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À la découverte de l’Institut pour les valeurs
culturelles et familiales des frères de Saint Jean à Abidjan – La Croix Africa

Depuis 2014, la communauté des frères de saint Jean a ouvert, à Abidjan, l’Institut africain pour les valeurs culturelles et familiales. Dans cet institut, ils proposent des formations pluridisciplinaires sur la vie de couple et la famille.

Institut Africain pour les valeurs culturelles et familiales de la communauté saint Jean à Abidjan/ Communauté Saint Jean

La communauté saint Jean en Côte d’Ivoire a ouvert, il y a 4 ans, l’Institut africain pour les valeurs culturelles et familiales à Abidjan.

L’idée de créer cette école au sein de la communauté d’Abidjan est partie d’un constat de ses membres qui organisaient des écoutes et des retraites à la maison communautaire. Au cours de ces activités spirituelles, ils se sont rendu compte qu’il y avait beaucoup de questions liées à la vie de couple et à la famille. Il fallait donc les aborder dans un parcours académique pluridisciplinaire sous les aspects éthique, psychologique, sociologique et théologique, en s’inspirant du contexte culturel africain.

La formation s’articule autour des spécificités africaines de la vie de couple et de la famille, telles que l’importance du mariage traditionnel, les rapports avec la belle famille, les questions de succession, etc.

Source : À la découverte de l’Institut pour les valeurs culturelles et familiales des frères de Saint Jean à Abidjan – La Croix Africa, par Guy-Aimé Eblotié, 26/10/18

Élections en RDC : forte mobilisation de
l’opposition à Kinshasa contre les machines à voter

| Par Jeune Afrique avec AFP

Des milliers de manifestants se sont mobilisés à Kinshasa et dans plusieurs grandes villes de la RDC le 26 octobre pour protester contre les machines à voter, prévues pour le scrutin du 23 décembre prochain.

« Machine à voter = machine à tricher, combattants jusqu’à la mort ! », ont scandé le vendredi 26 octobre des milliers d’opposants, rassemblés sur la place centrale Échangeur de Limeté, à Kinshasa, ainsi que dans d’autres villes de la RDC.

Ces marches, autorisées par le pouvoir, ont été encadrées par des policiers déployés en nombre aux points stratégiques de Kinshasa, Goma (Nord-Kivu) et Bukavu (Sud-Kivu) dans l’est, Bunia (nord-est).

Refus des machines à voter

Les manifestants ont réclamé le retrait des machines à voter, qui doivent permettre aux électeurs de choisir leur candidat et imprimer leur bulletin dans les bureaux de vote aux scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux du 23 décembre prochain.

L’opposition considère que ces machines, de fabrication sud-coréenne, vont favoriser la fraude lors des élections qui doivent désigner le successeur du président Joseph Kabila, à la tête du pays depuis 2001, dans un pays qui n’a jamais connu de transition pacifique depuis son accession à l’indépendance en 1960. La marche visait aussi à obtenir de la commission électorale la radiation de plus de dix millions d’électeurs inscrits sans empreintes digitales dans le fichier électoral.

Itinéraire validé avec la mairie

Dans la nuit de jeudi à vendredi, la police avait dressé des barrières sur les grandes artères de Kinshasa. Tous les véhicules étaient systématiquement contrôlés. En début de soirée, le gouverneur de Kinshasa avait autorisé formellement la tenue de cette marche après une réunion d’harmonisation de l’itinéraire avec les organisateurs.

La mairie de Kinshasa et les organisateurs avaient convenu que « la marche n’ait pas comme point de chute le quartier Gombe » qui abrite les administrations, les représentations diplomatiques et le centre des affaires, a déclaré à l’AFP le sénateur d’opposition Jacques Djoli.

Reportée en 2016 puis en 2017, la présidentielle du 23 décembre 2018 doit élire un nouveau dirigeant de la RDC après les dix-huit ans au pouvoir de M. Kabila à qui la Constitution interdit de se représenter.

Côte d'Ivoire: ralliements en série
d'élus indépendants au RHDP

Au terme de la proclamation des résultats, les «indépendants» étaient apparus comme la deuxième force des élections municipales.
© REUTERS/Luc Gnago

Moins de deux semaines après les municipales qui ont vu le RHDP remporter 92 mairies sur 200 et 18 des 31 régions, la coalition au pouvoir engrange des ralliements d’élus « indépendants ».

Les indépendants étaient apparus au terme de la proclamation des résultats par la Commission électorale indépendante comme la deuxième force des municipales avec 56 mairies gagnées. Ils sont 25 têtes de listes aux municipales, dont 24 élus sans étiquette, à s’être ralliés au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle) depuis les résultats proclamés il y a dix jours.

Parmi eux, Yssouf Diabaté à Gagnoa, Issouf Doumbia à Bingerville ou Jean Joël Baou Doué à Bloléquin. Sur les 25, un transfuge du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Blaise Coulibaly, élu sous les couleurs du parti d’Henri Konan Bédié à Tortiya. La coalition dirigée par le président Alassane Ouattara revendique aussi le ralliement de deux présidents élus de conseils régionaux, dont le ministre Pascal Kouakou Abinan.

Une adhésion « libre et sans contrainte »

Parmi ces « ralliés », 21 étaient à Abidjan mercredi pour une cérémonie. « C’est la première phase de ces ralliements », estime Mamadou Touré, l’un des porte-parole du RHDP qui explique que ces ralliements obéissent à une certaine logique. « D’abord il y a des candidats qui ont gagné en indépendant face à une liste RHDP parce qu’ils n’ont pas obtenu l’investiture RHDP lors des arbitrages. Mais on savait qu’on gagnerait avec l’une des deux listes. Et puis il y a des endroits où c’est plus facile de gagner en tant qu’indépendant », ajoute Mamadou Touré qui s’attend à de nouveaux ralliements dans les prochains jours.

« Notre adhésion est libre et sans contrainte », a assuré lors de la cérémonie Jean Joël Baou Doué l’un des ralliés. Il n'y a eu aucune transaction, a renchéri Albert Mabri Toikeusse : « Je voudrais démentir formellement l’information selon laquelle chacun d’eux recevrait 100 millions », a insisté le deuxième vice-président du RHDP.

 

Guinée: huit bateaux de pêche chinois
créent la panique sur la côte

Des camions chargés de riz sont garés à un quai d'expédition du port autonome de Conakry, le 13 avril 2016.
© AFP/CELLOU BINANI

L'arrivée, dans un petit port de Guinée, de huit bateaux de pêche chinois, pris pour des « rebelles », a semé la panique jeudi dans le pays, provoquant des mouvements de populations.

Attaque rebelle, débarquement de mercenaires, de jihadistes… Tout avait été imaginé, dans la nuit de mercredi à jeudi, dans les villages, jusque dans le centre-ville de Coyah, à une cinquantaine de kilomètres de Conakry, lorsqu’un débarquement de poissons inattendus a créé la panique et un gigantesque mouvement de foule dans les environs de Conakry.

Huit bateaux chinois de pêche artisanale avaient seulement et nuitamment rendez-vous avec des mareyeuses pour écouler leur marchandise. Un mouvement inhabituel en ces lieux. Les premiers qui ont aperçu ces navires ne se sont pas fait prier pour alerter l’autorité.

Et l’autorité a immédiatement pris des dispositions, allant de la mise en alerte des casernes militaires à l’érection de barrages et fouilles systématiques des véhicules, notamment ceux entrant dans le centre-ville de Conakry, le quartier administratif et des affaires de la capitale qui abrite aussi le palais présidentiel et les ambassades.

Il a fallu un communiqué du gouvernement à la mi-journée pour ramener le calme et la sérénité. Aux dernières nouvelles, on apprend que les bateaux ont été arraisonnés et des personnes arrêtées.

Ni putschistes ni opposants, nous nous battons
pour la justice fiscale au Niger

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Par

Ali Idrissa est président de l'ONG nigérienne Rotab (Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire).

Après avoir passé quatre mois en prison avec d’autres militants, Ali Idrissa revient sur le sens de leur mobilisation contre les mesures d’austérité découlant de la loi de finances 2018.

Vendredi 5 octobre, dans une salle du tribunal de Niamey qui refuse du monde, un juge ordonne la libération de trois militants de la société civile nigérienne. Maikoul Zodi, Ibrahim Diori et Karim Tanko, hument, enfin, l’air de la liberté et retrouvent leurs familles et amis, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Ils venaient de passer près de six mois en détention.

J’étais là, au dehors, durant cette chaude après-midi d’octobre, attendant patiemment de les accueillir et de célébrer avec eux ce moment de victoire et de liberté retrouvée. Ces retrouvailles ravivent des souvenirs, des sensations et des émotions. Trois mois plus tôt, en effet, comme eux, j’étais libéré après avoir passé quatre mois derrière les barreaux avec Moussa Tchangari, Lirwane Abdrahamane et Nouhou Arzika – dans des prisons à l’intérieur du pays.

L’incarcération d’activistes est devenue un fait banal au Niger où, en moins d’un an, une trentaine d’entre eux ont été arrêtés et détenus sur la base d’accusations forgées de toutes pièces. Punis pour avoir dénoncé et combattu les mesures d’austérité, illégalement insérées dans la loi des finances 2018, cette loi taillée pour permettre de maintenir le train de vie exorbitant des dirigeants.

Se taire, ne pas nous mobiliser équivaudrait à cautionner les mesures d’austérité régressives et injustement imposées par l’État depuis 2017

Nous ne sommes ni putschistes ni opposants. Nous nous battons pacifiquement pour une justice fiscale pour tous. Se taire, ne pas nous mobiliser équivaudrait à cautionner les mesures d’austérité régressives et injustement imposées par l’État depuis 2017, y compris sur les Nigériens les plus démunis et vulnérables.

Ces mesures d’austérité contenues dans la loi des finances 2018 contraignent les Nigériens dont plus de la moitié (50,3% en 2011 d’après la Banque mondiale) vit avec moins de 1,90 dollar des États-Unis par jour, à payer davantage d’impôts et de taxes y compris sur les produits de première nécessité. L’engrais naturel a connu une imposition de la taxe sur la valeur ajoutée, ce qui a un impact considérable, l’agriculture et l’élevage constituant les principales sources de revenu de plus de 80% de la population.

En outre, depuis 1992 et sur recommandation des institutions monétaires internationales dont le FMI, l’Etat nigérien a sévèrement réduit les budgets alloués aux secteurs sociaux. Les conséquences de ces coupes budgétaires sur les populations vulnérables sont immenses. Des femmes nigériennes accouchent sans l’assistance d’une sage-femme, des malades n’ont plus accès aux médicaments, des enfants meurent faute de soins, l’école publique est en faillite. Face à ce sombre tableau, nous taire aurait été une trahison. Mon pays, le Niger, dispose pourtant d’un sous-sol riche en pétrole, en fer, en phosphate, en or et en manganèse. Le Niger est par ailleurs le quatrième producteur mondial d’uranium. Seule une personne sur 10 cependant a accès à l’électricité.

L’État a totalement ignoré le critère de non-discrimination qui exige que les mesures d’austérité atténuent les inégalités au lieu de les accentuer

La société civile engagée sur le terrain aux cotés des communautés les plus démunies, s’est attelée à faire les recommandations nécessaires permettant d’atténuer l’impact sur les droits économiques, sociaux et culturels des populations vulnérables. Les autorités sont restées sourdes à nos suggestions et sont allées jusqu’à violer les critères de conformité des mesures d’austérité. L’État a par exemple totalement ignoré le critère de non-discrimination qui exige que les mesures d’austérité atténuent les inégalités qui peuvent apparaître en temps de crise, au lieu de les accentuer, tout en veillant à ce que les droits des personnes et des groupes défavorisés et marginalisés ne soient pas affectés de manière disproportionnée.

L’État du Niger a décidé de maintenir la taille et le train de vie du gouvernement et d’offrir des cadeaux fiscaux inacceptables aux entreprises nationales et internationales de téléphonie mobile et des industries extractives. Ainsi, le Niger, classé dernier pays selon l’Indice du développement humain (189e rang sur 189) en 2018, continue à entretenir un gouvernement de 47 ministres et 171 députés, sans oublier la multitude de ministres conseillers à la Présidence, de chargés de missions et de conseillers dans toutes les institutions étatiques.

Le Niger dispose pourtant de nombreux moyens de mobiliser des ressources tout en protégeant les populations vulnérables. La lutte contre l’évasion fiscale en est un. Selon l’Institut mondial de recherche sur l’économie du développement de l’Université des Nations unies (UNU-WIDER, à Helsinki), le Niger a perdu au moins 2,34 % de son PIB (soit 170 millions de dollars des États-Unis) du fait de l’évasion fiscale en 2013. Le Niger figure toujours parmi les pays les plus mal classés selon l’indice de perception de la corruption de Transparency International (112e sur 180 pays en 2017), et des cas de corruption impliquant des représentants de l’État continuent d’être régulièrement dénoncés.

Face au refus des autorités nigériennes d’explorer des solutions moins régressives face à la crise économique et l’impact négatif des mesures d’austérité sur les populations vulnérables, il n’était pas question de se taire.

Nous ne pouvons plus continuer à supporter les charges d’une classe politique qui continue de faire l’objet d’allégations persistantes de corruption et de vivre dans le plus grand luxe pendant que les populations peinent à supporter les coupures budgétaires.

Les autorités n’ont pas hésité à user de manœuvres d’intimidations et de harcèlement, des arrestations arbitraires voire des condamnations

Activistes, membres de la société civile et citoyens nigériens ont décidé de se mobiliser contre cette injustice fiscale en recourant aux marches et manifestations pacifiques. Dans leur volonté de faire taire toute critique et en violation de la Constitution du pays et des engagements internationaux et régionaux sur le droit à la liberté d’expression et de manifestation pacifique, les autorités n’ont pas hésité à user de manœuvres d’intimidations et de harcèlement, des arrestations arbitraires voire des condamnations à des peines d’emprisonnement et des amendes dans certains cas en qualifiant publiquement ceux qui s’opposent aux mesures d’austérité de putschistes.

Elles sont allées plus loin et ont ordonné la fermeture des médias indépendants. Depuis le début de l’année, une dizaine de médias indépendants critiques ont été fermés, notamment Labari dont je suis le promoteur. À Zinder, les activistes Sadat Illiya Dan Malam et Yahaya Badamassi attendent depuis six mois leur procès pour « participation à un mouvement insurrectionnel » et « conspiration contre la sécurité de l’État », des charges fabriquées de toutes pièces.

L’Association de défense des droits des consommateurs des technologies de l’information de la communication et de l’énergie (ACTICE) a été dissoute en novembre 2017 et ses membres mis en détention avant d’être relaxés. Les autorités ont fait appel du jugement.

Les restrictions et violations de nos droits et les mois passés injustement derrière les barreaux n’ont en rien émoussé notre élan ni notre force à poursuivre ce combat. Ils ont plutôt favorisé un climat dans lequel s’ancre une véritable citoyenneté active au-delà des clivages politiques. Ceux qui l’incarnent ne sont ni des putschistes ni des opposants, mais des fils et filles du Niger unis pour un Niger démocratique, républicain et respectueux des droits humains.