L’appel du pape François contre les mutilations génitales féminines 

Les faits

À l’occasion de la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines, le pape François a dénoncé dimanche 6 février des pratiques qui « humilient la dignité de la femme ». Dans le monde, quelque trois millions de jeunes filles subiraient de telles mutilations chaque année.

  • Xavier Le Normand, 
L’appel du pape François contre les mutilations génitales féminines
 
Le pape François a lancé un appel contre les mutilations génitales lors de sa prière de l’Angélus, au Vatican, dimanche 6 février 2022.VATICAN MEDIA HANDOUT/EPA/MAXPPP
 

C’est un sujet inhabituel dans la bouche d’un pape que François a choisi d’évoquer lors de l’Angélus du dimanche 6 février. « Aujourd’hui, a-t-il rappelé devant les pèlerins présents sur la place Saint-Pierre au Vatican, c’est la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines. » L’occasion pour lui de dénoncer ces pratiques.

« Ce sont environ trois millions de filles qui, chaque année, subissent cette chirurgie, souvent dans des conditions très dangereuses pour leur santé, a ainsi regretté le pape François. Cette pratique, malheureusement répandue dans diverses régions du monde, humilie la dignité de la femme et porte gravement atteinte à son intégrité physique. »

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Faisant le lien avec le trafic d’êtres humains, il a tenu à exprimer sa « douleur » devant ces « fléaux de l’humanité »« J’exhorte ceux qui en sont responsables à agir de manière décisive, pour prévenir à la fois l’exploitation et les pratiques humiliantes qui affligent particulièrement les femmes et les filles », a-t-il insisté.

L’implication des religieuses

Cet appel du pape François s’inscrit dans ce qui semble être une attention de plus en plus importante du Saint-Siège à l’égard des mutilations génitales féminines – principalement l’excision. Le point de départ de cette dénonciation se trouve dans l’exhortation apostolique Amoris laetitia, datant d’avril 2016. Le pape y dénonçait ainsi des « coutumes inacceptables » à « éradiquer », parmi lesquelles la « grave mutilation génitale de la femme dans certaines cultures ».

Six mois plus tard, en octobre 2016, c’était au tour de l’observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies – alors Mgr Bernardito Auza – de faire part de la vive condamnation par le Vatican de ces pratiques. Dans une intervention, il avait ainsi appuyé les recommandations en faveur d’une « attention particulière » à ces mutilations. « De nombreuses institutions et organisations catholiques, en particulier les religieuses, sont en première ligne, travaillant pour changer les pratiques culturelles et donnant aux jeunes femmes les moyens de résister à une telle violence », avait-il indiqué.

Objectif : éradication d’ici à 2030

En 2020, déjà à l’occasion de la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines, c’était par le biais de son média officiel Vatican News que Rome était intervenu. « La mutilation des organes reproducteurs d’une femme est un crime grave contre la personne », dénonçait un long article de la version italienne. Ces pratiques, était-il encore critiqué, « violent les droits des femmes à la santé, à la sécurité, à l’intégrité physique, à ne pas subir la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants ainsi que le droit à la vie, alors que cette pratique peut même entraîner la mort de la femme victime ».

La Journée internationale contre les mutilations génitales féminines a été instituée en 2012 par les Nations unies. Promouvant la tolérance zéro à l’égard de ces pratiques, elle vise à leur éradication d’ici à 2030 alors qu’elles ont principalement cours encore dans des pays africains.