La fête du Mouloud,
l'anniversaire de la naissance du prophète



L'événement :


La fête du Mouloud (El Mawlid an Nabi) aura lieu le 12 du 3ème mois de l'année musulmane 1427 (rabî' mois "vénéré de la naissance", qui devrait être le mardi 11 avril nuit au mercredi 12 jour.


La signification de la fête


Elle commémore le jour de la naissance de Mohammed. Il est né à la Mecque, en Arabie occidentale en l'année 570 ou 571, appelée l'année de l'Eléphant en mémoire d'une bataille entre ceux de la Mecque et le vice-roi du Yémen qui montait un éléphant. Le père de Mohammed s'appelle Abd Allah de la tribu des Qoraysh, et sa mère, Amina. Son père meurt avant sa naissance et il sera mis en nourrice chez une bédouine, Halima. Il perd sa mère à 6 ans.

C'est une fête qui s'est imposée tardivement, un peu sur le modèle du Noël des chrétiens, surtout à cause de l'évolution de la place du prophète Muhammed dans l'islam. Peu à peu, on a attaché une grande importance à la pensée du Prophète, d'où les hadith-s (faits et dits du Prophète) et on s'efforce de l'imiter. On finit par lui attribuer des miracles et sa personne, avec ses objets familiers, ont droit à un "culte", spécialement dans les confréries.

Cette fête nous révèle la vénération, disons plus, l'affection pleine de confiance que les musulmans, surtout dans le milieu populaire, témoignent au Prophète de l'islam.

On rapporte des faits merveilleux qui auraient accompagné sa naissance : durant les neuf mois qui la précédèrent, une voix s'est fait entendre dans le ciel et sur la terre pour annoncer sa venue. Sa mère eut un songe où elle lut que son fils serait le meilleur des hommes et le sauveur de son peuple. La nuit même de sa naissance, les animaux parlèrent : "il est né Mohammed, le Seigneur de la Kaaba, l'Imam du monde, la lumière de ses habitants."

Les poètes se sont plu à chanter sa louange : "O miséricorde du monde, protection de ses habitants, aide aux hommes en Orient et en Occident, ô toi pieux, élu parmi les élus, bon parmi les bons…"

On a une confiance illimitée en son intercession. Pour couper court à une dispute ou pour commencer un travail important, comme la moisson, on exhorte les gens : "Demandez la bénédiction de Dieu sur le Prophète." A quoi ils répondent : "Que Dieu répande sur lui la bénédiction et lui donne le salut".

Mais tout ceci est contesté par les sunnites Wahhabites - Izala ou les réformistes, car, pour eux, l'islam se garde de toute forme de vénération pour quiconque en dehors de Dieu. Cette fête n'est que symbolique, et ils remettent en cause des expressions populaires de la foi et des traditions religieuses ou culturelles auxquelles un grand nombre de musulmans des confréries populaires se trouvent attachés...

De fait, dans le Coran, Mohammed déclare : « Je ne suis qu'un mortel tout comme vous. » Il se défend de pouvoir faire des miracles. Ceux qui ne veulent pas croire, il les met seulement au défi d'imiter la perfection du Coran. Son inimitabilité est la grande preuve qu'il vient de Dieu. Le Coran demande seulement pour Mohammed, en tant que Prophète et chef de communauté, respect et surtout obéissance.


La célébration de la fête


Cette fête est l'occasion où s'affirme la divergence de positions de 2 courants :


  • D'une part, surtout ici au Burkina, le Mouloud (qu'on appelle Gâani chez les mossi) est célébré avec ferveur et donne lieu à une exaltation du Prophète dans les manifestations des confréries religieuses.

Dans les régions du Nord du Burkina Faso (Ouahigouya, Djibo, Dori…), beaucoup de ceux qui font partie de la Hammaliyya (les hammalistes) vont en pèlerinage à Ramatoulaye (près de Ouahigouya), où on passe la nuit entière à prier en psalmodiant le Coran et des poèmes qui louent le Prophète, ou encore à Tansalga de Titao; d'autres vont à Hamdalaye (Teôsgo de Tikare); d'autres vont à Todjem (surtout les Peuls); d’autres à Taslima (Gourcy).

Dans la région de Ouagadougou, le centre le plus important devrait être celui du Cheikh Doukoure à Hamdalaye à Ouagadougou même.

Partout sur le territoire, les musulmans pieux, chacun selon la confrérie qui est la sienne, vont aller à un centre pour faire "pèlerinage" dans la "zawiyya" (centre de vie) de leur cheikh.


  • Et d'autre part, à l'opposé, le wahhabisme, courant au pouvoir en Arabie Saoudite et qui est à l’œuvre ici, au Burkina (les femmes voilées, habillées tout en noir...), récuse cette fête du Mawlid (mouloud) et la plupart des mouvements réformistes veulent la purifier dans ses excroissances (exaltation d'un homme, fut-il le Prophète, et les formes de vénération qui viennent du soufisme et du christianisme).


Et nous, chrétiens ?


C'est une fête très populaire dans nos milieux : à nous d'être attentifs à cette joie des gens simples pour leur fête du Gâani ! Les musulmans sont toujours très honorés si nous allons participer à leur nuit de prière et de louange pour leur Prophète Mohammed, ne serait-ce que quelques heures.

Et pourquoi ne pas participer à l’un de leurs rassemblements dans un des nombreux centres de pèlerinage, pour nous associer à leur joie ? Ils en seront très honorés.

Et nous-mêmes, laissons-nous interpeller par leur mobilisation lors de cette fête. C’est un véritable pèlerinage ! Lors de nos fêtes pascales, à l’instar de la Pâque juive où comme Jésus, à l’âge de 12 ans, on est assez adulte « spirituellement » et, par conséquent, tenu de se rendre à Jérusalem, sommes-nous capables, en tant que chrétiens, de nous rassembler pour fêter la Résurrection du Christ dans nos paroisses ou nos centres ?


Pour l'équipe de formation de la Commission épiscopale pour le dialogue avec l'islam au Burkina Faso,
le Père Joseph Clochard, Missionnaire d'Afrique (Père Blanc).