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60 ans d’indépendance du Bénin : une célébration modeste en raison du Covid-19

| Par Jeune Afrique avec AFP
Mis à jour le 01 août 2020 à 16h44
Patrice Talon lors d'un dépôt de gerbe au monument aux morts à Xwlacodji, le 1er août pour les 60 ans d'indépendance du Bénin.

Patrice Talon lors d'un dépôt de gerbe au monument aux morts à Xwlacodji, le 1er août pour les 60 ans d'indépendance du Bénin. © DR / Présidence du Bénin

Le Bénin a célébré samedi le soixantième anniversaire de son accession à l’indépendance sans les traditionnelles festivités. Le défilé des forces de sécurité et de défense a notamment été annulé.

C’est une première, qui n’a cependant pas suscité de réactions ni de protestations dans le pays, qui recense 1770 cas confirmés et 35 décès, selon les chiffres en date du 24 juillet.

Le gouvernement béninois avait annoncé qu’il n’y aurait aucune festivité et a annulé le traditionnel défilé des forces de sécurité et de défense, considéré comme la plus grande attraction de cette commémoration depuis 60 ans.

Une dizaine de minutes de cérémonies

Le président Patrice Talon a néanmoins procédé à une cérémonie de dépôt de gerbe sur la place du monument aux morts, après y avoir allumé la « flamme de l’espoir ».

Il a ensuite pris part à une modeste cérémonie de prise d’armes et de revue des troupes devant un léger détachement de la police républicaine, de l’armée de l’air, des forces navales, et de l’armée de l’air et de la Garde nationale, une composante nouvellement créé au sein de l’armée.

Les deux cérémonies n’ont duré qu’une dizaine de minutes.

#FierDetreBeninois

Sur les réseaux sociaux, les comptes des principales institutions du pays, dont la présidence et le gouvernement, ont lancé deux hashtags – #FiereDetreBeninoise et #FierDetreBeninois – qui ont été repris par de nombreux internautes.

La veille, le chef de l’Etat béninois avait adressé son traditionnel message à la nation diffusé à la télévision et sur les réseaux sociaux.

Crise sanitaire et économique

« La célébration de cette fête nationale intervient dans un contexte tout particulier, marqué par la pandémie de Covid-19. C’est la plus grave crise sanitaire de notre temps. Elle se double d’une crise économique tout aussi préoccupante », a indiqué Patrice Talon.

Le président béninois a par ailleurs affirmé avoir mis en oeuvre « une politique de riposte courageuse, avec des moyens financiers importants », en vue de « prévenir la propagation de la pandémie et d’assurer la prise en charge efficace des personnes affectées ».

Vendredi, le gouvernement a notamment annoncé son intention de soutenir les exploitations agricoles et les petites et moyennes entreprises grâce à un plan financier de 100 milliards de francs CFA (Plus de 152 millions d’euros).

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Sommet de la Cedeao : les dessous de l’opération « Sauver IBK »

| Par Jeune Afrique avec AFP
Mis à jour le 29 juillet 2020 à 09h06
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta lors de la visioconférence entre chefs d'États de la Cédeao, le lundi 27 juillet.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta lors de la visioconférence entre chefs d'États de la Cédeao, le lundi 27 juillet. © Présidence malienne DR

 

Alors que le président malien vient de mettre en place un gouvernement restreint, ses homologues ouest-africains proposent de prendre des sanctions à l’encontre de « tous ceux qui ne respecteront pas l’ordre constitutionnel ».

Les 15 présidents de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont réaffirmé ce lundi leur soutien au président malien, au cours d’un sommet virtuel qui a duré trois heures. Le chef de l’État Ibrahim Boubacar Keïta (« IBK ») a réagi en début de soirée par un décret lu à la télévision par la secrétaire générale de la présidence, Kamissa Camara.

Elle a annoncé la constitution immédiate, autour du Premier ministre Boubou Cissé, d’une « équipe ministérielle restreinte dont la mission est de négocier avec les parties prenantes, en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale à même de contribuer à l’apaisement de la situation ».

Plusieurs poids lourds de la précédente équipe, qui avait démissionné après les législatives de mars-avril, conservent leurs postes : Tiébilé Dramé à la tête de la diplomatie, le général Ibrahima Dahirou Dembélé à la Défense ou encore Boubacar Alpha Bah à l’administration territoriale.

L’avocat et homme politique Kassoum Tapo devient ministre de la Justice et le général de division M’Bemba Moussa Keïta ministre de la Sécurité.

Le pouvoir a fait un geste en direction de l’opposition en confiant le ministère de l’Économie et des Finances à un ancien banquier, Abdoulaye Daffé, considéré comme étant proche du Chérif de Nioro, le mentor de la figure de proue de la contestation, l’imam Mahmoud Dicko.

Régime de sanctions

Les présidents de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont donc soutenu leur homologue IBK dans sa volonté de maintenir Boubou Cissé à la tête de son gouvernement, estimant qu’il était « libre » de choisir son Premier ministre. Cette nomination constitue, selon eux, une « prérogative régalienne du chef de l’État ». Cette question avait été au centre du huis clos, le 23 juillet à Bamako, entre Muhammadu Buhari, Mahamadou Issoufou, Alassane Ouattara, Nana Akufo-Addo, Macky Sall et IBK.

Le président nigérien Mahamadou Issoufou lors du sommet extraordinaire de la Cedeao sur la crise au Mali

Le président nigérien Mahamadou Issoufou lors du sommet extraordinaire de la Cedeao sur la crise au Mali © © PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE DU NIGER

 

Le choix d’un nouveau Premier ministre de consensus constitue pourtant une condition a minima de l’aile modérée du Mouvement du 5 juin (M5-RFP), qui partage les positions de l’imam Mahmoud Dicko.

« Je soutiens la proposition de notre frère Alassane [Ouattara] qui est de prendre des sanctions contre tous ceux qui iront à l’encontre de l’ordre constitutionnel […], a notamment déclaré le chef de l’État guinéen Alpha Condé le 27 juillet au cours de la conférence. Nous devons réaffirmer de façon incontestable la légitimité du président IBK, président élu dans un régime présidentiel, qui doit nommer et garder son Premier ministre et disposer des postes de souveraineté : affaires étrangères, défense, sécurité et finances. Le peuple malien composera ensuite un gouvernement qui reflétera toutes les tendances. » Le sommet a fermement exclu un départ forcé du président Keïta, réclamé par l’aile dure de la contestation. « En défendant le Mali, nous défendons nos propres pays. C’est pourquoi, notre soutien à IBK doit être total et sans condition », a ajouté le président guinéen.

Les dirigeants ouest-africains ont également insisté pour que les mesures prônées soient mises en œuvre « au plus tard » le 31 juillet. Parmi ces mesures, la « démission immédiate des 31 députés dont l’élection est contestée, y compris le président du Parlement », Moussa Timbiné. Ces démissions ouvriraient la voie à des législatives partielles. Le sommet a également demandé une « recomposition rapide de la Cour constitutionnelle ».

Trêve fragile

Les dirigeants de la contestation ont jusqu’à présent refusé d’entrer dans un gouvernement d’union nationale, soulignant que les problèmes de mal-gouvernance dépassaient les simples questions électorales. Malgré ces réticences, la Cedeao « encourage » le Mouvement du 5-Juin, qui mène la contestation, à y « participer dans un esprit de patriotisme ».

«Le M5-RFP, réaffirmant sa détermination à mener son combat pour sauver le Mali menacé de disparition en tant qu’État, nation, démocratie et République laïque, exige plus que jamais la démission de M. Ibrahim Boubacar Keïta et de son régime qui portent l’entière responsabilité de cette sinistre perspective pour notre pays », a réaffirmé ce 28 juillet le mouvement qui mène la contestation.

Le 10 juillet, la troisième grande manifestation contre le pouvoir avait dégénéré en trois jours de troubles meurtriers à Bamako, les pires dans la capitale depuis 2012, qui ont fait entre 11 et 23 morts. Le sommet de la Cedeao a demandé à ce qu’une « commission d’enquête » détermine « les responsabilités » dans ces violences.

Le mouvement de contestation M5-RFP, une coalition hétéroclite de religieux, d’opposants politiques et de membres de la société civile, avait annoncé le 21 juillet une « trêve » jusqu’à la fête musulmane de l’Aid prévue le 31 juillet. Samedi 25 juillet, la jeunesse du M5 se réunissait à Bamako à la veille du sommet de la Cedeao, et lançait un appel à la reprise des manifestations après le 3 août.

« Tout simplement noir » : un film afrocompatible ? 

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Par  Damien Glez

Damien Glez est dessinateur-éditorialiste franco-burkinabè

(@d.glez)

Glez

Présenté comme la comédie de l’été, fort d’une distribution réunissant notamment Lilian Thuram, Claudia Tagbo, Omar Sy, Amelle Chahbi ou Soprano, le film de Jean-Pascal Zadi est désormais projeté sur le continent. Mais qu’y a-t-il d’africain dans « Tout simplement noir » ? 

Terminés, les films « au revoir la France » ! Pour découvrir les « phénomènes » cinématographiques occidentaux, l’Afrique n’a plus besoin d’attendre les pellicules esquintées qui ne lui parvenaient que lorsque la carrière des productions amorties s’essoufflait en Europe. Avec le réseau de cinémas Canal Olympia, les sorties en salle sont quasiment simultanées.

Défouloir des Français black-blancs-beurs déconfinés et vrai-faux écho du mouvement Black Lives Matter, l’autoproclamée « comédie de l’été », Tout simplement noir, a débarqué sur le continent africain. Si le film parle de peaux d’ébène et a été réalisé par l’Ivoiro-descendant de Seine-Saint-Denis Jean-Pascal Zadi, le public africain peut-il se l’approprier ?

Objet cinématographique non identifié

Mais quel est donc cet OCNI, objet cinématographique non identifié ? Il est plus simple de dire ce qu’il n’est pas. Même s’il évoque l’organisation d’une manifestation parisienne destinée à dénoncer la situation des Noirs dans la société française, ce « documenteur » (faux documentaire) n’est pas un support de propagande pour les marches qui réclament actuellement un meilleur traitement judiciaire de l’affaire Adama Traoré.

L’œuvre n’est pas davantage l’allégorie d’une communauté unie – encore moins uniforme -, chacun des intervenants développant, en autocaricature, sa propre vision de la négritude à la française : le gardien du temple Lilian Thuram, le « sombre » aux cheveux trop lisses Vikash Dhorasoo, le métis influençable Éric Judor, le Blanc plus noir que noir Mathieu Kassovitz… et même, en casting fictif, le polémiste pestiféré Dieudonné Mbala Mbala.

Ce film est encore moins le biopic anticipé d’un activiste prétendument parenté à Angela Davis. Dans son propre rôle de rappeur-comédien raté, le réalisateur se révèle un opportuniste à l’idéologie aussi malléable que ridicule.

Le personnage principal enfonce les portes ouvertes des clichés sur l’Afrique

Et l’Afrique dans tout ça ? Au fil de quelques scènes, les personnalités noires revendiquent plus ou moins ce « certificat d’africanité » que la cause antiraciste aime parfois brandir comme un visa vers la légitimité militante. Prénommé « Saïd », le rappeur d’origine comorienne Soprano est-il plus proche du monde arabo-musulman que de l’Afrique noire ? Le réalisateur martiniquais Lucien Jean-Baptiste doit-il revendiquer des racines africaines ou accuser les Africains d’avoir vendu ses ancêtres ?

Après avoir milité pour la restitution d’un monument africain, le personnage principal du film enfonce les portes ouvertes des clichés sur l’Afrique : tout Noir qui pourrait lui rendre service devient instantanément son « tonton » dont il convient d’identifier les origines exactes ; toute Noire énergique mérite une petite leçon sur l’usage ostentatoire de ses avantages fessiers ; toute Africaine expatriée ambitionnerait d’avoir un amoureux caucasien ; toute racine africaine charrierait une tradition familiale qui confinerait aux alliances consanguines

Parenté à plaisanterie

Mais si Tout simplement noir déterre des clichés à peine enfouis, c’est pour mieux les déminer, ou plutôt les dynamiter. Le film est d’abord une farce satirique qui devrait remercier l’ancestrale parenté à plaisanterie et son don des clashs codifiés. Par le truchement des migrations subméditerranéennes, peut-être cette dernière a-t-elle infusé cet humour, à la moulinette du Jamel Comedy Club. Et si le film venait à être incompris par ceux qui manquent de second degré, peut-être Jean-Pascal Zadi aurait-il atteint un objectif à peine formulé : pour justifier sa tiédeur jalouse à l’égard d’Omar Sy – Français d’origines sénégalaise et mauritanienne -, le personnage principal déclare qu’il est louche d’être noir et classé au podium des personnalités préférées des Français.

Un Noir de France se devrait d’être, par essence, quelqu’un qui dérange. Peut-être le film dérangera-t-il aussi les Noirs, et en particulier certains Africains…

 

Orange Bank choisit la voie rapide en Afrique de l’Ouest

| Par
Le siège d'Orange Bank Africa est à Abidjan, la capitale économique de la Cöte d'Ivoire.

Le siège d'Orange Bank Africa est à Abidjan, la capitale économique de la Cöte d'Ivoire. © Licence CC

Un temps évoquée, la reprise par Orange Bank d’une partie des actifs de l’ex-Diamond Bank a été abandonnée au profit d’un déploiement plus rapide.

Orange Bank Africa (OBA), la filiale de services bancaires du groupe français de télécommunications, dont le siège à Abidjan a été inauguré le 23 juillet, mise sur un développement accéléré.

Les dirigeants du groupe Orange et leurs partenaires à NSIA, le groupe de bancassurance ivoirien fondé par Jean Kacou Diagou, avaient un temps prévu une absorption par OBA de certains actifs de l’ex-Diamond Bank Côte d’Ivoire. Cette dernière est en cours d’absorption par NSIA Banque Côte d’Ivoire.

Plusieurs cadres recrutés dans la banque ouest-africaine

Mais le transfert à Orange Bank des actifs en question aurait dépendu de la finalisation, dans un premier temps, du rachat par NSIA. Une opération encore suspendue à l’aval du régulateur boursier.

« Cela aurait mis trop de temps. Nous avons déjà reçu l’avis favorable de la Commission bancaire, en mars, mais l’accord du Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers se fait attendre », explique une source du côté de NSIA, d’où la décision, il y a plusieurs mois, de renoncer à s’appuyer sur le réseau de Diamond Bank en Côte d’Ivoire.

« Le portefeuille de clients de Diamond Bank n’était pas en phase avec les objectifs du groupe Orange », ajoute pour sa part Jean-Louis Menann-Kouamé, le directeur général de Orange Bank Africa, ancien patron de la filiale ivoirienne de BNP Paribas.

Il faut cependant noter que OBA a recruté plusieurs cadres supérieurs de Diamond Bank, parmi lesquels Claude Adigbonon, nommé en avril dernier directeur des ressources humaines, poste qu’il occupait auparavant dans le groupe bancaire au Bénin. OBA, dont le capital social est de 14,5 milliards F CFA (22,1 millions d’euros), est détenu à 75 % par Orange et à 25 % par NSIA.

Au programme : le Sénégal, le Burkina et le Mali

Le siège d’OBA occupe plus de 1 200 mètres carrés dans la commune de Marcory, dans le sud d’Abidjan. Les premiers pas de Orange Bank Africa en Côte d’Ivoire détermineront le plan de développement sur le continent, dans les pays où est implanté l’opérateur français. Le premier déploiement concernera le Sénégal au troisième trimestre 2021, puis le Burkina et le Mali au quatrième trimestre de la même année. OBA lance ses opérations avec un effectif de cinquante personnes (un staff de 70 employés attendus à la fin de décembre).

Selon Jean-Louis Menann-Kouamé, la nouvelle banque mobile s’appuiera sur les quatre millions d’abonnés actifs de Orange Money, la filiale émettrice de monnaie électronique et de mobile money. À terme, ce sont 10 millions de clients qui sont visés à l’horizon 2015, après le déploiement au Sénégal, au Mali et au Burkina Faso. Parmi les clients à cibler : les près de 6 millions d’abonnés « inactifs » d’Orange Money, ceux dont les comptes n’ont pas enregistré de transactions durant les 30 derniers jours.

Pour le premier jour d’ouverture de OBA, environ 3 000 souscripteurs ont été enregistrés. Le nouvel arrivant dans le secteur bancaire vise un produit net bancaire de 65 milliards de F CFA.

Pas de fusion entre Orange Money et Orange Bank

Orange ne prévoit pas de fusion entre ses filiales de mobile money et de la banque digitale. Les deux entités fonctionneront indépendamment.

Pour son lancement, OBA a mis en place une offre de prêt et d’épargne dénommée Tik Tak, qui permet aux clients de faire des opérations sans se déplacer. « Avec cette offre, inédite sur le marché, les abonnés peuvent emprunter pour l’instant de 5 000 à 100 000 F CFA, remboursables sur un mois. Nous ciblons plusieurs types de clientèle, y compris celle non bancarisée », résume Jean-Louis Menann-Kouamé. La condition obligatoire pour bénéficier de l’offre Tik Tak est d’être abonné à Orange et à Orange Money. Les offres de crédit sont appelées à évoluer progressivement en fonction du comportement des clients.