[Chronique] AstraZeneca, le nouveau Viagra ?

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Mis à jour le 25 mars 2021 à 16h08
 
 

Par  Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Damien Glez

Au Togo, l’administration du vaccin AstraZeneca aurait entraîné une augmentation de la libido chez plusieurs patients. C’est ce qu’affirme le président du conseil scientifique de lutte contre le Covid-19.

Voilà au moins un argument qui réjouira les aficionados d’un vaccin anti-Covid en quête de réhabilitation populaire, après sa suspension temporaire dans plusieurs pays, notamment européens comme la Norvège ou la France, mais aussi africains comme la RDC, le Congo, le Cameroun, le Cap-Vert ou l’Eswatini. Les effets secondaires suspectés des doses d’AstraZeneca – des thromboses notamment – ne seraient pas tous indésirables.

Désir sexuel

Au Togo, une augmentation du désir sexuel aurait ainsi été observée chez certains vaccinés. Et dans ce pays où la grève du sexe est un instrument politique, la question des relations intimes n’est jamais classée au rang des sujets futiles…

Même si l’actualité de cette année de pandémie démontre que la détention d’une kyrielle de diplômes ne dispense pas d’être baroque, l’observateur de ce phénomène togolais post-vaccinal est loin d’être un farfelu. Président du conseil scientifique de lutte contre la Covid-19 au Togo, le docteur Didier K. Ekouevi s’est notamment vu remettre le prix Dedonder-Clayton 2018 des mains du professeur Françoise Barré-Sinoussi, Prix Nobel de médecine 2008.

Dans l’échantillon togolais de 1 520 professionnels de santé d’une enquête « flash », environ 70,6 % des personnes sondées ont évoqué des effets secondaires mineurs et passagers – s’estompant en moins de 24 heures dans 80 % des cas. Avec, parmi les dix symptômes physiques les plus fréquemment déclarés, l’augmentation de la libido.

Plus de maux de tête et de courbatures

Si cette information sanitaire diffuse, pour une fois, une joyeuse dose de légèreté, le lien de cause à effet est difficile à démontrer. Et les statistiques ne sont pas spectaculaires. Seuls 28 cas d’augmentation de la libido – 17 chez les hommes et 11 chez les femmes – ont été révélés par l’étude. Pour remettre cet appétit sexuel décuplé en perspective, cet effet secondaire représente ainsi 2,5 % des cas observés, contre 91,3 % pour les douleurs au point d’injection, 68,5 % pour les céphalées ou 55,3 % pour les courbatures. Pas de quoi inspirer aux vaccinés un week-end exclusivement consacré à l’exploration du Kâmasûtra…