[Chronique] Haro sur les baskets Nike islamophobes !

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Damien Glez est dessinateur-éditorialiste franco-burkinabè

« Dieu est en tout », aiment distiller les religions abrahamiques. Cette croyance n’empêche pas certaines pétitions de réclamer l’interdiction de produits sur lesquels apparaîtrait inopportunément le nom d’Allah, comme dernièrement sur des baskets Nike…

Y a-t-il un complot mercantilo-idéologique destiné à souiller le nom du Tout-Puissant, via d’impurs produits de grande consommation ? Au contraire, sont-ce certains croyants qui nourrissent une paranoïa génitrice de victimisation délétère ? Si ces hypothèses étaient vérifiées, aucune des deux ne serait réjouissante. Depuis quelques jours, une pétition via la plateforme change.org demande le retrait des baskets Nike Air Max 270 du marché.

Le design incriminé inciterait les consommateurs à « piétiner le nom de Dieu »

Le nom d’Allah sur des Air Max ?

Selon l’internaute à l’origine de la démarche, une partie du logo de ce produit « offensant », lu à l’envers, ressemblerait au mot « Allah » tel qu’écrit en arabe. Incrusté sur la semelle « blasphématoire », le design incriminé inciterait donc les consommateurs à « piétiner le nom de Dieu », à le frapper « à coups de pied » et à le souiller « de boue ou même de crasse ».

Si la marque de chaussures de sport dément évidemment toute indélicatesse subliminale, elle n’en reste pas moins préoccupée par ce parfum de scandale. Un porte-parole de la direction affirme que, lu à l’endroit, le graphisme incriminé n’est qu’une « représentation stylisée de la marque Nike Air Max ». Il ajoute que l’entreprise « respecte toutes les religions », mais aussi qu’elle prend « au sérieux les préoccupations de cette nature ». En 1997, l’enseigne avait déjà rappelé 38 000 paires de baskets dont le logo en forme de flamme aurait déjà évoqué une calligraphie spécifique du mot Allah.

Un précédent avec une marque de papier toilette

Mi-janvier 2019, c’est une autre pétition qui était lancée en relais du hashtag #boycottmarksandspencer!. Cette fois, il était question de dénoncer la chaîne de magasins Marks & Spencer, accusée de vendre des rouleaux de papier hygiénique « aloe vera » sur lesquels serait inscrit le nom d’Allah. Que pourrait-il y avoir de plus blasphématoire que de frotter les syllabes de Dieu sur des fessiers souillés ?

Sur Twitter, l’enseigne britannique précisera que le dessin décrypté représentait la feuille d’une plante prisée par les fabricants de cosmétiques. Les initiateurs de la pétition avaient dénoncé « une tentative pathétique d’insulter l’islam », tandis que d’autres internautes se gaussaient de l’hypothèse selon laquelle le nettoyage des dégâts intimes de la défécation transformerait les victimes de diarrhée en « partisans du terrorisme israélien ».