Vu au Sud - Vu du Sud

Enfants nigériens contaminés au fluor:
les victimes attendent les indemnisations

C'est à l'Assemblée nationale à Niamey que le ministre nigérien des Finances a déclaré que des fonds seront débloqués pour les enfants victimes.
© AFP/Sia Kambou

Plusieurs milliers d'enfants contaminés par une eau à forte teneur en fluor seront bientôt dédommagés par l'État nigérien. Entre 1985 et 2000, ces enfants ont consommé cette eau distribuée par la Société des Eaux du Niger (SNE). Une décision de justice, devenue définitive, oblige l'État du Niger à les indemniser.

L’annonce a été faite devant les députés, à l’occasion de l’interpellation du ministre des Finances à l’Assemblée nationale. Le ministre Hassoumi Massoudou promet d’étudier la question et de faire diligence : « Je vais regarder la question et prendre les dispositions pour que la décision de justice soit appliquée. Il n’y a pas de raison qu’on ne paie pas. »

L’auteur de l’interpellation est le député de Maradi, Sani Attiya. Il promet de suivre le dossier jusqu’à son aboutissement : « Puisque le ministre a pris un engagement devant le peuple, il va l’honorer. Au cas contraire, nous allons le relancer dans deux semaines. »

On se réjouit dans la commune de Tibiri où 4918 victimes de malformation osseuse ont été identifiées. Abd Issa avait consommé cette eau à l’âge de 3 ans : « Cela fait vingt ans que nous attendons. Regardez comment je marche avec des béquilles. »

Pour la présidente de l’Association des mères des enfants victimes, c’est un grand soulagement. Selon Hajji Arabi, cette indemnisation sera la bienvenue : « Qu’ils nous viennent en aide pour qu’on puisse acheter des terres à ces orphelins ! »

Plus de deux milliards de francs CFA seront bientôt répartis entre les victimes de cette eau contaminée au fluor.

Pacte pour la paix: la communauté internationale
met la pression sur le Mali

Le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, lors de la signature de l'accord de paix à Bamako, le 15 mai 2015 (image d'archives).
© AFP PHOTO / HABIBOU KOUYATE

Un pacte pour la paix a été signé lundi soir 15 octobre par le gouvernement malien et les Nations unies. Un texte censé relancer la mise en œuvre de l'Accord d'Alger signé en 2015 et aujourd’hui au point mort.

Après trois ans de stagnation, il faut redonner un coup de fouet à l'Accord d'Alger. C'est plus ou moins le message envoyé par ce Pacte de paix signé lundi soir, et qui avait déjà été évoqué lors de la dernière Assemblée générale des Nations unies à New York, en septembre dernier.

Signé en 2015 par l'Etat malien et les groupes armés de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), la Coordination des mouvements de l'Azawad et de la Plateforme, la mise en œuvre de cet accord de paix est aujourd'hui au point mort.

Le texte ne fait que deux pages, mais il n'en fallait pas plus pour fixer un objectif simple : avancer. Mohamed ould Mahmoud, porte-parole de la CMA, apprécie ce coup de pression mis par la communauté internationale pour faire bouger les choses. « C’est une très bonne chose car pendant trois ans et demi cet accord a subi une sorte d'immobilisme qui a découragé et démobilisé presque tous les acteurs, il y a eu beaucoup de tâtonnements. C’était vraiment une désorganisation de l’Etat parce qu’on ne savait pas qui était responsable de quoi, explique-t-il. Nous repartons du bon pied avec des objectifs clairs ».

Des décisions « exécutoires »

Le Pacte de paix prévoit notamment que les décisions de la médiation internationale deviennent « exécutoires ». Cela signifie donc que les parties du Comité de suivi de l'Accord de paix, qui ne sont pas maliennes, peuvent imposer des décisions aux autres parties. Sur ce plan, les groupes armés parlent d'une même voix quand ils définissent les priorités de la mise en œuvre de l'accord de paix.

« Dans l’accord, il y a des parties qui nécessitent la révision de l’accord du Mali, mais cette révision a été rejetée par la rue, pointe Fahad Ag Almahmoud, qui représente la Plateforme au comité de suivi de l'accord de paix. De plus, le point sur lequel il n’y a pas eu d’avancées, c’est le point défense et sécurité concernant le désarmement, la démobilisation. L’obstacle majeur c’est qu’il faudrait s’entendre sur le type d’armée qu’il faudrait redéployer au Nord et s’entendre aussi sur le quota de l’intégration. »

Pour tous, il faut donc faire le point sur les réformes institutionnelles prévues par l'accord de paix et mettre en œuvre au plus vite le programme de désarmement et démobilisation. Deux écueils sur lesquels le gouvernement et le Comité de suivi de l’accord échouent depuis trois ans.

Elections locales en Côte d'Ivoire:
large victoire du parti présidentiel

Un homme regarde les résultats du scrutin dans la ville de Tiebissou, le 14 octobre 2018.
© ISSOUF SANOGO / AFP

Après les élections municipales et régionales de samedi, les Ivoiriens connaissent le nom de leurs maires et de leurs conseillers régionaux. La CEI a achevé de proclamer les résultats complets mardi 16 octobre. Le RHDP est en tête des deux scrutins.

Avec 46,4% aux régionales et 36,2% aux municipales, les taux de participations sont peu élevés mais similaires à ceux de 2013.

Aux municipales, avec 46% des voix, le RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, parti au pouvoir) remporte 92 communes, dont sept des treize abidjanaises, parmi lesquelles Abobo, Yopougon, Koumassi ou Treichville. Le candidat RHDP est aussi vainqueur à Bouaké, San Pedro, Korhogo et officiellement Bassam où le maire sortant PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), Georges Ezaley, conteste sa défaite et déposera un recours devant la Cour suprême.

L'ancien allié du parti présidentiel de son côté l'emporte dans 50 communes avec 28% des voix. Le parti d'Henri Konan Bedié ravit la commune de Cocody à Abidjan à son rival et l'emporte aussi à Marcory ou au Plateau. Il conserve son fief de Yamoussoukro notamment.

Pour relativiser ces chiffres, il faut toutefois garder à l'esprit que les deux partis n'ont pas présenté des candidats partout. Le RHDP était présent dans 180 communes, le PDCI seulement dans une centaine.

Parmi les 389 candidats indépendants, 56 ont été élus. Ils pèsent 28% des suffrages. Quant au FPI (Front populaire ivoirien), il l'emporte dans deux communes.

A noter que le vote a été annulé dans la commune de Port-Bouët à Abidjan, à cause de la destruction d'urnes et de procès-verbaux. La Commission électorale indépendante a un mois pour y organiser un nouveau scrutin.

Aux régionales, le RHDP l'emporte largement avec 60% des voix et 18 des 31 régions. Le PDCI en prend six, avec 20% des suffrages. Les candidats indépendants totalisent 10% des voix avec trois régions. Deux régions reviennent à des candidats qui portaient les deux étiquettes RHDP et PDCI. Quant au FPI, il en obtient une.

La région du Guémon n'a pas été comptabilisée puisque le scrutin devra se rejouer dans l’un de ses départements.

Tensions et violences

Si dans son adresse de fin d'élections, le président de la CEI Youssouf Bakayoko a salué « un fair-play globalement exemplaire », ces scrutins locaux laisseront probablement le souvenir inverse.

En effet, des deux côtés les accusations de fraudes ou de tentative de manipulations ont fusé. On retiendra le bras de fer entre Jacques Ehouo du PDCI et Fabrice Sawegnon du RHDP au Plateau autour d'accusations de tricheries et de manifestations, avant que le candidat RHDP ne reconnaisse lundi sa défaite. On retiendra donc aussi les saccages de bureau de vote ou de matériel électoral à Port-Bouët ou dans le Guémon provoquant l'annulation du scrutin dans ces circonscriptions.

Les contestations sont nombreuses et on comptera le nombre de recours qui devraient pleuvoir dans les cinq jours qui viennent à la Cour suprême. A Port-Bouët justement, le candidat PDCI conteste la décision d'annuler un scrutin qu'il estime avoir gagné. A Grand-Bassam, le candidat PDCI là encore refuse de reconnaître sa défaite proclamée par la CEI. Dans la région Agnéby-Tiassa, un candidat indépendant conteste la victoire de son adversaire RHDP.

On retiendra aussi les tensions et les violences qui ont souvent accompagné les contestations ou les saccages pour tenter d'entraver la bonne marche des scrutins. Des violences qui ont causé la mort d'un homme à Lakota le jour du vote et de deux autres près de Séguéla le lendemain. Des violences qu'on peut considérer comme le résultat d'une montée en tension du discours politique depuis plusieurs mois et qui font craindre une surenchère permanente jusqu'aux échéances autrement plus importantes de 2020.


Une ligne de 100 megawatts pour interconnecter le Ghana et le Burkina Faso

| Par - à Ouagadougou

Roch Marc Christian Kaboré et Nana Ado Akufo-Addo ont inauguré samedi la ligne d'interconnexion électrique d'une capacité de 225 kV reliant Bolgatenga, au Ghana, à la capitale burkinabè.

Le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré et son homologue ghanéen, Nana Ado Akufo-Addo, ont inauguré le 6 octobre la ligne d’interconnexion électrique d’une capacité de 225 kV entré en service en juin dernier pour relier Bolgatenga, au Ghana, à Ouagadougou.

Ce projet estimé à 55,6 milliards de francs CFA (84,76 millions d’euros) a été financé par un pool de bailleurs conduit par la Banque mondiale (21 milliards de F CFA) et la Banque européenne d’investissement (15,3 milliards de F CFA). Il doit fournir à terme au Burkina 100 MW, soit l’équivalent du tiers de sa capacité de production installée, estimée à 358 mégawatts.

En attendant le prolongement de la ligne de transport de 330 kV jusqu’à Kumasi, dans le centre du Ghana, le projet permet déjà au Burkina d’importer 50 MW auprès de la société publique ghanéenne d’électricité, la Volta River Authority, de quoi répondre aux besoins de pas moins de 40 % des clients burkinabè de l’entreprise publique d’électricité, Sonabel.

Économies

Les travaux, exécutés par le constructeur français Eiffage portent sur 188 km de ligne de 225 kV et deux postes de dispatching à la Patte d’Oie et à Zagtouli, respectivement au sud et en banlieue ouest de la capitale. « Cette ligne a l’avantage d’éviter à Sonabel la construction d’une centrale diesel. Le coût de la production électrique ghanéenne, d’origine hydraulique, est de l’ordre de 35 francs le kilowattheure, contre 70 à 80 francs en moyenne pour la production de l’énergie thermique », assure Mustapha Kamar, directeur de développement chez Eiffage Énergie.

Présent en Afrique de l’Ouest depuis près de trente ans, le groupe Eiffage, un des acteurs majeurs des projets électriques, revendique une approche africaine. « Nous réalisons nos travaux en partenariat avec des entreprises locales en formant leurs cadres pour assurer un transfert de savoir-faire. C’est le cas avec Bahydro qui a réalisé les travaux de génie civil sur cette ligne d’interconnexion Bolgatenga-Ouagadougou », souligne M. Kamar.

Interconnecter pour diversifier l’approvisionnement

« Avec ce projet, la politique des interconnexions électriques est désormais en marche au Burkina Faso », s’est exclamé le ministre burkinabè de l’Énergie, Bachir Ismael Ouédraogo. Alors que la demande d’électricité progresse en moyenne de 13 % par an, 80 % des Burkinabè en sont toujours privés. Sonabel mise non seulement le solaire avec l’entrée en production de la centrale solaire de Zagtouli (33 megawatts),  inaugurée en 2017, mais aussi sur les interconnexions électriques pour diversifier ses sources de production et améliorer la distribution.

« Nous comptons mobiliser un investissement total d’environ 1 000 milliards de F CFA dans des projets énergétiques d’ici à 2020 pour combler le déficit énergétique », assure François de Salle Ouedraogo, patron de Sonabel. Au total, les projets publics en cours portent sur une capacité de 300 MW. L’un des plus emblématiques est le projet « Dorsale Nord » d’interconnexion de 330 kv entre le Nigeria, le Niger, le Bénin et le Burkina

Mauritanie: les officiers du Collège de défense
du G5 Sahel font leur rentrée

Un soldat de l'armée malienne garde l'entrée du G5 Sahel le 30 mai 2018. (Image d'illustration)
© AFP/Sebastien Rieussec

A Nouakchott, en Mauritanie, c’est la rentrée des classes pour les officiers du Collège de défense du G5 Sahel. Un peu moins d'une quarantaine d'élèves, venus des cinq pays de la région rejoignent ce lundi 15 octobre les bancs de « l'école de guerre », pour une suivre une formation opérationnelle et académique de 9 mois.

La mise en place du Collège de défense du G5 Sahel est une volonté politique des pays de la région, qui pour certains disposaient déjà d'outils « pédagogiques », que le G5 a permis de  « revitaliser » comme le Collège sahélien de sécurité à Bamako, le centre sahélien d'analyse des menaces et d’alerte précoce et le collège de défense basé à Nouakchott. Le collège de défense du G5 Sahel était dans les cartons avant même la formation de la force conjointe. Sa création fut l'une des premières décisions validées par le G5.

A la base, le Collège de défense est une initiative mauritanienne, présentée comme la première école de guerre transnationale au monde. Les bâtiments sont sortis de terre financés par un pays du Golfe. C'est le général de Brigade mauritanien Brahim Vall qui est à sa tête. Le projet a été soutenu depuis son origine par le ministère des Affaires étrangères, rappelle-t-on à Paris, avec un investissement d'un million d'euros depuis le départ et la mise en place d'un coopérant français.

Selon nos informations, le budget annuel destiné au fonctionnement de l'établissement serait de 800 000 euros. A partir de lundi, les choses sérieuses commencent pour les 37 stagiaires de la toute première promotion.

Ces officiers issus des cinq pays du G5 ont tous 15 à 20 ans d'expérience dans les forces de leur pays et sont sur les bancs de l’école pour se former au haut commandement militaire et l'encadrement afin de permettre au G5 de disposer de cadres à même d'organiser des opérations, gérer la logistique et conduire des missions de combat dans le respect du droit des conflits armés.

A terme, l'école devrait permettre de renforcer la coopération et l'efficacité des armées du G5, à condition que la greffe prenne, car il n'est pas évident de faire travailler ensemble des officiers qui n'ont pas nécessairement la même culture et la même langue, sans compter les coûts liés au transport par avion des élèves qui viennent de toute la région.