La saison de la Création

Ouverte le 1er septembre 2020, « la saison de la Création » invite les chrétiens à prier et à prendre soin du don de la Création jusqu’au 4 octobre.
Cette année, elle a pour thème le Jubilé de la Terre.

                                                   Saison de la création

Qu’est-ce que la « saison de la Création » ?

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La « saison de la Création » commence le 1er septembre par la « Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création », née de l’initiative de l’ancien patriarche œcuménique Dimitrios Ier de Constantinople en 1989. Le 1er septembre marque le début de l’année liturgique orthodoxe. En 2001, le Conseil des Églises européennes (un groupement de 127 Églises de confessions orthodoxe, réformée, luthérienne, anglicane, méthodiste, baptiste, pentecôtiste et vieille-catholique) propose l’institution d’une journée œcuménique de prière pour la sauvegarde de la Création. En 2007, le troisième rassemblement œcuménique européen à Sibiu, en Roumanie, suggère d’étendre cette initiative à un « temps de la Création » qui se prolongerait jusqu’à une seconde date clé : le 4 octobre. En ce jour, saint François d’Assise, patron céleste de l’écologie, est célébré par les Églises catholique, anglicane et luthériennes.

En 2015, le pape François invite l’Église catholique tout entière à s’associer à la « Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création » le 1er septembre, rejoignant ainsi l’appel du patriarche Dimitrios Ier, vingt-six ans plus tôt. Dans son encyclique Laudato Si’, publiée la même année, François s’appuie sur l’apport du successeur de Dimitrios Ier, le patriarche Bartholomée, en matière écologique. La « saison de la Création » porte résolument une dimension œcuménique avec la participation de diverses dénominations chrétiennes.

À quoi les chrétiens sont-ils appelés pendant la saison de la Création ?

Prier et agir pour renouer avec la maison commune est au cœur de cette période. Les communautés chrétiennes sont invitées à organiser des prières ainsi que des célébrations œcuméniques. Composé de plusieurs organismes écologiques chrétiens, dont le dicastère du Vatican pour le service du développement humain intégral, un comité directeur œcuménique propose, par exemple, des moyens pour pousser les gouvernements à fixer des objectifs nationaux ambitieux en vue de la COP26 (reportée en novembre 2021). Il donne également des pistes d’activités ou des démarches à réaliser au niveau institutionnel, sur l’empreinte écologique des édifices religieux.

Avant l’encyclique du pape François Laudato Si’, saint Jean-Paul II a appelé à plusieurs reprises à « ne pas négliger la valeur esthétique de la Création ». « Le contact avec la nature, par lui-même, est profondément régénérateur, de même que la contemplation de sa splendeur donne paix et sérénité » (1).

En cette année 2020, qui marque le 5e anniversaire de l’encyclique Laudato Si’, l’événement s’articule autour du « jubilé pour la Terre ». Le jubilé, synonyme de renoncement à la surconsommation, est une période qui a lieu tous les 49 ans. Ce sabbat pour la terre, comme le nomme le père Michel Raquet, enseignant-chercheur à l’Université catholique de Lyon et délégué épiscopal à l’écologie au diocèse de Lyon depuis 2015 (2), permet de réparer les torts causés par ceux qui ont le plus consommé aux personnes ou aux écosystèmes qui ont le plus souffert. « Le jubilé sera pour vous chose sainte, vous mangerez ce qui pousse dans les champs. En cette année jubilaire, chacun de vous réintégrera sa propriété. Si, dans l’intervalle, tu dois vendre ou acheter, n’exploite pas ton compatriote » (Lv 25,12-14).

« Pendant le confinement, nous avons perçu cette mise en œuvre du jubilé. Par exemple, nous avons observé le retour des animaux », explique le frère Emmanuel Derkenne, frère missionnaire des campagnes« Le jubilé est aussi un moment de reconnaissance du don de Dieu et d’action de grâce », souligne le père Michel Raquet.

Comment définir la notion chrétienne de la sauvegarde de la Création ?

La protection de l’environnement est aujourd’hui omniprésente, mais se distingue en partie de la thématique chrétienne de la sauvegarde de la Création. « Il ne faut pas opposer les deux, souligne le père Michel Raquet. Il y a un message d’espérance dans la vision chrétienne ». Les représentants des Églises orthodoxe et catholique ont toujours relayé les alertes scientifiques sur le changement climatique. Paul VI, lors de l’ouverture de la toute première conférence des Nations-Unies sur l’environnement à Stockholm, en 1972, déclarait déjà : « « Tout ce que Dieu a créé est bon », écrit l’Apôtre saint Paul (1 Tim. 4,4), faisant écho au texte de la Genèse relatant la complaisance de Dieu en chacune de ses œuvres. Régir la création signifie pour la race humaine non la détruire mais la parfaire ; non transformer le monde en un chaos inhabitable mais en une demeure belle et ordonnée dans le respect de toute chose. »

Lorsque le patriarche œcuménique Dimitrios Ier invite les chrétiens à observer une journée de prière pour la sauvegarde de la Création, le 1er septembre 1989, l’archevêque de Constantinople indique que l’homme a été créé « dans le but d’élever la création vers son Créateur ».

Par la suite, le pape Jean-Paul II s’est aussi saisi de la question. Il définit les « devoirs à l’égard de la nature et du Créateur » comme « partie intégrante » de la foi chrétienne (3). Ces dernières années, François, comme ses prédécesseurs, a mis l’accent sur l’éducation à la responsabilité écologique, c’est-à-dire considérer l’homme comme faisant partie de la nature. « Saint François d’Assise chante ses frères et ses sœurs (Le Cantique des créatures) non pas parce qu’ils ont été créés par un même Dieu, mais parce que Dieu en Jésus-Christ, notre frère, appelle toutes ses créatures à une nouvelle destinée (LS 66) », explique le frère Marie-Benoît Bastier, coordinateur général de l’Académie pour une écologie intégrale. Dans son encyclique, le pape François appelle à dépasser la relation conflictuelle entre l’être humain et la nature, « cela implique une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature » (LS 67). « C’est là un point important par rapport aux écologistes qui imaginent un retour à un Eden possible sur terre, indique le frère Marie-Benoît. La foi chrétienne nous invite à croire à un avenir transformé, non restauré. »

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(1) La paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la création, n° 14, 1er janvier 1990

(2) Il a aussi participé à la rédaction de Penser l’écologie dans la tradition catholique, Genève, Labor et Fides (sous la direction de Fabien Revol), 2018, 408 p, 22 €.

(3) La paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la création, n° 15

Un guide de célébration est disponible sur seasonofcreation.org/fr/celebration-guide-fr/