Père Martin HAPPE                                            Nouakchott, Noël 2014

EvêquMonseigneur Martin Happee de Nouakchott                                  Tél. (+.222)45.25.04.27

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« Je vous annonce une grande joie… »

Evangile de la Nuit de Noël

Chers amis,

Beaucoup parmi vous auront connu ça : une période de traversée du désert, une période où difficultés et malheurs s’accumulent, une période où on ne voit plus de perspective et plus d’avenir…

Le Diocèse de Nouakchott et son évêque ont eu à faire pendant plusieurs années l’expérience d’une telle traversée du désert : nous avons vu des prêtres, qui ont œuvré plus ou moins longtemps dans le diocèse nous quitter pour raison d’âge ou de maladie. D’autres, plus jeunes et plus vaillants, ont été rappelés par leurs supérieurs. Ceci a provoqué une telle pénurie de prêtres, que nous avons été obligés de fermer la paroisse de Zouérate dans le Nord du pays.

Chez les religieuses, ce n’était guère mieux : les pionnières, les Sœurs de Saint Joseph de l’Apparition, qui avaient trois communautés dans le pays, ont dû se résoudre à passer le relais à d’autres congrégations à Nouadhibou et à Atar. Les Sœurs de Notre Dame d’Afrique, un moment donné, avaient également trois communautés; il en reste une. Même situation chez les Filles de la Charité : de trois communautés, elles ont dû en fermer deux ; une définitivement et une autre « provisoirement ». Les Sœurs Maristes (SMSM) ont du mettre la clef sous le paillasson à Rosso, où elles avaient été présentes et appréciées pendant 38 ans…

Les perspectives pour la présence de l’Eglise en Mauritanie étaient plutôt sombres et des prophètes de mauvais augure annonçaient déjà la fin prochaine du Diocèse de Nouakchott.

Qu’est-ce que nous avons fait, comment avons-nous réagi devant cette situation ?

En ce qui me concerne, je n’ai jamais douté que Jésus veut la présence de ses disciples en République Islamique de Mauritanie. Aussi ai-je pris le risque de le provoquer un peu !

Alors que le P. Bernard devait quitter Rosso pour raison d’âge et de maladie, alors que le départ des Sœurs étaient annoncé, alors que les supérieurs des Spiritains n’étaient pas sûr d’avoir quelqu’un pour remplacer le P. Bernard, j’ai mobilisé (avec le soutien du P. Bernard et des Sœurs) des bienfaiteurs en Italie et en Allemagne et nous avons investi 50.000 € dans la restauration de l’église de Rosso qui se trouve être la plus vieille église du pays, et ça à un moment où on ne pouvait pas prédire qui allait y prier …

Pas très raisonnable ? De la folie ? Plutôt une application de la parole de Jésus qui nous dit « si vous aviez de la foi grand comme une graine de moutarde, vous auriez dit au mûrier que voilà, ‘déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il l’aurait fait. » (Lc 17, 6) ?

Toujours est-il que :

·        Le P. Bernard a été remplacé, d’abord pour une année par un P. Spiritain sénégalais qui a renoncé, à cause de cette situation, à une année sabbatique, puis par un jeune Spiritain qui pendant la période de sa formation avait effectué un stage pastoral en Mauritanie

·        Le jour de la bénédiction de l’église de Rosso, le 24 février 2014, des délégations étaient venues de toutes les paroisses et missions du diocèse et même la mairie de Rosso a voulu être présente. L’heure de la célébration était fixée à 11.00 h. Vers 10.30 h, j’allais fermer mon ordinateur ; mais juste à ce moment-là arrivait un courriel que j’ai pris le temps de lire. C’était la Supérieure Générale des Filles du Saint Cœur de Marie, une congrégation sénégalaise, qui m’écrivait « après prières et mûre réflexion » le conseil général avait décidé de répondre à mon appel et de venir en Mauritanie, donc à Rosso ! Je n’ai pas pu résister et je suis sorti avec mon ordinateur pour saluer le Provincial des Spiritains qui arrivait à ce moment-là, pour lui partager la bonne nouvelle. Pas besoin de dire, que je l’ai annoncée également en début de célébration à tous ceux qui étaient venus. – Les sœurs ont tenu parole et le 1er novembre, elles ont intégré la maison des sœurs à Rosso.

·        Les Sœurs de Saint Joseph ont trouvé en Inde deux jeunes sœurs pour remplacer deux autres sœurs qui nous quittent après de nombreuses années passées au service des pauvres en Mauritanie.

·        Les Sœurs de Notre Dame d’Afrique ont reçu du renfort : trois jeunes sœurs sont venues rejoindre Sœur Kordula.

·           Les Filles de la Charité ont également pu honorer leur promesse et rouvrir dans une banlieue de Nouakchott la maison qu’elles avaient fermée « provisoirement ».

·           L’archevêque de Dakar nous a envoyé en octobre 2013 un jeune prêtre, l’abbé Edouard, qui a pris un engagement comme « prêtre fidei donum » pour un service de 4 ans (renouvelable une fois) dans le diocèse. En octobre 2014 a suivi l’abbé Brice qui a été envoyé en mission en Mauritanie par l’évêque de Ziguinchor, également avec un contrat de prêtre fidei donum.

·        Pendant l’été, j’ai eu la visite d’un assistent général des Spiritains, qui m’a appris, que la mission en terre d’Islam avait été définie comme une de quatre priorités par leur dernier chapitre. Nous avons pu récolter le premier fruit de cette décision en accueillant la P. Pachel qui sert à Nouadhibou depuis début novembre.

·        Et maintenant, cerise sur le gâteau : le 6 décembre dernier, veille de l’entrée du diocèse en année jubilaire pour ses 50 ans, nous avons eu la joie de célébrer la première ordination sacerdotale dans le Diocèse de Nouakchott. L’abbé Raymond Millimouno de nationalité guinéenne a effectué un stage de deux ans à Atar au cours de sa formation spiritaine, occasion pour lui d’attraper le « virus » de la Mauritanie et de demander son incardination dans le diocèse. Il a un jeune frère sénégalais qui a également commencé sa formation chez les P. Spiritains et qui est actuellement en 3° année de théologie à Sebikhotane près de Dakar où il se prépare pour un service de prêtre diocésain en Mauritanie.

Cette année plus encore que les autres années nous pourrons donc accueillir l’annonce de la grande joie pour tout le peuple, annonce faite par l’ange aux bergers de Bethléem, pas comme une « pieuse histoire », mais comme une réalité vécue aujourd’hui par l’Eglise de Jésus Christ qui est en Mauritanie.

Dans ce sens je souhaite à tous ceux qui liront ces lignes : Joyeux Noël et une Bonne Année !

 

Père Martin Happe

Evêque de Nouakchott

 

Ordination du père Raymond Millimouno

Il y a de cela quelques semaines, le Diocèse de Nouakchott a eu la joie de célébrer avec faste la cérémonie d’ordination de son premier prêtre en Mauritanie. C’était le Samedi 6 décembre

Le Père Raymond Elvis Faya Millimouno

Le Père Raymond

2014. Cette cérémonie s’est tenue à la paroisse  St  Joseph  de  Nouakchott ;  elle était  présidée par Monseigneur Martin Happe entouré du Vicaire Général, le père Jean Louis Barrain, du curé de la paroisse abbé Joseph Diaw, ainsi que des curés de Rosso, d’Atar et de Kaédi. En un mot, toute la famille était au grand complet. Nous avons eu droit à des invités du Mali, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et même de Rome. C’est vous dire que l’occasion était grande. Les deux moments les plus intenses de la célébration furent, pour moi, celui de l’imposition des mains par Monseigneur suivi des prêtres présents à la cérémonie et celui de la litanie des saints.

Parmi les personnes absentes à la cérémonie, nous avons recueilli les sentiments du Père Victor, qui est présentement au Mali ; il nous a adressé une correspondance que nous allons vous livrer.

Courrier du père Victor

Bien chers tous

Quelques mois après la clôture du synode sur la famille et l’ouverture de l’année de la vie consacrée,
notre « famille diocésaine » reçoit de Dieu la  grâce  de vivre des  moments  qui resteront à jamais dans l’histoire aussi bien de ce pays que de son Eglise.

Il s’agit de l’ordination du premier prêtre en terre mauritanienne et de l’ouverture du jubilé d’or du diocèse de Nouakchott.

Comment ne pas exulter de joie en Dieu  durant de  pareilles circonstances et Lui exprimer toute notre  reconnaissance ?

Heureux les yeux qui verront ce que vous verrez durant ce week-end ! En effet beaucoup  de  ceux  qui  sont passés en Mauritanie auraient aimé voir ce que vous verrez et ne l’ont pas vu ; entendre ce que vous entendrez et ne l’ont pas entendu (cf10, 23-24). Estimez-vous privilégiés vous qui avez la grâce de vivre de très près ces moments. Que ce soit aussi pour nous tous l’occasion d’une  pensée  pieuse  pour  les pionniers qui avec abnégation ont porté, et entretenu le flambeau de la foi dans un climat de dialogue et de respect  avec  les  fils  de  la Mauritanie, nous permettant ainsi de voir ces temps de grâce qui en partie restent le  fruit de leur labeur. En ces jours de joie je pense à tous ces hommes et c  es femmes laïcs qui se sont distingués par leur bon sens de la famille ecclésiale et qui nous ont quittés. Je pense aussi aux consacrés qui se sont donnés avec hardiesse dans ce pays de mission. Certains parmi eux encore vivants portent sur leur  corps   les  séquelles  de  leur séjour (Paul GRASSEUR et René PREVOT), d’autres nous ont précédés à la Maison du Père Eternel. Pour ma part, je ne cesse de penser à tout ce monde  en   particulier au Père Jacques MEUGNOT et surtout  Yves LESTEVEN. J’ose croire que du haut du ciel ils exultent de joie avec nous. Dieu nous donne la grâce de vivre de près   ou   de   loin   ces   moments, réjouissons-nous  sans  oublier  d’en faire le pivot d’un nouvel élan dans notre  mission  de  témoignage.  Tous nous  sommes  membres  de la  même Famille-Eglise, appelée à être modèle à travers des relations de communion, de fraternité et de conversion et non à être un  cercle de tension où chacun cherche à se construire une renommée fut-ce en éclaboussant le prochain.  Tous  nous  sommes consacrés pour porter avec le Christ-Jésus « la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer la libération aux captifs,  porter  la  lumière  aux aveugles ; libérer   ceux   qui   sont écrasés,  et proclamer une année de grâce de la part du Seigneur. » (Lc4,18-1.)

Bien chers, par ce message, je viens vous assurer que même  absent, mon cœur  et  ma  pensée  sont  orientés vers  Nouakchott en ces jours, et je reste en communion profonde avec chacune et chacun.

Puisse la Vierge Marie Notre Dame de Mauritanie vous accompagner afin de vous aider à vivre profondément ces jours de grâce et d’en recueillir les fruits.
Bonne Fête à tous

Salutations fraternelles

Père Victor Ndione

 

Témoignage du père Raymond Millimouno

Je viens d’entrer à jamais dans l’ordre des prêtres. Cet événement reste très important pour moi et pour chacun des membres de l’Eglise-famille de Dieu en Mauritanie. Expressions d’amitié, soutiens spirituels, matériels et moraux, encouragements et félicitations, m’ont convoyé avant, pendant et après les événements.

 

Avec les enfants de choeur

Cette cérémonie s’est gravée dans la mémoire des gens car en devenant le premier prêtre ordonné en Mauritanie, non seulement je suis entré dans l’histoire du diocèse mais aussi dans celui de toute la Mauritanie. Il me semble qu’il faut s’en réjouir et rendre grâce à Dieu.

Les hauts et les bas qui ont jalonné mon parcours ne seront jamais oubliés, mais l’heure  est  au  dépassement  et  au relèvement de nouveaux défis. Malgré les tumultes, je voudrais orienter ma vie et ne l’orienter que sur le Seigneur. Les humains peuvent être faux mais Lui Il est vrai ; les humains peuvent être méchants mais Lui Il est  bon ;    les humains    peuvent    être hypocrites mais Lui Il est juste........ Il nous connait tous et sait tout. Un Jour nous aurons tous à Lui rendre compte.

Rien n’est facile je le sais, mais en allant quotidiennement puiser mes forces aux Sources de la vie, en restant attaché à Jésus tel un sarment à sa vigne, Il bénira mes efforts, j’en suis persuadé. Car je me rappelle qu’Il me dit à tout instant : « ma grâce te  suffit ».  (Tiré  des  conseils d’un aîné).

 

Bénédiction des fidèles

 

Pour moi, la vocation se manifeste comme un attrait, le désir ardent et agréable de se donner  à  Dieu.  Je  reconnais  aujourd’hui que le Seigneur m’a attiré à Lui, de façon irrésistible et inattendue. C’est pourquoi, je consacrerai toute ma vie et ma personne dans ce diocèse de Nouakchott, au service de mes frères et sœurs dont les besoins spirituels et matériels sont de plus en plus grands.

Merci à tous et à toutes pour le soutien.

Père Raymond Millimouno


A la vue de l’étoile, ils furent remplis de joie.

Le Père Maurice CadilhacCet épisode de l’Evangile de Matthieu a toujours enchanté mon enfance. Dans la crèche, préparée à l’avance, on plaçait  ces  trois  personnages mystérieux, montés sur des chameaux qu’on avançait chaque jour un peu plus  jusqu’à ce qu’ils atteignent le berceau de l’enfant.

Papa et maman nous expliquaient que c’étaient des mages   venus   d’Orient ;   ils   avaient   de drôles  noms, des noms qu’on n’avait pas l’habitude d’entendre : Gaspar, Melchior et Balthazar. Ils venaient de pays lointain, des trois   continents :   L’Afrique,   l’Asie   et l’Europe. Ils avaient vu une belle étoile, plus  brillante  que  les  autres ;  c’était  le signe qu’un personnage important, un roi, venait de naître ; cette brillante étoile leur indiquait une route à prendre ;  alors   ils étaient partis avec beaucoup de cadeaux pour offrir à ce roi qui venait de naître.

La  route  était  semée  d’embuches ; un jour ils avaient même perdu de vue cette étoile qui les guidait. Alors, arrivés à Jérusalem,  ils ont demandé leur chemin au roi Hérode : « Où habite le roi des juifs qui vient de    naître ? » Celui-ci, effrayé d’apprendre qu’il avait   un concurrent, a vite convoqué les savants de Jérusalem qui ont  répondu :  à  Bethléem.    Et  les  voilà repartis, tout joyeux. L’étoile s’arrête au- dessus d’une étable ;   Ils arrivent enfin et découvrent que ce petit enfant, c’est un grand   roi,   c’est   Dieu   lui-même   venu habiter  parmi  nous.  Alors  ils  se prosternent, ils offrent leurs cadeaux, des cadeaux de rois. Et puis ils repartent, avec au  cœur  la  joie  d’être  arrivés  au  but, d’avoir rencontrés cet homme-Dieu que le monde attend.

L’aventure des rois mages, c’est aussi  la  nôtre.  Un  jour  Dieu  nous  fait signe :  une rencontre qui nous touche,  un événement qui nous bouscule , un désir intérieur    qui    nous    bouleverse ;    c’est comme une étoile qui  nous invite à sortir de nos petites habitudes, à aller plus loin, à l’aventure sans bien savoir où l’on va, mais avec au cœur la confiance en ce Dieu qui nous appelle. Le plus dur est de faire le premier pas : nous sommes enfoncés dans nos ornières, engoncés dans nos petites habitudes, nous avons peur de sortir de nous-mêmes, de nos maisons : nous n’osons pas. Mais une fois engagés sur le chemin,  nous  nous  sentons  plus  légers, nous découvrons une joie nouvelle, celle de sentir que c’est Dieu qui nous conduit à la rencontre de Jésus. Il nous suffit de marcher, marcher, guidés par ce Dieu en qui nous avons mis notre confiance. Il peut nous arriver d’avoir envie de nous arrêter, il peut nous arriver de nous égarer sur le chemin ;  il  peut  même  nous  arriver  que notre   étoile   disparaisse : nous   avons l’impression que Dieu nous a oubliés, abandonnés. Il nous faudra  alors consulter ces savants qui nous parlent du livre des Ecritures : car c’est  la Parole de Dieu qui nous remettra sur la route.  Et ce n’est pas la peine de nous encombrer de cadeaux à offrir ; ce que Dieu attend de nous, c’est notre amour, un amour confiant, un amour généreux, tout entier tourné vers les autres, ce que Dieu attend de  nous c’est de lui offrir notre vie.

Et   quand   nous   verrons   l’étoile briller au loin, quand nous toucherons le but,  notre cœur sera dans la joie, la joie de Noël, la joie d’une renaissance avec Jésus.

Père Maurice