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Mutinerie au Mali : la Cedeao appelle les militaires « à regagner sans délai leurs casernes »

| Par et 
Mis à jour le 18 août 2020 à 17h14
Des soldats bloquent les accès à Kati, à 15 km de Bamako, quelques heures après qu'y a éclaté une mutinerie, le 18 août 2020.

Des soldats bloquent les accès à Kati, à 15 km de Bamako, quelques heures après qu'y a éclaté une mutinerie, le 18 août 2020. © Mohamed Salaha/AP/SIPA

La situation est confuse, à Bamako, quelques heures après que des tirs ont été entendus mardi matin au camp militaire de Kati, tout proche de Bamako. Les autorités ne se sont pas encore officiellement exprimées, tandis que la Cedeao rappelle « sa ferme opposition à tout changement politique anticonstitutionnel ».

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La situation est confuse à Bamako. Des coups de feu ont été entendus dans la matinée au camp militaire Soundiata-Keïta de Kati, situé à 15 km au nord de Bamako. Des hommes armés ont fait irruption dans le camp à bord de pick-up, avant que des tirs ne soient échangés avec les militaires présents sur le site.

« Des pick-up en provenance de Bamako, lourdement armés, ont pénétré dans le camp Soundiata-Keïta et les hommes à bord ont tiré en l’air. Il y a eu riposte de militaires présents, qui ont cru à une attaque », a affirmé à Jeune Afrique un officier malien, sous couvert d’anonymat. Les échanges de tirs ont ensuite cessé.

Le premier groupe aurait ensuite été rejoint par « dix autres pick-up », selon notre source au sein du ministère malien de la Sécurité intérieure. « Les magasins d’armes ont été ouverts et les armes distribuées aux militaires présents dans le camp », a précisé à JA l’officier.

Des manifestants sur la place de l’Indépendance

Des manifestants anti-IBK ont convergé sur la place de l'Indépendance, ce mardi 18 août, quelques heures après une mutinerie dans le camps militaire de Kati, près de Bamako.
Des manifestants anti-IBK ont convergé sur la place de l'Indépendance, ce mardi 18 août, quelques heures après une mutinerie
dans le camps militaire de Kati, près de Bamako. © REUTERS/Rey Byhre

Selon nos informations, les personnels non essentiels de plusieurs administrations publiques, y compris plusieurs ministères, ont été évacués. C’est notamment le cas à l’Office de radio et télévision du Mali (ORTM).

En milieu de journée, plusieurs dizaines de jeunes se sont rassemblés sur la place de l’Indépendance, scandant des slogans favorables aux militaires mutins de Kati. Certains, parmi eux, ont appelé à la retenue et enjoint à éviter les pillages. L’ancien député Oumar Mariko, membre du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), les y a rejoints.

A la mi-journée, les autorités n’avaient fait aucune communication officielle sur la situation. Selon nos sources, le président Ibrahim Boubacar Keïta est actuellement dans sa résidence de Sebenikoro, en compagnie du Premier ministre Boubou Cissé. Karim Keïta, député et fils du président, est également présent.

La Cedeao appelle les militaires à « rentrer dans les casernes »

Mali Crisis
Un militaire malien, membre présumé des mutins du camp militaire de Kati, contrôle la circulation
à proximité du camp militaire situé à 15 km de Bamako, le 18 août 2020. © /AP/SIPA

Dans un communiqué rendu public vers 14h30 GMT, la Cedeao déclare suivre « avec une grande préoccupation les développements en cours au Mali depuis la matinée de ce 18 août 2020, avec une mutinerie déclenchée dans un contexte sociopolitique déjà très complexe ». L’organisation régionale « appelle les militaires à regagner sans délai leurs casernes », et rappelle « sa ferme opposition à tout changement politique anticonstitutionnel ».

Plusieurs représentations diplomatiques présentes au Mali ont émis des messages d’alerte dès le début de matinée. L’ambassade de France « recommande instamment » à ses ressortissants de rester chez eux « compte tenu des tensions rapportées ce mardi à Kati et à Bamako ». L’ambassade de Norvège a demandé aux siens de « faire preuve de prudence » car elle a « été informée d’une mutinerie dans les forces armées et de troupes [qui] sont en route vers Bamako ».

La section sécurité de la Minusma a quant à elle diffusé un message recommandant au personnel des Nations unies « d’éviter la zone de Kati et tous mouvements routiers non nécessaires à Bamako jusqu’à nouvel ordre ». La mission onusienne « a suspendu tous les mouvements du personnel de l’ONU à Bamako et Kati » et a convoqué une réunion de l’équipe de gestion de crise, avant une « réunion spéciale de l’équipe de gestion de la sécurité avec l’équipe de pays des Nations unies ».

« Nous suivons avec inquiétude l’évolution de la situation aujourd’hui au Mali. Les États-Unis s’opposent à tout changement extra-constitutionnel de gouvernement, que ce soit par ceux qui sont dans la rue ou par les forces de défense et de sécurité », a écrit sur Twitter J. Peter Pham, l’émissaire des États-Unis pour le Sahel.

Mali : pourquoi la médiation de Goodluck Jonathan piétine

| Par Jeune Afrique
L’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, le 23 juillet 2020 à Bamako, où il conduit une médiation pour tenter de sortir de la crise.

L’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, le 23 juillet 2020 à Bamako,
où il conduit une médiation pour tenter de sortir de la crise. © MICHELE CATTANI / AFP

La tentative du médiateur de la Cedeao, Goodluck Jonathan, de réunir le président Ibrahim Boubacar Keïta et les leaders du mouvement de contestation a échoué. La mission de l’ancien président nigérian s’achève sans grandes avancées. Explications.

De retour de Nioro (non loin de la frontière mauritanienne), où il a échangé avec le chef religieux Bouyé Haïdara le 12 août, Goodluck Jonathan a poursuivi sa tentative de médiation à Bamako, où il a rencontré des représentants de la majorité présidentielle ainsi que des leaders du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), qui réclame toujours la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Une liste de conditions

Selon nos sources, le médiateur de la Cedeao a notamment proposé aux opposants de rencontrer le lendemain, soit le 13 août, le chef de l’État malien. Mais, toujours selon nos informations, ceux-ci n’ont pas souhaité accéder à sa requête. S’ils n’ont pas refusé le principe d’une rencontre, ils ont décidé, au cours d’une réunion du comité stratégique du M5-RFP, de poser plusieurs conditions préalables à une rencontre.

Ce 13 août dans l’après-midi, une délégation de deux membres du Comité stratégique du M5-RFP – Mountaga Tall et Souleymane Koné – a ensuite rencontré Goodluck Jonathan pour lui soumettre lesdites conditions.

Selon nos sources, les opposants à IBK ont posé un préalable à toute rencontre et toute discussion avec le président : la mise en place d’enquêtes transparentes sur les événements ayant eu lieu lors des manifestations des 10, 11 et 12 juillet, qui avaient fait plusieurs morts. Plusieurs jeunes manifestants avaient été arrêtés, dans des conditions que le M5-RFP juge expéditives.

Choguel Maïga décline l’invitation

De discrètes rencontres ont également eu lieu dans l’optique de la formation d’un gouvernement d’union nationale. Le Premier ministre, Boubou Cissé, a ainsi rencontré Choguel Maïga (un des leaders du Front de sauvegarde de la démocratie, qui regroupe des partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile) le 5 août pour solliciter son implication et celle du M5-RFP dans le dialogue pour la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.

Selon des sources au sein du Mouvement, Maïga a pour le moment décliné l’invitation. Mais celui-ci n’a pas pour autant coupé les ponts avec certains leaders de la majorité présidentielle, qu’il a rencontrés de façon informelle. Ces derniers jours, il a notamment reçu à son domicile Tiémoko Sangaré, président de l’Adema, parti allié au Rassemblement pour le Mali (RPM, au pouvoir).

En outre, l’imam Mahmoud Dicko, figure de la contestation, est quant à lui arrivé à Nioro ce jeudi 13 août, au lendemain du passage du Nigérian Goodluck Jonathan. Il doit lui aussi y échanger avec le chérif Bouyé Haïdara au sujet de la crise socio-politique actuelle.

[Exclusif] Tiémoko Meyliet Koné reconduit à la tête de la Bceao

| Par - à Ouagadougou
Mis à jour le 12 août 2020 à 17h55
Tiémoko Meyliet Koné, gouverneur de la BCEAO, le 27/10/2016 à Dakar

Tiémoko Meyliet Koné, gouverneur de la BCEAO, le 27/10/2016 à Dakar © Clement Tardif pour JA

Selon les informations de Jeune Afrique, le gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) effectuera un nouveau mandat de six ans à la tête de l’institution.

C’est un satisfecit général qu’a reçu Tiémoko Koné, gouverneur de la Bceao en fin de mandat, des hautes autorités de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.

Dans un courrier adressé au gouverneur et dont JA a obtenu la teneur, elles informent ce dernier de sa reconduction dans ses fonctions tout le félicitant pour les prouesses accomplies. « Sa reconduction traduit la pleine satisfaction des plus hautes instances de l’Union pour les résultats positifs », assure un habitué de l’institution monétaire ouest-africaine basée à Dakar. «Le gouverneur tient bien la maison et c’est l’essentiel », explique à JA un ancien cadre de la Commission bancaire, établie à Abidjan.


>>> Retrouvez notre dossier Finance : Banquiers centraux, ces sentinelles du Trésor des Africains


Ancien directeur de cabinet de Guillaume Soro, alors Premier ministre, le gouverneur Koné a eu un passé politique comme ministre de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat, et a brièvement – de décembre 2010 à mai 2011- occupé le poste de conseiller spécial en charge des questions économiques et financières auprès du président ivoirien, Alassane Ouattara, avant de prendre les commandes de l’institution monétaire ouest-africaine.

Inclusion financière, fintech, mesures prudentielles…

Nommé le 30 mai 2011, lors d’un sommet des dirigeants de l’Uemoa à Lomé, il avait alors achevé le mandat prévu jusqu’en 2014 de son prédécesseur, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, contraint à la démission quelques mois plus tôt.

Joint au téléphone par Jeune Afrique, Jean-Luc Konan, patron de Cofina, salue une « bonne décision ». Et de citer quelques-unes des réalisations d’un gouverneur qui a selon lui eu un « impact majeur » sur le secteur bancaire. Il a notamment été à l’initiative de la Semaine de l’inclusion financière, « qui est aujourd’hui un événement incontournable », ou encore Bureau d’information sur le crédit, « qui permet de vérifier la fiabilité de nos contreparties et in fine permet de faire baisser les primes de risques ».

« Sous l’impulsion de son gouverneur, la BCEAO s’est également positionnée en amont de la réflexion sur le rôle des fintech dans le processus de la digitalisation et de l’inclusion financière », poursuit le patron de Cofina, qui relève enfin « l’implémentation des réformes de Bâle II et Bâle III » et les mesures adoptées dans le cadre de la gestion de la pandémie du Covid-19, « qui ont notamment permis aux entreprises de bénéficier de reports d’échéances afin de soulager leur trésorerie ».

Austère et réservé

Recruté au sein de l’institution sur concours en 1975, Tiémoko Meyliet Koné connaît bien les rouages  d’une administration dans laquelle il a passé plus de trente ans. D’abord adjoint au directeur national de la BCEAO pour la Côte d’Ivoire, il y a gravi les échelons pour passer conseiller spécial du gouverneur et membre du gouvernement de la banque, avant son départ en 2006. À ce dernier poste, il été partie prenante de toutes les décisions liées à la gestion de l’institution, à la conception et à la mise en œuvre de la politique monétaire des États membres.

Personnage austère et réservé, Tiémoko Meyliet Koné considère sa fonction comme un sacerdoce, selon les mots d’un fin connaisseur de l’institution, et « s’est toujours inscrit dans la continuité de ses devanciers tout en adaptant les choix à l’évolution du contexte ».

Plusieurs défis l’attendent pour ce nouveau mandat, au premier rang desquels la question sensible de la réforme du franc CFA . « Nous n’avons pas beaucoup de visibilité sur cette réforme. Nous sommes dans une sorte d’imbroglio à ce stade. Faut-il mettre en avant le franc CFA ou l’Eco ? », nous glisse un banquier sous couvert de l’anonymat.

Franc CFA-Eco, une réforme à accélérer

Il devra accélérer cette réforme d’autant plus que depuis l’annonce, les primes de couverture de risque de change ont accru, malgré une inflation faible – moins de 3 %, selon un analyste financier ouest-africain. « Les banques et les entrepreneurs refusent de s’endetter en euros, craignant des conséquences en cas de changement de parité », précise notre source.

« Stoïque » selon les mots d’un connaisseur de l’institution monétaire face aux critiques, parfois acerbes, contre le franc CFA, la monnaie utilisée par ses huit pays membres, le gouverneur de la BCEAO rappelle que c’est avec cette même monnaie, aujourd’hui décriée, que les économies de la zone réalisent une croissance moyenne de 6,5 % par an.

Autre question délicate qui attend le gouverneur de la Bceao, celle du crédit à l’économie, actuellement autour de 20 %. Un ratio trop faible aux yeux des dirigeants bancaires de la place, qui mettent en avant le taux de 100 % en vigueur en Europe. Ces derniers rappellent en outre que les banques commerciales empruntent à 2 % dans la zone Uemoa mais financent le risque souverain des États à 6 % en moyenne.

« Mon objectif, c’est d’apporter une contribution significative aux politiques ambitieuses engagées par les États pour accélérer la croissance et atteindre leurs objectifs d’émergence économique », expliquait-il fin 2016 à JA, dans l’une des rares interviews qu’il ait accordées.

Burkina Faso : enlèvement du grand imam de Djibo

| Par Jeune Afrique avec AFP
Des soldats burkinabè lors d'un exercice en février 2019 (image d'illustration).

Souaibou Cissé, le grand imam de Djibo, dans le nord du Burkina Faso, a été « enlevé par des individus non identifiés » mardi 11 août, a-t-on appris de source sécuritaires et locales.

Le grand imam « a été enlevé par un groupe d’individus armés, qui ont intercepté le car dans lequel il regagnait Djibo après un séjour à Ouagadougou », a déclaré une source sécuritaire. « Ils ont arrêté le car et procédé à une fouille et un contrôle d’identité avant de repartir avec le grand imam. Ils ont laissé les autres occupants du car poursuivre leur trajet », selon cette source, citant des témoignages de voyageurs.

« Toute la communauté est attristée et sans nouvelle du grand imam depuis cet après-midi », a indiqué un habitant de Djibo, précisant que le rapt s’est déroulé « entre Namsiguia et Gaskindé, sur l’axe Kongoussi – Djibo ».

Menaces

Président de la communauté musulmane de Djibo, présenté comme un « leader religieux modéré, qui prônait la tolérance » Souaibou Cissé « était de ceux qui avaient refusé de quitter la ville malgré les menaces », selon la même source. « La ville est de plus en plus menacée. Depuis quelques semaines, les terroristes ont imposé un blocus. Tous les cars qui quittent ou arrivent à Djibo sont systématiquement arrêtés et fouillés », a témoigné un fonctionnaire de la localité, sous le couvert de l’anonymat.

« Le risque est réel tant pour les différents leaders que pour les populations », a-t-il estimé, rappelant l’enlèvement d’un chef traditionnel sur le même axe fin-juillet. Lors d’une visite surprise en mi-juin à Djibo, le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré avait promis le retour des forces de sécurité dans cette ville en proie à des attaques terroristes.

Coronavirus en Afrique : une carte pour suivre au jour le jour l’avancée de l’épidémie

| Par Jeune Afrique
Mis à jour le 05 août 2020 à 14h20
Une femme masquée marche dans le couloir d'un centre commercial à Kitwe, en Zambie., en février 2020.

Un temps préservé par la pandémie de coronavirus, le continent africain est désormais touché par la propagation du Covid-19. Comment les pays résistent-ils à la pandémie ? Notre carte interactive réactualisée plusieurs fois par jour indique le nombre de cas répertoriés, de décès et de guérisons.

Éviter à tout prix une contagion généralisée et circonscrire les cas. Sur le continent africain, où le nombre de décès liés au Covid-19 reste peu élevé, les autorités nationales tentent, via des mesures plus ou moins restrictives, de freiner la propagation du virus et s’organisent pour prendre en charge rapidement les malades.


Mise à jour quotidiennement, cette carte évolutive dresse le panorama en temps réel de l’état d’avancée de la maladie. Elle se concentre sur trois variables : le nombre de décès liés au virus, le nombre total de cas déclarés depuis le début de l’épidémie, et le nombre de guérisons recensées. En passant votre souris sur chaque pays, vous pourrez visionner le détail de ces informations par pays, mais aussi les différentes mesures de restriction mises en place.

La couleur de la carte est désormais graduée selon le nombre de décès.

 

Si vous ne parvenez pas à lire la carte : cliquez ici.