Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Le dialogue entre chrétiens et musulmans a besoin d’être poursuivi avec patience et sagesse  (site de l'ARCRE)

Déclaration conjointe de Rabat, mai 2017

L’Académie du Royaume du Maroc et le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux ont organisé le 3 mai ’17 à Rabat une journée d’étude intitulée «Croyants et citoyens dans un monde qui change». La délégation de l’Académie du Royaume du Maroc était présidée par son secrétaire perpétuel, Abdeljalil Lahjomri, et celle du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, par son président, le Cardinal Jean-Louis Tauran. Lire: Le dialogue entre chrétiens et musulmans, nécessité pour la paix et la sécurité , par Constance Roques, fr.zenit.org, 9/05/17. (voir le texte ci-dessous)

Dialogue à Rabat

Les participants se sont mis d’accord sur une déclaration conjointe.Ph. MAP (Source: Le Matin)

Le dialogue entre chrétiens et musulmans, nécessité pour la paix et la sécurité

Déclaration de Rabat

Cathédrale Saint-Pierre de Rabat (Maroc), Nawalbennani CC BY-SA 3.0

Cathédrale Saint-Pierre de Rabat (Maroc), Nawalbennani CC BY-SA 3.0

« Le dialogue entre chrétiens et musulmans, (…) n’est pas facultatif, mais c’est une nécessité pour la paix, la sécurité et le bien-être des sociétés », indique uen déclaration commune signée au Maroc, à Rabat, le 3 mai 2017.

L’Académie royale du Maroc et le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux ont en effet organisé à Rabat, le 3 mai, une journée d’étude sur le thème : « Croyants et citoyens dans un monde en changement » », annonce L’Osservatore Romano en italien des 8-9 mai 2017.

La délégation de l’Académie royale du Maroc était présidée par son secrétaire perpétuel, Abdeljalil Lahjomri, et celle du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux par son président, le cardinal Jean-Louis Tauran.

Le premier sous-thème, « Être croyants dans un monde en changement », a été traité à partir d’une perspective musulmane par le professeur Ahmed Abbadi, secrétaire général de la Rabita El Mohammedia des Oulémas du Maroc, et à partir d’une perspective catholique par le professeur Vincenzo Buonomo, de l’Université pontificale du Latran.

Le second sous-thème, « Être citoyens dans un monde en changement » a été présenté d’un point de vue catholique par Mgr Patrick Valdrini, enseignant à l’Université pontificale du Latran, et d’un point de vue musulman par le professeur Mohamet Sghir Janjar, directeur adjoint de la fondation du roi Abdul Aziz Al-Saud pour les études islamiques et les sciences humaines.

Après avoir écouté les interventions et discuté de leurs contenus, les participants se sont mis d’accord pour déclarer ce qui suit :

« Reconnaître la distinction entre le domaine temporel et le domaine spirituel, nécessaire afin d’éviter tout amalgame et instrumentalisation réciproque.

Le croyant qui vit et œuvre dans la société en tant que citoyen, est en même temps croyant et citoyen, parce qu’il n’y a aucune contradiction entre les deux choses, qui oblige à renoncer à l’une pour l’autre.

Le croyant cohérent et crédible est témoin et porteur de valeurs comme la rectitude, la fidélité, l’amour du bien commun, l’attention envers les autres, surtout ceux qui se trouvent dans le besoin, la bienveillance et la miséricorde.

Ces valeurs, qui ne sont pas seulement l’apanage des croyants, sont toutefois caractérisées par le sentiment religieux qui les inspire.

Les sociétés de notre temps ont plus que jamais besoin de citoyens fidèles qui se préoccupent du bien commun et qui ne se laissent pas tenter par le gain facile, la cupidité, la corruption, la paresse et la médiocrité.

Le dialogue entre chrétiens et musulmans, que ce soit celui de la vie de tous les jours ou le dialogue institutionnel entre les responsables religieux et intellectuels, ou celui qui se déroule à travers des œuvres réalisées en commun, surtout en faveur des personnes démunies, doit être poursuivi avec patience et sagesse, parce qu’il n’est pas facultatif, mais c’est une nécessité pour la paix, la sécurité et le bien-être des sociétés.

Les participants ont exprimé leur gratitude à l’égard de l’Académie royale du Maroc pour son accueil chaleureux, priant le Dieu tout-puissant pour Sa Majesté le roi Mohammed VI et pour le peuple marocain ». 

© Traduction de Zenit, Constance Roques

Sur le site de l'ARCRE

Calendrier interreligieux: Mai 2017

 Mai 2017 
10 Wesak: Fête du Bouddha. Naissance en 624 av.J-C Bouddhistes
11 Laylat ul Bara’ah: Nuit de la purification.
Les musulmans sont invités à rechercher le pardon pour les péchés.
Musulmans
14 Lag Ba’Omer: Des feux de joie sont allumés. On se réunit sur les tombes de rabbins illustres. Juifs
23 Déclaration de la mission du Báb: En 1844 en Iran, Ali Muhammad était déclaré Báb. Bahá is
25 ASCENSION: Montée de Jésus au ciel. Chrétiens
27 Début du RAMADAN Musulmans
29 Décès de Baha’u’llah Bahá is
31 Chavouot: Moïse reçoit la Torah de Dieu. Juifs
Mai 2017

Sue le site de l'ARCRE

Les nouveaux acteurs de l’islam (compte-rendu)

Acteurs de l'islamAnne-Bénédicte Hoffner : Les nouveaux acteurs de l’islam. Préface de Rachid Benzine. Bayard, 2017, 188 p., ISBN 978-2-227-49122-9, 16,90 €.

A.B. Hoffner nous présente dans ce livre les témoignages de six personnes (4 hommes et 2 femmes) dont la manière de vivre et de penser leur religion pourrait, au moyen comme au long terme, diminuer la prédominance des discours sur le permis/défendu dans l’islam et influencer les musulmans afin d’interpréter leurs sources et les rendre à la fois plus adéquates au monde contemporain et fidèles à la révélation originelle.

Ces témoignages sont répartis en trois volets, chacun d’eux étant introduit par une présentation générale du thème par l’auteure :

  • l’enseignement direct et la lutte contre la sclérose de la pensée : Hicham Abdel Gawad et Iqbal Gharbi,

  • l’interprétation du Coran aujourd’hui, avec plus ou moins d’importance donnée à la tradition : respectivement Mohamed Bajrafil et Michael Privot,

  • la spiritualité et la praxis : Farid Abdelkrim et Nayyla Tabbara.

Que ce soit en Belgique (Mr. H. Abdel Gawad) ou en Tunisie (Mme. I. Gharbi), les deux enseignants sont confrontés à des jeunes soumis à l’influence salafiste. «Outre les moyens financiers investis dans sa promotion, la simplicité du salafisme, sa ’modernité’ dans les questions abordées comme la manière d’y répondre contribuent indéniablement à son succès, notamment auprès des jeunes » (p.33) Abdel Gawad enseigne l’islam à des élèves ayant « un rapport moins sacralisé avec le Coran (37) ; il est aussi confronté à la situation politique belge de l’enseignement de la religion (s’agit-il du fait religieux ou de catéchèse?») ; il se sent tiraillé entre les attentes du ministère et des autorités politiquement représentatives des musulmans en Belgique (l’E.M.B.). La seconde, Mme Gharbi, à la Zitouna, là où « la mosquée comme l’université sont désormais des têtes de pont du discours wahhabite en Tunisie»(55), regrette que la coopération entre « islamologues, intellectuels et théologiens ne se [fasse] pas encore »(69) ; elle insiste sur le fait que le « féminisme musulman […] ne remet pas en cause l’ ‘authenticité’ du Coran. Les féministes musulmanes ne voient nulle incompatibilité entre l’adhésion à une foi et la revendication des droits de la femme » (61). Nos deux enseignants, dans leurs situations particulières respectives, peuvent se sentir seul(e), mais les fruits de leur pédagogie sur leurs élèves ou étudiants ne pourront se mesurer réellement que dans quelques années.

Dans la section « Lire et interpréter le Coran aujourd’hui » ( 71-87), A.-B. Hoffner donne la parole à deux intellectuels qui ont des approches différentes. Michael Privot, devenu musulman par choix, voudrait « ôter les lunettes de la tradition » et redécouvrir le Coran qui ne parle pas de foi mais d’alliance ; un Coran source d’inspiration plus que d’obligation. Dans la ligne de R. Benzine, il cherche à promouvoir « les principes de l’anthropologie historique pour les appliquer à la théologie musulmane» (107).

Quant à Mohamed Bajrafil, membre du nouveau Conseil théologique des musulmans de France, il préconise d’ « interroger les textes en termes de finalité et de rationalité » (123) sans négliger la dimension spirituelle du Coran (129).

Le troisième volet nous offre deux témoignages où la spiritualité prédomine. Farid Abdelkrim a eu sa période « Frère Musulman » comme M. Privot. Il en est sorti, mais s’y était beaucoup plus investi et a fait l’expérience du «vide spirituel abyssal de l’UOIF » (145). F. Abdelkrim « reconnaît ses erreurs passées » (151) et s’efforce maintenant de « contribuer à libérer la parole au sein des communautés musulmanes »(154).

Le témoignage de Nayla Tabbara, cofondatrice de Adyan,la plus grande ONG interreligieuse au Liban termine cette série de témoignages. Ayant ressenti « la nécessité de partager le chemin spirituel » (162), elle reconnaît que l’enjeu est d’ « articuler la spiritualité et l’esprit critique » : « Je n’en pouvais plus d’entendre que l’islam est la religion de la tolérance et de la paix » (168)). selon elle, le Coran envisage, finalement, « la diversité comme un chemin vers une humanité réconciliée » (171).

En refermant ce livre, faut-il être comme le dit M. Privot : « inquiet à court terme, optimiste au-delà » (111) ? Pour quelqu’un d’extérieur à l’islam, je dirais plutôt patient qu’inquiet et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, ces témoignages viennent de personnes qui ont bien voulu se livrer : il y en a donc probablement beaucoup d’autres qui ne préfèrent pas être médiatisés. Ensuite on réalise que ces acteurs viennent de différents domaines d’activités (enseignement, recherche, animation artistique, associations) mais ils vont tous dans une même direction, opposée à la polarisation et au « cercle vicieux des deux discours d’exclusion » (119). En moindre mesure, puisque ceci n’est pas valable pour tous ceux et celles qui ont témoigné dans ce livre, certains peuvent travailler en toute sérénité, en paix d’âme et d’esprit. Et, finalement, on pourrait ajouter qu’ils sont tous à peu près de la même génération, et plusieurs d’entre eux se connaissent et s’apprécient mutuellement !

Cet ouvrage devrait être lu non seulement par tous ceux et celles qui rencontrent des musulmans mais aussi par tous les musulmans découragés par les régressions dans la manière de vivre l’islam dans certains pays souvent dues à l’omniprésence des propagandes wahhabites et salafistes sur internet : l’espoir est possible, les personnes qui ont accepté de témoigner ici le prouvent suffisamment, même si, en filigrane, on perçoit aussi parfois de leur part le souhait d’être plus encouragées.

Et pourquoi ne pas l’offrir à ceux qui pensent qu’il n’y a qu’une pensée unique existe parmi les musulmans ?

« On ne peut donc qu’espérer que beaucoup liront ce livre, et inciter ceux qui l’auront lu et aimé à le faire largement connaître ! » (Fin de la préface par R. Benzine , p.11).

Marc Léonard.

Pâques : le ngalakh, la recette sénégalaise de l’entente entre catholiques et musulmans

 

À l'approche du weekend de Pâques, Jacques Bassene, catholique pratiquant de 38 ans, grillardin dans un restaurant de Dakar, nous livre les secrets du ngalakh (ou ngalax).

« C’est un mot traditionnel de Saint-Louis qui signifie littéralement ‘faire de la bouillie' », explique Jasques Bassene, chargé des grillades au restaurant Le Bideew, à Dakar. « C’est un dessert qui se prépare à partir de pâte d’arachide, de pain de singe [fruit du baobab, ndlr] et d’araw, une sorte de couscous à gros grain », poursuit-il.

Après cuisson de la semoule, indique Jacques, il faut mélanger la pâte d’arachide avec de l’eau, puis incorporer le pain de singe en le malaxant pour obtenir une préparation, qu’il faut ensuite filtrer et sucrer. Après cela, il suffit de recouvrir la semoule de la préparation, « et le tour est joué ».

Au-delà d’un secret de cuisine typiquement sénégalais, pour Jacques, le ngalakh représente l’aumône, la charité et le partage. « Pâques n’est pas la fête des catholiques, c’est la fête de tous les Sénégalais… Elle représente l’entente entre les communautés au Sénégal, et ce n’est pas une entente par la religion, c’est une entente traditionnelle dans ce pays. »

Du ngalakh pour les invités et les voisins

Ce weekend, du vendredi 14 au lundi 17 avril, les chrétiens d’Afrique vont célébrer, comme ailleurs, la mort puis la résurrection du Christ. Au Sénégal, où l’on compte 5% de chrétiens et 94% de musulmans, Pâques, comme la Tabaski, est un emblème de la fraternité des communautés religieuses.

Les familles chrétiennes préparent des quantités importantes de ngalakh au cours du vendredi et du samedi précédant le dimanche de Pâques pour en offrir à leurs voisins et à leurs invités. Par ailleurs, les familles chrétiennes cuisinent souvent deux plats, lorsqu’elles invitent des familles musulmanes à partager leur repas de fête ; si le plat principal est à base de porc, il est accompagné d’un plat de poulet pour les invités.

Comme au moment de Noël, ceux qui ont le plus de moyens achètent de nouvelles tenues pour assister à la messe pascale. Jacques, qui réside dans l’arrondissement de Ouakam, assistera à la messe de l’église de Notre-Dame des Anges, mais les célébrations religieuses se tiendront également à Yoff, à l’église Saint-Christophe, ou encore à la paroisse Saint-Joseph de Medina.

Éric Mamadou Torres, 25 ans, qui travaille également au Bideew, dont le père est catholique et la mère est musulmane, affirme que sa famille – majoritairement musulmane – célébrera Pâques ce weekend, et que sa mère préparera le ngalakh pour tout le monde. Lui qui observe le ramadan chaque année ira également à la messe ce dimanche.

Invitation: 2ème Journée Mariale Islamo-Chrétienne d’Alger. Samedi 29 Avril 2017

2ème Journée Mariale Islamo-Chrétienne d’Alger

Samedi 29 Avril 2017

SUR LE THÈME: ECOLOGIE ET SPIRITUALITÉ

Informations et cartes d’accès sur:

http://www.notre-dame-afrique.org/events

2eme journée mariale d'Alger