Témoignages

 

Bienheureuse Marie-Clémentine Anuarite Nengapeta

Religieuse Zaïroise et martyre

 

Anuarite naquit à Wamba (Rép. Dém. du Congo) le 29 décembre 1939. Anuarite rentra très jeune au couvent de Bafwabaka. Le 5 août 1959, elle fit ses premiers vœux. On lui donna le nom de Sœur Marie-Clémentine. Ses parents étaient présents à la cérémonie et offrirent deux chèvres comme cadeaux aux Sœurs pour témoigner de leur fierté de voir leur fille se consacrer au Seigneur.

En 1964, la rébellion muléliste éclata dans le pays. En l'espace de quelques semaines seulement, elle occupa une bonne partie du pays. Les rebelles (les Simba) étaient con-tre les Occidentaux et aussi contre les religieux autochtones parce qu'ils les soupçonnaient d'être complices avec les Occidentaux. Le 29 novembre 1964, ils arrivèrent au couvent de Bafwabaka et embarquèrent toutes les Sœurs, elles étaient 46, pour les amener à Wamba. L'explication donnée aux Sœurs pour ce déplacement forcé était qu'il fallait les amener dans un lieu de sûreté. Mais en cours de route, le camion changea de direction et amena les Sœurs à Isiro.

Cette nuit-là, toutes les Sœurs sauf Anuarite furent emmenées dans une maison, la "maison bleue." Un des chefs des Simba, le colonel Ngalo aidé par un soldat du nom de Sigbande, essaya de convaincre Anuarite de devenir sa femme. Saisie de peur mais courageuse, elle refusa catégoriquement, même après que les soldats, furieux devant ses refus répétés, l'isolèrent et la menacèrent de mort.

Pendant ce temps, les autres Sœurs qui étaient dans la "maison bleue" refusèrent de manger à moins que leur supérieure ne soit présente. Le colonel Pierre Olombe, prenant avec lui les Sœurs Banakweni et Marie Lucie, vint présenter la situation au colonel Ngalo qui, à son tour, sollicita son aide pour séduire Anuarite. Le colonel Olombe, très sûr de lui-même, accepta d'aider Ngalo.

Avec peine Anuarite prit un repas avec Mère Xavéria. Celle-ci mit du riz et des sardines dans l'assiette et elles y mangèrent à deux, à la demande d'Anuarite. Mais quand on leur apporta de la bière, Anuarite dit aux autres Sœurs de ne pas la boire car elles couraient toutes un danger mortel. Elle se déclara prête à mourir pour défendre sa virginité.

Le calvaire d’Anuarite
Le colonel Olombe s'approcha alors avec un groupe de Simba et ordonna aux Sœurs d'aller dormir. Il accepta qu'elles dorment dans la même chambre à condition qu'Anuarite reste. Très troublée et inquiète, Anuarite demanda alors à la mère supérieure de prier pour elle. Olombe essaya encore de convaincre Anuarite d'être la femme du colonel Ngalo. Puis il changea d'avis et voulut lui-même avoir Anuarite. Suite à ses refus catégoriques, il se mit à l'insulter mais Anuarite répliqua avec un air de défi.

Puis Olombe fit entrer Anuarite et Sœur Bokuma Jean-Baptiste -il voulait cette dernière pour lui-même- de force dans une voiture. Anuarite tenta de fuir, suivie de la Sœur Jean-Baptiste, quand le colonel alla chercher la clef de contact dans la maison. Mais il les attrapa et une lutte féroce s'ensuivit. Les mères Léontine et Mélanie, qui regardaient la scène, demandèrent au colonel Olombe d'avoir pitié des deux Sœurs. Mais le colonel, furieux, leur dit de se taire.

Le colonel Olombe se mit alors à frapper les deux Sœurs sans pitié. La Sœur Jean-Baptiste tomba évanouie, le bras droit cassé en trois endroits, mais Anuarite continuait à résister courageusement, répétant qu'elle préférait mourir plutôt que de commettre ce péché. Ses mots rendirent le colonel encore plus furieux.

À travers les coups, Sœur Anuarite eut la force de lui dire : "Je vous pardonne car vous ne savez pas ce que vous faites." Pris d'une nouvelle fureur, Olombe appela des Simba à son aide et donna l'ordre à deux d'entre eux de percer Anuarite de leurs baïonnettes à plusieurs reprises. Enfin Olombe prit son revolver et lui tira une balle dans la poitrine.

Le colonel Olombe sembla se calmer un peu et il dit aux Sœurs de venir prendre le corps d'Anuarite qui respirait encore faiblement. Celle-ci survécut encore quelques minutes avant de rendre l'âme à environ une heure du matin le 1er décembre 1964.

Anuarite fut enterrée dans une fosse commune avec d'autres condamnés exécutés par les Simba. Cependant, huit mois plus tard, on déterra son cadavre pour l'enterrer avec tous les honneurs dans le cimetière près de la cathédrale d'Isiro. En 1999, elle devint la première femme congolaise à être élevée au rang des saints par l'Église Catholique.

 

Révérend Yossa Way
Professeur de Théologie

 

 

Bienheureux Isidore Bakanja

Apôtre jusqu’à la mort

 

Isidore Bakanja, qui a donné sa vie pour la foi chrétienne, a vécu une vie simple comme catholique laïc au temps des atrocités qui ont été perpétrées par le régime du roi Léopold II dans l'État Libre du Congo. Il est né à Bokendela sur le Congo, au nord de la ville de Mbandaka (l'ancien Coquihatville). Son père et sa mère s'appelaient Iyonzwa et Inyuka.

Peu après sa majorité, il descendit la rivière jusqu'à Mbandaka pour chercher du travail : il devient maçon. Il reçoit, comme beaucoup d’autres, humiliations et brimades qu’il supporte avec beaucoup de patience. Bien vite, il gagne la confiance de ses maîtres et de ses camarades.

Pendant qu'il était à Mbandaka il rencontre des missionnaires catholiques trappistes de l'ordre de Cîteaux. Il a été instruit par ces derniers, et baptisé dans la paroisse de St Eugène, à Bolokwa-Nsimba, le 6 mai 1906. Plus tard, dans la même année, il fit sa première communion et a été confirmé. Bakanja vivait sa foi de manière très simple, et il portait toujours les deux symboles du chapelet et du scapulaire, qui lui étaient chers. Par la parole et les actions il attirait ses amis et ses connaissances à la foi chrétienne.

Bakanja a ensuite eu l'idée de rentrer dans son village pour travailler dans une plantation européenne. En dépit des avertissements de ses amis, il a trouvé du travail, à Busira, comme serviteur dans la maison d'un surveillant de la plantation qui s'appelait Reynders. M. Reynders, travaillait pour une société belge qui exploitait l’ivoire et le caoutchouc. Il l’apprécie beaucoup à cause de son travail, de sa courtoisie et de son honnêteté. Frappés par sa sagesse, beaucoup le choisissent comme catéchiste.

Deux cents coups de fouet
Quand Reynders a été transféré à Ikili, Bakanja l'y a accompagné. Là, le directeur de la plantation était un certain Van Cauter, qui était connu pour son opposition fanatique au christianisme et aux missionnaires chrétiens. Bakanja était très consciencieux dans son travail et il avait un rapport cordial avec Reynders. Reynders recommande à Isidore de dissimuler sa foi afin de ne pas s’attirer d’ennui. Il n’en tient aucun compte et, seul chrétien parmi les ouvriers, Bakanja partage le feu qui brûle en lui.
Van Cauter, par contre, était furieux quand Bakanja refusa d'enlever son scapulaire, et ordonna qu'on lui donne une fustigation sévère. Bakanja a accepté la punition injuste dans l'esprit de Jésus lors de sa passion.

Par la suite, Van Cauter vit Bakanja en prière lors d'une pause de travail et il devint furieux. Il ordonna de flageller Bakanja de plus de 200 coups avec un fouet en peau d’hippopotame garni de clous. On l'a ensuite enchaîné et enfermé. Le corps d’Isidore n’est plus qu’une plaie. Au bout d'un certain temps, on l'a relâché et on lui a ordonné d'accompagner Reynders à Isoko. Bakanja ne pouvait à peine marcher, et il s'est caché dans la forêt. Après trois jours, il a été découvert par un autre responsable, Dorpinghaus, qui venait inspecter les plantations. On a amené Bakanja jusqu'à un bateau sur la rivière, où il a reçu des soins pour ses plaies, qui commençaient déjà à se putréfier. Ses os à nu le faisaient souffrir atrocement.

À Ngomb'Isongo, à l'embarquement du bateau, on a trouvé qu'il était impossible d'arrêter l'infection. Mourant de septicémie, on a amené Bakanja à Busira pour qu'il reçoive les soins du catéchiste local. Il a aussi reçu la visite de deux missionnaires trappistes le 24 et le 25 juillet 1909, et a reçu les derniers sacrements de leur part. Il est mort le 15 août, en pardonnant et en priant pour son persécuteur.

Van Cauter, par la suite, a été poursuivi en justice par ses employeurs, et a reçu une peine de prison.

Le 25 avril 1994, Isidore Bakanja a été béatifié par le pape Jean-Paul II en présence de centaines d'évêques, de prêtres et de religieux qui étaient venus à Rome pour l'Assemblée Spéciale pour l'Afrique du synode des évêques.

 

Aylward Shorter M.Afr.

 Pris dans "Voix d'Afrique" n° 111

 

Dans "Voix d'Afrique" N°111.

 

 

Passage par le purgatoire similaire à
un passage à l’hôpital

 

 


En 1987, Michaël L. Fitzgerald a été nommé secrétaire du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux. En octobre 2002 , il a succédé au cardinal Francis Arinze comme Président du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux . Il est l’un des principaux experts sur l’Islam, les relations islamo-chrétiennes et le dialogue interreligieux au sein de la haute hiérarchie de l'Église catholique. Le 15 février 2006, il a été nommé nonce apostolique en Égypte et délégué auprès de la Ligue des États arabes, son premier poste diplomatique. Il a démissionné en novembre 2012 et reste avec les Missionnaires d’Afrique à Jérusalem.

Dans ce texte il écrit avec humour son passage dans un hôpital de Rome, passage qu’il compare au passage qu’il nous sera donné d’accomplir au purgatoire

 

 

Le 25 février dernier, il a fallu que j’aille à la Policlinique Umberto, l’un des principaux hôpitaux de Rome. L’expérience m’a fait penser au purgatoire. Je m’explique.

Un ami m’a accompagné en taxi aux Urgences. On nous dit d’attendre que quelqu’un soit libre de me recevoir. La salle d’attente était lugubre, le papier peint se décollait des murs et il n’y avait que quatre sièges. Un jeune homme d’origine africaine entra, avec sa femme ou sa petite amie, et immédiatement brancha son téléphone portable pour le charger. C’était comme s’il regrettait d’avoir eu à quitter le monde extérieur.

Après un court instant, j’ai été reçu par une réceptionniste qui nota mon identité : nom complet, date et lieu de naissance, adresse. Je suppose qu’entrant au purgatoire, on devra établir son identité de manière semblable, bien que les anges devraient déjà avoir toutes les informations.

On me mit sur un brancard et on me roula chez le médecin de garde. On vérifia la pression artérielle, on me fit un électrocardiogramme (ECG), et on me préleva un échantillon de sang. On était plusieurs alignés, en attente de l’examen de Tachycardie (TAC). Un pauvre homme semblait complètement perdu. Il n’arrêtait pas de pleurer « Angelina, Angelina (probablement son épouse), viens m’aider, je suis tout seul. » Personne n’accordait beaucoup d’attention à ses pleurs, mais il me semble qu’ils exprimaient aussi la difficulté de se détacher de la vie dans le monde.

 

IRM spirituel

La TAC détermina qu’une opération était nécessaire, et on m’a donc emmené au service de neurologie où d’autres examens allaient être effectués. Il y avait un IRM où le patient est introduit dans une grosse machine et bombardé avec des ultrasons, certains comme le claquement d’un marteau, d’autres comme une foreuse pneumatique. Cela produit une image de résonance magnétique. Il pourrait y avoir quelque chose de semblable au purgatoire, où le candidat pour le ciel est bombardé de toutes parts par des voix accusatrices, de ses propres péchés, ou des gens auxquels il aurait fait du mal. L’image résultante montrera combien la purification est nécessaire pour pouvoir entrer dans la divine présence du Seigneur.

Un Doppler a aussi été réalisé. Encore une fois, il s’agit d’un examen par le son, mais avec une plus grande concentration sur une zone particulière du corps et de façon plus intensive. Pour moi il était concentré sur les artères carotides. C’était le test décisif pour montrer qu’il fallait une opération sur l’artère carotide droite. Sûrement, au purgatoire, nos faiblesses cachées seront exposées, ces défauts que tout au long de notre vie nous avons gardés cachés, consciemment ou inconsciemment, et qui maintenant viennent à la surface pour qu’on y remédie une fois pour toutes.

Avant l’opération, il y eut un autre examen. Il s’agissait d’une angiographie. C’est un examen des veines et des artères. Il fonctionne par contraste, puisqu’on envoie une substance iodée dans la circulation sanguine et cela permet de montrer s’il y a une faiblesse quelconque qui ferait déconseiller l’opération prévue. Cet examen m’a fait penser aux différentes façons de comprendre l’arrivée dans l’au-delà.


Une angiographie fait penser à la façon
de comprendre l’au-delà. dans l’Égypte antique.

 

Il y a l’explication du Livre Égyptien des Morts, où les bonnes actions dans la vie de la personne décédée sont mises sur la balance avec ses mauvaises actions. Selon la tradition islamique, ses actions la devancent afin qu’au moment du décès, elle soit prête à être examinée. En fait pour les musulmans, toute personne a deux anges enregistreurs ; l’un inscrit toutes les bonnes actions, l’autre enregistre les mauvaises. Le premier ange est très zélé et enregistre les bonnes immédiatement, tandis que le second est un peu paresseux et laisse passer les mauvaises actions sans les enregistrer. Ceci est jugé conforme à la Miséricorde Divine.

Au purgatoire ce que nous avons fait au cours de nos vies sera sûrement pesé, mais nous pouvons être assurés que nous ne serons pas jugés en fonction de nos mérites, car nous n’en avons vraiment aucun. Ce que nous avons pu faire de bon a été effectué par la grâce de Dieu, et nous sommes donc dépendants de la miséricorde de Dieu, dans lequel nous mettons notre confiance.

 


Un doppler qui décèle nos faiblesses cachées, tel sera le purgatoire.

 

Après ces examens, l’opération pouvait avoir lieu. C’était une opération de nettoyage, pour enlever la matière obstruant le passage du sang dans l’artère carotide. Cela n’a pas été agréable, mais pas vraiment douloureux grâce à l’anesthésie locale, mais ça donnait la vie, ou au moins la restaurait. Je suis sûr que quelque chose comme ça doit se dérouler en arrivant au purgatoire.

 

Le Christ un feu qui nous purifiera

Le pape Benoît XVI a écrit ceci : « Certains théologiens récents sont de l’avis que le feu qui brûle et en même temps sauve est le Christ lui-même, le Juge et Sauveur. La rencontre avec Lui est l’acte décisif du Jugement. Devant son regard s’évanouit toute fausseté. C’est la rencontre avec Lui qui, en nous brûlant, nous transforme et nous libère pour nous faire devenir vraiment nous-mêmes. Les choses édifiées durant la vie peuvent alors se révéler paille sèche, vantardise vide et s’écrouler. Mais dans la souffrance de cette rencontre, où l’impur et le malsain de notre être nous apparaissent évidents, se trouve le salut. Le regard du Christ, le battement de son cœur nous guérissent grâce à une transformation assurément douloureuse, comme « par le feu. Cependant, c’est une heureuse souffrance, dans laquelle le saint pouvoir de son amour nous pénètre comme une flamme, nous permettant à la fin d’être totalement nous-mêmes et par là totalement de Dieu » Spe Salvi (47).

Durant tout le temps que j’ai passé à l’hôpital, avant et après l’opération, il y avait un flux continu de médecins, d’infirmières et d’aides-soignantes, répondant à tous les besoins comme des anges tutélaires. Les anges s’occuperont sûrement de ceux qui passent par le processus de purification. Il y avait aussi les visites régulières des confrères, des messages et des appels d’amis, le soutien de prières. Tout cela m’a rappelé que la Communion des Saints, dans laquelle nous croyons, est une réalité vraiment réconfortante.

 


Mgr Michaël L. Fitzgerald, M. Afr.

Missionnaires d'Afrique

François Richard M.Afr

150 ANS
6500 MISSIONNAIRES

 

Père Michel Boisseau
(1920-1994)

Quand il arrive au noviciat de Maison Carrée, en 1948, Michel a déjà 28 ans et pas mal d’expérience derrière lui : bonnes études, scoutisme, diplôme d’une des meilleures écoles d’ingénieurs, engagement dans la résistance contre le nazisme, poste de directeur d’une fosse dans les mines de houille où il s’est intéressé aux questions sociales. Son désir est de mettre tout cet acquis au service de la mission. Il espère être nommé dans un diocèse minier. Au scolasticat de Thibar, on lui fait miroiter une telle nomination.

A sa surprise, il est nommé à la mission de Toussiana, dans un diocèse rural de Haute Volta. Déçu, il se met néanmoins courageusement à l’étude de la langue qui est difficile et non encore étudiée systématiquement. Après deux ans, il commence à peine à la maitriser quand il est nommé à Kanti, où il doit se mettre à une autre langue, le Lobi. Il trouve humiliant de rester un missionnaire débutant et balbutiant. C’est un homme habitué à commander et dont l’imagination déborde d’idées. Il a de la peine à entrer dans des programmes tout établis, où il ne peut guère utiliser sa grande créativité.

A sa demande, après quelques années, il est de nouveau nommé à Toussiana, où il participe à la vie paroissiale de première évangélisation en milieu rural, appréciant spécialement les contacts avec les plus pauvres. Surtout, étant aumônier du collège tenu par les Frères des écoles chrétiennes, il peut développer son attrait pour la pastorale de la jeunesse.

Il se lance également dans des travaux de développement, mais à sa manière, originale et sans beaucoup de concertation. Se voyant incompris par les confrères, il se sent un peu frustré, et il demande à prendre du recul. Il suit les cours de renouvellement donnés par les Dominicains à l’Arbresle. Il se sent très à l’aise dans cette nouvelle approche post-conciliaire. Il veut aussi approfondir la question du développement et s’inscrit aux cours de l’IRFED (Institut de Recherche et de Formation En vue du Développement).

Il y est comme un poisson dans l’eau et sent un nouvel appel, vers une autre style de mission. Il va à Rome pour en parler avec l’équipe générale qui décide de mieux utiliser ses talents.

A 50 ans, après 15 ans en Afrique Occidentale, .il prend un grand virage et s’envole pour le Congo.
Il se met au Kiswahili et part pour Lubumbashi. C’est là qu’il va passer les années les plus fructueuses de sa vie. Il y est nommé professeur à l’Institut des Mines. Il donne aussi des cours à la Faculté polytechnique et à l’Institut des Sciences Religieuses. Mais cela ne lui suffit pas et il s’investit aussi dans le travail pastoral, d’abord à Notre Dame de la Paix, puis à Katuba. La ville du cuivre connaissait alors une extension galopante et de nouvelles cités y voyaient le jour.

Michel y voit un appel et c’est vers les zones périphériques que se portent ses pas. Il ne tient pas en place. Il ne s’arrête pas aux cités, et visite aussi les villages. Il a de la peine à comprendre que toute l’attention des prêtres se limite aux quartiers déjà pastoralement bien desservis. Il se souvient de son engagement dans la première évangélisation à Bobo-Dioulasso. Il essaie de convaincre ses confrères et écrit des articles dans le Petit Echo pour dénoncer l’exode des prêtres vers les centres urbains, abandonnant les pauvres et les délaissés des périphéries. Son imagination est toujours au travail, il réfléchit beaucoup à ce que devrait être l’apostolat dans une Afrique en plein essor.

Nos archives contiennent de nombreuses réflexions pastorales qu’il a envoyées aux Supérieurs généraux successifs. Le Petit Echo a publié une douzaine de ses contributions sur l’engagement missionnaire. Les titres sont suggestifs : Quelle forme d’Eglise en Afrique ? Option Centres ou option Brousse ? Développement et humilité, Développement et pauvreté, Où vont nos grandes villes africaines ? Nos catéchistes, Chrétiens de première classe et chrétiens de deuxième classe, Pour un meilleur service : priorités et purifications…

Les archives de l’archidiocèse de Lubumbashi regorgent également de lettres envoyées à l’archevêque ! On sent un homme toujours en recherche, un homme qui n’arrête pas de réfléchir et d’agir. Cela a le don d’indisposer certains confrères qui le trouvent trop original, d’autant plus que Michel n’attache aucune importance à la façon dont il s’habille ; il s’habille parfois de façon plutôt cocasse, avec des chemises ou des chaussures qui le font davantage ressembler à un paysan ou à un ouvrier qu’à un prêtre des beaux quartiers. Il se sent parfois incompris par ses confrères, d’autant plus qu’il est un grand sensible. Mais cela n’arrête pas son engagement en périphérie, où il fait construire de nombreuses petites écoles et des chapelles.

Michel pense surtout au futur. Il n’est pas satisfait par la formation donnée dans les séminaires, laquelle isole les jeunes de leur environnement et leur donne de fausses ambitions. Il rêve d’une autre pastorale des vocations et invente ce qui va devenir son « pro-séminaire » : Il entreprend d’aider les jeunes à découvrir et à répondre à l’appel du Seigneur. C’est en réponse à la suppression des petits séminaires, mais aussi et surtout par souci d’inventer une formule de formation mieux adaptée : Chacun resterait dans sa famille, et ferait ses études dans son collège ou son institut et continuerait à participer aux activités de sa paroisse.

L’ambition de Michel était de motiver ces jeunes à partir d’une formation spirituelle de haut niveau et d’un service effectif auprès des chrétiens des campagnes. Il les réunissait régulièrement pour une formation spirituelle et apostolique. Celle-ci était pratique, les pro-séminaristes allant animer les communautés chrétiennes de la périphérie de Lubumbashi. Les pro-séminaristes étaient tenus à observer 5 règles : un quart d’heure de prière personnelle par jour, une réunion hebdomadaire dans le cadre paroissial, la participation aux réunions générales de tous les groupes de pro-séminaristes, un engagement dans une des activités de la paroisse, et un comportement correct.

Michel paye de sa personne et les pro-séminaristes sont entrainés par son exemple de vie simple, sa piété, son enthousiasme apostolique, sa disponibilité, sa proximité, son respect pour chacun, son option pour les plus petits... Il les inspire aussi par ses articles dans la revue Mbegu. Pendant une vingtaine d’années il va ainsi animer des centaines de jeunes ; son fichier avait plus de 2000 noms. Beaucoup sont devenus prêtres, religieux, religieuses. Certains sont membres de notre Société. Le plus grand nombre a persévéré dans cet esprit dans une vie de laïcs engagés.

Michel avait sa manière personnelle de voir les choses ; ses idées sur l’apostolat et ses options personnelles n’étaient pas toujours partagées par la communauté ; mais il avait un bon sens, de l’humour et il aimait participer aux réunions des confrères de Lubumbashi. Les questionnements ne l’empêchaient pas de foncer, jusqu’à ce que, à l’âge de 74 ans, il soit rejoint par une tumeur au cerveau qui l’oblige à se reposer, chose qu’il avait oublié de faire ; n’ayant jamais été malade, il supporta assez mal son séjour à l’hôpital. A Bry, il confia même les doutes qui l’envahissaient, mais qui n’empêchèrent pas le vieux lutteur d’être fidèle jusqu’au bout.

Missionnaires d'Afrique
Pères Blancs France Mours

Villa St Régis .

Célébration des jubilaires à Mours, le 26 juin 2016

Comme chaque année, à pareille époque, les jubilés des serments et des ordinations ont été célébrés
durant le mois de juin : le 31 mai à Bry, le 24 juin à Billère et le 26 à Mours. Cette dernière célébration
fut présidée par Patrick Bataille, et l’homélie donnée par François Richard qui fêtait ses 50 ans de sacerdoce.. Les noms de tous les jubilaires du Secteur ont été rappelés par Bernard Lefebvre. Après cette photo de famille, le groupe s’est retrouvé devant la verrière pour un apéritif spécial : “la godinette”, puis à l’intérieur pour un repas copieux et convivial.


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1. Patrick Bataille

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1. Bernard Lefebvre rappelle les noms des jubilaires.2. Philippe Thiriez et Maurice Lauras. 3. Gaston Wiltgen et François Richard.

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1. Hubert Huybrechts et Sylvain Yameogo. 3. Pierre Féderlé, Jean-Bernard Delannoy, Joannes Liogier.

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2. Jean-Claude Baratte. 3. Yves Masquelier

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1 & 2 Jacques Cusset 1ère lecture 3. Hubert Huybrechts 2ème lecture

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François Richard : évangile et homélie (Lire l'Homélie)

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1. Bruno Perlein 2. Gabriel Fontaine 3. Joannes Liogier

Jean-Claude Baratte préparant la potion magique (la godinette)

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1. Philippe Thiriez 2.Denys Pillet 3. Hubert Huybrechts

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1. Jacques Bufferne 2. André Monnier 3. François Richard

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1. Jean-Bernard Delannoy 2. François Beauchesne 3. Sylvain Yameogo 4. Bernard Soliveret

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1. Jacques Cusset 2.Joseph Foucaud 3. Yves Masquelier

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©Photos Jean-Yves Chevalier et M.G.

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Nos Jubilaires français en 2016

de Serment Missionnaire

Nos Jubilaires français en 2016

d'Ordination Sacerdotale

80
Duvollet Roger 29-juin-1936

65
Poisson Bernard 24-mars-1951
Didier Paul 24-mars-1951
Ryckelynck Paul 24-mars-1951
Provost Jean-Marie 24-mars-1951
Chardin Jean 24-mars-1951
Langlade Henry 24-mars-1951
Pillet Denys 24-mars-1951
Duclos Edouard 24-mars-1951

60
Chaix Régis 01-avr-1956
Neveu Henri 01-avr-1956


50
Lingot Jean-Louis 25-juin-1966
Richard François 25-juin-1966
Genelot Michel 29-juin-1966
Arnaud Jean 29-juin-1966
Arrivé Elie 23-juil-1966

Le Père Johan Miltenburg, qui a travaillé au Burkina, au Niger... et se trouve présentement en Algérie, a envoyé le message suivant. Nous lui souhaîtons un bon congé dans la Province d'Afrique de l'Ouest...

 

Johan MiltenburgChers confrères, lecteurs de Mafrwestafrica,

Un quart de siècle en Afrique de l'Ouest, me permet de ne pas rougir quand on me dit dans la Province Mafr. du Maghreb que je n'ai pas encore fait mon deuil de l'Afrique de l'Ouest. En effet, j'aimerais passer trois quarts de mon congé ordinaire de deux mois, sur le territoire de la Province PAO du Niger à l'est à la Mauritanie au nord-ouest. J'aimerais y rencontrer les proches des migrants nigériens, burkinabé, maliens et mauritaniens, ainsi que les responsables locaux des communauté chrétiennes, catholiques et évangéliques, auxquelles appartiennent ces migrants de mon ressort pastoral ici dans le diocèse (et plus strictement dans la paroisse) de Ghardaïa en Algérie.
Je rendrai visite également eux familles de certains migrants qui ne sont pas chrétiens: presque 99 % de l'ensemble des migrants sahéliens en Algérie. Le temps n'est pas encore venu pour les églises du Maghreb, surtout catholiques, de prendre contact direct avec les églises soeurs de l'ère ouest-africaine au sujet des chances qu'offre à l'oeuvre évangélisatrice la présence de migrants chrétiens et catéchumènes dans les vastes espaces du Maghreb, y compris les bidon-villes des côtes méditerranéennes. Même pour l'occasion fraternelle de l'installation du nouvel archévêque de Niamey, le diocèse voisin de Laghouat-Ghardaïa a cru mieux de continuer à regarder vers le nord européen (d'où vient l'argent !) au lieu de se tourner fraternellement vers le sud sub-saharien. Ici en Algérie on a parfois l'impression que les évêques frères de Paris et de Rome sont plus proches que les évêques voisins de Mopti et de Maradi. Le moment n'est donc pas encore venu pour une rencontre entre églises catholiques et évangéliques des pays du Maghreb avec leurs églises soeurs du Sahel subsaharien. Pour le moment les cultures ecclésiales diffèrent trop au niveau des sommets et des sommités. Mais au niveau ras-l'herbe tout est prêt. Mon expérience de visite des familles de migrants au Niger, Burkina Faso et Mali, d'il-y-a deux ans, me fortifie dans cette conviction. Ce moment d'échange et d'entr'aide pastoraux entre églises des deux côtés du Sahara, va venir. Ma vocation M.Afr. me situe dans la tradition missionnaire des 12 espions envoyés par Moïse au Pays où coulaient le lait et le miel. Je chercherai donc mon lait et mon miel au Niger, au Burkina Faso, au Mali et en Mauritanie du 29 juillet prochain au 10 septembre suivant.
 
Le programme provisoire, flexible et adaptable: 8 jours au Niger (29 juillet - 5 août); 22 jours au Burkina Faso (6 - 28 août); 8 jours au Mali (28 août - 5 septembre); 4 jours en Mauritanie. De la frontière mauritano-sahraouienne à Paris (5000 km) par transport en commun, par terre et par mer: 4 jours; de Paris en Hollande (500 km): 4 jours, avec arrêts à Paris et Bruxelles. Je me réserve 10 jours aux Pays Bas en famille, chez les Petites Soeurs et les Pères Blancs. Retour Alger le 29 septembre prochain, si Dieu le veut (comme le dit St. Jacques).
Des 22 jours à passer au Burkina Faso j'aimerait faire le tour des Zaocé de Saâtênga et Bîssiga; des Yana de Comin-Yanga et Ouargaye; des Moba de Sanga, Kaôgho et Cinkancé; des Mossé de Manga et villages environnants et des Bissa de Nyaogho, Bèguédo, Ouarégou, Boussouma, Garango et Tenkodogo (partiellement déjà touchés il y a 2 ans). Ce périple se joue sur le territoire de deux diocèses de l'église catholique, Tênkodogo et Manga. Je connais personnellement les deux évêques.
Pour le moment ma pastorale des migrants sahéliens est entièrement financée par les bénéficiaires de cette pastorale. Le regard intéressé vers le nord n'est même plus nécessaire.
 
Après les 2 semaines de randonnée dans les deux diocèses de Tenkodogo et de Manga, j'espère venir saluer l'ancien ou le nouveau provincial de la PAO, faire une visite à Kaya (mon nid des années '80), quelques visites de condoléances et la visite des maisons mères des congrégations religieuses qui sont à l'oeuvre dans le diocèse de Laghouat-Ghardaïa en Algérie.
Je ferai en sorte à ce que la maison provinciale PAO à Ouagadougou soit au courant des mes moindres mouvements au Niger, au Burkina Faso, au Mali et en Mauritanie. Peut-être que cela facilitera l'une ou l'autre rencontre surprise.
 
Père Johan Miltenburg
Archiprêtre de la Cathédrale de Ghardaïa
Ghardaïa

Algérie

Sous-catégories

Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)