Franc CFA-eco, commerce intra-africain… Les priorités du
Sénégalais Abdoulaye Diop à la présidence de l’UEMOA

22 avril 2021 à 09h06 | Par 

Mis à jour le 22 avril 2021 à 09h48
Abdoulaye Diop, nouveau président de la Commission de l’UEMOA.
Abdoulaye Diop, nouveau président de la Commission de l’UEMOA. © UEMOA

Candidat en 2017, l’ancien ministre du Budget d’Abdoulaye Wade remplacera le 8 mai aux commandes de l’institution régionale son ex-concurrent Abdallah Boureima.

Président en exercice de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UEMOA, le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a officialisé le 14 avril la nomination – décidée le 22 mars dernier – du Sénégalais Abdoulaye Diop comme nouveau commissaire du Sénégal et président de la Commission.

Une nomination qui sonne comme une revanche pour l’inspecteur principal du Trésor, conseiller du président Macky Sall et ancien ministre du Budget d’Abdoulaye Wade, que ce dernier avait déjà tenté de faire installer à la tête de la commission en 2017, après la démission du Sénégalais Cheikh Hadjibou Soumaré, le 1er décembre 2016.

Come-back du Sénégal

Un projet qui s’était heurté à la détermination de Niamey à faire entériner la nomination d’un Nigérien à la présidence de l’institution, suivant la promesse qui lui avait été faite en 2011. Après des mois d’intense bataille diplomatique, le Niger avait fini par obtenir gain de cause, installant Abdallah Boureima pour quatre ans à la tête de la commission.

Le mandat d’Abdoulaye Diop prendra effet au 8 mai prochain. Passé par la BCEAO, dont il a été vice-gouverneur, le Sénégalais est attendu sur plusieurs chantiers, en particulier celui de la relance économique post-Covid-19.

Une relance qui passera par la réouverture progressive des frontières, officiellement fermées depuis plus d’un an en raison de la crise sanitaire, et la facilitation des échanges, sachant qu’en moyenne seuls 15 à 20 % des échanges des pays membres de l’UEMOA se font à l’intérieur de la zone.

Financer la relance

Si des progrès sont enregistrés sur les corridors Cotonou-Niamey et Dakar-Conakry, avec l’opérationnalisation des postes de contrôle juxtaposés de Malanville (frontière Bénin-Niger) et Boundou Fourdou (frontière Sénégal-Guinée), de nombreux efforts doivent encore être déployés pour améliorer la circulation des personnes et des marchandises, dans des délais et avec des contrôles raisonnables.

Il s’agira également d’aider les États membres à mobiliser les ressources nécessaires à leurs plans de relance respectifs d’un coût global de 5 284 milliards de francs CFA (8 milliards d’euros), notamment via les « obligations de relance » lancées par la BCEAO avec l’Agence UMOA-Titres.

Objectif : atteindre une croissance de 5,8 % en 2021 – contre 5,8 % en 2019 et 0,9 % en 2020.

Du franc CFA à l’eco

Un autre dossier « chaud » reste celui de la transition monétaire. Le nouveau président, qui connaît déjà le dossier, devra s’attaquer au passage du Franc CFA à l’eco, la nouvelle monnaie de l’Union, et à la future nouvelle monnaie commune de la Cedeao.

En janvier dernier, les chefs d’État de la Cedeao avaient approuvé « une dérogation concernant le respect des critères de convergence macroéconomique en 2021 [que seul le Togo respecte à ce jour] » et avaient demandé à la Commission et aux banques centrales régionales et nationales de préparer un projet de « nouveau Pacte de convergence et de stabilité macroéconomique entre les États membres de la Cedeao, avec le 1er janvier 2022 comme date de début de la phase de convergence ».

Un dossier qui attise la rivalité régionale entre la Côte d’Ivoire et le Nigeria et ne manque pas de péril pour le président de l’UEMOA.

Répartir les rôles

Enfin, le nouveau chef de la commission devra faciliter l’implémentation de la Zlecaf, officiellement en vigueur depuis janvier, en veillant à l’adoption des textes communautaires nécessaires à son opérationnalisation. Le tout devant mener à une « UEMOA des peuples dans une Afrique de l’Ouest forte et prospère et pour un continent plus uni et dynamique », selon Roch Marc Christian Kaboré.

Pour mener à bien ces missions, Abdoulaye Diop sera entouré de sept autres commissaires : l’Ivoirien Paul Koffi Koffi, le Burkinabè Filiga Michel Sawadogo et le Béninois Jonas Gbian, reconduits à leurs postes, et les nouveaux venus que sont Mahamadou Gado (Niger), ancien directeur national de la BCEAO à Niamey, Mamadù Serifo Jaquite (Guinée-Bissau), ex-secrétaire général de la présidence, Lassine Bouaré (Mali), ancien ministre de la Cohésion sociale, et Kako Nubukpo (Togo), ancien ministre de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques.

À charge pour lui de répartir les rôles de chacun et d’assurer la liaison avec les gouvernements et autorités politiques des États membres ainsi qu’avec les institutions spécialisées autonomes et les partenaires extérieurs de l’Union.

La prestation de serment des huit commissaires doit avoir lieu d’ici le 8 mai, selon nos informations.