Le pape François : « L’abus, un acte de trahison qui condamne à mort ceux qui le subissent » 

Les faits

Dans un message adressé le 4 novembre à des associations italiennes dans lequel il a évoqué toute forme d’abus, le pape souhaite que « la protection des mineurs devienne une priorité de plus en plus grande dans l’action éducative de l’Église ». Il a aussi écrit aux évêques de France, les encourageant à « prendre toutes les mesures nécessaires afin que l’Église soit une maison sûre pour tous ».

  • Loup Besmond de Senneville (à Rome), 

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Le pape François : « L’abus, un acte de trahison qui condamne à mort ceux qui le subissent »
 
Le pape François au Vatican, le 3 novembre 2021.ANDREAS SOLARO/AFP
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Les mots sont forts, et le ton d’une particulière fermeté. Dans un message envoyé jeudi 4 novembre à plusieurs associations de laïcs italiens, le pape François encourage la mise en place de parcours de formation pour « tous ceux qui ont des responsabilités éducatives et travaillent dans des environnements avec des mineurs », en particulier « dans l’Église ».

« Ce n’est que de cette manière, avec une alliance préventive systématique, qu’il sera possible d’éradiquer la culture de mort qui est porteuse de toute forme d’abus, qu’ils soient sexuels, de conscience ou de pouvoir », écrit le pape.

« La prévention doit être un chemin permanent »

Pour François, qui écrit ici à la communauté Jean XXIII, l’Action catholique italienne et le Centre sportif italien, dont les responsables ont réfléchi pendant deux ans à la prévention de tout abus, en collaboration avec le Centre de victimologie et de sécurité de l’Université de Bologne, « l’abus est un acte de trahison de la confiance ». Il « condamne à mort ceux qui le subissent et génère des fissures profondes dans le contexte dans lequel il se produit », martèle le pape.

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« La prévention doit être un chemin permanent de promotion d’une fiabilité toujours renouvelée », ajoute-t-il, en appelant tous les adultes à « s’opposer par tous les moyens aux tentations de séduction et d’incitation, qui ne facilitent qu’en apparence les relations avec les jeunes générations ».

« Domination, défiguration de l’intimité et silence complice »

Le pape estime que les parcours de formations sont, pour les adultes qui les suivent, un moyen pour « continuer à être crédibles » et « cohérents dans leur témoignage »« En tant qu’associations laïques, je vous invite à persévérer dans cette action de formation à la coresponsabilité, au dialogue et à la transparence », souligne François. Il souhaite que « la protection des mineurs devienne une priorité de plus en plus grande dans l’action éducative de l’Église » afin de s’opposer à « toute forme de domination, de défiguration de l’intimité et de silence complice ».

Ce message intervient quelques jours après l’envoi, depuis Rome, d’une autre lettre sur le sujet. Le pape a en effet adressé au président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Eric de Moulins Beaufort, un courrier pour adresser à l’épiscopat français ses encouragements dans la lutte contre les violences sexuelles dans l’Église. Des mots qui leur sont parvenus juste avant le début de l’Assemblée plénière de la CEF, à Lourdes, le 2 novembre.

→ CONTEXTE. Assemblée de Lourdes : les évêques sous pression après le rapport Sauvé

« Je vous encourage à porter votre fardeau avec foi et espérance, et je le porte avec vous », assure le pape, après avoir évoqué « la tempête provoquée par la honte et le drame sur des abus commis dans l’Église sur des mineurs ». Tout en se disant « certain » qu’ils trouveront « les moyens de rendre hommage aux victimes et de les consoler », il les encourage à « prendre toutes les mesures nécessaires afin que l’Église soit une maison sûre pour tous ».

« Ne doutez pas que le peuple de France attend la Bonne nouvelle du Christ, il en a besoin plus que jamais », poursuit-il, après avoir écrit que les mesures étaient nécessaires pour pouvoir « reprendre avec joie la mission » de l’Église. Il les assure aussi de son « soutien », ainsi qu’à « l’immense majorité de vos prêtres qui emplissent leur ministère avec générosité et dévouement et dont la si belle vocation se trouve malheureusement salie ».

« Honte » et sa « Douleur »

Le pape avait déjà exprimé sa « honte » et sa « douleur » dans les heures qui avaient suivi la présentation le 5 octobre du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), présidée par Jean-Marc Sauvé.

« [Je veux dire] ma honte, notre honte, ma honte pour la trop longue incapacité de l’Église à les mettre au centre de ses préoccupations, avait-il ainsi assuré lors de l’audience du 6 octobre, au Vatican. Je prie et nous prions tous ensemble : à toi Seigneur la gloire, à nous la honte. »

Jean-Marc Sauvé et les membres de la commission de la Ciase doivent rencontrer le pape le 9 décembre. À Rome, leur rapport a été regardé de près et a fait l’objet d’échanges nourris avec les évêques français, lors de leurs récentes visites ad limina, à Rome.