Burkina : qui est Sanata Yaméogo, nouvelle reine de l’immobilier au Faso ?

| Par - à Ouagadougou
Mis à jour le 28 avril 2021 à 14h56
Sanata Yameogo, PDG de AGB (Afrique Génie Bâtiment) au siège de son entreprise à Ouagadougou., le 28 avril 2021.

Sanata Yameogo, PDG de AGB (Afrique Génie Bâtiment) au siège de son entreprise à Ouagadougou., le 28 avril 2021. © Sophie Garcia/Hans Lucas pour JA

 

Révélée il y a peu parmi l’élite des milieux d’affaires ouest-africains, la patronne du groupe de construction AGB s’est fait une place dans le monde du bâtiment au Burkina et en Côte d’Ivoire après s’être assuré le soutien du secteur bancaire local.

Dans le monde des affaires burkinabè, on connaissait Sanata Yaméogo, 54 ans, active dans la restauration. Dans les bureaux d’Afrique Génie Bâtiment (AGB), situés dans le quartier résidentiel de la Zone du Bois, à Ouagadougou, elle reçoit les visiteurs puis étudie les dossiers avant de s’engouffrer dans son véhicule, en route pour la supervision des chantiers. Son agenda est très chargé.

Celle qui garde toujours un pied dans la restauration universitaire avec pas moins de 18 000 repas servis quotidiennement reconnaît que cette activité a servi de tremplin à son business dans la construction, qui a pris forme après la crise post-électorale en Côte d’Ivoire (2010-2011). « Elle s’est considérablement enrichie dans la restauration et figure parmi les promoteurs immobiliers qui respectent leur cahier des charges », glisse un interlocuteur. Peut-être des milliards ? « Je ne vous le dirai pas. Suffisamment en tout cas pour réaliser mes premières maisons », confie-t-elle, souriante. L’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir pousse les entrepreneurs burkinabè sur la route d’Abidjan en quête de niches d’investissement.

« J’ai suivi la vague comme de nombreux hommes d’affaires burkinabè. Lorsque je suis arrivée à Abidjan, Alassane Ouattara venait de lancer son vaste plan de construction de logements pour offrir un toit aux Ivoiriens. M’étant vu conseiller de prospecter dans ce nouveau secteur, je me suis alors fait accompagner par des cabinets d’architectes et de conseil pour réaliser des plans assortis d’une offre technique et financière que j’ai déposée au ministère ivoirien de la Construction », explique Mme Yaméogo. Retenue, elle se voit confier la construction de 300 logements. Livrés en temps et en heure. C’est à ce moment-là qu’elle prend conscience du formidable potentiel du secteur et des capacités financières de son groupe.

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NOUS LANÇONS DE GRANDS PROJETS QUI REQUIÈRENT DES CAPACITÉS FINANCIÈRES FORTES

Pour expliquer son succès, la chef d’entreprise revient sur ses débuts dans le BTP. « Avant de quitter le secteur de la restauration pour les appels d’offres publics, j’avais fait des économies à hauteur de 200 millions de F CFA qui m’ont permis d’exécuter les premiers chantiers sans recourir aux concours bancaires », assure Mme Yaméogo.

Une myriade de chantiers déjà en route

« Nous venons de lancer la construction de 1 000 logements à Saaba, en banlieue est de la capitale, à la suite de la signature d’une convention avec l’État », a déclaré à Jeune Afrique la directrice générale d’AGB. L’accord conçu sous forme de partenariat public-privé stipule que l’entreprise rétrocède les maisons construites à l’État via le Programme national de construction de logements – dirigé par l’économiste Yacouba Die –, qui se charge ensuite de trouver les acquéreurs.

« Nous allons réaliser une deuxième tranche, portée exclusivement par AGB, qui prévoit la construction de plus de 1 000 unités. En attendant cela, nous mettons les bouchées doubles pour démarrer les travaux combinant la construction et la viabilisation de la tranche de 1 000 logements avant la fin d’avril », explique-t-on chez AGB. Le coût d’acquisition de chaque maison oscille entre 7,5 millions et 15 millions de F CFA (entre 11 500 et 23 000 euros). Des duplex haut standing seront également proposés à partir de 40 millions de F CFA l’unité.

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NOUS FINANÇONS CE PROJET SUR NOS FONDS PROPRES ET AVEC L’ACCOMPAGNEMENT DES BANQUES

« Nous lançons de grands projets immobiliers qui requièrent des capacités financières fortes. Mais comme nous avons déjà la confiance des banques, il ne devrait pas y avoir de problème », avance-t-elle, prudente. Toujours en Côte d’Ivoire, AGF prépare le démarrage d’ici à juin prochain d’un projet de 500 logements. Selon nos informations, AGB apporte entre 20 et 30 % du coût du projet, estimé à 12 milliards de F CFA d’investissement. Le reliquat est mobilisé auprès des banques locales, notamment Coris Bank International, le groupe financier de l’emblématique Idrissa Nassa, et WendKuni Bank International, propriété du groupe Planor Afrique de l’influent Apollinaire Compaoré.

« Nous finançons ce projet sur nos fonds propres et avec l’accompagnement des banques locales », confirme AGB. Pour faciliter l’acquisition de ses maisons, AGB explique négocier des taux avantageux auprès des banques pour financer les fonctionnaires ou des commerçants désireux de se loger.

À Ouagadougou, cent maisons au coût d’acquisition compris en 29,6 millions et 45 millions de F CFA ont déjà été livrées à Koubri, dans la Cité de la Diaspora, lancée dans le cadre du programme présidentiel de 40 000 logements. De même qu’une cité comprenant 90 logements a été érigée par AGB près de Gampela, à la sortie Est de la capitale.

Une performance qui propulse AGB parmi les leaders locaux que sont l’entreprise Azimmo d’Alizéta Ouédraogo – ancienne présidente de la chambre de commerce burkinabè et belle-mère du frère cadet de l’ancien président Blaise Compaoré –, Abdoul Services International, dirigé par Abdoul Ouédraogo, qui s’est fait un nom dans le logement social, ou encore CGE, piloté par Saidou Tiendrébéogo, qui mise sur la ville nouvelle de Yennenga. Sollicitée en Gambie et en Sierra Leone, Sanata Yaméogo affirme prendre son temps ; mais ne cache pas son ambition de se lancer bientôt également dans les chantiers routiers.