Vu au Sud - Vu du Sud

L'Afrique de l'Ouest
maintient une croissance insolente

Un fermier ivoirien cultive son champ de riz à Agboville, dans le sud de la Côte d'Ivoire.
© ©ISSOUF SANOGO/AFP

Les pays de l'UEMOA devraient connaitre une croissance économique record en 2019, selon la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest : 6,8 % attendus. Le dynamisme des services et des activités commerciales et industrielles expliquent cette bonne croissance.

Cela fait déjà cinq années consécutives que la croissance dépasse les 6% dans les huit pays de l'UEMOA et 2019 ne dérogera pas à la règle, puisque la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest estime que l'on va même frôler les 7%. Alors que l'Afrique centrale peine à sortir de la crise pétrolière de 2014, et que l'Afrique australe pâtit du marasme sud-africain, l'Afrique de l'Ouest, elle, continue de s'envoler.

L'UEMOA est la zone du continent la plus dynamique. La richesse par habitant progresse sensiblement dans des pays comme le Sénégal et la Côte d'Ivoire pour se rapprocher de celle des pays d'Afrique de l'Est. La Côte d'Ivoire est toujours la locomotive de la région avec une croissance en 2018 de 7,5%. Elle n'est dépassée sur le continent que par l'Ethiopie.

Ces résultats et ces perspectives sont d'autant plus spectaculaires que les cours des matières premières ne sont pas tous à la hausse. Hormis le coton, le café et le cacao subissent toujours des pressions baissières. C'est en fait le dynamisme de services, des activités commerciales et industrielles qui tirent les résultats économiques de ces pays. Le secteur extractif, notamment celui de l'or, joue aussi un rôle moteur.

Mali : IBK et Soumaïla Cissé à la recherche
d’un « mode opératoire pour pouvoir avancer »

| Par - à Bamako

Pour parvenir à un dialogue entre pouvoir et opposition et sortir le pays de la crise, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé se sont une nouvelle fois rencontrés le 5 mars, précisant un peu plus leurs méthodes.

Deux rencontres en l’espace d’une semaine. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et Soumaïla Cissé se sont une nouvelle fois entretenus, le 5 mars à Koulouba, après leur tête-à-tête du 26 février. Arrivé à 21 heures dans un bureau du palais présidentiel, le chef de file de l’opposition n’en est ressorti que deux heures plus tard. Au centre des discussions : « décrisper » le climat politique du pays, à quelques mois des réformes politiques et constitutionnelles prévues.


>>> À LIRE – Mali : après la rencontre entre IBK et Soumaïla Cissé, vers un apaisement entre pouvoir et opposition ?


« La rencontre s’est déroulée dans une atmosphère très cordiale. À la fin de leur entretien, le président a raccompagné Soumaïla Cissé jusqu’à la porte », a indiqué à Jeune Afrique un membre de l’entourage du président, sous couvert d’anonymat.

Nous sommes convaincus qu’il faut un dialogue élargi à l’ensemble des forces vives du pays

Répartition des tâches

Comme lors de leur première rencontre, Soumaïla Cissé et IBK ont essentiellement parlé du Mali, de leurs préoccupations et des défis du pays. « Nous avons revisité les hypothèses que nous avions faites » le 26 février, a déclaré le chef de file de l’opposition dans une vidéo postée sur les réseaux en ligne de son parti, l’Union pour la république et la démocratie (URD). « Nous avons essayé de trouver un mode opératoire pour pouvoir avancer, je crois que c’est le plus difficile. Nous sommes convaincus qu’il faut un dialogue élargi à l’ensemble des forces vives du pays », a-t-il ajouté.

Pour cela, les deux hommes se sont visiblement partagés la tâche. IBK, qui a déjà rencontré il y a quelques jours l’ancien Premier ministre Soumana Sacko, va continuer à rencontrer les chefs de partis politiques et anciens Premiers ministres. Soumaïla Cissé, quant à lui, s’est déjà entretenu avec les anciens chefs d’État Moussa Traoré et Dioncounda Traoré, et a eu « un échange téléphonique très long » avec Amadou Toumani Touré (ATT). Le 6 mars, il rencontrait également l’ancien président Alpha Oumar Konaré. « Toutes ces rencontres se font en tête-à-tête, cela veut dire qu’il est question de décisions importantes en vue de mener les réformes politiques et constitutionnelles », analyse Baba Dakono, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS).

Dans l’opposition comme la majorité, le temps est plutôt aux réjouissances au vu de cette « nouvelle dynamique » politique. « Nous nous réjouissons. Cette crise politique était en réalité due à la gestion peu rationnelle des acteurs dans ce dossier, et il faut la rationaliser pour le Mali », a estimé Sambi Touré, secrétaire à l’information du Rassemblement pour le Mali (RPM) d’IBK.

Vers un remaniement ?

Dans la capitale, une partie de la presse malienne et les réseaux sociaux a déjà commencé à évoquer un remaniement ministériel avec une ouverture à l’opposition. Ces derniers parlent également d’un changement de Premier ministre, dont le départ de l’actuel, Soumeylou Boubèye Maïga, a été demandé par des leaders religieux lors d’un grand rassemblement le 10 février à Bamako. « Il y a des défis importants et il faut les circonscrire le plus rapidement possible, a indiqué Soumaïla Cissé. Cela passera certainement par le choix d’une personnalité qui va pouvoir aider à orienter les équipes pour pouvoir se parler franchement, afin que nous nous sentions tous concernés par les difficultés qui essuient le pays aujourd’hui ».

Quelle que soit la personnalité choisie par le président, nous la soutiendrons

La majorité présidentielle ne voit aucun inconvénient à cela. « C’est le président de la République qui définit le profil de son Premier ministre et c’est à lui de juger s’il est nécessaire de changer ou non son chef de gouvernement. Qelle que soit la personnalité choisie par le président, nous la soutiendrons », assure Sambi Touré.

L’objectif des deux hommes politiques est la réussite des réformes politiques et institutionnelles, alors que selon le projet de calendrier électoral du gouvernement, les législatives couplées au référendum sont prévues pour le 9 juin.

Deux plans possibles

Dans les prochaines semaines, voire les mois, la dynamique de décrispation du climat politique pourrait conduire à l’une de ces deux hypothèses. « On peut s’attendre à un gouvernement d’union nationale qui est en réalité un partage de gâteau et qui va apaiser les esprits à court terme, mais sur le long terme la population risque d’être confortée à cette idée que les hommes politiques s’occupent en réalité d’eux-mêmes, explique Baba Dakono, chercheur à l’ISS. La deuxième hypothèse, serait la mise en place d’un cadre de concertation ouvert à tous les acteurs, y compris la société civile. C’est la meilleure option car ce cadre est moins coûteux pour l’État et il permettra de trouver rapidement un consensus sur les réformes politiques institutionnelles ».

Une chose est sûre, les Maliens, déjà éprouvés par plusieurs années de crise sécuritaire, désirent un climat politique apaisé pour que les solutions trouvées puissent être « partagées et acceptées par tous ». Soumaïla Cissé et IBK ont de nouveau prévu de se rencontrer le 6 mars au soir « pour mettre en commun l’ensemble des informations pour un mode opératoire qui peut fonctionner à la satisfaction de tout le monde », a affirmé Soumaila Cissé dans son message vidéo.

La Côte d’Ivoire en passe d’éradiquer
la «maladie du sommeil»

La mouche tropicale tsé-tsé est porteuse de la maladie, mortelle, du sommeil.
© Anthony Bannister / Getty Image

La Trypanosomiase humaine africaine (THA), plus connue sous le nom de « maladie du sommeil » n’existe qu’en Afrique. Elle est provoquée par un parasite et transmise par la piqure de la fameuse mouche tsé-tsé. Souvent mortelle, elle provoque des troubles du sommeil, des troubles du comportement, parfois des accès de violence. La Côte d’Ivoire est le premier pays à avoir lancé un programme d’élimination de cette maladie tropicale négligée qui pourrait être éliminée comme problème de santé publique d’ici un an selon les chercheurs. Entre 2015 et 2018, seulement huit cas ont été identifiés. L’an prochain, le pays présentera donc sa demande de validation à l’OMS, mais comme dans une course de fond, les derniers mètres sont les plus difficiles.

La maladie du sommeil pourrait bientôt n’être qu’un lointain souvenir pour la Côte d’Ivoire. Les chercheurs s’estiment à deux doigts d’éliminer la maladie grâce à des années de lutte appuyée de manière continue par la recherche scientifique et l’Etat.

« C’est cet appui de la recherche qui a toujours permis à la Côte d’Ivoire de bénéficier des outils les plus performants, avec des pièges - bleu et noir -, qui sont des pièges attractifs. Et les mouches se posent sur ce piège, elles s’imprègnent d’insecticide et elles sont donc tuées. C’est ce fameux bleu qui développe une attractivité très forte pour les glossines. C’est en Côte d’Ivoire, aussi, qu’on a mené des recherches sur les attractifs olfactifs, et donc, dans les pièges noir et bleu on rajoute des petits sachets qui sont remplis d’odeur et qui attirent aussi les mouches tsé-tsé », explique Vincent Jamonneau, chercheur et coordonnateur du projet d’élimination de la THA depuis l’institut Pierre Richet de Bouaké.

Maintenir la prévention et la communication

Des techniques diffusées à travers tout le continent. Mais lorsqu’on touche au but, il faut redoubler d’efforts pour Vincent Jamonneau : « Il y a toujours ce défi de dépister encore ces derniers cas. Les populations ne ressentent plus la maladie comme étant une menace. Donc il y a un gros effort de communication et de sensibilisation à faire. Après, il y a une autre difficulté, un autre défi, qui est la pérennité des financements, dans un contexte où il y a beaucoup moins de cas. Cela devient de plus en plus difficile de convaincre des bailleurs de fonds. »

Les recherches se concentrent maintenant sur les possibles « réservoirs cachés » : les porteurs sains d’une part, mais aussi des animaux comme le porc ou l’agouti. « Il s’agit de ne pas répéter les erreurs du passé », conclut Vincent Jamonneau. La maladie que l’on pensait éliminée dans les années 1960 a brutalement resurgi quelques années plus tard.

A (RE)LIRE → Côte d'Ivoire: la maladie du sommeil recule toujours un peu plus en Afrique

Burkina: retour à l'atelier pour la statue de Sankara, pas assez ressemblante

La statue géante de Thomas Sankara, inaugurée samedi 2 mars à Ouagadougou, a été recouverte d'un tissu pour faire taire les polémiques sur son peu de ressemblance avec le père de la révolution burkinabè.
© ISSOUF SANOGO / AFP

Au Burkina Faso, quelques jours après son inauguration, la statue géante du capitaine Thomas Sankara a été recouverte d'un tissu. Suite à la polémique sur la non ressemblance de l’œuvre avec le père de la révolution burkinabè, le comité international Mémorial Thomas Sankara avait, au cours d’une conférence de presse, demandé pardon aux populations et avait promis des corrections dans un délai de deux mois. Depuis lundi dernier, les sculpteurs sont de retour dans leur atelier.

Dans son atelier, Jean-Luc Bambara, auteur de la première statue qui a donné lieu à polémique, et son équipe sont à l’œuvre depuis quarante heures. Une douzaine de photos du capitaine Thomas Sankara, présenté sous différents profils, sont affichées sur un tableau.

Aucun détail ne sera négligé, rassure Jean-Luc Bambara. « Nous nous sommes retrouvés dans l'atelier pour tenir compte de toutes les suggestions et avis qui ont été émis pour sortir quelque chose qui soit conforme à l'attente. »

Ici, la pâte à modeler est préparée. Là, une équipe apporte des retouches à une première mouture. En face, une deuxième équipe entame le modelage d’un nouveau buste du capitaine Thomas Sankara. « Moi, je suis designer et peintre et j'apporte ma pierre pour que l'on puisse redresser la barque. Nous avons tous la même approche », nous explique un collaborateur.

D’ici quelques jours, les sculpteurs entendent présenter leurs propositions à un comité technique, explique encore Jean-Luc Bambara. « Nous travaillons sur plusieurs fronts pour soumettre plusieurs propositions à une équipe technique de critiques avertis, avant de l'exposer au grand public. »

Une fois validée, la nouvelle statue sera finalisée et prendra place sur le site du Mémorial Thomas Sankara.

► Le site du Mémorial Thomas Sankara

A (ré)écouter: Mort de Thomas Sankara: «L'enquête a été relancée, l'instruction est déjà bien avancée»

Réélection de Macky Sall au Sénégal :
ses adversaires contestent
mais renoncent à un recours

Réservé aux abonnés | | Par et

Alors que la Commission nationale de recensement des votes a proclamé Macky Sall vainqueur au premier tour, ses quatre concurrents viennent d'annoncer qu'ils ne déposeraient pas de recours devant le Conseil constitutionnel, bien qu'ils contestent les résultats.

Une heure plus tard, on apprenait que les quatre adversaires de Macky Sall renonçaient à toute prolongation. Dans le jardin de sa résidence du Point E, à Dakar, son principal challenger, Idrissa Seck, a donné lecture d’une courte déclaration cosignée quelques heures plus tôt par Ousmane Sonko, Issa Sall et Madické Niang.

« Nous rejetons fermement et sans aucune réserve ce résultat. Nous ne ferons aucun recours devant le Conseil constitutionnel », a déclaré l’ancien Premier ministre, assis autour d’une table en verre, entouré par son ancien lieutenant Thierno Bocoum (Agir) et par Moussa Tine, un collaborateur de l’ex-maire de Dakar Khalifa Sall. « Force est de constater que le candidat sortant a confisqué la volonté du peuple souverain et sera seul à assumer les conséquences face au peuple et face à l’histoire. »

Complot au profit de Macky Sall ?

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Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

L’élection présidentielle 2019 ne connaîtra donc pas de second tour, contrairement à ce qu’annonçait ces derniers jours l’opposition. Car depuis dimanche soir, 24 février, les deux poursuivants de Macky Sall – Idrissa Seck et Ousmane Sonko – semblaient ne pas en démordre : d’après leurs propres calculs, le chef de l’État serait en effet en-deçà de la barre fatidique des 50 %.

Au soir du scrutin, alors que les bureaux de vote venaient de fermer, leur contestation des premières tendances a distillé au Sénégal une ambiance délétère. Second tour ou pas ? Pour l’opposition, quiconque laissait entendre que les chiffres encore parcellaires évoqués par les médias nationaux – parfois eux-mêmes repris par des médias internationaux – accréditaient la thèse d’une victoire de Macky Sall au premier tour étaient d’office complices d’un complot destiné à favoriser la réélection du chef de l’État.


>>> À LIRE – Présidentielle au Sénégal : « L’opposition est unanime, il n’y a pas de possibilité de victoire au premier tour »


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Manon Laplace pour JA

Le régime a manœuvré pour nous priver d’un second tour

Le 27 février, à la veille de l’annonce des résultats provisoires, les membres de la coalition Idy 2019 semblaient en ordre de marche. « Nous organisons la riposte. Ce n’est pas prématuré parce que nous savons bien que les résultats qui seront annoncés demain iront dans le même sens que ceux donnés par le Premier ministre dimanche, annonçant la réélection de Macky Sall au premier tour. Le régime a manœuvré pour nous priver d’un second tour qui, selon nos calculs, est incontestable. Nous ne pouvons pas laisser faire ça », clamait ainsi Malick Gakou, président du Grand Parti et soutien d’Idrissa Seck.

Anticipation d’une défaite annoncée ? « Non ! Mais l’opposition est sûre qu’elle sera déclarée perdante, c’est la raison pour laquelle elle s’organise déjà. Nous sommes certains que les chiffres seront manipulés. Ce n’est pas un aveu de défaite mais la certitude que ce vote sera confisqué ».

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Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Nous voulons croire que les institutions feront leur devoir

Le Pastef d’Ousmane Sonko, lui, se montrait plus prudent. « Nous ne souhaitons pas danser plus vite que la musique. Imaginez que nous déclarions dès aujourd’hui [27 février] que les élections sont truquées et que d’ici la fin de la semaine, le Conseil constitutionnel valide les véritables résultats ! Nous sommes des républicains : nous voulons croire que les institutions feront leur devoir », assurait mercredi un proche collaborateur du candidat arrivé troisième, en décalage avec les propos de son leader, qui, dès le soir du premier tour, avait appelé les Sénégalais à faire barrage à Macky Sall en cas de « confiscation du vote ».

Du côté gouvernemental, la victoire annoncée de Macky Sall se basait sur les procès verbaux des commissions départementales de recension des votes (CDRV), distillés au compte goutte depuis lundi.

Compilées par les médias sénégalais, et notamment par l’Agence de presse sénégalaise (APS), ceux-ci désignaient Macky Sall vainqueur au premier tour, sans l’ombre d’un doute. Un secret de Polichinelle que les médias se sont abstenus de rendre public prématurément, dans un contexte politique hautement inflammable.

Des bureaux témoins aux résultats contradictoires

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Sylvain Cherkaoui pour JA

Dans les rangs de l’opposition, il était plus délicat de comprendre sur quels chiffres s’appuyaient Idrissa Seck et Ousmane Sonko à l’appui de leur revendication d’un second tour qu’ils jugeaient « inévitable ». Les 26 et 27 février, Jeune Afrique a tenté, sans grand succès, d’obtenir des responsables de leurs états-majors respectifs des explications à ce sujet.

Ndaouda Sall, adjoint à la commission électorale d’Idrissa Seck, a supervisé le cumul des résultats, basé sur la compilation de plus de 13 000 procès verbaux émanant des bureaux de vote. Ce travail, assurait-il à Jeune Afrique, créditerait Macky Sall de 46,68 %, la coalition Idy 2019 de 27,68 % et Ousmane Sonko de 19,57 %.

Mercredi 27 février, alors que la CNRV finissait d’examiner les procès verbaux des départements, il nous confiait : « Au-delà de nos propres calculs, nous nous sommes appuyés sur les résultats des bureaux témoins du ministère de l’Intérieur. Et leurs résultats donnent moins de 47 % à Macky Sall. S’il y a eu des manipulations, elles sont intervenues entre les bureaux de votes et les commissions départementales. »

Dans le camp présidentiel, rien n’est moins sûr. Le 24 février, un document émanant du ministère sénégalais de l’Intérieur compilait en effet les estimations de 613 de ces 711 bureaux de vote témoins (soit 86,22 %). En vertu de ces résultats, Macky Sall atteignait 60,67 % des suffrages.

Aucune contestation

« Il y a eu des substitutions de PV entre les bureaux de vote et les commissions départementales », clamait mercredi un proche d’Idrissa Seck. L’opposition a-t-elle, en ce cas, posé des réclamations devant la CNRV ?

« Tout le monde dispose des mêmes procès verbaux, remarque l’ancienne Première ministre Aminata Touré, directrice de campagne de Macky Sall. Les opposants font de l’intox à grande échelle pour rester dans leur logique d’exigence d’un second tour. C’est ce qu’Abdoulaye Wade faisait à l’époque, quand il était dans l’opposition. »


>>> À LIRE – Présidentielle au Sénégal : « Les grands partis sont en train de mourir »


Du côté des concurrents arrivés bons derniers, les avis étaient partagés, ne permettant pas d’y voir plus clair. « Nous n’avons pas encore reçu de mot d’ordre bien précis, mais si Idrissa Seck et Ousmane Sonko appellent à manifester, nous les suivrons », annonçait à Jeune Afrique, à la veille de l’épilogue, un membre de l’équipe de Madické Niang. « Nous avons tout à craindre quant aux résultats de la CNRV. Nous allons vers une période post-électorale difficile », ajoutait-il.

Un collaborateur du Parti pour l’unité et le rassemblement, d’Issa Sall, se montrait, lui, plus mesuré.  « Les résultats que nous avons compilés ne présagent plus d’un second tour », nous confiait un proche collaborateur d’Issa Sall, lapidaire, deux jours après le vote. Dans un document du PUR que JA a pu consulter, les calculs donnent Macky Sall vainqueur, à près de 59 %.

La décision collective des quatre opposants de renoncer à tout recours met donc un terme à cette élection atypique, dont les candidats se comptaient sur les doigts d’une main et dans laquelle les principaux partis historiques du pays – le PS, l’AFP et le PDS – étaient absents.