Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Gambie: des manifestants demandent le retour de l’ex-président Yahya Jammeh

Militantes de l'ancien parti présidentiel APRC manifestant pour demander le retour en Gambie de l'ex-dictateur Yahya Jammeh. Sukuta, 16 décembre 2020.  
Militantes de l'ancien parti présidentiel APRC manifestant pour demander le retour en Gambie de l'ex-dictateur Yahya Jammeh. Sukuta, 16 décembre 2020. RFI/Romain Chanson

Plusieurs milliers de manifestants se sont réunis en périphérie de la capitale gambienne Banjul. Ils demandent le retour de l'ancien dictateur Yahya Jammeh, exilé en Guinée équatoriale depuis janvier 2017.

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Les manifestants demandent le retour de « Babili Mansa », surnom mandingue de Yahya Jammeh qui signifie « le bâtisseur ». C'est l'image que Marie Kujabi veut retenir de l'ancien président. « Il a construit des hôpitaux, des routes. Il a amené la télévision. C’est pour cela que je le soutiens. Il a travaillé ».

« Il n’y a pas de victime… »

Les supporters de Yahya Jammeh ne veulent rien entendre des accusations de crimes qui pèsent sur l'ancien dictateur. Certains parlent de propagande. Pour Malamine Sanneh, la parole des pseudos victimes ne vaut rien. « Non ! C’est la parole des gens. Nous, on ne voyait pas ça, il n’y a pas de victime. Ce sont des mensonges ».

La manifestation a rassemblé quelques milliers de personnes sans pour autant être une démonstration de force. Sans Yahya Jammeh, le parti APRC cherche à entretenir la flamme, analyse Lamin Cham, rédacteur en chef du Standard Newspaper. « Les manifestations et les meetings politiques permettent de maintenir les partis en vie. C'est ce qu'ils sont en train de faire je pense, pour mobiliser tout le monde et entretenir la mémoire. »

L'ancien parti présidentiel, APRC, exige le respect d'un accord conclu avec l'ONU, la Cédéao et l'Union Africaine. Cet accord garantit à Yahya Jammeh le droit revenir en Gambie avec le statut de citoyen et d'ancien président. Cette mobilisation permet au parti de Yahya Jammeh de peser dans le débat public.

En réaction, le Centre des victimes veut manifester le 23 janvier.

Yahya Jammeh salue pour la dernière fois ses partisans avant de rentrer dans l'avion du président Alpha Condé.

Les partenaires de la Guinée inquiets face aux violences dans les manifestations

Des policiers guinéens le 14 janvier 2020 à Conakry.
Des policiers guinéens le 14 janvier 2020 à Conakry. CELLOU BINANI / AFP

Ce mardi matin, dans le cadre de la revue régulière de la situation des droits humains dans les pays membres de l'ONU, c'était au tour de la Guinée justement de passer devant ses pairs. Alors que depuis le début de la mobilisation contre un changement de Constitution, des violences meurtrières ont fait des victimes parmi les civils et les gendarmes.

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Pendant une matinée, les mesures de la Guinée pour améliorer la situation des droits de l'homme sont passées au crible. Un seul point positif a été mis en avant : l'abolition de la peine de mort.

À l'inverse, les Pays-Bas, le Canada, la France, la Belgique, le Royaume-Uni, l'Allemagne, les États-Unis, tous évoquent leur inquiétude concernant l'encadrement des manifestations ces derniers mois. Ces pays demandent des enquêtes impartiales concernant les violences survenues lors des manifestations comme en faisait part Philip Martin Cummings, représentant américain : « Nous recommandons à la Guinée d'ouvrir des enquêtes indépendantes pour identifier et poursuivre les auteurs des violences qui ont conduit à la mort de plusieurs civils lors des manifestations d'octobre et novembre derniers ». La Slovaquie a dit son inquiétude face à l'utilisation d'armes létales par les forces de sécurité.

De son côté, le ministre guinéen de la Justice, Mamadou Lamine Fofana, assure que les policiers ont une consigne : se présenter les mains nues pour encadrer les manifestations. S'ils sont armés, les policiers se tiennent « à une distance raisonnable » des manifestants, selon les mots employés par le ministre. Quant aux lenteurs concernant les enquêtes judiciaires, les autorités guinéennes rappellent que les policiers n'étaient jusque-là pas formés pour mener des enquêtes balistiques. Mais cela devrait changer, puisque les agents de police sont en train d'être formés, indique le ministre.

Doubler « les efforts »

Concernant les personnes décédées durant les manifestations, le ministre Mamadou Lamine Fofana, affirme que les efforts sont là pour savoir ce qu'il s'est passé : « Pour ces morts d’hommes qui s’opèrent pendant les manifestations, le gouvernement est en train de doubler tous les efforts pour arriver à la manifestation de la vérité ». Les violences signalées « font systématiquement l'objet d'information judiciaire, seulement les policiers ne disposent pas de moyens techniques pour mener à bien leurs enquêtes », admet le ministre de la Justice.

Autre préoccupation de la communauté internationale : les scrutins législatifs et présidentiels à venir. Les Pays-Bas et les États-Unis demandent à la Guinée d'organiser des élections « libres et équitables » cette année.

Manifestations en Guinée: la situation inquiète Human Rights Watch

 

Lutte contre les faux médicaments: Brazzaville veut prendre des initiatives

Le trafic de faux médicaments est un véritable enjeu de santé publique en Afrique. (Photo d'illustration)
© ISSOUF SANOGO / AFP

Le sommet sur la lutte contre les faux médicaments se termine, ce samedi 18 janvier, à Lomé, au Togo. Le président congolais, Denis Sassou-Nguesso, figure parmi les dirigeants africains qui prennent part au sommet.

Le Congo-Brazzaville, en raison, entre autres, de la porosité des frontières, est confronté au phénomène des faux médicaments qui sont proposés aux consommateurs, parfois à ciel ouvert. Le gouvernement prend des initiatives pour endiguer le commerce et la circulation des médicaments contrefaits.

A Brazzaville, devant la station-service du célèbre marché Total, Hermann Stéphane Masamba, un jeune diplômé sans emploi âgé de 25 ans, vend des médicaments dont il ignore la provenance et qui ne répondent à aucune norme de conservation. Cependant, il les juge tout de même efficaces. « Pour moi qui suis vendeur de ces produits-là, je peux vous dire qu’ils soignent comme les autres produits qu’on trouve en pharmacie ou ailleurs », affirme-t-il.

« Souvent on n'a pas d'argent »

Son voisin, marchand d’articles scolaires, est également convaincu des produits exposés dans la rue. Pour lui, la pharmacie n’est pas ouverte à toutes les bourses. « Je préfère acheter dans la rue parce qu’en pharmacie, souvent on n’a pas d’argent. En pharmacie on va juste demander les prix des produits sur les ordonnances prescrites car l’argent ne répond pas. Donc, pardonnez-nous, nous qui achetons dans la rue », dit-il.

De son côté, Dany Massamba, un autre diplômé sans emploi, pense que les médicaments vendus à ciel ouvert sont les plus dangereux. « Ce n’est pas bon de vendre les médicaments en pleine route. En pharmacie, ils sont bien conservés. Pour garder ma vie et ma santé, je préfère acheter en pharmacie parce qu’en pleine route, c’est pas du tout bon », explique-t-il.

Convaincu que les faux médicaments ont gagné le marché congolais, le ministère de la Santé se propose d’intégrer le système de pharmacovigilance initié par l’OMS pour détecter et surveiller les médicaments contrefaits.

Insister sur la sensibilisation des populations

Au Togo, des instruments juridiques encadrent la lutte contre les faux médicaments et les peines encourues sont très élevées allant jusqu'à dix ans d'emprisonnement et trente millions d'amendes.

Joint par RFI, le colonel Yao Kondi, directeur de l'Office central de répression du trafic illicite des drogues et du blanchiment, explique qu’il faut insister sur la sensibilisation des populations : « Je pense qu’au Togo, ce qui pourrait manquer, c’est la compréhension et la sensibilisation de la population parce que c’est celle-ci qui demande beaucoup de ces produits. C’est elle qui est sollicitée ou qui est induite en erreur par les commerçants véreux qui se lancent dans ce business. C’est aussi la sensibilisation des personnes qui veulent se lancer dans les opportunités d’affaires. C’est très fréquent d’entendre des personnes, lorsque nous les interpellons après saisies, qui nous disent : « Oui, je ne savais pas parce que je voulais me lancer dans les affaires. On m’a dit que ça rapporte beaucoup, que ça rapporte très rapidement ». Effectivement, ça rapporte mais il faut voir ce qu’on crée pour soi-même, pour sa famille, pour sa société et pour le genre humain en général », précise-t-il enfin.

[Infographie] Combien ont coûté les coupures d’internet aux pays africains en 2019 ?

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En 2019, les coupures d'internet ont coûté plusieurs milliards de dollars aux États africains (photo d'illustration).

Le continent est la deuxième région au monde la plus touchée par les coupures volontaires d’internet. En 2019, ces dernières ont coûté plusieurs milliards de dollars dans les douze pays concernés. Les détails en une infographie.

C’est en décembre 2018 que les premières manifestations contre le prix du pain s’organisent au Soudan. Elles mèneront à la chute du régime d’Omar el-Béchir en avril 2019. Ces mois de contestations seront filmés, photographiés, twittés, commentés et partagés en masse sur les réseaux sociaux, faisant éclore dans les médias occidentaux quelques figures symboliques de la révolution comme Ala’a Salah, une étudiante soudanaise prise en photo déclamant des poèmes de révolte et devenue depuis l’icône du soulèvement.

Chères coupures

Comment tant d’images ont pu filtrer de ces multiples rassemblements de protestation, tant le gouvernement a eu recours à des coupures d’internet ? En 2019, le Soudan est en effet le pays africain qui a eu le plus usé de cette pratique, avec au total 36 jours de coupure selon les estimations d’un rapport publié récemment par Top10VPN, un comparateur de systèmes de contournement de la censure appelés réseaux virtuels privés ou VPN.

Pour parvenir à ces conclusions, l’entreprise a agrégé les données de plusieurs organisations, dont celles de l’ONG américaine Netblocks qui répertorie en temps réel toutes les coupures de réseau en cours sur le globe et de l’Internet Society, qui calcule chaque année, le coût de ces débranchements.

Au-delà de l’atteinte à la liberté d’expression, le recours aux coupures du principal outil de communication mondial impacte également l’économie des pays qui l’utilisent. Pour l’État soudanais, qui compte 12,5 millions d’internautes, le coût des « shutdowns » est estimé à près de 1,9 milliard de dollars (environ 1,7 milliards d’euros) en 2019. La somme représente près de 17 % du budget 2020, fixé à 11,4 milliards de dollars et voté fin décembre par le gouvernement de transition.

Des réseaux sociaux inaccessibles au Tchad

Comme son voisin frontalier, le Tchad détient lui aussi un record de coupure. Depuis 2016, le pays présidé par Idriss Deby Itno restreint régulièrement l’accès aux réseaux sociaux à son million d’internautes. L’an passé, des services comme WhatsApp, Facebook ou Twitter ont été bloqués pendant 4 728 heures, soit 197 jours. Selon Top10VPN, l’opération aurait coûté 125,9 millions de dollars à l’État sahélien.

Deux « shutdowns » en Algérie

Au Maghreb, l’Algérie qui a connu de long mois de protestation ayant mené à la démission d’Abdelaziz Bouteflika en avril 2019, a elle aussi rompu la connexion à Internet par deux fois. D’abord en juin, pendant les examens des étudiants (une pratique mise en place depuis trois ans) puis en septembre, lors de l’annonce de la date officielle des élections présidentielles. Au total, l’Algérie a opéré quarante-sept heures de coupure totale et trois heures de restrictions de réseaux sociaux. Coût de l’interdiction : 200 millions de dollars.

Le nombre de coupure d’internet est en forte hausse à l’échelle mondiale depuis quatre ans. En 2016, l’organisme indépendant Access Now a répertorié 75 coupures d’internet contre 196 en 2018 dans 25 pays. Avec 122 coupures dans 21 pays, l’année 2019 aura donc connu une légère baisse, mais la plus de la moitié des restrictions ont concerné des pays africains.

(Cliquer sur le lien ci-dessous)

Égalité hommes-femmes, quels pays africains ont le plus progressé ?

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Des femmes ivoiriennes (photo d'illustration).

Accéder au marché du travail, bénéficier d’un congé de maternité payé ou encore gérer soi-même ses propres biens… Autant d’éléments passés au crible de la Banque mondiale qui souligne les réformes mises oeuvre au cours des deux dernières années.

Dans « Les femmes, l’entreprise et le droit », un rapport rendu public le 14 janvier, la Banque mondiale s’est penchée sur la manière dont les lois affectent les femmes aux différentes étapes de leur vie professionnelle dans 190 économies. Ces dernières se sont vues attribuer un score en fonction d’une trentaine de critères, allant des modalités de retraite à la mobilité.

Le classement qui en résulte fait la part belle à l’Europe du Nord et au Canada, tandis que Maurice, le premier pays africain, s’affiche à la 33e place, ex-æquo avec le Kosovo.

Au-delà d’un simple état des lieux, l’institution internationale a étudié les réformes mises en place au cours des deux dernières années dans le domaine de l’émancipation économique des femmes, et souligne « les progrès considérables » enregistrés au Moyen-Orient et en Afrique, qui représentent neuf des dix pays ayant fait le plus d’efforts – une liste complétée par le Népal. La zone Moyen-Orient/Afrique du Nord reste cependant celle où l’index est le plus faible, les femmes étant bien loin de bénéficier des mêmes droits économiques que les hommes.

En outre, cette étude se basant sur le cadre réglementaire, elle ne prend pas en compte le marché informel, où les inégalités de fait restent nombreuses.

Les progrès de la RDC, de la Tunisie et de Djibouti salués

En Afrique, c’est le Sud-Soudan qui a le plus progressé, améliorant son score de plus de 18 points (sur 100) grâce à de nouvelles mesures de lutte contre la discrimination sexuelle à l’embauche et le harcèlement sexuel au travail, l’instauration d’un congé payé de paternité de 10 jours, la levée des restrictions d’accès des femmes à des emplois de nuit ou réputés dangereux ou encore à la mise avant du principe « à travail égal, salaire égal ».

La RDC, quant à elle, a réformé les bases du congé de maternité, désormais payé par l’État et non plus par l’employeur – ce qui pouvait être source de discrimination. Kinshasa a également égalisé l’âge de départ à la retraite (à 60 ans) pour les deux sexes, tout en prévoyant des pensions spécifiques pour les périodes ayant été consacrées aux enfants.

Djibouti s’illustre également par l’instauration de sanctions pénales en cas de harcèlement sexuel au travail, et la mise en œuvre plus générale d’une législation contre les violences faites aux femmes, tout comme la Tunisie.

Parmi les autres pays africains ayant adopté des mesures en faveur de l’égalité économique entre les hommes et les femmes, le Burkina Faso, eSwatini, le Liberia et le Maroc, qui ont adopté des lois contre les violences domestiques ; la Côte d’Ivoire, qui a garanti aux époux l’égalité des droits administratifs sur les biens acquis durant le mariage ; le Mali, qui a interdit les discriminations sexuelles à l’embauche et a légiféré sur le principe de travail égal – salaire égal ; le Niger, qui a levé les restrictions à l’emploi des femmes dans les secteurs des mines, de la construction et de l’industrie, ainsi que l’Ouganda, qui ont simplifié les démarches administratives des femmes pour l’obtention d’un passeport, les rendant identiques à celles des hommes.