Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Mali-France : ce qu’Emmanuel Macron et Bah N’Daw se sont dit

| Par Jeune Afrique
Bah N’Daw et Emmanuel Macron, à l’Elysée le 27 janvier 2021.

 Bah N'Daw et Emmanuel Macron, à l'Elysée le 27 janvier 2021. © Jacques Witt/SIPA

Le président malien de la transition a été reçu à déjeuner à l’Élysée par le chef de l’Etat français le 27 janvier. Sommet de N’Djamena, élections au Mali, Assimi Goïta… Voici ce qu’il faut retenir de leurs discussions.

Emmanuel Macron et Bah N’Daw ont longuement échangé sur la préparation du sommet des chefs d’État du G5 Sahel qui se tiendra le 15 février à N’Djamena et auquel participera également leur homologue français.

À son hôte, qui continue de réclamer des gages politiques et militaires de la part de ses partenaires sahéliens avant de trancher sur un « ajustement » de l’opération Barkhane, le président de la transition malienne a répété son souhait de voir la France maintenir son engagement militaire au Sahel.

Assimi Goïta sous pression

Bah N’Daw a par ailleurs indiqué qu’il comptait relancer l’application de l’Accord de paix d’Alger, notamment en réactivant le Comité de suivi de cet accord, au point mort depuis quelques mois. Il souhaite également intensifier les opérations des Forces armées maliennes (Famas), en particulier dans le Centre.

Les deux hommes ont aussi évoqué le déroulement de la transition à Bamako. Le président malien s’est montré déterminé sur la bonne tenue du délai de 18 mois fixé par la Cedeao pour organiser des élections. Outre le respect de ce calendrier, Emmanuel Macron a, de son côté, insisté sur les conditions d’organisation du scrutin afin de garantir un minimum de transparence aux opérations de vote.

Il a aussi rappelé l’engagement des autorités de transition à se retirer à l’issue de ce processus électoral. Une façon, en creux, de mettre la pression sur le vice-président Assimi Goïta et ses proches. Depuis plusieurs semaines, plusieurs chefs d’État voisins du Mali s’inquiètent en effet du fait que l’homme fort de la junte pourrait être tenté de rester au pouvoir au-delà de la transition.

Lors de ce séour à Paris, Bah N’Daw était accompagné de ses ministres des Affaires étrangères, Zeini Moulaye, de la Défense, le colonel Sadio Camara, et de l’Administration territoriale, le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga.

Isabel dos Santos-Unitel : un tribunal parisien brise
une nouvelle offensive de la milliardaire angolaise

| Par 
Mis à jour le 27 janvier 2021 à 09h43
Isabel dos Santos au Portugal, le 5 mai 2018

La justice française a rejeté la demande de la femme d’affaires angolaise relative à l’annulation d’une sentence arbitrale la condamnant à payer plus de 600 millions de dollars.

Après la perte de contrôle, le revers judiciaire. C’est ce que représente désormais Unitel, le principal opérateur de téléphonie en Angola, pour Isabel dos Santos. La justice française a en effet rendu ce 26 janvier une décision défavorable à la femme d’affaires angolaise, fille aînée de l’ancien président, José Eduardo dos Santos.

La cour d’appel de Paris a rejeté son recours en annulation d’une sentence arbitrale qui l’obligeait à payer, avec ses coactionnaires au sein de l’opérateur, plus de 600 millions de dollars au portugais PT Ventures, ex-autre actionnaire.

300 000 euros d’indemnités

Cet échec, qui ponctue une longue procédure judiciaire initiée en 2015, intervient après le retrait, annoncé en août, d’Isabel dos Santos du conseil d’administration d’Unitel et alors que l’exécutif angolais, dirigé par le successeur de dos Santos, João Lourenço, veut en reprendre le contrôle.

C’est un nouveau coup dur pour Isabel dos Santos, visée par des enquêtes pour corruption en Angola et au Portugal et fragilisée, sur le plan personnel, par le décès de son mari, Sindika Dokolo, fin octobre dans un accident de plongée à Dubaï.

Concernant l’affaire Unitel, examinée lors d’une audience à Paris le 9 décembre, la décision de la justice française est sans appel. Dans un arrêt de 24 pages, consulté par Jeune Afrique, la cour rejette l’ensemble des demandes de la société Vidatel, via laquelle Isabel dos Santos détient 25 % d’Unitel, et la condamne à payer 300 000 euros d’indemnités (notamment de frais liés à la procédure) à PT Ventures.

Arguments rejetés

Alors qu’Isabel dos Santos, représentée par le cabinet Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan, voulait faire annuler la sentence rendue par un tribunal arbitral en 2019, la cour d’appel de Paris l’a, au contraire, confirmée, confortant la position de PT Ventures, représenté par le cabinet White & Case.

Ni les arguments sur la composition du tribunal, ni ceux sur le manque d’indépendance de deux des arbitres n’ont été retenus, la cour soulignant le respect du pacte d’actionnaires et des règles de l’arbitrage sous l’égide de la Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris.

Sollicité par Jeune Afrique, Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan n’a pas donné de suite sur la question d’une possible contestation de cette décision. Également contacté, White & Case n’a pas souhaité apporter de commentaire.

Sonangol désormais majoritaire dans Unitel

Ce revers judiciaire confirme la perte d’influence d’Isabel dos Santos au sein d’Unitel, autrefois son bastion. Il s’ajoute à deux autres difficultés récentes.

La première concerne la structure actionnariale d’Unitel, auparavant détenu à parts égales (25 %) par quatre acteurs – Vidatel, PT Ventures, le général angolais proche de dos Santos père Leopoldino do Nascimento « Dino » (via sa société Geni) et la compagnie nationale de pétrole Sonangol (via Mercury). L’opérateur est désormais, depuis le début de 2020, contrôlé à hauteur de 50 % par Sonangol, qui a récupéré la participation de PT Ventures.

La seconde difficulté a émergé en décembre 2020. Selon la presse portugaise, PT Ventures a obtenu d’un tribunal aux Îles vierges britanniques (où est domicilié Vidatel) la nomination de deux administrateurs pour gérer la société d’Isabel dos Santos, y compris sa participation de 25 % au capital d’Unitel.

Sacrée première femme africaine milliardaire par Forbes en 2013, Isabel dos Santos, dont les avoirs ont été gelés en Angola et au Portugal, ne figure plus dans l’édition 2021 du classement du magazine américain des fortunes africaines.

 

Cedeao, Turquie, Arabie saoudite :
Cosumar, dopé par l’export, accélère sa diversification

| Par 
Cosumar est le principal producteur industriel de sucre au Maroc.

Cosumar est le principal producteur industriel de sucre au Maroc. © www.cosumar.co.ma

Le géant marocain a réalisé un tiers de ses ventes de sucre hors du royaume. De quoi amortir le choc du Covid-19 et voir plus loin que l’or blanc.

Du côté du leader marocain du sucre, les craintes du début de la pandémie ont laissé place à un certain soulagement. « La résilience » du groupe a joué, insistent les équipes de Mohamed Fikrat, président du groupe depuis 2004 et dont le mandat a été renouvelé en août 2020. À preuve : après plusieurs mois de suspense, Cosumar a versé, au début de septembre dernier, un « dividende exceptionnel » de 7 dirhams (0,63 euro) à ses actionnaires.

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LE TONNAGE EXPORTÉ A ÉTÉ MULTIPLIÉ PAR 100 EN SEPT ANS

Le bilan positif de 2020 doit beaucoup aux ventes à l’exportation, qui ont grimpé de 25 % à 650 000 tonnes expédiées vers une trentaine de pays, du pourtour méditerranéen jusqu’en Turquie, en Arabie saoudite et en Afrique de l’Ouest. Le continent africain a absorbé plus de 20% du volume exporté, pour 10 % à destination des États-Unis.

Impressionnante montée en puissance

Cosumar dispose d’une capacité de production de 1,65 million de tonnes par an, avec sept sucreries (deux de canne à sucre et cinq de betteraves à sucre), 80 000 hectares de plantes sucrières et un raffinerie au Maroc.

Le tonnage exporté a été multiplié par presque 100 en sept ans. L’activité d’exportation de Cosumar, démarrée lentement à partir de 2013 avec l’arrivée de son nouvel actionnaire de référence, le singapourien Wilmar, l’un des leaders mondiaux de l’agrobusiness, s’est accéléré ces dernières années.

Une montée en puissance qui est appelée à se poursuivre. Si le marché asiatique échappe au producteur marocain  en raison de coûts logistiques élevés  la raffinerie de Cosumar à Durrah, en Arabie Saoudite, devrait bientôt commencer. Sa production de 850 000 tonnes desservira le marché saoudien et la zone MENA, où le déficit est estimé à plus de 8 millions de tonnes de sucre par an.

40 millions d’euros injectés dans son usine

L’usine  implantée sur l’un des quais du port de Yanbu  est détenue à plus de 43 % par Cosumar, qui y a injecté plus de 450 millions de dirhams (plus de 40 millions d’euros). Le démarrage de son activité, prévu initialement en mars 2020, a été retardé par les restrictions de déplacements dues à la crise sanitaire, laquelle a empêché les visites et essais des fournisseurs installés en Asie et en Europe.

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LE COURS DU SUCRE AU AUGMENTÉ DE 50 % EN UN AN ET DEMI

Outre le site de Durrah et les marchés du Moyen-Orient, Cosumar peut aussi compter sur une position renforcée en Afrique de l’Ouest. Le leader marocain est actionnaire majoritaire de Comaguis (avec 55 % du capital, le reliquat revenant à la société guinéenne Sogecile), qui détient une usine d’une capacité de 50 000 tonnes par an, localisée à 1km du port de Conakry.

Une hausse des capacités de production favorisée par la bonne forme du cours du sucre, dont les contrats à terme (futures) atteignent 450 dollars la tonne à Londres, contre un plus bas de 300 dollars atteint en août 2019, après trois années de recul quasi ininterrompu.

Cours du sucre à Londres.

Leader national, régional et continental de l’agroalimentaire diversifié

« Du développement de l’export, à l’usine en Arabie Saoudite en passant par celle implantée en Guinée, tout ce que nous faisons ces dernières années s’inscrit dans le cadre de notre nouvelle stratégie de diversification Leader@25 », explique le management du groupe marocain. La stratégie, lancée en 2017, vise à faire de Cosumar, longtemps cantonné au sucre, « un leader national, régional et continental de l’agroalimentaire diversifié », à l’horizon 2025.

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LE PRODUCTEUR MAROCAIN S’EST ASSOCIÉ AU SINGAPOURIEN WILMAR

Présent dans le sucre depuis 90 ans, Cosumar lorgne en direction d’activités adjacentes, dans la minoterie, la chocolaterie ou encore la biscuiterie. Le producteur marocain s’est déjà associé à Wilmar, qui détient la majorité, dans Wilmaco.

Les partenaires construisent une usine de graisses végétales, voisine de la raffinerie de Cosumar à Casablanca, pour un investissement de 350 millions de dirhams, afin de répondre à une forte demande sur le marché marocain, où 40% de la consommation est importée.

 
 

Joe Biden, un président qui veut taxer les plus riches et verdir l’économie

Analyse 

Le nouveau président américain prévoit d’investir massivement dans les infrastructures et d’augmenter les impôts des plus riches. La future secrétaire au Trésor Janet Yellen a estimé pour sa part que la taxe internationale sur les géants du numérique, en discussion dans le cadre de l’OCDE, permettrait aux États-Unis de récolter une « juste part » auprès des entreprises.

  • Alain Guillemoles, 

Lecture en 3 min.     

Joe Biden, un président qui veut taxer les plus riches et verdir l’économie
   
Joe Biden prévoit d’investir massivement dans les infrastructures et d’augmenter les impôts des plus riches.YTEMHA/ADOBESTOC

Au fil de ses discours, le nouveau président américain Joe Biden dessine une ambition de transformer l’économie des États-Unis. Il s’agit de sortir le pays de la récession actuelle, mais surtout de lui faire prendre un virage pour aller vers la réduction des inégalités et la transition énergétique.

→ EN DIRECT. Investiture de Joe Biden aux États-Unis : suivez la cérémonie

En présentant le 14 janvier dernier le premier acte de sa présidence, un « plan de sauvetage » de 1 900 milliards de dollars (1 570 Md €), il a esquissé ses priorités : « Durant cette pandémie, des millions d’Américains ont perdu la dignité qui va avec leur travail ; des millions font la queue durant des heures à la porte de banques alimentaires », a-t-il dit. Or « depuis le début de cette pandémie, la fortune des 1 % les plus riches s’est accrue de 1 500 milliards de dollars, soit 4 fois ce que gagnent les 50 % de la population ayant les revenus les plus bas ».

→ ANALYSE. Joe Biden veut agir vite dès son investiture mercredi

« Nous devons agir et nous devons le faire maintenant », a-t-il martelé. L’analyse de Joe Biden, confirmée dans une note diffusée à la presse par son directeur de cabinet Ron Klain, c’est que les États-Unis font face à une quadruple crise, à la fois sanitaire, économique, interraciale et climatique. Et la nouvelle administration entend traiter chacun de ces aspects.

Des vaccins et des chèques

La réponse à la crise sanitaire, c’est le vaccin. La nouvelle administration veut mettre des moyens pour vacciner en 100 jours 100 millions d’Américains. La réponse à la crise économique, elle, se fera en deux temps. Le premier est ce « plan de sauvetage » qui doit permettre l’envoi de chèques de 1 400 dollars (1 160 €) à 80 % des Américains. Il prévoit aussi d’augmenter les allocations de chômage, d’annuler des prêts étudiants, de fournir des aides au logement et des bons alimentaires pour les plus pauvres.

Puis Joe Biden s’est engagé à présenter d’ici un mois un deuxième volet de ce plan consacré au « rétablissement » de l’économie. Il devrait se traduire par un investissement supplémentaire de 2000 milliards de dollars (1 655 Md €) qui iront dans les infrastructures, le soutien aux énergies vertes et au véhicule électrique, l’isolation des bâtiments. Joe Biden a promis de créer « 18 millions d’emplois bien payés », pour l’essentiel en lien avec la transition écologique.

Une ligne de train à grande vitesse d’est en ouest

Durant sa campagne, Joe Biden a pris de nombreux engagements en ce sens. Il veut amener le pays, aujourd’hui deuxième émetteur au monde de gaz à effet de serre au monde (derrière la Chine) sur une trajectoire compatible avec les accords de Paris, dans lesquels il va revenir dès mercredi 20 janvier. Le gouvernement américain pourrait ensuite financer l’installation de 500 000 bornes de recharges pour voitures électriques sur les routes américaines ou commencer à construire une ligne de train à grande vitesse allant d’est en ouest des États-Unis.

Il prévoit aussi d’augmenter le salaire minimum de 7,25 à 15 dollars (12,4 €) par heure et d’alourdir l’impôt pour les 5 % de foyers fiscaux les plus riches, ceux ayant des revenus supérieurs à 400 000 dollars par an (331 000 €). L’impôt sur les sociétés serait également relevé de 21 % à 28 %. Enfin, il entend réserver le bénéfice de certaines mesures sociales aux minorités : les noirs, les hispaniques et les Amérindiens.

Taxer les géants du numérique

Autre mesure innovante par rapport à l’administration précédente : la future secrétaire au Trésor Janet Yellen a estimé mardi 19 janvier que la taxe internationale sur les géants du numérique, en discussion dans le cadre de l’OCDE, permettrait aux États-Unis de récolter une «juste part» auprès des entreprises. Un projet combattu jusque-là par l’administration Trump.

Joe Biden va devoir négocier avec le Sénat

Pour mettre en œuvre ces ambitieux projets, il existe cependant un obstacle. La nouvelle administration va devoir obtenir le soutien du Sénat. « La moitié des dépenses proposées dans le plan de soutien peut être votée avec une majorité simple (51 voix) ; le Parti démocrate en dispose. L’autre moitié nécessite vraisemblablement une majorité qualifiée de 60 voix », relève Hervé Goulletquer, économiste de La Banque postale Asset Management.

Le camp républicain devrait soutenir facilement les mesures d’urgence, comme l’envoi de chèques aux contribuables. Mais ils seront beaucoup plus durs à convaincre pour voter le relèvement du salaire minimum. L’administration Biden peut toujours faire passer certaines mesures dans le budget, qui est voté à la majorité simple. Pour le reste, Joe Biden, qui a longtemps siégé au Sénat, devra négocier pour arracher des voix, une à une. Il est donc difficile de dire ce qui pourra être mis en œuvre, par rapport à son ambition de départ.

 

L’ancien président de la banque du Vatican condamné à 8 ans de prison

Les faits 

Angelo Caloia, ancien président de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), plus connue sous le nom de Banque du Vatican, a été condamné jeudi 21 janvier à huit ans de prison pour avoir détourné de l’argent à la suite d’une opération immobilière. Une première pour la justice vaticane.

  • Loup Besmond de Senneville (à Rome), 

Lecture en 2 min.

L’ancien président de la banque du Vatican condamné à 8 ans de prison
 
Angelo Caloia, ancien président de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), durant son procès en mai 2018.VATICAN MEDIA/AFP

L’ancien président et l’ancien avocat de la banque du Vatican, Angelo Caloia et Gabriele Liuzzo, ont tous deux été condamnés jeudi 21 janvier à huit ans et 11 mois de prison pour blanchiment et détournements de fonds aggravés.

Quelques instants avec la lecture du verdict, Gian Pier Milano, l’un des promoteurs de justice du Vatican (l’équivalent du procureur dans le système judiciaire français) a estimé qu’il s’agissait d’un « procès destiné à rester dans l’histoire ».

Première condamnation de prison dans une affaire financière

Historique, cette décision l’est, car il s’agit de la première condamnation à de la prison ordonnée par le Tribunal du Vatican dans une affaire financière. La condamnation des deux hommes, respectivement âgés de 81 et 97 ans, est assortie d’une amende de 12 500 €.

Troisième homme à comparaître devant le tribunal du plus petit État du monde : le fils de Gabriele Liuzzo, Lamberto, condamné à cinq ans et deux mois de prison et à une amende de 8 000 €.

→ ENQUÊTE. Comment le Vatican réforme sa justice

Les trois hommes, qui n’étaient pas présents au Tribunal lors de l’énoncé du verdict, se voient également sommés de rembourser 38 millions d’euros. Une partie de ces sommes, 25 millions, avaient déjà été saisies à titre conservatoire sur leurs comptes personnels hébergés par la banque du Vatican et en Suisse. Le tribunal a par ailleurs ordonné le versement de 23 millions d’euros de dommages et intérêts à la banque du plus petit État du monde, officiellement appelé l’Institut pour les œuvres de religion (IOR).

29 propriétés vendues, 59 millions détournés

Les trois hommes sont accusés d’avoir détourné une grande partie des fonds issue de la vente de 29 propriétés appartenant à la Banque du Vatican et situées à Rome, dans ses entourages, ainsi que les villes italiennes de Milan et Gènes, cédées entre 2002 et 2007 pour un total de 160 millions d’euros. Ils ont ainsi vendu ces biens après les avoir sous-estimés, occasionnant une perte totale de 59 millions pour le Vatican, qu’ils se seraient appropriés et ont partiellement blanchi en Suisse.

→ À LIRE. Lutte anti-blanchiment, le Vatican accélère

Les faits ont été examinés lors de vingt-trois audiences, dont la première avait eu lieu en 2018, soit quatre ans après le déclenchement de l’enquête. Les trois condamnés ont été interdits à vie d’exercer toute responsabilité publique dans l’État du Vatican. Les avocats d’Angelo Caloia et Gabriele Liuzzo ont déjà annoncé leur volonté de faire appel de la décision.