Côte d’Ivoire : ce que Blaise Compaoré et Zéphirin Diabré se sont dit

| Par et 
Mis à jour le 07 mai 2021 à 18h22
Blaise Compaoré, le 1er octobre 2012 à Milan.

Blaise Compaoré, le 1er octobre 2012 à Milan. © Pier Marco Tacca/Getty Images

 

Pour la première fois depuis son départ en exil, Blaise Compaoré a rencontré le ministre burkinabè de la Réconciliation nationale à Abidjan. Au coeur des discussions : un éventuel retour de l’ancien président à Ouagadougou, où il pourrait être jugé dans l’affaire Sankara.

Ce n’était jamais arrivé depuis qu’il a quitté Ouagadougou sous la pression de la rue, le 31 octobre 2014. Le 5 mai, Blaise Compaoré a rencontré à Abidjan, où il vit en exil, un ministre de Roch Marc Christian Kaboré : Zéphirin Diabré, chargé de la Réconciliation nationale au Burkina. Les deux hommes ne s’étaient pas revus depuis plusieurs années mais ils se connaissent bien. Quand Compaoré était au pouvoir, Diabré a longtemps été son principal opposant.

Selon un proche de Blaise Compaoré, Alassane Ouattara, qui avait reçu quelques heures plus tôt le ministre burkinabè au palais présidentiel, a assisté à cette rencontre préparée depuis plusieurs semaines. Une information non confirmée par la présidence ivoirienne. Trois proches de Blaise Compaoré étaient également présents lors de cette entrevue.

Tribunal militaire

Au cœur des discussions : le retour de l’ancien chef de l’État à Ouagadougou. L’enquête judiciaire sur l’assassinat de Thomas Sankara étant désormais bouclée, l’affaire doit maintenant être jugée par le tribunal militaire. Parmi les quatorze coaccusés de ce procès attendu de (très) longue date : Blaise Compaoré, accusé d’ »attentat à la sureté de l’État », de « complicité d’assassinat » ou encore de « recel de cadavre ». Des accusations très graves, qui pourraient le conduire en prison jusqu’à la fin de ses jours.

Selon une source de l’entourage de l’ex-président, Zéphirin Diabré a tenté de le convaincre de rentrer à Ouagadougou et d’assister à ce procès, dont la date d’ouverture n’est toutefois pas encore connue. Il aurait également essayé de rassurer son interlocuteur, lui promettant notamment que sa sécurité serait garantie s’il revenait au pays.

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LORS DE LEURS ÉCHANGES, OUATTARA ET KABORÉ ÉVOQUENT RÉGULIÈREMENT LE CAS COMPAORÉ

De son côté, Alassane Ouattara, très proche de Blaise Compaoré mais obligé aussi de composer avec les autorités burkinabè, tente de rapprocher les deux parties, comme le font d’ailleurs d’autres chefs d’État de la sous-région. Lors de leurs échanges, Ouattara et Kaboré évoquent d’ailleurs régulièrement le cas Compaoré. « Alassane Ouattara est favorable à une entente entre Blaise Compaoré et Roch Marc Christian Kaboré », souffle un de ses collaborateurs.

Réélu en novembre, Kaboré a fait de la réconciliation nationale une priorité de son nouveau mandat. Ce qui implique notamment le retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso. Durant la dernière campagne électorale, le chef de l’État a plusieurs fois affirmé qu’il n’était pas opposé au retour de son prédécesseur, mais que celui-ci devra répondre à la justice si elle le demande.

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BLAISE COMPAORÉ EST LE BIENVENU, MAIS IL DEVRA FAIRE FACE AUX JUGES DANS L’AFFAIRE SANKARA

« Dans l’esprit du président, tout peut être entrepris pour permettre à Blaise Compaoré de rentrer, à condition que cela ne soit pas contraire à la justice », explique un de ses proches. En clair : Blaise Compaoré est le bienvenu, mais il devra faire face aux juges dans l’affaire Sankara.

Pas de quoi rassurer, pour l’instant, l’ex-homme fort de Ouagadougou. Son souhait de revenir chez lui, après plusieurs années d’exil en Côte d’Ivoire, n’est un secret pour personne. Mais son premier cercle se montre toujours méfiant sur ce qui l’attend au pays et redoute un procès à charge.