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Mali: 5 morts dans l'attaque d'un convoi militaire au centre du pays

Patrouille de l'armée malienne à Anderamboukane, dans la région de Menaka, le 22 mars 2019.
© Agnes COUDURIER / AFP

Un convoi de l'armée malienne a été attaqué le mercredi 21 août dans le centre du pays. Quatre militaires et un civil ont été tués. L'attaque a fait également plusieurs blessés et du matériel militaire a été détruit par les assaillants. Pas de revendication pour l'instant, mais de présumés jihadistes sont déjà pointés du doigt.

Dans le cadre du renforcement de ses positions sur le terrain, l’armée malienne transporte du matériel militaire sur des porte-chars. Le convoi était escorté. Après une nuit passée vers la ville de Boni au centre, ce mercredi, la vingtaine d’hommes se dirigent un peu plus au Nord. Peu avant la localité de Nokara, des hommes armés ont surgi. Des coups de feu éclatent, les assaillants, selon plusieurs sources, sont de présumés jihadistes. Des civils situés à moins de 500 mètres des lieux ont rapidement rebroussé chemin alors que l’attaque se poursuivait.

Cinq hommes du convoi de l’armée, dont quatre militaires et un civil ont été tués. Au moins deux autres ont été blessés, selon une source militaire malienne qui dément le supposé rapt de deux autres militaires. C’est le matériel transporté qui était surtout visé. Des véhicules de l’armée, dont des porte-chars ont été brûlés.

Un renfort rapidement sur place

Très rapidement, un renfort des troupes régulières est arrivé sur place. « Ces événements ne renforcent que notre détermination », a commenté un responsable du ministère de la Défense. Selon lui, depuis l’envoi de forces supplémentaires dans le centre, la situation sécuritaire à des endroits s’est plutôt « améliorée ». « Les terroristes ne sont plus dans des zones qu’ils occupaient », ajoute la même source.

À lire également : Mali: les populations du centre du pays face aux attaques à répétitions

Côte d’Ivoire : « Charles Blé Goudé veut incarner
l’héritage politique de Laurent Gbagbo »

| Par - à Abidjan

Le Congrès panafricain pour la justice et l'égalité des peuples (Cojep) de Charles Blé Goudé, ex-ministre de Laurent Gbagbo, a tenu ce week-end son premier congrès et affûte sa stratégie politique, à quatorze mois de l'élection présidentielle d’octobre 2020. Décryptage.

Des centaines de supporteurs de Charles Blé Goudé s’étaient donné rendez-vous samedi 17 août sur la place CP1 de Yopougon, grande commune d’Abidjan et fief de l’ex-président Laurent Gbagbo. L’occasion ? Le premier congrès du Cojep. Dans la foule, Kouadio Konan Bertin (KKB), ex-président de la Jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), candidat indépendant malheureux à la présidentielle d’octobre 2015.

Avec Charles Blé Goudé, qu’il a rencontré alors qu’il était à la prison de Scheveningen, ils préparent une action commune. Pour l’heure, les deux hommes refusent d’en dévoiler le contenu. « Charles Blé Goudé et moi-même sommes en train de construire une relation qui, j’espère, va sauver la Côte d’Ivoire de demain, révèle KKB. Nous sommes en train de poser les jalons pour le futur. » Une coalition de quadragénaires de la politique ivoirienne, ex-leaders de mouvements estudiantins, intégrant des mouvements proches de Guillaume Soro ? Peut-être.

Hyactinthe Nogbou, premier secrétaire du Cojep qui gère le parti en l’absence de son président-fondateur, avait déjà participé à des réunions sur la question de la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI), dans le cadre de la plateforme de l’opposition qu’annonce depuis un an Henri Konan Bédié. Réservé sur les méthodes des responsables du PDCI, auxquels il reproche un manque de démocratie, le Cojep s’était finalement retiré des discussions.

« Rien contre les intérêts de Gbagbo »

Pour l’heure, la formation de Charles Blé Goudé tente de s’organiser en l’absence de son charismatique leader. Le congrès de ce week-end, qui a vu la réélection de ce dernier à la présidence, vise à préparer le parti – qui ne compte officiellement aucun élu – à aborder « avec efficacité » l’échéance de la présidentielle de 2020.

Pour l’universitaire Geoffroy-Julien Kouao, l’ex-ministre de la Jeunesse ivoirien défend une posture réaliste. En effet, la popularité de Laurent Gbagbo reste intacte dans les bases qui l’ont soutenu durant son mandat. « En stratège politique, Blé Goudé veut incarner, voire personnifier l’héritage politique de Laurent Gbagbo. Y parviendra-t-il ? Difficile de le prévoir », note Kouaho.

Charles Blé Goudé candidat à la présidentielle de 2020 ? Rien n’est moins sûr, si on en croit le décryptage de l’universitaire, pour qui le Cojep est un instrument entre les mains de Laurent Gbagbo, au même titre que le Front populaire ivoirien (FPI) et Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS, coalition de mouvements et partis politiques pro-Gbagbo).

La posture politique de Charles Blé Goudé dépendra de celle de son mentor Laurent Gbagbo

« La posture politique de Charles Blé Goudé dépendra de celle de son mentor. Il ne fera rien contre les intérêts de Gbagbo ; or, personne ne connaît aujourd’hui les ambitions de celui-ci pour 2020 », insiste l’analyste politique Sylvain N’Guessan. Depuis l’hôtel de La Haye où il observe sa liberté conditionnelle imposée par la Cour pénale internationale (CPI), le co-détenu de Laurent Gbagbo ne cache certes pas son ambition présidentielle, mais sans doute pas pour 2020, alors que l’ex-chef d’État, fondateur du FPI, n’a pas encore officiellement annoncé son retrait de la course.

En effet, dans son habituel langage imagé, Blé Goudé coupe court à toute rumeur sur ses rapports avec l’ex-chef d’État en liberté conditionnelle à Bruxelles (Belgique). « Ce qui me lie au président Gbagbo, c’est une cause noble. Et cette cause engage la vie de milliers d’Ivoiriens. Il faut savoir que quelle que soit la longueur des oreilles, elles ne dépasseront jamais la tête. La tête ici, c’est Laurent Gbagbo et jamais je ne me comparerai à Gbagbo parce que c’est mon père, c’est mon maître », affirme-t-il. Précisant qu’il n’est « pas pressé, la Côte d’Ivoire n’est pas de passage ».

Côte d’Ivoire: Moussa Faki Mahamat salue la réforme de la CEI

Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, le 10 juillet 2019.
© TONY KARUMBA / AFP

Le président de la Commission de l’Union africaine apporte un soutien de poids à la nouvelle commission électorale ivoirienne. Récemment réformée, elle ne satisfait pourtant toujours pas l’opposition.

C’est sur lesite de l’Union africaineque le président de la Commission s’est prononcé sur la réforme. La note très brève indique que Moussa Faki Mahamat « se félicite » de la prise en compte des recommandations de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples dans la nouvelle mouture de la Commission électorale ivoirienne (CEI).

►À lire aussi : Côte d’Ivoire : la réforme de la Commission électorale adoptée

Le chef de l’UA fait référence à l’arrêt en 2016 de la Cour africaine, qui attestait de la mainmise du camp présidentiel sur l’instance électorale. Depuis, ce jugement a été maintes fois utilisé par les partis d’opposition et certains membres de la société civile pour dénoncer un possible hold-up électoral organisé par le pouvoir à la prochaine présidentielle de 2020.

En guise de bonne foi, le gouvernement a négocié avec ses détracteurs durant six mois cette année afin de rendre l’organe électoral plus consensuel. Les pourparlers ont abouti fin juillet à l’adoption à l’Assemblée nationale, puis au Sénat, d’une commission électorale recomposée. Une nouvelle version promulguée le 6 août dernier par le chef de l’État Alassane Ouattara, mais qui irrite toujours ses adversaires.

Privés de recours au niveau national, les parlementaires de l’opposition avaient déjà déclaré qu’une nouvelle saisie de la Cour africaine des droits de l’homme, voire d’autres instances internationales, pourrait s’envisager. Un jugement positif de l’une de ces organisations permettrait aux opposants de justifier leurs arguments contre le gouvernement, qu’ils accusent régulièrement de harcèlement politique et judiciaire.

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Burkina : après la mort de 24 militaires dans une attaque,
l’opposition demande la démission du gouvernement

| Par Jeune Afrique avec AFP

Vingt-quatre soldats ont été tués lundi lors d'une « attaque d'envergure » de « groupes armés terroristes » dans le nord du Burkina Faso. C'est l'attaque jihadiste la plus meurtrière qu'ait subie l'armée burkinabè.

L’état-major général des armées burkinabè a actualisé mardi dans un communiqué le bilan de l’attaque, attribuée à des jihadistes, qui a frappé la veille le détachement militaire de Koutougou, dans la province du Soum. Alors que son précédent bilan lundi faisait état d’une dizaine de militaires tués et de plusieurs blessés, il évoque désormais 24 soldats tués, sept blessés et cinq portés disparus.

Un « conseil de défense extraordinaire » était en cours mardi au palais présidentiel à Ouagadougou, a indiqué une source sécuritaire à l’AFP.

Selon cette source, ce sont « plusieurs dizaines de terroristes à bord de motos et de pick-up » qui ont attaqué le camp. « C’est visiblement une attaque bien préparée et coordonnée par plusieurs groupes terroristes. Ils ont tiré à l’arme lourde sur le camp de base, notamment des roquettes qui ont incendié plusieurs installations, des moyens roulants et de l’armement », a précisé cette source.

Jusque-là, la plus grave attaque jihadiste jamais perpétrée contre l’armée burkinabé avait fait 12 morts à Nassoumbou, également dans la province du Soum, en décembre 2016. Une quarantaine d’assaillants, à bord de véhicules pick-up et de motos, avaient attaqué un poste militaire situé à une trentaine de kilomètres du Mali.

« Vaste opération de ratissage »

L’armée burkinabè avait aussi subi un revers sans précédent en mars 2018, lorsqu’une attaque jihadiste avait dévasté son état-major général, en plein centre-ville de la capitale Ouagadougou, faisant huit morts.

Lundi, l’attaque contre le détachement militaire de Koutougou « a débuté vers 5H00 (locales et GMT). Les assaillants ont effectué plusieurs tirs à l’arme lourde, incendiant une grande partie du camp de base et des engins », a précisé à l’AFP une source sécuritaire.

« En réaction à cette attaque barbare, une vaste opération aérienne et terrestre de ratissage a permis de neutraliser de nombreux assaillants », a assuré l’état-major, sans donner plus de détail.

« Gouvernement dépassé »

Le principal parti d’opposition du Burkina Faso, l’Union pour le progrès et le changement (UPC), a demandé mardi la démission du gouvernement, le jugeant incapable de faire face à la situation.

« Le gouvernement Dabiré a complètement échoué ». « L’UPC demande la démission pure et simple du gouvernement », « et la nomination par le président Roch Kaboré d’une nouvelle équipe qui aura pour mission première la défense de l’intégrité territoriale et la sécurité des Burkinabè », a déclaré le mouvement dans un communiqué.

Selon ce parti dirigé par Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition, l’équipe gouvernementale est « dépassée par la tournure des événements » et « croise à présent les bras, attendant ce que le hasard fera d’eux et des Burkinabè ».

Le nord du Burkina a été le théâtre de plusieurs attaques meurtrières ces derniers mois, mais qui ont plutôt visé des civils. Quinze personnes ont péri fin juillet dans l’attaque du village de Diblou, et en juin, au moins 51 personnes ont été tuées dans quatre attaques.

Cependant les 14 et 15 août, quatre militaires ont été tués par l’explosion d’une engin artisanal qui a fait sauter leur véhicule sur une route du Nord, puis trois policiers ont été tués dans une embuscade. Les attaques jihadistes, de plus en plus fréquentes et meurtrières, en particulier dans le nord et l’est du pays, ont fait plus de 500 morts.

Les forces de défense et de sécurité burkinabè, manquant de moyens, semblent incapables d’enrayer les attaques, et les jihadistes étendent leur influence sur des zones de plus en plus grandes. Ils disposeraient de plusieurs centaines de militants armés dans le pays, avait confié en mai une source militaire française à l’AFP.
Mi-juillet, les autorités burkinabè ont prorogé de six mois l’état d’urgence, en vigueur depuis décembre 2018 dans plusieurs provinces du pays.

Cinq États du Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad – le G5 Sahel) ont constitué une force militaire multinationale pour lutter contre les multiples groupes jihadistes qui sévissent dans la région, mais cette force peine à monter en puissance.

Guinée : premières exportations de bauxite pour la GAC

| Par - à Conakry

Titulaire d’une concession minière dans le nord-ouest du pays, Guinea Aluminium Corporation (GAC) vient d'exporter 70 000 premières tonnes de bauxite. La filiale d'Emirates Global Aluminium entend monter sa production annuelle à 12 millions de tonnes en misant sur le regain du marché de l’aluminium.

Dans la fourmilière extractive de Boké, dans le nord-ouest de la Guinée, il faudra désormais compter avec les allées et venues du train de Guinea Alumina Corporation (GAC), filiale d’Emirates Global Aluminium (EGA), entre la mine de Sangarédi et le port minéralier de Kamsar.

Les deux extrémités sont reliées par une voie ferrée de 135 kilomètres, objet d’une utilisation commune entre GAC et son concessionnaire traditionnel qu’est la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG). Le chemin de fer appartient à l’État, qui en assure la gestion à travers l’Agence nationale d’aménagement des infrastructures minières (Anaim). L’autre acteur présent sur le terrain est le géant SMB (Société minière de Boké).

Pour EGA, l’acquisition en 2013 de cette concession, pour une durée de vingt-cinq ans renouvelable une fois, répond à une stratégie de sécurisation de sa chaîne d’approvisionnement en amont. La production, qui devait démarrer initialement en 2017, a connu du retard, le renforcement des infrastructures ayant pris du temps.

Des perspectives « très favorables »

Pour son baptême du feu, Guinea Alumina Corporation a exporté le 5 août 70 000 tonnes de bauxite vers les Émirats arabes unis. Elle table sur un rythme annuel d’extraction de 12 millions de tonnes, une fois cette phase de démarrage passée.

« Le premier navire est parti la semaine dernière. On est en phase de mise en service. Nos activités vont lentement mais sûrement. Le deuxième bateau est attendu la semaine prochaine, précise à Jeune Afrique Martin Simard, directeur de la communication de GAC. Le projet devra générer 700 millions de dollars (628 millions d’euros) et ainsi faire croître le PIB national, avec à la clé environ 1 000 emplois en phase d’exploitation. »

Le prix de l’aluminium est à son plus bas, mais on sait que c’est une situation temporaire

Les spécialistes prédisent un marché favorable d’ici à 2026. « Le prix de l’aluminium est à son plus bas [la tonne a chuté de 2 250 à 1 850 dollars entre octobre 2018 et juillet 2019]. On sait que c’est une situation temporaire. Les perspectives sont très favorables », parie Martin Simard. « Le marché se raffermit », constate Aboubacar Akoumba Diallo, spécialiste des questions minières.

Située dans le district de Tanéné, sous-préfecture de Sangarédi (Boké), la concession minière de Guinea Alumina Corporation s’étend sur 690 km carrés. GAC a été fondée en 2001 sous l’appellation Global Alumina et est devenue, depuis mai 2013, une propriété exclusive d’Emirates Global Alumina (EGA), cinquième acteur mondial de l’aluminium. La phase deux du projet de GAC en Guinée porte sur la construction et l’exploitation d’une raffinerie d’alumine à Kamsar. Un dossier que ses responsables se gardent d’aborder, tout en assurant que le projet n’est pas enterré.