Blaise Compaoré : les fidèles parmi les fidèles de l’ancien président burkinabè

| Par Jeune Afrique
Mis à jour le 17 mai 2021 à 08h43
La garde rapprochée de Blaise Compaoré.

Pour préparer son retour au pays, l’ancien président burkinabè s’appuie à Abidjan sur ses proches également en exil et à Ouagadougou, et sur les caciques de son parti sur lequel il est resté très influent.

Près de sept ans après sa chute, l’ombre de Blaise Compaoré continue de planer sur la politique burkinabè. Son parti sur lequel il est resté influent, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), est de retour au premier plan sur la scène politique depuis les élections de novembre 2020 et son nouveau patron, Eddie Komboïgo, est désormais chef de file de l’opposition.

Depuis son exil à Abidjan en 2014, en Côte d’Ivoire, l’ancien président est en outre au cœur du débat sur la réconciliation nationale souhaitée par Roch Marc Christian Kaboré. Alors que sa famille politique fait de son retour à Ouagadougou une condition sine qua non de ces discussions, la justice a annoncé à la mi-avril qu’il serait « bientôt » jugé dans l’affaire de l’assassinat de Thomas Sankara, le 15 octobre 1987. Après sa réélection à la tête du pays, le président a chargé Zéphirin Diabré du dossier.

L’ex-chef de file de l’opposition, désormais ministre de la Réconciliation nationale, s’est rendu en Côte d’Ivoire, afin d’échanger le 5 mai avec « Blaise » et les autorités ivoiriennes.

À Abidjan, Blaise Compaoré est très discret. Il reçoit les politiques burkinabè et entretient de bonnes relations avec le président ivoirien Alassane Ouattara. Dans une rare vidéo diffusée sur les réseaux sociaux à l’occasion de son 70e anniversaire le 3 février, l’ancien président était apparu amaigri. Il était entouré de son épouse, Chantal Compaoré et de quelques intimes. Voici les personnalités qu’il consulte presque quotidiennement et qui sont incontournables dans son premier cercle.

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René Émile Kaboré a pris part à la rencontre entre l’ancien président et le ministre burkinabè de la Réconciliation, Zéphirin Diabré, le 5 mai à Abidjan. L’ex-ministre des Sports est un proche collaborateur de Blaise Compaoré. Président du Rassemblement pour un sursaut patriotique (RSR), il vit lui aussi en exil à Abidjan, depuis 2015.

Jugé par contumace et condamné à 30 ans de prison dans le procès du putsch manqué de 2015, René Emile Kaboré porte un regard très critique sur la gestion de Roch Marc Christian Kaboré. En décembre 2019, il a publié un livre intitulé « Burkina Faso : et si enfin on se disait la vérité », dans lequel il livre sa version des faits de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.

Le petit frère de l’ancien président est son confident. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités burkinabè qui souhaitent l’entendre dans l’affair>e de l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo et ses compagnons, en 1998, il réside en France.

Ses avocats ont saisi le Conseil d’État après une décision de la justice française, donnant le feu vert à son extradition.

Ami de François Compaoré, le frère cadet de l’ancien président, Salif Lamoussa Kaboré a été emprisonné à Ouagadougou au lendemain de la chute du régime, puis libéré. Il est très proche de Blaise Compaoré. Une fidélité qui a lui valu d’être personnellement recommandé par ce dernier comme consultant sur les questions minières et énergétiques auprès de la présidence centrafricaine. Il vit à Abidjan et effectue des missions ponctuelles à Bangui.

L’ancien ministre des Mines, des Carrières et de l’Énergie et ancien directeur général de la Société nationale d’électricité du Burkina Faso (Sonabel) est par ailleurs régulièrement sollicité par Blaise Compaoré sur les questions économiques.


L’ancien patron du CDP, qui fut aussi directeur de cabinet de Blaise Compaoré, continue de jouer ce rôle auprès de l’ancien président depuis son propre exil ivoirien. En 2019, il confiait à Jeune Afrique se consacrer à l’écriture de livres sur l’histoire politique récente du Burkina, sur l’islam en Afrique de l’Ouest et sur la laïcité dans son pays.

L’ex-président le consulte également sur les questions religieuses. Pour cet historien de formation, la réconciliation ne peut se faire sans Blaise Compaoré.

Nommé directeur de cabinet de Blaise Compaoré en 2014, à la suite de Assimi Kouanda, Sanné Mohamed Topan avait déjà occupé plusieurs postes ministériels et diplomatiques par le passé. Il a été ambassadeur du Burkina Faso auprès du Mali, de la Guinée et du Niger, avec résidence à Bamako de 2002 à 2013.

Ce poids lourd du CDP a notamment été directeur national de campagne du parti pour les élections présidentielles et législatives de novembre 2020. C’est à lui que Blaise Compaoré a remis sa missive dans laquelle il exprimait clairement son soutien à Eddie Komboïgo, actuel président du parti, en tant que candidat à la présidentielle.

L’actuel président du CDP échange régulièrement avec le président d’honneur sur la vie du parti. Si sa volonté de renouveler les cadres a heurté certains caciques, Komboïgo conserve malgré tout la confiance de Compaoré. Il s’est rendu à Abidjan mi-mai pour échanger avec lui sur les conditions de son retour.

Cet ancien ministre continue, tout comme Assimi Kouanda, à défendre Blaise Compaoré. Cet enseignant en philosophie, qui mène des activités personnelles de consultant, a des liens de parenté avec l’ancien président.

Après la chute de ce dernier en 2014, il avait décidé de rester volontairement à Abidjan à la fin de sa mission d’ambassadeur. En dépit du fait qu’il n’était pas visé par des poursuites judiciaires à Ouagadougou.