Vu au Sud - Vu du Sud

Législatives au Bénin : peu d'électeurs aux urnes
et des incidents dans le Nord

«Nous sommes au chômage technique», reconnaît le président du bureau de vote numéro 3 de l'école primaire publique d'Ouenlinda.
© RFI/Carine Frenk

Au Bénin, pays réputé pour être un exemple de démocratie en Afrique de l'Ouest, les électeurs étaient appelés aux urnes dimanche 28 avril pour élire leurs députés lors d'un scrutin historique où l'opposition n'a pas été autorisée à se présenter. Une situation inédite qui s'est ressentie dans les bureaux de vote.

A Cotonou, comme à Porto Novo, il n'y a pas eu affluence dimanche pour les élections législatives, ont pu constater nos journalistes sur le terrain. Un constat que le dépouillement a confirmé par endroits.

Les estimations nationales des observateurs et de la Commission électorale nationale autonome (Cena) sont toujours attendues. Ni l’opposition ni le pouvoir ne diffusent encore de résultats mais on s’attend à une guerre des chiffres sur le taux de participation, un des enjeux majeurs de ce scrutin.

Malgré les incidents, « le vote s’est globalement bien déroulé », estiment les autorités

Dans une courte déclaration dimanche soir, le ministre de l’Intérieur a affirmé que malgré des incidents enregistrés dans sept villes du pays, « le vote s’est globalement bien déroulé ». Sur les violences, Sacca Lafia a indiqué que « les auteurs et les commanditaires des troubles et des actes de violence seront poursuivis ».

Si à Cotonou, il n’y a pas eu d’incidents majeurs, en revanche, la journée a été chaude au Nord, avec de violentes manifestations qui ont empêché le déroulement du vote à Tchaourou-centre, ville natale de l’ancien président Boni Yayi. A Parakou, la plus importante ville du Nord, des jeunes très mobiles sont passés dans plusieurs bureaux de vote pour saccager les urnes ou les brûler. Glazoué et Savè, deux villes des Collines, ont également été secouées par des violences. Six personnes auraient été arrêtées à Glazoué, selon des sources.

Dépouillement à l'école Avakpa de Porto Novo après les législatives du 28 avril 2019. © RFI/Carine Frenk

Le ministre de l'Intérieur a par ailleurs admis la faible affluence observée et expliqué que les menaces proférées contre les citoyens qui se rendaient aux urnes via les réseaux sociaux ont eu un effet de dissuasion.

Même constat du côté du président de la Commission électorale nationale autonome (Cena). Pour lui, malgré les violences, le bilan de cette journée de vote est néanmoins plutôt positif.

A part ces localités où il y a eu des incidents, sur le reste du territoire national le vote s'est bien passé.

La Cena promet les premières tendances pour mardi.

« Parodie d'élection »

Tous les leaders de l’opposition qui ont appelé au boycott ont boudé le vote. Aucun d’eux ne s’est déplacé.

Pour Donklam Abalo, le porte-parole de l'Union sociale libérale (USL), un parti d'opposition, il s'agit d'« une parodie d'élection ». Et pour lui, « le peuple l'a compris puisque l'appel lancé au boycott lancé par toute l'opposition a été largement suivi ».

Désormais, explique-t-il, l'opposition attend de voir comment le pouvoir va gérer cette situation. « Même si des députés venaient à sortir de ces élections, ce serait des députés illégitimes, insiste-t-il, parce que le peuple n'a pas validé cette élection. »

Internet coupé

Dès la veille du scrutin, des problèmes d'accès à Internet avaient été constatés  réseaux sociaux ou services de messageries quasiment inaccessibles. Des dysfonctionnements qui se sont transformés en blocage complet le jour du vote, sans préavis ni message des autorités.

La crainte de troubles est-elle à l'origine de cette coupure ? L'organisation Internet sans frontières a en tout cas confirmé que les deux opérateurs téléphoniques du pays avaient reçu l'ordre des autorités de couper l'accès aux données mobiles. Dimanche soir, même les communications téléphoniques à l'international n'étaient plus possibles.

Eric Houessou, président de l'Association béninoise pour la défense du consommateur se dit choqué par cette coupure inédite.

Je n'ai jamais vu ça. Depuis que les élections ont commencé au Bénin, je n'ai jamais vu un pouvoir en place couper l'Internet.

Ce n'est que peu après minuit que l'accès à Internet a été rétabli.

Peu de tampons sur les listes d'émargement au moment du décompte des électeurs du bureau de l'école d'Avakpa à Porto Novo, ce dimanche soir. © RFI/Carine Frenk

Cours d'école désertes

Au moment du dépouillement à Porto Novo, c'était le même constat que tout au long de la journée. D’ordinaire au Bénin, les électeurs viennent très nombreux pour assister à cette étape cruciale d’un processus électoral. Ce sont des moments de vigilance, des moments où l’on vérifie que chaque voix est bien comptabilisée, qu’un bulletin n’est pas injustement annulé.

Dimanche soir dans la capitale administrative, rien de tout cela. Seulement une poignée de citoyens s’était déplacée. Parmi eux, certains ont boycotté le scrutin, mais ils viennent s’assurer que personne ne « gonfle le taux de participation », comme ils disent.

Pour le reste, c’est l’indifférence quasi générale. « Bloc républicain ou Union progressiste, quelle est la différence, tous sont des enfants de notre président », explique un partisan de l’opposition.

La cour de l'école d'Avakpa déserte à l'heure du vote, ce dimanche 28 avril. © RFI/Carine Frenk

La tension très forte dans la matinée est retombée au fil de la journée. Aucun trouble n’a été signalé à Porto Novo. Le dispositif sécuritaire était discret. Et c'est cette image qui reste dans les esprits : celle des cours d’école désertées. « J’ai 50 ans, je n’ai jamais vu ça, je dois le reconnaître », confiait un électeur.

Dans le bureau de vote numéro 1 de l’école d’Avakpa : sur 409 inscrits, on compte 46 votants.

Négociations politiques au Mali:
document contre document

Vue de Bamako, la capitale du Mali, le 9 août 2018.
© REUTERS/Luc Gnago
 

Ce lundi, cela fait exactement une semaine qu'un nouveau Premier ministre a été nommé au Mali, et toujours pas de nouveau gouvernement. En fait, Boubou Cissé poursuit les négociations, les rencontres, pour obtenir un gouvernement dans lequel toute la classe politique, majorité, opposition, société civile et groupes armés auront leur place. Ce week-end, il a multiplié les contacts, notamment avec l'opposition.

Un gouvernement d’unité nationale, une équipe inclusive, le nouveau Premier ministre malien en rêve. Pour y parvenir, il rencontre du monde, notamment les deux principaux regroupements de l’opposition.

Boubou Cissé est de nature très modeste et cela facilite les discussions, confie un responsable de l’opposition malienne. D’après nos informations, il a déjà rencontré, plutôt discrètement, au moins deux opposants.

Sur la table, un premier document intitulé « Accord politique et feuille de route ». En deux pages, l’opposition y pose ses conditions pour participer à un gouvernement de consensus.

Dialogue national inclusif, partage de responsabilités, quotas de ministres de la majorité et de l’opposition à déterminer figurent notamment en bonne place dans les propositions faites par l’opposition.

De son côté, le pouvoir malien a adressé à l’opposition, ce dimanche, un document intitulé « Projet de protocole d’accord politique ». Si le document revoit plutôt à la baisse les demandes ou exigences de l’opposition, il peut constituer une base de discussion, reconnaît le leader d’un parti d’opposition.

Côte d’Ivoire : Guillaume Soro peut-il rebondir ?

| Par - à Abidjan

Redevenu simple député, l’ex-président de l’Assemblée nationale est isolé. Pourtant, il ne semble guère disposé à s’effacer. Dans sa ligne de mire, la présidentielle de 2020. Enquête sur un ambitieux contrarié que Jeune Afrique a rencontré en exclusivité près de Bouaké.

La nuit n’est pas encore tombée sur la petite ville de Dabakala, située au nord-est de Bouaké. Détendu, en boubou et babouches blanches, Guillaume Soro s’accorde un moment de répit. En ce 14 avril, dimanche des Rameaux, il a pris ses quartiers dans une maison mise à sa disposition par le fils d’un notable de la commune. C’est là qu’il nous reçoit. Une table, une télévision, quelques fauteuils et un canapé de cuir… Le confort est rudimentaire. Dans la cour, les hommes chargés de sa sécurité installent des tentes à motif camouflage donnant à l’endroit de faux airs de campement militaire.

Un peu plus de deux mois après avoir démissionné de la présidence de l’Assemblée nationale, le 8 février, Guillaume Soro a pris le large, fuyant le brouhaha et l’agitation médiatique de la capitale économique ivoirienne, où il n’a plus remis les pieds depuis le 25 mars. Il a délaissé sa villa cossue de Marcory pour le charme parfois rugueux des petites maisons de province, et troqué ses habituels cigares contre une bonne vieille pipe. « Abidjan, c’est fini ! » s’amuse-t-il.


>>> À LIRE – Le procès du putsch manqué au Burkina, une épée de Damoclès au-dessus de Guillaume Soro


Un périple aux airs de précampagne

Entouré d’une vingtaine de personnes, anonymes, conseillers ou communicants, Guillaume Soro sillonne depuis bientôt trois semaines les pistes cabossées du département de Dabakala, producteur d’anacarde et de coton. Il a visité des villages où l’on manque de tout, dormi parfois à la belle étoile sur un matelas gonflable, offert des sacs de ciment pour achever la construction d’une mosquée ou d’une école, et même lancé les travaux de forage de plusieurs puits, le tout sous l’œil des caméras de ses équipes.

Il a beau protester de la spontanéité de sa démarche, le périple a des airs de précampagne

« À l’origine, je ne comptais pas faire de tournée. Je voulais aller en brousse pour terminer mon programme de société, explique-t-il. Mais après avoir visité quelques localités, je me suis pris au jeu et j’aime ça. » Il a beau protester de la spontanéité de sa démarche, le périple a des airs de précampagne et il fait peu de doute qu’il est en train de tester sa popularité dans le nord de la Côte d’Ivoire. Chaque fois, il s’applique à pointer les défaillances du gouvernement, comme pour montrer au président Alassane Ouattara qu’il a eu tort de l’écarter et prouver, à ses adversaires comme à ses soutiens, qu’il existe encore.


>>> À LIRE – Côte d’Ivoire : Guillaume Soro, l’ambigu


« Si tu veux diriger un pays, il faut le connaître parfaitement. J’ai dormi avec vous, je vous ai touchés, je connais désormais vos problèmes. Ce que j’ai vu, c’est un peuple oublié par la République », lance-t-il, ce 14 avril, devant les habitants du village de Satama-Sokoro. Celui qui fut le président de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) de 1995 à 1998 retrouve ses accents de tribun.

Tour à tour blagueur et proche des gens, il appuie sur la fibre nordiste et le souvenir de la rébellion, sans oublier de se poser en victime du régime… « Si Dieu sait que le combat que nous avons mené a contribué à faire en sorte qu’Alassane soit président de la République et qu’en guise de reconnaissance il nous chasse, Dieu saura rétablir la vérité. Qu’est-ce que je lui ai fait qui ne puisse être pardonné ? On nous dit de garder le pouvoir. Mais comment va-t-on le garder si le Nord chasse le Nord ? […] Ce n’est pas Laurent Gbagbo, mais Alassane qui m’a mis au chômage, Alassane qui m’a chassé de la primature. » Pas de doute : la présidentielle de 2020 approche, et la bataille pour le contrôle du Nord a bel et bien commencé.

A-t-il présumé de ses forces ?

À Abidjan, Guillaume Soro n’inquiète plus. Dans les cercles du pouvoir, l’on est persuadé de l’avoir neutralisé en le privant de tribune politique et l’on suit, mi-amusé mi-circonspect, ses tribulations en brousse. « On en a fini avec lui », a récemment prétendu un important ministre.

« Soro n’est pas le premier à avoir quitté Alassane Ouattara, ajoute un proche du chef de l’État ivoirien. Adama Coulibaly ou Zémogo Fofana [deux anciens barons du Rassemblement des républicains exclus du parti à la fin des années 1990] l’ont fait avant lui, mais personne ne les a suivis. Trahir Ouattara, cela se paie. Et que pèse vraiment Soro dans le Nord face au président ? La base demeure fortement attachée à Ouattara. Soro a présumé de ses forces. Le résultat des élections locales le montre bien. »

Lors des scrutins municipaux et régionaux du 13 octobre 2018, Soro avait soutenu un peu moins de 50 candidats. Certains l’ont emporté, mais plusieurs de ses lieutenants, comme Alain Lobognon, à Fresco, ou Sindou Meïté, à Abengourou, ont mordu la poussière.

« En interne, nous avons été plutôt satisfaits, assure un conseiller de l’ancien président de l’Assemblée nationale. Notre objectif était d’évaluer notre implantation. Il y avait des endroits où nous voulions gagner, d’autres où le but était simplement de tâter le terrain. Et puis Soro a autorisé plusieurs de ses proches à se présenter sous la bannière du RHDP [Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix]. Ils se dévoileront en temps voulu. Au final, notre seule vraie déconvenue est celle d’Alain Lobognon. »

Guillaume Soro ne nie pas traverser une période difficile. Il a bien conscience que des nuages se sont amoncelés au-dessus de sa tête et ont obscurci son horizon politique. L’actuel procès du putsch manqué au Burkina Faso en 2015, qui continue d’altérer son image. Ou ces mutineries de 2017 dans lesquelles Ouattara et son entourage sont persuadés qu’il a joué un rôle – ce que Soro dément, bien qu’un stock d’armes ait été découvert dans une villa appartenant à son directeur du protocole. C’est en tout cas après ces événements que les ponts ont définitivement été rompus.


>>> À LIRE – Côte d’Ivoire : la forteresse de Guillaume Soro


Éloigné du cœur du pouvoir

Secrétaire général de la Fesci à l’âge de 23 ans, chef rebelle à 30, ministre d’État à 31, Premier ministre à 34, président de l’Assemblée nationale à 39, il a vu son ascension brusquement stoppée. À 47 ans, le voici redevenu « simple » député de Ferkessédougou.

Un temps persuadé qu’il serait le successeur désigné d’Alassane Ouattara – il assure qu’on le lui a promis –, il doit maintenant batailler pour se faire une place. S’il n’a pas voulu intégrer le parti unifié, c’est un peu par instinct de survie. Certains de ses proches l’y ont incité, mais Soro a craint une manœuvre pour le museler. Pendant deux ans, il a assisté au limogeage de plusieurs de ses camarades. En 2017, Issiaka Fofana a dû quitter la tête de la Lonaci, la loterie nationale, et Meïté Sindou, le Secrétariat national au renforcement des capacités.

Je n’étais plus à mon aise à l’Assemblée. Alassane Ouattara se plaisait à m’humilier régulièrement

D’autres, à l’instar de Sidiki Konaté nommé ministre de l’Artisanat en juillet dernier, ont préféré prendre leurs distances quand ils ont senti le vent tourner. Quant à Soro, il a été progressivement éloigné du cœur du pouvoir, passant avec la Constitution de 2016 de numéro deux de l’État (et de dauphin constitutionnel) à numéro quatre, avant de finalement quitter le perchoir.

Une démission assumée, à laquelle il songeait depuis deux ans, mais que le chef de l’État a précipitée. Début avril, Soro a appelé Alassane Ouattara après le décès de sa belle-fille, mais jamais les relations entre les deux hommes n’ont été aussi mauvaises. L’ancien chef rebelle ne digère pas d’avoir été ainsi poussé vers la sortie. « Je n’étais plus à mon aise à l’Assemblée. Alassane Ouattara se plaisait à m’humilier régulièrement. »

Personne – pas même lui, semble-t-il – ne sait où le mènera cette traversée du désert. Mais Guillaume Soro a la peau dure et retombe souvent sur ses pattes. Il veut croire qu’il a un destin et que cette baraka qui l’accompagne depuis des années ne l’a pas quittée. « J’entends qu’à Abidjan on dit que je suis fini. On verra bien. J’ai toujours su m’adapter », avance-t-il sans que l’on puisse dire s’il est confiant ou fataliste. Soro veut « transcender les clivages ». Mais peut-on exister en dehors des trois grands partis qui façonnent la politique ivoirienne depuis bientôt trente ans ? Réussira-t-il à se défaire de cette image de rebelle qui lui colle encore à la peau ? Son message de pardon et de réconciliation sera-t-il perçu autrement que comme de l’opportunisme ?

Plusieurs fers au feu

Toutes ces questions se pressent dans la tête de Soro. Souvent présent là où on ne l’attend pas, il est passé maître dans l’art de dissimuler sa stratégie. Se présentera-t-il à la présidentielle de 2020 ? « Je prendrai ma décision après ma tournée. J’ai toujours considéré qu’une élection était une rencontre entre un homme et son peuple. Mais bien sûr que je suis très intéressé par 2020. Du reste, les populations que je rencontre me demandent [d’être candidat] », répond-il. Il semble pourtant déterminé à former son propre mouvement avec les partis qui le soutiennent déjà (le Rassemblement pour la Côte d’Ivoire, l’Union des soroïstes, l’Alliance pour le changement et l’Amicale des forces nouvelles), et à tenter sa chance au premier tour, quitte à ce que cela ne soit qu’un ballon d’essai.

A-t-il signé un accord avec Henri Konan Bédié, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire ? « Non, répond un de ses conseillers. Mais Soro lui est extrêmement reconnaissant de lui avoir sauvé la mise quand ses relations avec le pouvoir étaient tendues, en 2017, et que tout le monde avait décidé de lui couper la tête. » Et d’ajouter : « Soro veut se lancer sous ses propres couleurs, mais il veut d’abord tester la réaction des gens. L’idée n’est pas de faire 2 %. Il prendra sa décision six mois avant la présidentielle. D’ici là, il aura constitué son propre mouvement et on saura si Ouattara, Bédié ou Gbagbo sont candidats. C’est une donnée qui influencera son choix. »

Guillaume a sa propre stratégie, qu’il est souvent le seul à connaître

En attendant, il peaufine son livre-programme, qui s’intitulera sobrement La Grandeur retrouvée. Fasciné par Singapour, il lit les Mémoires de son père fondateur, Lee Kuan Yew, mais aussi ceux de Valéry Giscard d’Estaing et de Tony Blair. « Cette tournée est très instructive. Je sais d’où part la pauvreté. J’ai plein de nouvelles idées », nous dit-il. Il ne devrait pas regagner Abidjan avant juin ou juillet, au moment où se réunira l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, dont il est toujours le premier vice-président. Il s’envolera ensuite pour Paris, puis pour Harvard, aux États-Unis, où il doit suivre un doctorat de finances. « Guillaume a sa propre stratégie, qu’il est souvent le seul à connaître. Il ne faut pas le sous-estimer, conclut un homme qui le côtoie depuis près de vingt ans. Contrairement aux apparences, c’est un politique très structuré. Il sait ce qu’il fait et il a plusieurs fers au feu. En 2020, s’il n’est pas candidat, il sera du côté du gagnant. »


>>> À LIRE – Côte d’Ivoire : Ouattara-Soro, le point de non-retour


Houphouët-Boigny, cité en modèle

À l’université Harvard, Guillaume Soro a choisi de préparer une thèse portant sur les plans quinquennaux lancés par Félix Houphouët-Boigny entre 1960 et 1988. Il les a tous fait relier par ses équipes et les lit lors de sa tournée. « Je veux comprendre comment il a façonné l’État ivoirien », explique-t-il.

Burkina Faso: 6 personnes tuées,
dont 5 enseignants, dans une attaque à Maytagou

Localisation de Maytagou, au Burkina Faso.
© RFI

Six personnes, dont cinq enseignants burkinabè, ont été tuées par des hommes armés présentés comme des jihadistes vendredi soir à Maytagou, une localité située à une vingtaine de kilomètres de Comi-Yanga dans la province du Koulpélogo, dans la région du Centre-Est.

L’attaque a été menée par une dizaine d’hommes armés à moto. Ils ont fait irruption dans le village dans l’après-midi du vendredi 26 avril. Quatre enseignants ont été abattus dans la cour de l’école. Un cinquième a succombé plus tard de suites de ses blessures. Enfin un sixième enseignant a été relâché, afin que celui-ci puisse « raconter les faits », selon une source administrative.

Ce n’est pas la première fois que les enseignants de Maytagou reçoivent la visite des hommes armés. « Ils avaient déjà été menacés », souligne un responsable syndical. L’école de Maytagou, non loin de Comin-Yanga, avait fermé ses portes suite à l’insécurité.

Mais avec l’opération antiterroriste « Otapuanou » menée par les forces armées burkinabè dans les régions de l’Est et du Centre-Est, l’école avait rouvert ses portes.

Les enseignants n’étaient pas les seules cibles des assaillants. Un conseiller municipal du village a été également abattu au cours de cette incursion.

Dans un message publié sur le réseau social Twitter, le président Roch Marc Christian Kabore a condamné cette attaque et dénoncé la volonté des forces obscures de plonger le Burkina Faso dans les ténèbres. Mais, poursuit le chef d’État burkinabè « nous ne courberons pas l’échine et resterons debout ».

Algérie: dixième vendredi consécutif
de manifestations contre le régime

Dixième vendredi de manifestations à Alger.
© REUTERS/Ramzi Boudina

Les rues du centre d'Alger ont été à nouveau noires de monde vendredi, le 10e consécutif de protestation à travers l'Algérie, contre les figures du « système » restées au pouvoir après la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika.

Vendredi matin, les premiers manifestants réunis dans le centre de la capitale brandissaient des pancartes rappelant que la source du pouvoir doit être le peuple. Ce sont les fameux articles 7 et 8 de la Constitution algérienne. Ce que répètent les manifestants, c’est : « Nous voulons un changement de régime, nous voulons qu’ils partent tous ».

Il y a aussi des critiques contre les annonces d’ouverture d’enquêtes pour corruption. Certains manifestants demandaient la libération d’Issad Rebrab, le patron de Cevital. D’autres ont une banderole où ils demandaient pourquoi Saïd Bouteflika, le frère du président, n’avait pas été arrêté.

« Nous sommes désolés, Gaid Salah, ce peuple n’est pas dupe, on a dit : il faut qu’ils  partent tous ». C’est ce chant qui a résonné une bonne partie de l’après-midi dans le centre-ville de la capitale. Les manifestants ont interpellé directement le chef d’état-major, en lui demandant notamment de partir et de rendre le pouvoir au peuple.

« Le peuple veut une justice indépendante »

Cette semaine, des hommes d’affaires ont été incarcérés dans le cadre d’enquêtes préliminaires sur des affaires de corruption. Le chef d’état-major avait affirmé que cela répondait à une demande du peuple. Mais les manifestants n’étaient pas convaincus aujourd’hui. Sur plusieurs banderoles, il était écrit : « Le peuple veut une justice indépendante ». Une dame portait une pancarte demandant à ce que l’ancien ministre Amar Ghoul soit jugé pour la corruption qui entoure le chantier de l’autoroute est-ouest.

Ce pouvoir a renforcé l’incompétence, au niveau national, il a renforcé l’incompétence, les conseils communaux, ils ne sont pas élus, ils sont illégaux, les conseils communaux c’est la mafia, l’administration c’est la mafia, du wali jusqu’en bas, le wali, le chef de daira, les APC ne sont pas élues par le peuple, les APC c’est la fraude à 100%...

Reportage dans la manifestation à Alger
27-04-2019 - Par Leïla Beratto

Aperçue aussi une pancarte de solidarité avec le quartier de la Casbah, parce que cette semaine cinq personnes sont décédées dans l’effondrement de leur bâtiment. Dans la foulée, le préfet d’Alger avait été limogé et une minute de silence est prévue en mémoire de ces victimes au cours de la manifestation cet après-midi.

Enfin, il y a aussi des revendications qui sont liées à la liberté de manifester. Depuis hier, des barrages de forces de l’ordre filtrent les entrées de la capitale. Le vice-président de la Ligue de défense des droits de l’homme raconte qu’on lui a interdit d’entrer dans la ville et qu’on lui a demandé de faire demi-tour.

C'est un dispositif policier similaire aux semaines précédentes qui a été déployé dans la capitale. Et comme la semaine dernière, le tunnel des facultés, un endroit emblématique de la mobilisation, est resté bloqué par les forces de l’ordre.

En début de soirée, les rues se sont vidées à Alger. Dans les têtes de nombreux manifestants, il y a désormais le ramadan qui arrive dans une dizaine de jours. Toutes les personnes rencontrées dans la manifestation ont affirmé qu’elles poursuivront leur mobilisation malgré le jeûne.

Avant, on sortait tous les jours. Il y avait la marche des avocats, il y avait la marche des journalistes, des médecins...

Aissa Amazigh, 30 ans, militant, manifeste depuis le début du mouvement.
26-04-2019 - Par Leïla Beratto