Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Mali: où en est-on du programme de désarmement?

Des membres d'un groupe armé à Kidal, le 13 juillet 2016.
© SOULEYMANE AG ANARA / AFP

Afin de baisser le niveau de la violence dans le centre du pays, le gouvernement malien a lancé en octobre dernier une opération spéciale de désarmement volontaire. Près de 6 000 jeunes volontaires y sont éligibles, et plusieurs centaines sont déjà dans un camp au centre du Mali.

Parmi les 6 000 jeunes volontaires inscrits pour le désarmement dans le centre, on compte des membres de milices de groupes d’autodéfense ou des jeunes qui étaient attirés par les groupes islamistes.

« Nous avons reçu un premier contingent de 352 ex-combattants, qui se sont présentés avec leurs armes, leurs minutions. Le Premier ministre est passé pour une évaluation la semaine dernière et le processus est vraiment déclenché. Nous avons beaucoup qui sont maintenant, aussi, annoncés pour les semaines à venir », explique Zahabi Ould Sidy Mohamed, président de la Commission nationale DDR (Désarmement, démobilisation et réinsertion).

Des formations proposées

Et pour le responsable, une fois dans ce camp de regroupement, plusieurs options pour ces jeunes ex-combattants. « Nous devrons les trier. Une partie va aller pour un recrutement des forces armées maliennes (FAMA). Et pour les autres, nous avons sur place plus de douze ateliers de formation. Donc ils apprendront. Ils auront une formation professionnelle, suite à laquelle ils seront installés avec des partenaires que l’on a déjà choisis. »

Outre le Mali, des partenaires étrangers comme la Banque mondiale financent ce projet de réduction de la violence dans le centre du pays.

Côte d’Ivoire : la militante Nathalie Yamb expulsée du territoire

| Par Jeune Afrique avec AFP
L'activiste Nathalie Yamb.

La militante suisso-camerounaise Nathalie Yamb, du parti d’opposition ivoirien Lider, a été expulsée lundi de Côte d’Ivoire, quelques semaines après son intervention contre la « Françafrique » à Sotchi lors du sommet Russie-Afrique.

La confusion a régné pendant la journée sur le sort de la militante convoquée à la préfecture lundi matin et qui a passé la journée sans pouvoir communiquer avec l’extérieur. « Ils l’ont mis dans l’avion pour Zurich avec un changement à Paris. Elle a découvert sa destination à l’aéroport. On a pu lui parler brièvement. On lui reproche une activité incompatible avec l’intérêt national, nous a-t-elle dit », explique Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale et chef de file du Lider.

Fin octobre à Sotchi, Mme Yamb avait notamment déclaré lors d’une conférence : « La France considère toujours le continent africain comme sa propriété. Nous voulons sortir du franc CFA. Nous voulons le démantèlement des bases militaires françaises qui, sous le couvert d’accords de défense bidons, ne servent qu’à permettre le pillage de nos ressources, l’entretien de rebellions, l’entraînement de terroristes et le maintien de dictateurs à la tête de nos États. »

« Une étrangère qui fait de la politique »

« On lui dit qu’elle est une étrangère qui fait de la politique en Côte d’Ivoire, qu’elle critique trop les autorités, que c’est un trouble à l’ordre public, a ajouté Mamadou Koulibaly. Normalement, il devrait y avoir un procès. Mais ils s’abritent derrière un acte administratif, et même si on fait un recours, cela prendra plusieurs mois. »

« Rien n’interdit à un étranger de faire de la politique. Il est simplement interdit d’être président d’une formation politique », a-t-il déclaré, rappelant que Nathalie Yamb était installée en Côte d’Ivoire depuis de nombreuses années.

Elle y a travaillé pour un groupe de téléphonie, avant de « s’investir pleinement dans cette lutte que nous menons pour une nouvelle Afrique, l’émancipation de ses peuples ». « Son combat ne s’arrête pas à Abidjan. Sur le Franc CFA, pour le démocratie, pour les droits de l’Homme, contre les bases militaires que nous avons de plus en plus de mal à accepter. Nous tenons des propos véhéments, durs, mais c’est notre fonction d’opposition politique », a-t-il conclu.

Mali : Bamako a négocié avec Amadou Koufa

| Par Jeune Afrique
Amadou Koufa, dans une vidéo de propagande diffusée le 28 février 2019 (image d'illustration).

Bien que le gouvernement malien assure n’avoir aucun contact avec les « groupes terroristes » ni aucune intention d’en établir, des missions ont été menées par les services de renseignements, avec la bénédiction des autorités, dans le delta intérieur du Niger. Avec, au cœur de ce dispositif, l’avocat Hassan Barry.

Ainsi, le 19 juillet, le colonel Mamadou Lamine Konaré, sous-chef d’état-major du renseignement militaire, s’est rendu avec l’autorisation de sa hiérarchie dans la zone de Diabali accompagné de Barry. Ils y ont rencontré Amadou Koufa, le chef de la katiba Macina.

Le lieutenant d’Iyad Ag Ghali s’est dit disposé à libérer certains soldats maliens et prêt à faire une trêve. Cette rencontre achevée, un compte rendu détaillé en a été fait aux chefs militaires.

Échange de prisonniers

Selon nos sources, la poursuite des tractations avec Koufa a été approuvée « au plus haut niveau de l’État ». Le 9 août, une deuxième mission, cette fois menée par des agents de la Direction générale de la sécurité d’État (DGSE), et dont Hassan Barry a encore fait partie, a été organisée dans la zone de Niono. Sur place, des jihadistes ont été échangés contre des militaires maliens.

Des opérations militaires dans le Centre, puis l’arrestation de Barry par la DGSE, ont récemment parasités les discussions

Des canaux indirects ont ensuite été maintenus entre les services de renseignements et l’entourage de Koufa. Mais des opérations militaires dans le Centre, notamment de la force française Barkhane, puis l’arrestation de Barry par la DGSE, le 21 novembre, à Bamako, les ont récemment parasités. Relâché puis placé sous contrôle judiciaire, Barry est maintenant soupçonné de complicité avec les réseaux jihadistes du Centre.

Conférence ICASA: vers une Afrique sans sida?

Un patient séropositif reçoit son traitement à la polyclinique Rutsanana de Harare, au Zimbabwe, le 24 juin 2019.
© Jekesai NJIKIZANA / AFP

La 20e conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique (ICASA) qui se tient cette semaine à Kigali, au Rwanda, est l’occasion de faire le point sur les avancées de la lutte contre le VIH sur le continent africain, qui reste le plus touché par la maladie puisqu'il abrite 75% des personnes atteintes du sida dans le monde.

Aujourd’hui, 16 millions de personnes bénéficient d’un traitement contre le sida en Afrique contre seulement 40 000 au début des années 2000. Ce progrès considérable reste cependant contrasté. Si l’Afrique australe et de l’Est font figure de bonnes élèves, l’Afrique centrale et de l’Ouest sont encore à la traîne, selon le docteur Shannon Hader, directrice adjointe de l’Onusida.

« En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, seule la moitié des personnes vivant avec le VIH sont sous traitement, explique-t-elle. Et l’on note que de nombreux malades abandonnent le traitement en cours de route. Nous avons également réalisé que dans cette zone, 60% des nouvelles infections interviennent au sein des populations à risque. Il s’agit donc de parvenir à identifier les personnes dans le besoin et leur proposer des soins adaptés ».

Financement en baisse, engagement politique vacillant

Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a pour but d’éradiquer l’épidémie d’ici 2030, il faut donc redoubler d’efforts. « Les progrès que nous avons faits sont menacés par un engagement politique vacillant et des financements en baisse, déplore Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. En 2018, il y a eu dans le monde 1,7 million de nouvelles infections et la grande majorité d’entre elles ont eu lieu sur notre continent ».

Parmi les chantiers urgents, on compte la prévention auprès des adolescentes, qui représentent trois nouvelles infections sur quatre, mais aussi le dépistage des enfants atteints du VIH, car 50% d’entre eux n’auraient pas accès à un traitement anti-rétroviral.

► À lire aussi : Rwanda: les bons chiffres de la lutte contre le VIH

 À écouter aussi :

 

Coris Bank s’étend au Niger, et renforce le soutien aux PME

avec une filiale mésofinance

| Par
Siège de Coris Bank à Ouagadougou, en novembre 2014.

Le groupe financier burkinabè est désormais présent dans sept pays d’Afrique de l’Ouest, après voir lancé lundi 2 décembre les activités de sa filiale nigérienne. En ligne de mire, le financement des PME et des acteurs du secteur informel, qui représente près de 40 % du PIB du pays.

Pour Idrissa Nassa, l’arrivée de Coris Bank international (CBI) au Niger s’inscrit dans la continuité de sa stratégie fondée sur le financement des petites entreprises. « La filiale nigérienne va évoluer dans la logique de ce que fait le groupe dans les pays d’Afrique de l’Ouest. Notre limite sera la maîtrise du risque au Niger », assure l’homme d’affaires burkinabè.

À la tête d’une poignée d’entrepreneurs burkinabè et de cadres de CBI, il a effectué lundi 2 décembre le déplacement à Niamey, s’affichant aux côtés du ministre nigérien de l’Économie, Mamoudou Diop, un ancien cadre de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest.

L’économie nigérienne est l’une des plus informelles de la sous-région

Pour cette extension sur son septième marché d’Afrique de l’Ouest, le groupe fondé en 2008 sur les cendres de la Financière du Burkina, un établissement de crédit en pleine crise d’alors, parie sur le financement des PME et de l’économie nigérienne. « L’économie nigérienne est l’une des plus informelles de la sous-région, et les entreprises ne sont pas toujours bien structurées au regard du potentiel du pays. Cela signifie pour nous qu’elles ont des marges pour se développer », précise Idrissa Nassa.

Au Niger, le secteur informel représente entre 30 et 40 % du produit intérieur brut. Sur un modèle de banque universelle, le groupe Coris Bank International est positionné sur le segment des PME/PMI et la clientèle de particuliers. Tout en participant au financement de l’économie, il s’assigne pour objectif de contribuer à l’accroissement du taux de bancarisation de la population, qui s’avère faible (6 %) et en deçà de la moyenne de l’Uemoa », détaille la directrice générale de Coris Niger, Rakiatou Idé Issaka.

Une filiale de mésofinance voit le jour

Depuis Ouagadougou, la filiale Coris Mésofinance (CMF) va lancer ses activités mi-décembre, avec un capital initial de 1 milliard de francs CFA, apporté par Coris Holding (l’entité qui chapeaute également les filiales bancaires). Elle proposera des produits et services adaptés aux besoins des PME à travers tous les pays couverts par le groupe Coris Bank.

Moins de 10 % des financements accordés au secteur privé local vont aux PME

« Nous allons positionner CMF comme le véritable partenaire des PME en apportant des solutions concrètes à la demande de financement non couverte. Actuellement, moins de 10 % des financements accordés au secteur privé local vont aux PME. Or, ces dernières contribuent pour 30 à 40 % dans la formation du produit intérieur brut contre jusqu’à 50 voire 55 % dans les pays de l’OCDE », avait déclaré en septembre dernier à nos confrères de JAB+ Moussa Ouédraogo, promu patron de nouvelle entité.

À cheval entre la microfinance et la banque classique, le secteur de la mésofinance suscite la convoitise des grands groupes financiers africains. Sur le terrain, Coris Mésofinance aura fort à faire face à la concurrence de la filiale locale du français Microcred (renommé Baobab en 2018). Ce dernier, présent également en Tunisie, en Côte d’Ivoire et au Mali, a démarré ses activités au Burkina en 2017 et semble avoir pris une longueur d’avance.

Leader de la mésofinance en pleine expansion régionale, le groupe financier Cofina, fondé par l’Ivoirien Jean-Luc Konan et qui totalisait en mars dernier un bilan de 170 milliards de francs CFA, prépare également l’ouverture de sa filiale burkinabè.

Doté d’un capital de 500 millions de francs CFA, qui sera porté progressivement à 2 milliards de francs CFA, Cofina compte à son tour de table des privés locaux et surtout La Poste Burkina Faso, engagée dans une stratégie d’inclusion à large bande. Avec plus de 150 000 clients, Cofina affirme avoir accompagné près de 74 000 projets pour plus de 475 milliards de francs CFA de crédits.