Algérie: pourquoi le taux de mortalité lié au coronavirus est-il si important ?

Un employé municipal algérien désinfecte une rue du quartier de Bab el-Oued à Alger, le 9 avril 2020.
Un employé municipal algérien désinfecte une rue du quartier de Bab el-Oued à Alger, le 9 avril 2020. RYAD KRAMDI / AFP

Ce vendredi 10 avril, les autorités algériennes ont annoncé 256 morts pour quelques 1761 cas confirmés de Covid-19. L’Algérie affiche le taux de mortalité de malades le plus élevé sur le continent africain, loin devant l’Afrique du sud et l’Egypte qui sont les trois pays les plus touchés en Afrique.

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Les médecins algériens préfèrent témoigner sous couvert d’anonymat. Ils sont censurés et craignent des représailles de la part des autorités. Ils dénoncent la réalité des chiffres officiels et assurent que le nombre de malades atteints de Covid-19 est beaucoup plus élevé dans le pays. Ces médecins mentionnent également la quasi-inexistence des tests de dépistage et le manque récurrent de moyens.

Lyès Merabet, le président du Syndicat national des praticiens de santé publique, affirme que « le chiffre officiel des nouveaux cas reste lié au nombre de kits de dépistage ». « Une rareté », selon lui. Seulement, entre 100 et 200 tests sont pratiqués par jour depuis le 20 mars dans tout le pays, affirment nos sources.

« Quand les personnes toussent beaucoup, pour les diagnostiquer, nous leur faisons passer un scanner des poumons », affirment plusieurs médecins, même si cela s’avère problématique faute de moyens.

« La situation est catastrophique », regrette Akila Lazri, médecin algérienne au CHU du Kremlin-Bicêtre, mais également militante politique et porte-voix de ses collègues censurés. « Il ne faut pas s’attendre à une transparence sur les chiffres concernant la pandémie en Algérie car, comme dans tous les pays du monde, la gestion de la crise sanitaire relève d’une question politique et elle met en cause en premier lieu les politiques de santé menées dans le pays en question », explique-t-elle. 

Elle rappelle que les soignants algériens souffrent de décennies d’abandon. Le docteur Lazri se souvient de sa dernière visite d’un CHU d’une grande ville algérienne : « Le service de réanimation donne envie de pleurer », affirme-t-elle, alors que cet hôpital dessert une population de 700 000 personnes avec seulement 11 lits en réanimation. Dans tout le pays, on compte à peine 450 lits de réanimation pour 42 millions d’habitants, souligne le médecin qui ajoute que dans l’ensemble, ces lits sont sous équipés et ne répondent absolument pas aux standards internationaux.

Le docteur Lazri s’attend à « un taux de mortalité qui dépassera largement les 5 % si les mesures d’auto-confinement ne sont pas respectées et en l’absence de propositions thérapeutiques réelles ».

Il ne faut pas s’attendre à une transparence sur les chiffres concernant la pandémie en Algérie car, comme dans tous les pays du monde, la gestion de la crise sanitaire relève d’une question politique et elle met en cause, en premier lieu, les politiques de santé menées dans le pays en question.

Dr Akila Lazri

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