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Niger: l’explosion d’un camion-citerne
fait au moins 58 morts à Niamey

Au Niger, un camion-citerne avec 36 000 litres d’essence s’est renversé en face d’une station d’essence à Niamey, le 6 mai 2019.
© RFI / Moussa Kaka

Au Niger, un camion-citerne avec 36 000 litres d’essence s’est renversé en face d’une station-service, à Niamey. L'accident est survenu dimanche soir dans un des quartiers les plus denses de la capitale nigérienne. Les victimes étaient venues siphonner l’essence quand l’explosion a eu lieu.

C’est un bilan macabre très lourd : 58 morts calcinés et 37 brûlés graves. Cinq véhicules qui se trouvaient à côté et 25 motos ont été brûlés par les flammes de l’explosion du camion-citerne, qui s’est renversé en face d’une station d’essence un peu avant minuit dimanche soir.

Lieu de l'accident d'un camion-citerne le 6 mai 2019 à Niamey, Niger. © RFI

L’incident s’est produit au pied du mur de l'aéroport international Diori Hamani de Niamey, un des quartiers les plus denses de la capitale. C’est en voulant se garer sur le bas-côté que le camion-citerne s’est renversé en laissant s’échapper son contenu, 36 000 litres d’essence.

L’information, qui a circulé sur les réseaux sociaux, a vite drainé une foule importante de badauds du quartier de l’aéroport, venue siphonner le carburant.

Importante mobilisation

Selon les premiers témoignages, l’explosion s’est produite une vingtaine de minutes après l’accident. L’arrivée des sapeurs-pompiers a permis de sécuriser les habitations avoisinantes. Tous les engins des sapeurs-pompiers de la ville de Niamey ont été appelés en renfort. Il en est de même des engins de l’Asecna (Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique), et toutes les ambulances disponibles des hôpitaux de Niamey qui ont convergé sur les lieux du drame.

J'ai vu la citerne en train de se renverser devant la station et prendre feu.

Le témoignage d'Ali Youssouf, le contrôleur secteur des stations Oriba
06-05-2019 - Par Marie-Pierre Olphand
 
 

Aussitôt informés, le Premier ministre et le ministre d’État chargé de l’Intérieur se sont rendus sur les lieux. Le président Mahamadou Issoufou s’est déplacé, quant à lui, à l’hôpital de Niamey au chevet des 37 brûlés.

« Une fausse manœuvre »

Le chauffeur du camion a pu échapper au feu. Il était entendu, ce lundi soir, par la police judiciaire. Un témoignage précieux pour les enquêteurs puisqu'il a manifestement assisté à toute la scène, selon des informations de source officielle.

A l'origine, pas de collision entre véhicules mais apparemment une fausse manœuvre du chauffeur qui tentait de se garer, comme l'a expliqué, à RFI, Mohamed Bazoum, ministre nigérien de l'Intérieur.

« Ce n’est pas un accident, c’est une mauvaise manœuvre. L’endroit est un peu abrupte, il [le chauffeur] a essayé certainement de se garer et il y a eu un glissement de son véhicule qui s’est renversé et a laissé échapper, par conséquent, le carburant qu’il contenait. Les populations, à côté, ont accouru pour recueillir le carburant et il y a eu un grand attroupement puis, il y a eu un motocycliste qui est arrivé et qui n’a pas éteint son moteur. Il était juste à côté du lieu où justement se sont passées les choses et c’est comme cela qu’il y a eu malheureusement une grande explosion et cette hécatombe », a-t-il souligné.

Lorsque le camion a pris feu, nous avions entendu les cris des gens en feu qui partaient dans tous les sens. La plupart sont morts en courant avec leurs habits en feu. Aucun secours n’a pu leur être apporté. C’était vraiment l’enfer cette nuit.

Niger: l'hôpital national de Niamey à flux tendu pour soigner les grands brûlés

L'hôpital de Niamey a déclenché le «Plan blanc» pour soigner les grands brûlés de l'explosion d'un camion citerne, le week-dernier.
© RFI/Moussa Kaka

Trois jours de deuil national ont été décrétés au Niger après la mort de 60 personnes dans l'explosion d'un camion-citerne, près de Niamey, dans la nuit de dimanche à lundi. L'explosion a également fait une quarantaine de blessés. Les brûlés ont été pris en charge par le service d'urgence et de réanimation de l'hôpital national de Niamey.

Le service des urgences et de réanimation de l’hôpital national de Niamey met les bouchées doubles pour sauver le maximum de brûlés.

Le professeur Ag Maman Sani Chaibou, le chef du département, nous explique : « On les a pris en charge d’emblée », et des perfusions ont été posées aux blessés

Dans ce bloc, tous sont des spécialistes de la médecine d’urgence : « Les patients que vous voyez ici sont en phase de réhydratation, on attend... et dans deux jours, on va reprendre encore le pansement sous anesthésie générale. Puis nous allons envisager la prise en charge de la troisième phase : la greffe de peau. »

Le ministre de la Santé publique, docteur Idi Illiassou Mainassara, poursuit : « Il y a des malades, des brûlés du troisième degré avec un espace corporel de plus de 50% (atteint). Tous ceux qui étaient dans des cas encore plus graves hier ont été admis au bloc immédiatement. »

En cas d’afflux massif de blessés ou de patients, l’hôpital national de Niamey dispose d’un « Plan Blanc »: en temps record, le personnel est mobilisé.


 

[Tribune] L’industrialisation du continent,
un chantier prioritaire

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Expert des systèmes financiers et fonctionnaire international

La population des villes africaines augmentera de 24 millions de personnes chaque année jusqu’en 2045. Cette tendance accroît les besoins d’infrastructures de transport, de services de santé, d’éducation, de biens alimentaires, etc.

Entre 2000 et 2015, le continent a connu le taux d’urbanisation le plus élevé du monde avec 3,5 % en moyenne. Et d’ici à 2050, 800 millions de personnes supplémentaires viendront s’établir dans les villes subsahariennes.

Pendant que la population de l’Afrique va croître de plus de 100 % entre 2010 et 2050 pour atteindre 2,5 milliards d’habitants, celle de l’Asie augmentera de 23,5 %, celle de l’Europe baissera de 2,6 %, celles de l’Amérique latine et de l’Amérique du Nord progresseront respectivement de 27 % et 29 %. Le Nigeria deviendra la troisième puissance démographique mondiale, avec 410 millions d’habitants, soit un marché presque aussi vaste que l’Union européenne, et 28 pays africains verront leur population doubler.

La démographie, une aubaine économique

Malthus a eu tort, la croissance démographique ne saurait être vue comme un danger. Cette évolution augmente le nombre potentiel de travailleurs, de consommateurs et de capitaux. La classe moyenne africaine passera de 375 à 500 millions de personnes. Mais des défis demeurent : l’endogénéisation de la croissance économique, l’amélioration de la gouvernance, notamment la gestion des ressources naturelles, la prise en compte du changement climatique, et surtout la création d’emplois durables.

Au regard des enjeux démographiques, les politiques d’industrialisation doivent promouvoir les industries qui absorbent le plus grand nombre d’actifs, qualifiés et moins qualifiés, en tenant compte des mutations technologiques. L’effort doit en premier lieu porter sur le secteur manufacturier.


>>> À LIRE – [Tribune] Transition démographique africaine : un besoin massif d’investissements européens


La productivité y est plus élevée que dans l’agriculture de rente et les industries extractives, et l’industrie manufacturière peut absorber une plus grande variété de profils. De plus, les prix des produits manufacturés ont l’avantage d’être plus stables que ceux des matières premières. Enfin, les innovations issues de ce secteur vont stimuler non seulement les progrès technologiques dans la production mais également profiter au secteur des services.

Selon les données d’Euromonitor International, le marché de la mode, par exemple, (vêtements et chaussures) en Afrique subsaharienne atteindra 31 milliards de dollars en 2050. Mais encore faut-il que les États favorisent l’industrialisation de ces produits consommés localement. On peut aussi citer les industries halieutique et cotonnière, la fabrication de meubles, les biens intermédiaires comme le textile et le cuir, l’agro-industrie, les produits pharmaceutiques, l’industrie automobile, etc.

L’industrie comme cercle vertueux

La réalité est que l’industrie africaine ne génère en moyenne que 700 dollars de PIB par habitant, moins que l’Amérique latine (2 500 dollars) et l’Asie de l’Est (3 400 dollars). Or, la productivité des industries entraîne la productivité des autres secteurs comme on le constate dans les économies industrialisées. La base des données de la Banque mondiale montre que les pays subsahariens ont vu leurs importations de biens et services en pourcentage du PIB passer de 22,7 % à 32,1 % entre 1960 et 2016 : de 7 milliards de dollars à 394 milliards de dollars. Le continent importe encore des biens dont le capital nécessaire à leur production reste dérisoire : 60 % des yaourts consommés en Afrique viennent d’Europe, 70 % de la tomate concentrée consommée en Afrique vient de Chine. De nombreux pays importent des œufs, du poulet, du riz, du lait en poudre, du miel, du papier, des chaussures, des cure-dents, etc.

De quelle technologie a-t-on besoin pour faire des jus de fruits, du concentré de tomate, des yaourts, des cure-dents, etc. ? La situation actuelle est inacceptable !

Toutefois, sur la période récente, des avancées sont porteuses d’espoir, à commencer par l’augmentation du ­commerce intra-africain passé de 50 milliards de dollars en 2005 à plus de 120 milliards de dollars en 2015. En 2016, 18 % du total des échanges de l’Afrique se sont déroulés à l’intérieur du continent, essentiellement grâce à la fluidité des échanges dans les pays d’Afrique australe. L’ambition est de faire émerger les « champions » de demain en s’appuyant sur les « champions » actuels qui eux-mêmes favoriseront l’essor d’un tissu de PME dynamiques en même temps que l’intégration régionale.

Dans le processus d’industrialisation de tous les pays industrialisés étudiés sur plus de 200 ans, on retrouve d’abord la promotion d’une politique de substitution des importations. Elle permet à la population de faire face à ses besoins fondamentaux tout en favorisant l’essor d’un secteur privé local. Il s’agit d’abord des industries légères de biens de consommation au service du marché intérieur.

Les États doivent orienter leurs efforts

Ce sont ces activités qui permettent d’absorber une main-d’œuvre abondante. Les technologies nécessaires pour ces industries sont souvent accessibles. Ensuite, il y a la promotion et la diversification des exportations qui s’appuient sur les industries locales de biens de consommation qui ont été construites. C’est à la suite de ces deux étapes que ces pays se lancent dans la promotion et le développement d’une industrie lourde en s’appuyant sur une politique de substitution aux importations. À chacune de ces phases, l’État, par des mesures directes et indirectes, favorise l’essor de champions locaux.

Pour être clair, c’est la main de l’État qui oriente l’économie. Cela passe aussi par la mise en œuvre de deux politiques phares : le développement d’un système financier domestique dynamique et la mise en place d’infrastructures modernes (énergie, transport, logements, etc.). Pour réussir, l’essor industriel de l’Afrique doit être pensé dans un cadre régional ou fédéral avec la mise en place de parcs industriels régionaux, de technopoles spécialisées, en accentuant des partenariats avec les pays industrialisés.


>>> À LIRE – La Zlec, une chance historique pour le continent


La signature par plusieurs pays africains de l’accord de la zone de libre-échange continentale (Zlec), à Kigali, le 21 mars 2018, peut, dans ce cadre, être perçu comme une avancée. Il vise à créer un marché commun de 1,2 milliard d’habitants, dont le PIB cumulé avoisinerait 3 000 milliards de dollars. Un espace où enfin les États pourraient établir des règles favorisant les échanges intra-africains au service des productions africaines.

Mali: plusieurs civils tués à Mondoro,
dans la région de Mopti

La ville de Mopti, dans le centre du Mali. (Photo d'illustration)
© MICHELE CATTANI / AFP

Le massacre d'Ogossagou, au Mali,  peut-il constituer un crime contre l'humanité ? C'est ce que laisse entendre le rapport préliminaire des enquêteurs de l'ONU. Ils publient leurs premières conclusions après ces tueries du 23 mars où au moins 156 Peuls ont été assassinés. Les Nations unies évoquent une attaque « planifiée, organisée, et coordonnée ». Si ce massacre d'Ogossagou est le plus sanglant depuis des années, d'autres attaques sont survenues et surviennent encore depuis cette date. Ces derniers jours encore, 18 civils ont été tués non loin de la localité de Mondoro, dans la région de Mopti, dans le centre du pays.

Selon un adjoint du maire de la localité de Mondoro, tout a commencé par une explosion à quelques kilomètres de sa commune lorsqu’un véhicule de l’armée malienne a sauté sur une mine. Spontanément, des autochtones se sont dirigés sur les lieux pour porter secours aux militaires mais « sur place, des hommes armés, de présumés jihadistes, ont automatiquement ouvert le feu sur des civils, tuant douze personnes », explique un autre élu.Ensuite, des mines auraient été enfouies dans les corps.

24 heures plus tard, quasiment dans le même secteur, ce sont six autres civils qui sont tués, toujours par de présumés jihadistes.

L’annonce du nombre élevé de victimes a créé un vif émoi au sein de la population qui souhaite clairement un renforcement sur place de la sécurité pour faire face à ceux que l’on qualifie encore de « terroristes ».

Ces derniers sèment la terreur, particulièrement dans la zone. Selon différents témoignages, ils menacent des civils en appelant parfois directement sur leur téléphone portable. Ils procèdent également à des enlèvements de personnes, sans oublier les embuscades tendues. C’est leur loi qui règne sur des axes routiers du centre du Mali.

À lire aussi : « Massacre d’Ogossagou au Mali: un possible crime contre l’humanité, selon l’ONU »

 

 

 

 

Mines : le président guinéen place la Soguipami
sous sa tutelle directe

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Mettant en avant « l'intérêt du peuple guinéen », le président Alpha Condé a décidé de prendre la tutelle de la société guinéenne du patrimoine minier (Soguipami), qui gère les participations nationales dans les différents projets extractifs.

Le 20 avril, un décret signé par Alpha Condé a placé la société guinéenne du patrimoine minier (Soguipami), initialement sous la tutelle du ministère des Mines et de la Géologie, sous la tutelle directe du président de la République. Cette société anonyme, créée en 2012, est chargée de la gestion du portefeuille minier de l’État guinéen, qui détient notamment une participation de 49 % dans les activités de la Compagnie de bauxite de Guinée (CBG), de 10 % dans la société minière de Boké (SMB), ou encore de 15 % dans  les activités la mine de Suiguiri, exploitée par AngloGold Ashanti.

Cette décision « a pris tout le monde de court » confie à Jeune Afrique une source proche du ministère des Mines. Sans émettre de commentaires, d’autres sources proches du ministères des mines ne cachent pas leur incompréhension. Du côté de la SMB et de la CBG, contactées par Jeune Afrique, aucun responsable n’a souhaité s’exprimer sur l’affaire déclarant qu’une « décision présidentielle ne se commente pas ».

Vers une meilleure protection de l’environnement ?

Dans une allocution au 6e Symposium sur les mines en Guinée, qui a lieu du 24 au 26 avril à l’hôtel Sheraton grand de Conakry, le président Alpha Condé a expliqué avoir pris cette décision « pour faire profiter la population guinéenne des rendements miniers » et a évoqué une nécessaire « protection de l’environnement ».

Jim Wormington, chercheur chez Human Rights Watch voit cette prise de contrôle de la présidence d’un bon œil « si et seulement si le président augmente de manière rigoureuse la surveillance sur les activités des compagnies minières pour mieux protéger les communautés des impacts négatifs de ces extractions ». En mars dernier, un collectif représentant 13 villages autour de la zone minière de Boké avait porté plainte pour dénoncer entre autres la « destruction de leurs environnements » par les compagnies minières.


>>> À LIRE : Guinée : un investissement chinois de 2,89 milliards de dollars dans l’exploitation de la bauxite


Pour l’heure, le sort de la Soguipami demeure flou. Alors que le décret annonce que « toutes les dispositions antérieures sont désormais abrogées et ne s’appliquent plus à ladite société minière », le président de la République doit préciser le nouveau fonctionnement du patrimoine national minier.

  | Par Jeune Afrique
L'ancien président Blaise Compaoré vit en exil à Abidjan depuis 2014 -
Denis Allard/REA

Le ministre ivoirien de la Défense joue les bons offices entre le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et l'ancien président Blaise Compaoré, en exil en Côte d'Ivoire, qui souhaite rentrer au Burkina Faso.

Après les révélations de JA sur la lettre que Blaise Compaoré a écrite à Roch Marc Christian Kaboré, le gouvernement burkinabè a publié un communiqué dans lequel il précisait que cette missive avait été remise au président le 12 avril.

Selon nos sources, c’est Hamed Bakayoko, le ministre ivoirien de la Défense, qui a joué les émissaires en apportant la lettre en personne au palais de Kosyam, à Ouagadougou.

Ouattara s’implique

Bien introduit à Ouaga, « Hambak » fait partie des intermédiaires (comme Pierre-Olivier Sur, l’avocat de la famille Compaoré, ou Boureima Badini, ex-ministre de Compaoré) qui s’activent ces dernières semaines pour rapprocher Roch Kaboré et Blaise Compaoré, qui souhaite rentrer au Burkina Faso.

Alassane Ouattara l’a répété à son homologue burkinabè le 2 avril, à Dakar, où ils assistaient à la cérémonie d’investiture de Macky Sall. Selon l’un de ses proches collaborateurs, il est « fort probable » que Kaboré réponde à son prédécesseur dans les jours à venir.