Le Nigeria sous le choc après le massacre de plusieurs dizaines de catholiques à Owo

 

De nombreuses réactions après le massacre ce dimanche des dizaines de personnes dans une église catholique de la petite ville d'Owo, dans le sud-ouest du Nigeria. On sait bien peu de choses sur les responsables de cet assaut contre les fidèles qui quittaient la messe de la Pentecôte. L'attaque dans cette région habituellement épargnée par la violence n'a pas été revendiquée jusque-là. 

Avec notre correspondante à Lagos, Liza Fabbian

« Ce qu'il s'est passé à Owo révèle l'impunité des groupes armés qui pullulent à travers le Nigeria » a constaté Amnesty International ce lundi. L'ONG demande justice pour les victimes de cette attaque « qui dénote d'un total mépris de la vie humaine ».

Selon l'analyste Idayat Hassan, l'utilisation d'armes lourdes et d'explosifs fait penser au mode opératoire d'un groupe très organisé – qu'il s'agisse des bandits venus du Nord-Ouest ou même des jihadistes de l'État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap).

La directrice du Centre pour la démocratie et le développement remarque aussi que d'autres incidents ont eu lieu ces derniers mois dans des zones habituellement épargnées par la violence. Par exemple fin avril dans l'État de Taraba, où l'Iswap a revendiqué une attaque à la bombe qui a fait six morts et une trentaine de blessés.

Le monde politique a unanimement condamné ce drame, qui survient en pleine primaire de l'APC pour choisir son futur candidat à la présidentielle.

Le vice-président Yemi

Osinbajo a fait le déplacement ce lundi, ainsi que l'ancien gouverneur de Lagos, Bola Tinubu, qui a annoncé une grosse donation aux familles des victimes et à l'église d'Owo.

 
 

Des dizaines de fidèles catholiques abattus par des hommes armés au Nigeria

 

Le massacre a eu lieu à la sortie de la messe de la Pentecôte, dans une petite ville de l'État d'Ondo, dans le sud-est du Nigeria, une région pourtant épargnée jusque-là par les violences qui ont ensanglanté d'autres régions du pays.

Les premiers tirs ont retenti à la mi-journée, lorsque les fidèles ont commencé à sortir de l'église Saint-François, à Owo, une petite ville à plus de 300 kilomètres à l'est de Lagos. Des rafales d'armes automatiques, des explosions et les premiers morts qui tombent dans la foule, racontent des témoins cités par la presse nigériane.

Les survivants de l'attaque ont expliqué avoir attendu une vingtaine de minutes avant de pouvoir se montrer et d'évacuer les blessés. Un médecin cité par l'agence Reuters a estimé, dimanche, que « pas moins de 50 corps » ont été amenés dans les hôpitaux de la ville.

L'évêque ainsi que le gouverneur de l'État se sont immédiatement rendus sur place. Ce dernier a parlé d'un « dimanche noir » et d'une attaque « vile et satanique ». Le pape François lui-même, à Rome, a fait savoir qu'il « priait pour les victimes et pour le pays ». Quant au président Muhammadu Buhari, il a estimé que « seuls des démons » avaient « pu concevoir et commettre un acte aussi ignoble ».

L'identité des assaillants n'est pas connue pour l'instant. La région a été relativement épargnée par la violence ces dernières années, même si elle a été en proie à des agressions croissantes entre agriculteurs et éleveurs.