Nigeria: Amnesty International s'inquiète des fermetures de camps de déplacés dans l'État de Borno

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Des déplacés internes dans un camp près de Maiduguri dans le nord-est du Nigeria, le 6 juin 2017. © REUTERS/Akintunde Akinleye

Au Nigeria, les projets de fermeture des camps de déplacés le nord du pays pourraient mettre en danger des dizaines de milliers de personnes. Dans un rapport publié ce mercredi 15 décembre, Amnesty International alerte sur la situation de près de 10 000 familles de déplacés internes installées à Maiduguri, la capitale de l'État du Borno.

Il faisait encore nuit quand Babagana Zulum, le gouverneur de l'État de Borno, est arrivé dans le camp de Bakassi le 19 novembre, pour annoncer aux déplacés qu'ils avaient un peu plus de dix jours pour partir.

Ceux-ci ont reçu une aide alimentaire et de l'argent. Un peu plus de 200 euros pour les hommes. Et une centaine d'euros pour les femmes. Malgré ce coup de pouce, Binetou n'a pas pris le chemin du retour, rapporte notre correspondante au Nigeria, Liza Fabbian.

Le chemin du retour

Elle a simplement déplacé sa tente à quelques mètres de l'enceinte du camp : « On ne peut plus vivre là-bas. Ceux qui ont voulu rentrer ont dû faire demi-tour, car il n'y a plus rien et tous les jours on entend des coups de feu. Moi, je ne peux pas oublier le jour où j'ai fui la région du lac Tchad à pied et comment j'ai marché jusqu'à Monguno avant de rejoindre Baga. À chaque fois que j'entends un bruit, je crois que c'est un coup de feu. » 

Si certains ont préféré rester à Maiduguri, d'autres se sont arrêtés dans la ville de Gwoza, sécurisée par l'armée, sans atteindre leurs villages. Pourtant, la fermeture des camps est devenue inévitable à en croire Hamsatu Allamin, militante pour la paix à Maiduguri : « Nous maintenons un système corrompu. L'aide humanitaire d'urgence ne devrait pas durer. Ça fait maintenant 12 ans !  Alors quand cela va-t-il s'arrêter ? Nos vies ne peuvent pas continuer comme ça, alors peut être qu'il faut commencer quelque part. »

Quant aux autorités de l'État de Borno, elles comptent sur la résilience des populations pour reconquérir des territoires abandonnés depuis des années. Les déplacés internes ayant trouvé refuge à Maiduguri devront retourner sur les terres qu'ils ont fuies.

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Ce plan est inacceptable pour de nombreuses organisations de la société civile, car les attaques des combattants djihadistes du groupe Boko Haram et de l'organisation État islamique en Afrique de l'Ouest sont toujours très fréquentes. De nombreuses zones échappent encore au contrôle des autorités malgré les promesses du président nigérian Muhammadu Buhari de faire de la lutte contre l'insécurité une de ses priorités.

Des zones dangereuses

Si les autorités de l'État de Borno nient que des personnes soient contraintes de se rendre dans des zones dangereuses, les ONG ne sont pas du même avis. Elles prennent notamment comme exemple les attaques qui ont visé les camps vers lesquelles les autorités nigérianes avaient été guidé des réfugiés. Le 30 août, à Mafa, près de Maiduguri, 6 personnes avaient été tuées et 14 blessées un mois seulement après s'être réinstallées.

Les personnes déplacées internes à Agiri et à Shuwari, par exemple, sont confrontées à de graves pénuries alimentaires, car elles sont privées d'aide humanitaire, plus de quatre mois après avoir été contraintes de se redéplacer. Le gouvernement avait promis de donner à chaque famille environ 242 dollars pour la nourriture. Mais bien sûr, il n'a versé qu'environ 48 dollars à ces familles et depuis lors, rien de plus n'a été payé. Donc, ces familles se plaignent et disent que le gouvernement ne peut pas faire de promesses et refuser délibérément de les honorer.

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