RHDP. Pour le sphinx de Daoukro, son parti, le PDCI, fait l'objet en ce moment de « harcèlement judiciaire » orchestré par certains de ses propres membres instrumentalisés par le pouvoir d'Abidjan.

Tentatives d'intimidation

Le secrétaire exécutif du parti, Maurice KaKou Guikahué, surenchérit en dénonçant les tentatives d'intimidation durant la campagne contre ses militants à Guiglo ou à Port-Bouët. Ce qui est qualifié de complot n'a qu'un seul but, affirme Bedié, vouloir faire disparaître le parti historique de Félix Houphouët-Boigny au profit du RHDP voulu par le président Ouattara et ses alliés.

Projet inacceptable

Un projet inacceptable pour ceux qui ont fait désormais scission et qui comptent bien affronter sur le terrain et dans les urnes les alliés d'hier. Du résultat du scrutin de samedi prochain, on tirera les conclusions qui s’imposent lors d'un congrès extraordinaire du PDCI dont la date a été arrêtée au lundi 15 octobre.