Au Burkina Faso, réouverture des locaux du journal d’investigation « L’Évènement » 

La fermeture des locaux de ce média, justifiée par les autorités par un contentieux fiscal, est survenue dans un contexte de pressions de la junte envers de nombreux organes de presse.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 10 juin 2023 à 11:53
 
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Le capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte burkinabè, le 15 octobre à Ouagadougou. © OLYMPIA DE MAISMONT / AFP.

Les locaux du journal burkinabé d’investigation « L’Évènement » ont rouvert le 9 juin après une semaine de fermeture par les autorités pour contentieux fiscal, a déclaré le directeur de publication du bimensuel. « Depuis 11h les scellés ont été levés », a affirmé Atiana Serge Oulon.

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Les locaux du journal avaient été mis sous scellés vendredi par le service des impôts, et le média sommé d’« éponger une dette » de « 20 millions de francs CFA (environ 30 000 euros), selon son administrateur, Germain Bitiou Nama.

Multiples entraves à la liberté de la presse

Cette « fermeture manu militari » a été dénoncée par la Société des éditeurs de la presse privée (SEP), qui a vilipendé « une instrumentalisation du fisc » visant à nuire au « travail de ce journal d’investigation ». La condition de la réouverture était « le dépôt de la moitié de la somme due, c’est-à-dire 10 millions de FCFA », avait précisé Germain Bitiou Nama, avant de lancer un appel à soutien.

Dès la fermeture du journal, le Centre national de presse Norbert Zongo et la SEP avaient lancé une « levée de fonds » pour sauver le journal « d’une mort programmée ». « Cette levée de fonds est un sursaut républicain, en vue de protéger et garantir la pérennité des rares leviers qui nous restent, pour préserver l’état de droit et garantir la démocratie, le droit à l’information », ont expliqué les deux organisations.

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Fin mars, le gouvernement de la transition menée par le capitaine Ibrahim Traoré avait assuré rester « fondamentalement attaché » à la liberté d’expression, malgré la suspension, quelques jours plus tôt, de la diffusion de la chaîne France 24 et alors que RFI avait déjà été suspendue en décembre. Début avril, les correspondantes des quotidiens français du Monde et de Libération avaient également été expulsées du Burkina Faso.

(Avec AFP)