Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Ci dessous une prière proposée par Andreas Göpfert,

responsable Justice et Paix pour la Société

 

 

 
What do you want to do ?
New mail
 
What do you want to do ?
New mail
prire coronavirus
 
What do you want to do ?
New mail

Coronavirus: des manifestants détruisent un centre de dépistage à Abidjan

La police ivoirienne fait face au voisinage de Yopougon manifestant contre un centre de dépistage du coronavirus à Abidjan, le 6 avril 2020.
La police ivoirienne fait face au voisinage de Yopougon manifestant contre un centre de dépistage du coronavirus à Abidjan, le 6 avril 2020. AFP Photos/Issouf Sanogo

Des manifestants ont détruit dimanche 5 avril dans la soirée un chapiteau dressé pour dépister les malades du Covid-19 dans le quartier « Toits rouge » de la vaste commune abidjanaise de Yopougon. Ces manifestants pensaient qu’il s’agissait d’un centre de prise en charge des malades et n’en voulaient pas dans leur voisinage. Les manifestations ont repris ce lundi matin.

Des pneus brûlés face aux tirs de grenades lacrymogènes par les forces de l’ordre. Les manifestations de colère ont repris en début de matinée ce lundi, pour refuser l’installation de ce centre perçu par la population comme un centre de traitement des malades sur un terrain de sports de ce quartier résidentiel de la commune populaire de Yopougon. « Ce n’est pas un centre de traitement » assurait-t-on encore ce matin au ministère de la Santé, mais un centre de prélèvement volontaire, c’est-à-dire de dépistage.

Trois sites de prise en charge à Abidjan

Le préfet d’Abidjan Vincent Toh Bi Irié s’est rendu sur les lieux ce lundi matin pour tenter de rassurer les populations et expliquer que de nombreux centres de ce type étaient déployés partout dans la capitale économique ivoirienne.

►À lire aussi : Coronavirus: l'Afrique face à la pandémie samedi 4 avril

À Abidjan, trois sites seront dédiés à la prise en charge des malades. Outre le CHU de Treichville en première ligne depuis le début de l’épidémie, 160 lits sont en train d’être installés dans une structure préfabriquée au CHU de Yopougon et 140 lits à l’hôpital d’Anyama.

Notre sélection sur le coronavirus SARS-CoV-2

Écoutez Infos coronavirus, notre chronique quotidienne sur la pandémie

Analyse – Quelles stratégies face à l'épidémie de Covid-19?

Les questions pratiques :
Quelle est la durée de vie du virus ?
Qui sont les personnes vulnérables
 ?

La quarantaine, de quoi parle-t-on ?
Comment soigne-t-on les malades du Covid-19?
Comment l'Institut Pasteur espère trouver un vaccin

Réponses de médecins aux questions que vous vous posez sur le Covid-19

Retrouvez tous nos articles, reportages, chroniques et émissions sur le coronavirus en cliquant ici.

Voir aussi nos contenus sur le confinement.

 
What do you want to do ?
New mail
 
What do you want to do ?
New mail

L’appel de l’ONU à déposer les armes entendu – Vatican News

 

Le Pape a appelé ce dimanche à un cessez-le-feu global à cause de la pandémie de Covid-19, se joignant à l’appel lancé lundi en ce sens par le secrétaire général de l’ONU. La menace que représente le virus a poussé plusieurs belligérants à travers le monde à faire une pause dans leurs combats pour affronter ce défi commun à toute l’humanité.

Lundi 23 mars, Antonio Guterres avait appelé à déposer les armes pour éviter que la pandémie de Covid-19 ne se transforme en catastrophe mondiale. La priorité est bien selon lui de se préparer au choc que provoquera ce virus et non la poursuite d’intérêts politiques et militaires. Depuis le début de la semaine, des cessez-le-feu ont été évoqués aux Philippines, au Cameroun, au Yémen et en Syrie.

Lire la suite : L’appel de l’ONU à déposer les armes entendu – Vatican News, Xavier Sartre, 29.03.20.

 
What do you want to do ?
New mail

Deux ouvrages indispensables pour décortiquer le racisme

| Par
Deux livres forts qui affinent grandement le débat sur le racisme et précisent tous les notions qui s'y rattachent.

Deux ouvrages parus à quelques mois d’intervalle explorent en profondeur la question du racisme, toujours aussi virulent dans nos sociétés contemporaines.

Prendre le temps de réfléchir sur des questions essentielles : voilà ce à quoi nous invitent deux ouvrages parus à quelques mois d’intervalle. Deux ouvrages qui creusent en profondeur la question du racisme, toujours à l’œuvre dans nos sociétés contemporaines, en dissèquent les mécanismes et les expressions cachées, en exposent les conséquences.

Les lire, c’est prendre conscience d’un fléau qui touche tout le monde et qui mérite d’être combattu au quotidien. Dans la sphère publique, en militant, peut-être, mais aussi dans le secret de l’intime, car qui peut se dire immunisé contre toute réaction raciste ? Pas grand monde en réalité.

• Des mots pour combattre le racisme

racisme1

Ce livre « remue-méninges » se présente sous la forme d’un abécédaire qui commence avec « affirmative action » et se termine avec « Zoos humains », offrant pour chaque mot un court texte pédagogique, des renvois à d’autres termes et des titres de films ou de livres en rapport direct avec le sujet.

« Au-delà de la définition des termes, de l’apport des statistiques ou de l’Histoire pour mettre en perspective le racisme, cet ouvrage se veut avant tout un outil de lutte : lutte contre les stéréotypes en aidant à les débusquer partout ; lutte contre les discriminations en rappelant la loi et les moyens qui existent pour la faire appliquer ; lutte contre l’intolérance par la découverte des autres cultures et de leurs différences ; lutte contre la violence en développant l’esprit critique et le dialogue », écrivent les auteurs dans leur introduction.

Ensuite, à chacun de piocher selon ses interrogations. Ainsi, au mot « Haine », on pourra lire : « Si la peur et la haine sont des sentiments naturels communs à l’espèce humaine, le racisme en revanche n’est pas inné. On ne naît pas raciste. On le devient. Mais le racisme se construit bel et bien autour de la haine : haine de la différence, haine de l’Autre, haine de l’“étranger”, qui n’est pas comme nous. »

Martin Luther King, Mandela, Gandhi…

Au fil des pages, le lecteur navigue entre personnages célèbres (Martin Luther King, Mandela, Gandhi…) et notions plus génériques (langue, immigration…), chaque terme étant traité sur deux ou quatre pages en toute simplicité, mais sans simplification excessive. Attentifs aux polémiques de notre temps, les auteurs n’hésitent pas à signaler les divergences de points de vue sur des questions aussi complexes que la laïcité, le métissage, l’affirmative action… Ainsi peut-on lire : « Si la notion de métissage est très largement répandue dans les sociétés actuelles, elle n’en demeure pas moins controversée puisqu’elle part du principe qu’il existe différentes “races” au sein de l’espèce humaine. » Ou encore : « En France, contrairement aux États-Unis, la discrimination positive de type ethnique n’existe pas, car elle est considérée comme un concept d’inspiration raciste. »

Entre « Anthropométrie » et « Antisémitisme », l’« Antiracisme » est expliqué avec clarté, mais les auteurs se permettent de préciser que tout n’est pas toujours rose entre les différents antiracismes. Et rappellent qu’en France, notamment, les tenants de deux courants différents s’opposent, parfois assez violemment. « Ces deux approches s’opposent parfois, écrivent-ils, la première s’appuyant sur le concept d’universalisme républicain (tous égaux, donc sans différence), la seconde sur celui de multiculturalisme (toutes les cultures et donc toutes les différences doivent pouvoir s’exprimer et se revendiquer). » Pour aller plus loin sur ce sujet brûlant, le livre de Jean-Loup Amselle offre une excellente analyse en profondeur, aussi pertinente qu’iconoclaste.

Des mots pour combattre le racisme, de Jessie Magana et Alexandre Messager, Syros, 194 pages, 12 euros.

• L’Universalité du racisme

racisme2

Avec cet essai, l’anthropologue Jean-Loup Amselle, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris, revient dans le détail sur la création proprement humaine, et somme toute récente, qu’est le racisme. Dès son introduction, il précise ainsi : « Qu’il s’agisse de l’Occident, de la France ou du Mali, le racisme ou les racismes ne sont pas des phénomènes anciennement apparus dans l’histoire de l’humanité, mais tout au contraire des productions relativement récentes que l’on peut faire remonter en gros au XIXe siècle. »

Selon lui, le « racisme antisémite » comme le « racisme intercommunautaire » procèdent « de l’anthropologie physique appliquée aussi bien aux Juifs qu’aux Arabes, aux Roms qu’aux Africains ». Plus précisément, il ancre la naissance du racisme dans les premières mesures de crânes et d’os effectuées par l’Allemand Eugen Fischer parmi les Hereros et les Namas de Namibie, qui furent comme on le sait les victimes du premier génocide du XXe siècle. Il pointe aussi du doigt les travaux de Louis Faidherbe sur les populations « blanches », « rouges » et « noires » d’Afrique subsaharienne, parfois encore opérants aujourd’hui. Ce qui lui permet de conclure que « les guerres tribales, dans la forme qu’on leur connaît actuellement, loin d’être une invention africaine, sont au contraire le produit d’une technologie en grande partie importée d’Occident ».

« L’antisémitisme est un racisme comme les autres »

La première partie de l’essai d’Amselle en irritera plus d’un, puisqu’elle entend démontrer que « l’antisémitisme est un racisme comme les autres ». Il ne s’agit évidemment pas de minimiser les dégâts produits par l’antisémitisme au cours de l’Histoire comme actuellement, mais d’appréhender les racismes dans leur ensemble.

Au passage, l’auteur fait preuve de quelques fulgurances utiles à la réflexion. Ainsi, il écrit : « Le racisme, ce n’est pas tant ou pas seulement détester un groupe quelconque, c’est également l’aimer dans son entièreté, en étant incapable d’y distinguer les individus qui le constituent. » Ou encore : « La race n’existe pas, nous disent les généticiens, même si l’ADN et la carte géographique de la répartition des gènes à la surface de la Terre sont censés permettre aux individus de savoir d’où ils viennent, et donc de reproduire d’une autre façon l’idée même de race. En cela, les biologistes font rentrer la race par la fenêtre alors qu’ils l’ont chassée par la porte. »

Nous vivons désormais dans un monde globalisé dont la temporalité est uniforme

Bon connaisseur du Mali et des questions décoloniales, Amselle conclut ainsi son essai : « Nous vivons désormais dans un monde globalisé dont la temporalité est uniforme parce qu’elle résulte des effets de la mise en place, au XIXe siècle, d’une matrice de savoir et de pouvoir conjoignant anthropologie physique, raciologie et domination coloniale, matrice dont nous ne sommes pas encore sortis et qui continue d’informer les différentes formes de racisme qui sévissent un peu partout. »

Cependant, sa conclusion la plus percutante sans doute se trouve en amont, quand il évoque ce qu’il nomme le « racisme de classe ». « En réalité, écrit-il, le racisme contemporain est la résultante de la domination qu’une élite, un groupe ou une classe dominante exerce sur des groupes ou des classes dominées et, à ce titre, il peut concerner une race, une ethnie, une religion, un genre, sans que ces différentes catégories soient radicalement étanches les unes par rapport aux autres. »

L’Universalité du racisme, de Jean-Loup Amselle, éditions Lignes, 128 pages, 12,90 euros

 
What do you want to do ?
New mail
 
What do you want to do ?
New mail

[Tribune] Héritières de Schéhérazade

Réservé aux abonnés |
 
 
Par

Présidente de la Jeune Chambre de commerce de Mauritanie

Des femmes manifestent à Alger, le 9 avril 2019.

Dans son récent rapport sur l’évolution du droit des femmes en Afrique, le McKinsey Global Institute montre notamment que l’Afrique du Nord se classe en queue de peloton en ce qui concerne l’inclusion économique des femmes. Mais le vent de révolte amène toutes les « Schéhérazades » de notre siècle à se manifester…

«Il n’est de ruse que la ruse des hommes, puisqu’elle surpasse la ruse des femmes. » Dans l’un des contes des Mille et Une Nuits, l’héroïne se donne pour mission de changer cette phrase inscrite au frontispice d’une habitation.

Telle est la philosophie de Schéhérazade, la conteuse qui a su dompter le roi Shahryar, lequel avait décidé, pour se venger d’une humiliation, d’épouser chaque jour une jeune fille qu’il tuerait après la nuit de noces.

Pour échapper à ce sort, Schéhérazade lui narre une histoire chaque soir, le temps de l’amadouer et de lui faire renoncer à son génocide d’honneur. En mille et une nuits, grâce à sa finesse d’esprit et à son courage, elle met fin à la spirale de féminicides.

Après l’enseignement théorique, la pratique ?

Le conte, reflet fantasmé de la civilisation arabo-musulmane du IXe siècle, remet en question notre lecture du combat pour les droits des femmes. Des siècles après Schéhérazade, et vingt-cinq ans après l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Pékin – l’un des plans les plus progressistes pour les droits des femmes –, les concernées attendent toujours les actes. Si les textes existent, leur application reste compliquée, surtout en milieu rural. Au fil des ans, le fossé se creuse entre le législateur et la réalité.

Seules 9 % des femmes accèdent à des postes de responsabilité, quand elles sont 53 % à suivre des études supérieures

Selon le récent rapport du McKinsey Global Institute sur l’évolution du droit des femmes sur le continent, l’Afrique du Nord se classe en queue de peloton en ce qui concerne leur inclusion économique : seules 9 % des femmes accèdent à des postes de responsabilité, quand elles sont 53 % à suivre des études supérieures.

Le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Mauritanie, eux, figurent dans le groupe des « peut mieux faire ». Mais la région rejoint la moyenne mondiale en ce qui concerne l’accès aux soins et atteint quasiment la parité dans l’accès à l’éducation.

Des différences d’un pays à l’autre

D’un pays à l’autre, les actions en faveur de l’intégration socio-économique et culturelle des femmes divergent. En janvier 2017, après consultation du Conseil supérieur des Oulémas, le roi Mohammed VI autorise les Marocaines à exercer le métier d’adoul (notaire de droit musulman). En Mauritanie, la même année, le Parlement rejette le projet de loi pénalisant les violences fondées sur le genre. Bis repetita l’année suivante.

Le protocole de Maputo [protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes], en vigueur depuis 2005, fait état de la préoccupation des États membres face au statu quo quant aux « pratiques néfastes et discriminations à l’égard des femmes », et ce en dépit de « l’engagement solennel pris par ces États d’éliminer toutes les formes de discrimination ». Le chemin est pavé de bonnes intentions, mais les attitudes et les mentalités peinent à changer.

Des textes religieux instrumentalisés ?

L’islam est souvent considéré comme un frein aux libertés individuelles des femmes maghrébines. Ici ou là, les textes religieux sont instrumentalisés pour faire taire la voix des femmes, ou comme argument par les défenseurs d’un féminisme universaliste qui s’arrogent l’exclusivité d’un combat mené avec un œil occidental.

Il nous faut penser et agir par nous-mêmes et pour nous-mêmes, en nous appuyant sur les vertus africaines

Il n’y a ni formule magique ni norme. Les spécificités culturelles et religieuses font partie de l’équation. Senghor écrivait dans sa Relecture africaine de Marx et d’Engels : « Si nous voulons être efficaces pour avancer en bâtissant progressivement notre avenir, il nous faut penser et agir par nous-mêmes et pour nous-mêmes, en nous appuyant sur les vertus africaines. »

Il faut ainsi miser sur des actions simples mais à fort impact. Des initiatives telles que les campagnes de sensibilisation favorisent les changements d’attitudes. L’inclusion des leaders traditionnels et religieux dans ces opérations est essentielle : des porte-étendards masculins auraient un impact sur les messages délivrés. Le label #HeforShe de l’ONU Femmes en est un bel exemple.

Une révolte timide 

Si l’on veut voir le verre à moitié plein, notons que le vent – encore timide – du changement s’est levé le long de la côte méditerranéenne. Les femmes maghrébines sont de plus en plus sensibles à l’importance de leur rôle dans la société.

La forte implication des Algériennes dans le mouvement du 22 février l’illustre. Chez le voisin tunisien, la députée et avocate Bochra Belhaj Hmida est parvenue après une quinzaine d’années de bataille à faire passer la loi contre les violences faites aux femmes.

Avancée majeure pour ce pays, où les femmes ont été en première ligne dans la révolution du jasmin. La Tunisie fait d’ailleurs partie des dix pays ayant le plus progressé à ce niveau, selon la Banque mondiale.

Révolution tranquille. Un peu à l’image de Schéhérazade, une féministe de son époque dont l’acte de sororité force le respect. Nous avons toutes un peu de Schéhérazade en nous.

 
What do you want to do ?
New mail