Témoignages

 

L’Anniversaire

Pour ce numéro spécial Noël, l’écrivain Metin Arditi, chroniqueur à La Croix, nous offre ce conte original. L’action se déroule le 24 décembre de l’an 33.

Près d’Iqrit, sur les chemins de Galilée.
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Près d’Iqrit, sur les chemins de Galilée. / Constance Decorde/Hans Lucas

Comme chaque fois que Matthieu forçait l’effort, ses bronches se mirent à siffler et il sentit sa poitrine se comprimer.

Depuis qu’il avait quitté Tibériade, à l’aube, il ne s’était pas arrêté, à l’exception d’une halte qu’il s’était octroyée à Cana, après six heures de marche. Il avait amené Belle à l’abreuvoir, puis l’avait attachée à un olivier et s’était assis près d’elle, contre le tronc de l’arbre. Il avait mangé ce qui lui restait de fromage de brebis, d’oignons et de galette, et avait laissé passer une demi-heure, sans se coucher, car la respiration lui aurait été plus douloureuse. Après quoi il avait repris le chemin de Nazareth pour y retrouver Marc, Luc et Jean l’évangéliste.

Il balaya le paysage du regard et sur sa gauche, il reconnut le verger de Jacob. De l’autre côté du chemin, les oliviers d’Ézéchiel montaient jusqu’au haut de la colline. Il y en avait des centaines, plantés en quinconce, dans une harmonie parfaite.

« Comme elles sont douces, les collines de Galilée », se dit Matthieu en les caressant des yeux. Il aurait aimé les prendre dans ses bras tout entières et les serrer contre son cœur.

Il s’approcha de son ânesse, entoura son cou de ses bras, et posa ses lèvres sur la peau de l’animal. Elle était rugueuse, cousue de cicatrices.

Il l’avait achetée six ans plus tôt à un éleveur de Tibériade, alors qu’elle n’était qu’un ânon. Très vite, elle put le porter, et durant quelques années, elle s’était montrée vaillante et douce. Surtout, elle lui avait donné son lait, qui calmait ses sifflements comme aucune potion ne pouvait le faire.

Vers l’âge de quatre ans, elle s’était mise à refuser les ordres, à glisser, à heurter les murs, et à s’engager dans des buissons, comme si elle voulait marquer sa mauvaise humeur. « Elle devient acariâtre », s’était dit Matthieu. Mais non. Si la pauvre bête n’évitait pas les obstacles et se blessait si souvent, c’était qu’elle devenait aveugle. Allait-il pouvoir garder une ânesse qui ne pourrait plus le porter et se blessait sans cesse dès qu’ils prenaient la route ? Il avait décidé que oui, pour le lait qu’elle continuait de lui donner, mais aussi parce qu’il l’aimait. Il ne la monterait plus, voilà tout. Il lui avait confectionné une sorte de cagoule, en cousant l’une sur l’autre plusieurs chutes de tissus, si bien que même lorsqu’elle heurtait de la tête un arbre ou un muret, elle ne se blessait plus, ou alors très légèrement. C’était lui, désormais, qui veillait à ses pas.

À nouveau, il regarda les oliviers d’Ézéchiel, en espérant que les sifflements se calment. Mais ils continuaient, de plus en plus fort. Il l’avait remarqué : ils étaient d’autant plus aigus qu’il était tendu ou angoissé, ou même très heureux. Il suffisait qu’il soit dans l’émotion pour qu’ils se déclenchent. Et les émotions qu’il s’apprêtait à vivre à l’auberge de Sami seraient parmi les plus fortes qu’il ait jamais éprouvées. Sans doute qu’il les ressentait déjà, au fond de son cœur…

Malgré tout, il aurait mieux fait de se couvrir la bouche et le nez d’un tissu, la poussière de la route l’aurait moins gêné. Mais alors il n’aurait pas vécu le plaisir de humer l’odeur délicate de la terre mouillée des premières pluies, celle des animaux, âpre, rassurante, et, de temps à autre celle d’un figuier retardataire, inattendue et enivrante.

Comme sa journée avait été belle jusque-là… Et comme elle promettait de l’être encore, jusqu’à l’aube… La perspective de retrouver Luc, Marc et Jean le bouleversait déjà. Ils allaient plonger dans la tristesse. Et dans l’espoir, aussi, il le savait.

« Cette journée te ressemble, dit-il en se tournant vers son ânesse, blessée et tendre. Pleine d’espoir et de courage. »

L’idée de se retrouver au soir de Son anniversaire leur était venue quinze jours plus tôt, chez Sami, l’aubergiste de Nazareth qui les connaissait tous quatre depuis qu’ils étaient enfants.

« – Que ferons-nous durant la nuit du 24 ? » avait demandé Luc.

C’était la première nuit du 24 décembre, depuis que celui qu’ils voulaient fêter n’était plus avec eux.

« – Voici ce que je propose, avait dit Marc. Chacun de nous se rendra dans l’un des lieux où Il s’était montré. Et le soir venu, nous nous retrouverons ici, chez Sami, pour échanger nos souvenirs et partager nos émotions.

– Et boire à Sa gloire ! » avait lancé Matthieu.

Ainsi, Marc avait choisi d’aller à Capharnaüm, où avait séjourné Jésus dans la maison de Pierre. Luc s’était proposé de retourner sur le mont des Béatitudes. Jean avait dit : « J’irai à Tabgha », là où avait eu lieu la multiplication des pains. Et Matthieu choisit la rive du lac de Tibériade, où Jésus avait calmé la tempête.

Lorsque ses sifflements s’apaisèrent, Matthieu se tourna vers Belle, lança « Yalla ! » et se remit en marche, la main posée sur le cou de Belle.

Arrivé à l’auberge une demi-heure plus tard, il attacha Belle à l’un des piquets plantés devant la porte, lui ôta sa cagoule, l’embrassa à nouveau et poussa la porte.

« – Te voilà enfin ! » lança Jean.

« Celui-là… », se dit Matthieu. Toujours prompt à se fâcher. Depuis la mort de Jésus, on aurait dit qu’il était devenu plus vif encore, comme asséché par la tristesse.

À des degrés divers, la transformation valait pour chacun des quatre. Ils étaient si démunis qu’ils se retrouvaient sans cesse à s’attraper. Mais ainsi, ils se dévoilaient, tels qu’ils étaient, si bien que malgré leur rudesse accrue on pouvait dire que la perte les avait embellis.

Matthieu s’approcha de la table où étaient assis ses amis et serra chacun d’eux contre son cœur. Puis il se tourna vers Sami et le serra aussi contre son cœur.

« – Regarde ce que Sami nous a préparé », lança Marc.

La table était couverte de fromages de brebis et de chèvre, d’olives, d’oignons, de galettes, de feuilles de vigne farcies, d’aubergines en purée et de pois chiches pressés. Matthieu sourit :

« – Festin de roi !

– Mais le Roi n’est pas là ! fit Marc, le regard sombre.

– Il est partout, fit Jean, tu le sais. »

Il chercha le regard de Matthieu :

« – Raconte-nous les rives du lac !

– L’eau était limpide, fit Matthieu. Calme comme je ne l’ai jamais vue. Transparente jusqu’au cœur du lac. Mais je ne saurais quoi vous dire d’autre, tant j’étais pris par l’émotion. »

Il y eut un silence.

« – Et vous, reprit Matthieu, racontez-moi ce que vous avez vu.

– Pour moi aussi, c’est difficile », fit Jean.

Il hocha la tête plusieurs fois et n’ajouta pas une parole.

« – Nous avons tous vécu une journée de grande sérénité, dit Luc.

– C’est vrai, reprit Marc, au point que cela en était étrange. Lorsque je me suis retrouvé dans la maison de Pierre, j’ai eu un sentiment de légèreté. Comme si d’un coup je ne pesais rien. Je…

– Le vin, je vous l’offre ! »

Sami s’approcha d’eux, chargé d’un plateau sur lequel se trouvaient des boulettes d’agneau, un pichet et cinq verres.

« – Il vient de Cana, reprit Sami. C’est celui de mon cousin. »

Il remplit les verres, en tendit un à chacun des quatre, puis, toujours debout, leva le cinquième verre :

« – Joyeux anniversaire ! À Sa gloire !

à Sa gloire ! » firent les quatre autres.

Ils se regardèrent dans les yeux, tour à tour. Puis Sami posa son verre et retourna en cuisine. C’était un homme d’une cinquantaine d’années, toujours calme, grand de taille, fort et presque chauve. Il avait hérité de l’auberge à la mort de son père, n’avait pas pris le temps de se décider sur le choix d’une femme, et les années avaient ainsi passé. Finalement, il avait vendu sa maison de Cana et s’était construit un cabanon accolé à l’auberge.

Matthieu prit une galette, la coupa en deux, puis en deux encore, et en donna un morceau à chacun de ses amis :

« – Mangeons ! »

Il déchira un petit morceau de galette et le trempa dans la purée d’aubergines qu’il balaya sur trois ou quatre centimètres, jusqu’à ce qu’elle recouvre la galette presque entièrement. Luc et Marc firent de même avec la purée de pois chiches. Jean saisit une boulette de viande, en mordit la moitié, et la mangea, les yeux clos :

« – Y a-t-il un lieu sur terre, je vous le demande, où les agneaux sont plus tendres, où leur chair est plus douce que sur les collines de Galilée ? »

Les trois autres le regardèrent. Soudain, ils avaient les yeux embués.

« – Il était l’agneau de Dieu, dit Marc.

– Il me manque, ajouta Luc. À chaque seconde, je suis en pensée avec Lui.

– Il nous manque à tous, conclut Jean.

– Cette façon qu’Il avait d’être là, reprit Luc. Présent… Pour nous…

– Je le regardais, et déjà j’étais consolé de mes chagrins, quels qu’ils soient.

– Et cette lumière, au jour de Sa résurrection… fit Matthieu. Vous vous en souvenez ? Après le sabbat, à l’aube du premier jour de la semaine, Marie de Magdala et l’autre Marie allèrent voir le sépulcre. Et… »

Marc l’interrompit :

« – Il y avait aussi Salomé !

– Et Jeanne ! lança Luc.

– Non ! coupa Jean. Il n’y avait que Marie de Magdala ! Elle était seule et courut vers Simon Pierre et l’autre disciple que Jésus aimait, lorsqu’elle vit que la pierre était ôtée du sépulcre. »

Matthieu le regarda, l’air ahuri :

« – D’où te vient cette idée ? C’était un ange descendu du ciel qui parla à Marie de Magdala. Son aspect était comme l’éclair, et ses vêtements blancs comme neige.

– Non, non et non ! fit Marc. Quand elles arrivèrent, la pierre était déjà roulée ! Elles trouvèrent un jeune homme assis à droite du sépulcre, qui leur dit que Jésus de Nazareth avait été crucifié, qu’il était ressuscité, et qu’il les précédait en Galilée. Les choses se sont passées ainsi, pas autrement ! »

Sami s’approcha de la table avec à la main un pichet plein. Il secoua lentement la tête :

« – Je ne vous ai jamais vus si emportés. Pourquoi ces disputes ? En plus, tout le monde écoute vos propos. D’ici quelques minutes, les uns prendront fait et cause pour ce que dit Marc, d’autres pour ce que raconte Matthieu, et la soirée va se terminer en dispute générale ! »

Les quatre le regardèrent d’un air hostile.

Il comprit qu’il les dérangeait, secoua la tête et s’éloigna.

Matthieu jeta un coup d’œil aux autres tablées. Sami avait dit vrai. Tous les observaient, les traits tendus. À en juger par leurs regards, on les aurait crus en attente que la bagarre éclate.

« – Vous n’y êtes pas, lança Jean aux trois autres. Ce sont deux anges que Marie vit près du sépulcre. Pas un ! Et encore moins un jeune homme ! Elle vit deux anges, se tourna et Jésus se trouvait devant elle, debout. Elle ne le reconnut pas tout de suite. Alors Jésus lui dit : “Marie”, et elle lui dit, en hébreu : “Rabbouni !”, c’est-à-dire : “Maître !” Voilà comment les choses se sont passées.

– Sur ce point, tu as raison, fit Marc. Il apparut à elle seule. Mais ensuite il apparut sous une autre forme à deux autres qui étaient en chemin pour aller à la campagne, et ils nous l’annoncèrent, et nous ne les avons pas crus. Et puis Il apparut à nous tous ! Et Il nous reprocha notre incrédulité. Ne dites pas le contraire ! »

Marc avait parlé d’une voix si forte qu’à nouveau Sami s’approcha, prit une des chaises de la table voisine, et s’assit avec eux :

« – Qu’est-ce qui vous prend, mes amis ? Est-ce là ce que vous avez retenu des leçons du Rabbouni ? Est-ce là tout ce que vous avez gardé de Lui dans votre cœur ? »

Il se mit à les mimer :

« – Il a dit ceci, l’autre a dit cela, elles étaient deux, elles étaient quatre… »

Il les regarda dans les yeux, l’un après l’autre :

« – Je vous le demande, quelle importance ! »

Les quatre autres restèrent silencieux.

« – Personne ne veut répondre ? »

Il laissa passer un silence :

« – Où est l’essentiel ? Où est le message ? Il a ressuscité ! Il est revenu à la vie ! La vie ! »

Il dut attendre pour pouvoir parler à nouveau, tant ses yeux étaient pleins de larmes :

« – Je ne suis pas savant comme vous. Je n’ai pas étudié avec les rabbins. Je n’ai ni épouse, ni enfants. Mes cousins les plus proches habitent Cana, et je les vois peu. Ma vie, c’est mon auberge. J’élève des poules et quelques agneaux. Je m’occupe du potager. Et chaque matin, lorsque je me lève et que je nettoie mon auberge, je vous le dis, j’ai les larmes aux yeux de bonheur. C’est la première chose que je fais. Chaque matin. Je la balaie. Je la rends propre et belle. Et j’ai le cœur qui déborde de gratitude à l’égard du bon Dieu et de la vie. Je me dis : voilà, Sami, chaque jour la vie recommence ! Elle ressuscite de la veille. Tu as la chance d’être là, de vivre et de renaître comme elle, chaque jour, après les ténèbres ! Lorsque je nettoie mon auberge, quand je cuisine, quand je vais voir les poules et les agneaux, je vois qu’à chaque instant, tout renaît. »

Il s’arrêta et regarda les quatre autres une fois encore, tour à tour :

« – Ce qu’a dit l’un, ce qu’a vu l’autre… Si on cherche des motifs de se chamailler, on en trouve toujours. Et puis, par un mot de trop, un regard mauvais, on passe de la chamaillerie à la dispute, on se divise, et la dispute se transforme en guerre. »

Un long silence s’installa.

« – Sami a raison », dit enfin Jean.

Il regarda les autres :

« – Nous sommes au milieu de la nuit.

– C’est maintenant qu’Il est né », ajouta Marc.

Mathieu déchira des morceaux de galette et en donna à chacun. Puis ils trempèrent leur galette dans le vin et la mangèrent.

Sami leva son verre :

« – À Sa gloire, pour les siècles des siècles !

à Sa gloire ! firent les autres.

– Lehaïm, ajouta Sami en hébreu. À la vie.

– Lehaïm », répondirent l es autres.

Metin Arditi
 
Suite à la dernière lettre, celle du 24 décembre, cette réaction que je partage à tout le monde
Pierre Béné
 
Bonjour,
 
À mon tour acceptez que je vous présente mes meilleurs vœux en ce jour béni de l'avènement de cet homme d'amour et de bien comme tous les autres prophètes.
 
Acceptez que je vous offre aussi cet écrit d'un ami (Labter Lazhari) qui a pensé en particulier aux chrétiens d’Égypte et du Moyen Orient ainsi que tous ceux qui sont une minorité dans le monde.
 
Chikhi Ferid 
 
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EN CES JOURS DE FÊTES DE NOËL ET DU RÉVEILLON, MES PENSÉES VONT…
 
En ces jours de fêtes de Noël et du Réveillon, mes pensées vont à toutes les minorités chrétiennes de toutes les chapelles d’Orient, notamment en Égypte, en Syrie, en Irak, au Liban, qui dans la plupart de ces pays, à des degrés divers, souffrent de l’intolérance, de la ségrégation, des assassinats, des exodes, des interdits de pratiquer leur religion, de construire des églises ou de sonner les cloches.
 
Aux chrétiens du Maghreb où les conditions de pratique de leur foi sont meilleures mais souvent difficiles.

Aux victimes de l'horrible attaque terroriste contre le marché de Noël de Berlin, les privant eux et leurs familles des fêtes de Noël et du Réveillon.
 
En ces jours de fêtes de Noël et du Réveillon, nous gagnerons tous, musulmans, chrétiens, juifs ou sans religion à méditer ces sages paroles de Omar Khayyam et d’Ibn Arabi qui prône tous les deux la Religion de l'Amour :
 
« Oui, nous sommes bienfaisants plus que toi mufti austère
Et plus que toi tempérants dans notre ivresse ordinaire
Toi, tu bois le sang des hommes et nous celui de la vigne ;
Je te fais juge, examine lequel est plus sanguinaire.

Elle passe bien vite cette caravane de notre vie
Ne perds rien des doux moments de notre vie
Ne pense pas au lendemain de cette nuit
Prends du vin, il faut saisir les doux moments de notre vie. »
 
« Mon cœur est devenu capable
D’accueillir toute forme.
Il est pâturage pour gazelles
Et abbaye pour moines !
Il est un temple pour idoles
Et la Ka’ba pour qui en fait le tour,
Il est les tables de la Thora
Et aussi les feuillets du Coran !
 
La religion que je professe
Est celle de l’Amour.
Partout où ses montures se tournent
L’amour est ma religion et ma foi. »

Poésie mystique: Izara Batres lauréate du Prix Fernando Rielo

Izara Bartes

Izara Bartes ©revistaecclesia.com

Docteur en littérature de l’Université Complutense (Madrid), la lauréate a déjà à son actif plusieurs prix littéraires, cinq livres publiés ainsi que des poèmes dans plusieurs anthologies. Son œuvre inédite Triptyque l’a emporté sur les neuf autres finalistes.

Selon le jury, « à travers un langage poétique efficace, sans rien de superflu, nu, transparent, cette œuvre transfigure l’expérience de la douleur, pour la transformer en lieu de rencontre avec un Dieu auquel l’auteur s’attache fébrilement :

Il a fallu mourir dans l’amour / et la douleur / pour te voir, pour me voir, / pour savoir qui j’étais’.

« La voix lyrique maintient un ton ferme, énergique, sincère, mais sans tomber dans la lamentation ni le désespoir, car l’épreuve de la douleur la fait devenir expression suppliante et confiante de l’amour :

Je sens ta main douce et bleue sur ma blessure’.

« À la fin, la tendresse de l’amour l’emporte sur la douleur et la purification, dans une pure et lumineuse extase :

Je cherche le ciel de ta vertu dans l’éblouissante tendresse / du printemps / qui naît en tes mains’’

« Elle fait participer le lecteur à l’expérience intime de la grâce :

Je sais que Dieu dicte mes vers, / je sais que tu es là / et au-delà de ce corps et de ce pouls qui bat, le lien impose son sens, / je te sens dans l’âme’. »

Lire l’article Poésie mystique: Izara Batres lauréate du Prix Fernando Rielo dans Zenit, 17/12/16

La main tendue vers les enfants du Burkina Faso

Saly Hema dirige une association qui apporte une aide à plus de 1 500 enfants et 500 familles à Bobo Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso.

Sous la direction de Saly Hema, l’association Dispensaire Trottoir a développé trois axes : la santé, l’éducation et l’alimentation.
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Sous la direction de Saly Hema, l’association Dispensaire Trottoir a développé trois axes : la santé, l’éducation et l’alimentation. / Corinne Renou-Nativel

« On m’a tendu la main. À mon tour, je tends la main vers les enfants et les jeunes qui en ont besoin. » Pour Saly Hema, l’engagement envers les plus démunis est une affaire personnelle. Sa mère, une orpheline de Côte d’Ivoire livrée à elle-même, l’a conçue avec un Vendéen en coopération qui n’a ensuite jamais reconnu leur bébé.

Lorsque Saly a 6 ans, sa mère la confie, dénutrie et sans acte de naissance, à un oncle installé à Bobo Dioulasso, au Burkina Faso ; lui et sa femme française adoptent la fillette. « J’ai été la cinquième enfant de cette famille, explique-t-elle. Sans mon grand-oncle et sa femme, j’aurais été à la rue, peut-être prostituée ou, comme ma petite sœur restée avec ma mère, morte de maladie faute de nourriture et de soins. »

Un engagement auprès des plus pauvres

Bac littéraire en poche, Saly obtient un diplôme d’éducatrice spécialisée auprès des enfants de la rue. Elle épouse un ingénieur, métis comme elle, orphelin de père sauvé de la misère par l’Église catholique. En 1994, quand leur première fille entre en maternelle, Saly propose son aide à une Réunionnaise qui a fondé un an plus tôt une association, Dispensaire Trottoir. Sans local, elle offre alors des soins et des repas aux plus pauvres près de la cathédrale de Bobo Dioulasso.

D’abord bénévole pendant un an et demi, Saly Hema reçoit enfin, comme les autres éducateurs, un salaire à partir de 1996 grâce à l’implication d’Asmae-association Sœur-Emmanuelle. Envisageant de rentrer en France, la fondatrice de Dispensaire Trottoir propose alors à Saly Hema de devenir directrice afin de la former et l’épauler avant son départ.

« Prendre les commandes m’a plu parce que j’ai un caractère fort et qu’être devant me permet d’aller à mon allure, c’est-à-dire vite. Les débuts ont été difficiles parce que j’encadrais des hommes qui ne voyaient pas pourquoi une femme les dirigerait – une Blanche oui, mais pas une Noire. »

La santé, l’éducation et l’alimentation érigés en priorités

Avoir une double culture africaine et européenne (par sa mère adoptive) aide Saly Hema à mener le travail sur le terrain tout en défendant l’association auprès d’organismes étrangers qui financent l’essentiel des activités, comme Asmae et, depuis 2002, l’association de parrainage d’enfants Partage.

Sous l’impulsion de sa nouvelle directrice, Dispensaire Trottoir continue de s’étoffer avec l’acquisition d’un terrain, la construction d’un local, le développement de trois axes : la santé, l’éducation et l’alimentation. Des consultations gratuites sont proposées aux femmes enceintes et aux bébés avec pesée et suivi vaccinal. Un planning familial aide les jeunes mères à sortir de la fatalité de grossesses très rapprochées. Les soins sont ouverts gratuitement à toute la population.

« Les personnes prises en charge par l’association reçoivent les médicaments gratuitement, les autres les paient, ce qui assure des revenus à Dispensaire Trottoir », explique sa directrice. Avant l’entrée au primaire, la maternelle associative donne à 150 enfants des bases comme le français, la langue d’enseignement que personne ne parle à la maison. « L’éducation d’un enfant permet l’amélioration de ses conditions de vie et le développement du pays », rappelle Saly Hema.

« Je dois trouver et former la relève »

Plus de 900 enfants de familles pauvres sont parrainés pour poursuivre leur scolarité. Une bibliothèque ouverte à tous et une classe d’alphabétisation pour les 8-13 ans complètent l’offre éducative. Enfin, petit déjeuner et déjeuner sont donnés à 260 enfants par jour, et un centre de récupération nutritionnelle accueille bébés, enfants et femmes qui ont un cancer ou le VIH. Les huit hectares cultivés par l’association assurent ces repas quatre mois par an.

« Avec mon histoire, devenir responsable d’une structure qui soutient plus de 1 500 enfants et 500 familles, c’est la grâce de Dieu, estime Saly Hema, musulmane. Le seigneur a mis la main sur moi. » L’association a une place essentielle dans sa vie et celle de sa famille – ses trois filles ont donné un coup de main à Dispensaire Trottoir pendant leurs vacances scolaires.

Relire : En Afrique, les « tanties » au secours des jeunes mamans

Appelée « tantie » par tous, Saly Hema envisage pourtant de passer la main en décembre 2018, juste après le 25e anniversaire de l’association. « Je ne veux plus faire des insomnies à m’inquiéter pour le financement des trente salaires et des prestations. Et, surtout, je veux laisser la place comme on l’a laissée pour moi. Je dois trouver et former la relève. Il faut savoir partir à temps. »

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« Des hommes et des femmes respectables »

« Lorsque je vois les enfants que nous avons aidés qui sont devenus infirmiers, enseignants, sages-femmes, forestiers, policiers ou magistrats, cela donne l’envie de se lever tous les matins et le courage de continuer à avancer. Ils risquaient de finir dans la rue et ils sont devenus des hommes et des femmes respectables. Certains prennent aussi les enfants de l’association en apprentissage. Je suis également motivée par les parrains et marraines français qui parfois se privent pour permettre à des enfants burkinabés d’être scolarisés. »

Corinne Renou-Nativel

« Les religions peuvent être exploitées comme force positive innée » (Mgr Gallagher)

 
Mgr Gallagher

 

 

 

Mgr Paul Richard Gallagher (Wikimedia Commons)

Lors du 23e sommet ministériel de l’OSCE le 8 déc. 2016 à Hambourg (Allemagne).Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, a souligné le « rôle constructif » des religions dans la promotion de la paix.  Il assuré que les religions peuvent agir efficacement pour « la prévention de la guerre…, la réconciliation, la réhabilitation et la reconstruction de sociétés post-conflit », tout en dénonçant  « l’idée diffuse et fausse que les religions soient seulement un facteur négatif dans la société » : « Il est important que les États participants créent un climat de respect et d’estime pour toutes les croyances et toutes les religions, permettant aux communautés religieuses et confessionnelles de s’engager dans un dialogue plein et fécond entre elles et avec les États ». Lire la traduction intégrale de son intervention par constance Roques dans Zenit: « OSCE: Mgr Gallagher souligne le rôle des religions dans la promotion de la paix« , 13/12/16.

Sous-catégories

Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)