Mali : Assimi Goïta pourra se maintenir au pouvoir jusqu’en 2027

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 21 février 2022 à 16:17
 

 

Le colonel Assimi Goïta à Bamako, le 25 septembre 2020. © Habib Kouyate/Xinhua/MAXPPP

 

Ce lundi 21 février, le Conseil national de transition a voté à l’unanimité un projet de révision de la charte de transition. Celle-ci pourra être prolongée de six mois à cinq ans.

120 votes pour, zéro contre, aucune abstention. Sur les fauteuils en velours rouge du Centre international de conférence de Bamako (CICB), les membres du Conseil national de transition (CNT), qui fait office d’organe législatif, ont parlé d’une même voix. Ce lundi 21 février, ils ont adopté le projet de révision de la charte de transition, qui avait été voté en Conseil des ministres début février. Le texte ne modifie pas les objectifs fondamentaux de la transition mais revient sur ses modalités. Parmi les points révisés, le plus épineux est celui qui fixe sa durée. Celle-ci pourrait finalement s’étirer jusqu’en 2027.

« Confiscation » du pouvoir

Initialement, selon un chronogramme établi en accord avec la communauté internationale, les autorités maliennes avaient jusqu’au 27 février 2022 pour organiser des élections générales. Mais ce délai peut désormais être prolongé de six mois à cinq ans. « La transition prend fin après l’élection présidentielle organisée par les autorités de la transition », précise le texte. Ces nouveaux délais ont été fixés « conformément aux recommandations des Assises nationales de la refondation » qui ont eu lieu en décembre 2021, malgré la désapprobation d’une partie de la classe politique malienne et de la communauté internationale.

EN CHOISISSANT DE PROLONGER LA TRANSITION, ON FAIT FI DES SOUFFRANCES DU PEUPLE MALIEN

« Il y a une volonté manifeste de confiscation du pouvoir, tance Modibo Soumaré, président du Cadre d’échange pour une transition réussie, qui regroupe des dizaines de partis politiques. À cause de cela, nous sommes en crise, notamment avec la Cedeao. Le pays est sous embargo depuis quarante jours ! En choisissant de prolonger la transition, on fait fi des souffrances du peuple malien. »

Dans les couloirs du CNT, on promeut au contraire une poursuite des négociations. « La prolongation de six mois à cinq ans est un début de discussion. Les organisations sous-régionales et internationales échangent avec les autorités maliennes et nous espérons qu’ils tomberont d’accord sur la durée de la transition », fait valoir Adama Ben Diarra, dit « Ben le Cerveau », un membre du CNT à l’initiative de nombreuses manifestations de soutien aux autorités transitoires.

Gouvernement et CNT élargis

Au-delà du chronogramme, le texte prévoit la suppression du poste de vice-président – vacant depuis qu’il n’est plus occupé par le colonel Assimi Goïta – afin de « réduire le train de vie de l’État » et permettre aux ministres de la Défense et de la Sécurité, tous deux militaires, de « recouvrer la plénitude de leurs attributions traditionnelles ». Il prévoit également une augmentation des membres du gouvernement et du CNT. « Il s’agit d’inclure ceux qui n’ont pas pu prendre part à la première partie de la transition. Je pense notamment à des représentants religieux, de la société civile, du milieu rural, qui doivent prendre part à la refondation du Mali », justifie Adama Ben Diarra.

Si la taille de la future équipe gouvernementale, jusqu’ici limitée à 25 ministres et secrétaires d’État, n’est pas précisée, le Conseil accueillera en son sein 26 nouveaux visages, désignés par le président de la transition, Assimi Goïta. Il passera ainsi de 121 à 147 sièges.

Pour Modibo Soumaré, dont la plateforme a annoncé qu’elle ne reconnaîtrait plus les autorités à partir du 25 mars, « il s’agit de points de détails ». « 25, 30, 40 ministres… Ce n’est pas la question ! Aujourd’hui, la priorité est de faire des propositions concrètes à la Cedeao pour faire lever les sanctions », estime-t-il. Le médiateur de l’organisation ouest-africaine, Goodluck Jonathan, est attendu le 24 février à Bamako.