Présidentielle au Niger : comment et avec qui Hama Amadou veut battre Mohamed Bazoum

 | Par Jeune Afrique
Hama Amadou, à Paris, le 15 septembre 2015.

Hama Amadou, à Paris, le 15 septembre 2015. © Vincent Fournier/JA

Hama Amadou a livré un discours offensif, le 29 août, lors de l’investiture d’un autre opposant, Omar Hamidou Tchiana, pour la présidentielle de décembre. Une prise de parole qui marque le début de sa propre campagne. 

Il se murait dans le silence, depuis le 30 mars, date de sa libération de la prison de Filingué pour cause de pandémie de Covid-19. Contactés à plusieurs reprises par Jeune Afrique, Hama Amadou et ses proches avaient chaque fois décliné nos sollicitations. Tout au plus nous confiait-il « se préparer sereinement » aux futures échéances électorales.

L’ancien président de l’Assemblée nationale recevait à son domicile, notamment ses homologues opposants, dont Soumana Hassane, président du groupe parlementaire de l’opposition, et ses avocats, tel l’ancien député du Moden Fa Lumana (son parti) Me Boubacar Mossi.

Le 29 août, Hama Amadou a fini par sortir de sa réserve. Invité d’honneur du meeting d’investiture d’Omar Hamidou Tchiana (du parti Amen-Amin) au Palais des congrès de Niamey, il a demandé aux Nigériens de combattre le PNDS Tarayya (au pouvoir) et son candidat, Mohamed Bazoum, dans l’optique de la présidentielle du 27 décembre.

S’il espère bien être le candidat de son parti pour le prochain scrutin – malgré sa condamnation à un an de prison ferme, qui pourrait l’en empêcher –, les obstacles sont nombreux. Sur quels hommes compte-t-il pour les surmonter ? Quelle stratégie va-t-il adopter ? Voici le système qu’a mis en place Hama Amadou :

Malam Sani Maman

Secrétaire général du Moden Fa Lumana, il est celui qui a traversé la crise du parti pendant la détention d’Hama Amadou, son président. Il a été plusieurs fois ministre dans les gouvernements dirigés par « Hama », notamment à l’Aménagement du territoire.

Malam Sani Maman a eu la lourde tâche de tenir les rênes d’une formation politique qui s’est progressivement divisée entre les partisans d’Oumarou Noma et ceux de Tahirou Seydou (lire ci-dessous). Il est également secrétaire permanent du Front pour la restauration de la démocratie et la défense de la République (FRDDR), la principale coalition de l’opposition.

Tahirou Seydou

Désigné président par intérim du parti en décembre 2019, alors qu’Hama Amadou venait de débuter sa période de détention à Filingué, Tahirou Seydou avait alors bénéficié du vote à l’unanimité des 250 délégués présents. Homme de confiance d’Hama Amadou, il a toutefois dû faire face à la dissidence d’Oumarou Noma, lequel s’était également fait désigner intérimaire – contre l’avis d’Hama –, par ses propres partisans.

Les deux camps se sont même affrontés devant la justice, avant de se réconcilier, en tout cas en apparence, à la fin du mois d’août. Hama Amadou de retour, Tahirou Seydou aura pour mission de profiter de cette « paix des braves » pour organiser le prochain congrès du parti et préparer les échéances électorales.

Soumana Sanda

Membre du Bureau politique national et député, il est le patron du Moden Fa Lumana pour la région de Niamey, au sein de laquelle il coordonne les activités du parti et celles du FRDDR, dont il est l’un des grands animateurs. Avec Issoufou Issaka, le coordonnateur pour la région de Tillabéry, il sera un rouage essentiel de la campagne « urbaine » du Lumana.

Cet ex-ministre de la Santé d’Hama Amadou est l’un des opposants en pointe dans la lutte pour obtenir une révision du code électoral. Celle-ci pourrait permettre à l’ancien président de l’Assemblée nationale de se porter candidat à la présidentielle – la version actuelle l’en empêchant, compte tenu de sa condamnation dans l’affaire de « supposition d’enfants » dite « des bébés importés ».

Boubacar Mossi

Il est l’avocat d’Hama Amadou de longue date et l’a notamment défendu – ainsi que son épouse – lors de l’affaire « des bébés importés », qui a valu une condamnation d’un an de prison à l’ancien Premier ministre. Me Boubacar Mossi a été l’un de ses visiteurs réguliers à la prison de Filingué, à la fin de l’année 2019.

L’avocat, qui travaille autour d’Hama Amadou avec ses confrères nigériens Amadou Boubacar, Karim Souley, Souley Oumarou, Niandou Karimou, Barry Bibata Niandou et Ali Kadri, a aussi été député du Moden Fa Lumana. Il ne sera pas de trop pour résoudre le casse-tête auquel se trouve confronté l’opposant : faire en sorte que sa candidature à la présidentielle soit validée par la Cour constitutionnelle malgré son casier judiciaire.