RDC : le parc de la Salonga sauvé ? L’arbre ne doit pas cacher la forêt

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Par  Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Glez

En RDC, alors que le parc national de la Salonga a été retiré de la liste du patrimoine mondial en péril, des militants écologistes invitent à ne pas s’arrêter en si bon chemin…

Il y a, en matière de classification, des changements censément encourageants qui invitent à l’inquiétude, comme lorsqu’une nation quitte le décompte des pays pauvres très endettés (PPTE), signe de développement qui peut annoncer la fin de certaines aides juteuses. Depuis le 19 juillet dernier, le parc national congolais de la Salonga, créé en 1970 par Mobutu Sese Seko, ne figure plus sur la liste du patrimoine mondial en péril, grâce aux « améliorations apportées à son état de conservation ».

Manifeste bonne nouvelle pour la plus grande réserve de forêt tropicale humide d’Afrique, qui s’étend sur 36 000 km2. La zone joue un rôle déterminant dans la régulation du climat –notamment par la séquestration du carbone– et dans la préservation d’espèces menacées comme le bonobo, l’éléphant de forêt, le crocodile africain au museau effilé et le paon du Congo.

Satisfecit

Si cette annonce de l’Unesco constitue un satisfecit pour la RDC, c’est que les dangers qui planaient sur le parc étaient en partie imputés au gouvernement, en particulier du fait de la délivrance controversée de licences de forage pétrolier empiétant sur la zone protégée. Or, les bonnes nouvelles à proclamer au monde ne sont pas légion dans une zone d’Afrique centrale où les cousins des bonobos –les humains– subissent régulièrement les affres des violences dévastatrices, de la malnutrition aiguë et d’épidémies diverses comme celle du choléra ou de la maladie à virus Ebola.

Pour autant, tout va-t-il pour le mieux dans le meilleur des Congo boisé ? Pour le ministère congolais de l’Environnement, l’annonce que le parc de la Salonga n’est plus en péril est « une occasion de mieux penser la gestion de la tourbière », cet ensemble de zones humides qui garantissent, dans le bassin du Congo, la biodiversité sur une superficie totale de 145 000 km2. Trente milliards de tonnes de carbone y seraient actuellement stockées, selon l’ONG Greenpeace. Un service environnemental à l’échelle de l’humanité toute entière.

Prenant au mot les autorités et à son compte la sagesse africaine qui enseigne qu’on ne doit pas « enterrer un cadavre en laissant ses pieds dehors », Greenpeace Afrique exhorte les autorités à prendre des mesures similaires  et à annuler les blocs pétroliers dans le parc des Virunga et le reste de la Cuvette Centrale. « Ce sont de vastes zones riches en biodiversité qui fournissent de l’eau potable, la sécurité alimentaire et des médicaments aux communautés locales et qui rendent des services environnementaux à l’humanité », plaide pour l’ONG Irene Wabiwa Betoko, cheffe de projet international pour la forêt du bassin du Congo.