Pâques : le ngalakh, la recette sénégalaise de l’entente entre catholiques et musulmans

 

À l'approche du weekend de Pâques, Jacques Bassene, catholique pratiquant de 38 ans, grillardin dans un restaurant de Dakar, nous livre les secrets du ngalakh (ou ngalax).

« C’est un mot traditionnel de Saint-Louis qui signifie littéralement ‘faire de la bouillie' », explique Jasques Bassene, chargé des grillades au restaurant Le Bideew, à Dakar. « C’est un dessert qui se prépare à partir de pâte d’arachide, de pain de singe [fruit du baobab, ndlr] et d’araw, une sorte de couscous à gros grain », poursuit-il.

Après cuisson de la semoule, indique Jacques, il faut mélanger la pâte d’arachide avec de l’eau, puis incorporer le pain de singe en le malaxant pour obtenir une préparation, qu’il faut ensuite filtrer et sucrer. Après cela, il suffit de recouvrir la semoule de la préparation, « et le tour est joué ».

Au-delà d’un secret de cuisine typiquement sénégalais, pour Jacques, le ngalakh représente l’aumône, la charité et le partage. « Pâques n’est pas la fête des catholiques, c’est la fête de tous les Sénégalais… Elle représente l’entente entre les communautés au Sénégal, et ce n’est pas une entente par la religion, c’est une entente traditionnelle dans ce pays. »

Du ngalakh pour les invités et les voisins

Ce weekend, du vendredi 14 au lundi 17 avril, les chrétiens d’Afrique vont célébrer, comme ailleurs, la mort puis la résurrection du Christ. Au Sénégal, où l’on compte 5% de chrétiens et 94% de musulmans, Pâques, comme la Tabaski, est un emblème de la fraternité des communautés religieuses.

Les familles chrétiennes préparent des quantités importantes de ngalakh au cours du vendredi et du samedi précédant le dimanche de Pâques pour en offrir à leurs voisins et à leurs invités. Par ailleurs, les familles chrétiennes cuisinent souvent deux plats, lorsqu’elles invitent des familles musulmanes à partager leur repas de fête ; si le plat principal est à base de porc, il est accompagné d’un plat de poulet pour les invités.

Comme au moment de Noël, ceux qui ont le plus de moyens achètent de nouvelles tenues pour assister à la messe pascale. Jacques, qui réside dans l’arrondissement de Ouakam, assistera à la messe de l’église de Notre-Dame des Anges, mais les célébrations religieuses se tiendront également à Yoff, à l’église Saint-Christophe, ou encore à la paroisse Saint-Joseph de Medina.

Éric Mamadou Torres, 25 ans, qui travaille également au Bideew, dont le père est catholique et la mère est musulmane, affirme que sa famille – majoritairement musulmane – célébrera Pâques ce weekend, et que sa mère préparera le ngalakh pour tout le monde. Lui qui observe le ramadan chaque année ira également à la messe ce dimanche.