EN CHEMIN

 

Le bulletin du Centre Foi et Rencontre

 

 

Centre Foi et Rencontre BP 298 Bamako (Mali)

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Septembre 2003 n°3

Rédaction :Equipe du Centre Foi et Rencontre

Responsable : Père Josef Stamer

 
 
Éditorial
Repartir sur le chemin de la Rencontre

Ce numéro 3 de “En chemin” paraît au moment de la rentrée. C’est l’occasion de renouveler les convictions qui nous animent. Au cours des deux retraites qu’il a données au mois de juillet dernier à Sebeninkoro, le Frère Gwénolé Jeusset ofm, a partagé avec les participants(es) ses ... convictions évangéliques pour la rencontre. Il est bon d’en reprendre quelques unes ...

 

1 - Comme le Christ lui-même, l’homme est la route de l’Église. Le pape Jean-Paul II l’affirme dans son encyclique : “Redemptor hominis” (n°13). Le Christ est en relation avec tout homme, même si ce dernier n’en est pas toujours conscient. Nous sommes ainsi remis en question : tous ceux et celles que nous rencontrons sont-ils une route, un chemin pour nous ? Il ne devrait pas y avoir de foule anonyme pour nous ...

2 - L’Esprit de Jésus nous précède dans le cœur des gens. Moïse avait compris cela, quand on vint lui dire que deux hommes avaient prophétisé dans le camp, en dehors de la Tente de la Rencontre. Il ne les arrêta pas, mais il souhaita plutôt que tout le peuple du Seigneur puisse devenir un peuple de prophètes (Nb 11,26-29). Jésus lui-même ne condamna pas le village des samaritains qui refusait de l’accueillir (Lc 9,49-56). L’Esprit est à l’œuvre ailleurs que dans des cadres bien définis et quelquefois d’une manière surprenante.

 

3 - Deux orientations sont possibles dans la même Mission. Soit accompagner les gens pour en faire naître une vraie communauté; soit accompagner des gens qui ne sont pas prêts à faire partie de la communauté. Le document romain intitulé : “Dialogue et Annonce” nous rappelle cette double accentuation de la même Mission. Il nous faut en tenir compte avec délicatesse et respect dans toutes nos rencontres.

 

4 - Dieu est plus grand que nos structures, il nous dépasse en tout, il est Mystère. “Le salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu” (Éphésiens 2,8). Comment alors pouvait-on condamner celui qui ne l’a pas reçu ? Saint Jean rapporte la parole de Jésus : “Nul ne peut venir à moi si cela ne lui est donné par le Père” (Jn 6,65). Dieu a toujours l’initiative.

 

5 - La Mission libère la force d’aimer, dans le respect des différences. Cela signifie : tenir compte des blessures des personnes, admettre leurs lenteurs, s’ouvrir aux autres sans nier les différences. Sans amour, sans bienveillance, sans ouverture à l’autre, le dogme devient dogmatisme, la morale, légaliste et la mystique, mysticisme. On n’est pas loin de l’intégrisme !

Finalement, la Mission est surtout un état d’esprit. Voir Dieu à l’œuvre en l’autre demande une conversion. Quand nous réalisons que nous ne sommes pas propriétaires de Dieu, nous pouvons, non seulement le découvrir en l’autre, mais aussi en faire notre joie. Père Jean Bevand

 

Ecclesia in Europa

Après les exhortations post-synodales destinées à l’Afrique, à l’Asie et à l’Océanie, le 28 juin 2003 est publiée, à Rome, l’exhortation “Ecclesia in Europa”. Au chapitre III, il est proposé de témoigner dans l’unité et dans le dialogue. Extraits des n° 55, 56 et 57 ...

 

“ Comme pour tout l'engagement de la "nouvelle évangélisation " il faut que soit instauré un dialogue interreligieux profond et intelligent, en particulier avec le judaïsme et avec l'islam ... Dans ce dialogue, il n'est pas question de se laisser prendre par une mentalité marquée par l'indifférentisme, malheureusement très répandue parmi les chrétiens, souvent fondée sur des conceptions théologiques inexactes et imprégnée d'un relativisme religieux qui porte à considérer que "toutes les religions se valent" …

À cet égard, il est nécessaire de préparer les chrétiens qui vivent au contact quotidien des musulmans à connaître l'islam de manière objective et à savoir s'y confronter; une telle préparation doit concerner en particulier les séminaristes, les prêtres et tous les agents pastoraux …

Dans le domaine de la liberté religieuse, on comprend l'étonnement et le sentiment de frustration des chrétiens qui accueillent en Europe, des croyants d'autres religions en leur donnant la possibilité d'exercer leur culte et qui se voient interdire tout exercice du culte chrétien dans les pays où ces croyants majoritaires ont fait de leur religion la seule qui soit autorisée ...”

 

Qui est le Paraclet ? Une nouvelle publication du Centre Foi et Rencontre

Récemment, au cours d’une rencontre avec des jeunes chrétiens, la question a surgi : " D'après les musulmans, Jésus a échoué dans sa mission. C'est pourquoi il a annoncé la venue de Mohammed ! "

Qu'en est-il exactement ? Dans les discussions quotidiennes entre chrétiens et musulmans au Mali et comme ailleurs en Afrique la question des " envoyés " et de leur rang les uns par rapport aux autres, est une des plus chaudes. Effectivement elle touche au " noyau dur " de nos différences doctrinales, mais surtout au plus profond des sensibilités religieuses des uns et des autres. En effet, beaucoup de musulmans ont une grande vénération pour leur prophète Mohammed et l'amour des chrétiens pour Jésus est le cœur même de la religion chrétienne. Il y a déjà plusieurs dizaines d'années, un livre a paru en France : " La Bible, le Coran et la Science " de Maurice Bucaille. Ce livre a été largement diffusé, à bas prix ou même gratuitement, en Afrique, par les soins de l'organisation libyenne : “La Société mondiale de l'appel à l'Islam” et d'autres organisations islamiques. En effet, il reprend toute une série de vieux thèmes de la controverse ou de la polémique entre chrétiens et musulmans, dont aussi l'affirmation que, dans certains textes de l'évangile selon Saint Jean, il y aurait l'annonce par Jésus de la venue de Mohammed. Ceci a été repris plus près de nous encore par Monsieur Saada Touré de Ségou dans son petit pamphlet : " L'église est-elle chrétienne ou paulienne ? " En son temps (1979), Monseigneur Mori Julien Sidibé, aujourd’hui disparu, avait répondu à Monsieur Saada Touré. Pour que de telles discussions ne restent pas des paroles stériles et ne finissent par détériorer le bon climat de convivialité entre chrétiens et musulmans, il est utile de connaître plus en détail de quoi il s'agit au juste.

 

Le Centre Foi et Rencontre, publie à cet effet sa seconde brochure (après " Le Veilleur " cf. page 3 dans l’espace prière) intitulée : " Qui est le Paraclet ? "* . Son propos : apporter quelques lumières sur un sujet qui reste complexe et controversé. L’auteur, le Père Josef Stamer, examine le plus objectivement possible les textes de nos écritures respectives qui sont en jeu dans l’annonce que Jésus aurait faite de Mohammed. Il propose aussi d’avoir un regard très critique pour certaines interprétations ou manipulations de ces textes. Cette brochure ne veut nullement réchauffer une dispute vieille de plusieurs siècles entre chrétiens et musulmans. Dans un esprit de pacification et de clarification, elle veut faire connaître et apprécier les vraies différences de nos fois respectives et c'est là un élément indispensable du dialogue interreligieux. Père Josef Stamer

 

Œcuménisme au Mali – État de la question

Poursuivant notre réflexion sur l’œcuménisme, nous parlons des débuts de l’Église protestante au Mali. C’est le pasteur Benjamin Thèra qui, pour nous, à fait des recherches en ce sens ...

 

C’est la GMU (Gospel Missionary Union) qui établit la première mission protestante au Mali, précisément à Bamako en 1913. La GMU est une société américaine qui a vu le jour en 1898, dans l’État du Kansas au sein d’un club de jeunes chrétiens évangéliques appelés “YMCA” (Young mens christians association). Cette mission indépendante rencontre beaucoup de succès aux USA, dans les églises évangéliques, mais aussi au Canada parmi les baptistes et les presbytériens. De 1919 à nos jours, la GMU a installé dix stations missionnaires au Mali, principalement en milieu bamanan.

Mais revenons au départ ... La GMU est, au début du XXe siècle, la seule mission protestante implantée au Maroc (depuis 1874). Elle a suivi avec intérêt tous les problèmes d’évangélisation en milieu musulman et les difficultés que rencontraient les missionnaires catholiques pour atteindre Tombouctou à partir de l’Algérie, en traversant le Sahara. Elle en tint compte et choisit d’emprunter le chemin du Sénégal pour pénétrer au Soudan. Après s’être établie à Bamako en 1913, les pasteurs George Reed et George Fischer entreprennent une grande tournée dans le pays (Tombouctou, Gao et plusieurs bourgades le long du Niger). C’est la GMU qui est à l’origine de l’Église Évangélique Protestante du Mali (EEPM).

 

La seconde mission protestante qui va s’installer au Mali est la CMA (Christian Missionary Alliance). Elle choisit de s’installer, dès 1923 à Sikasso. La CMA résulte de la fusion de deux sociétés de mission; celle du pasteur presbytérien Albert Benjamin Simpson et l’international Missionary. Au Mali, la CMA travaille dans une vaste zone : le long du Niger et à Mopti parmi les Bozos et les Peulhs; à Tombouctou parmi les Maures et les Touaregs; à Gao parmi les Songhoïs. Elle fonde aussi des stations en pays Sénoufo-Minianka, en pays Dogon et chez les Bwa. La réduction de son personnel, suite aux conflits mondiaux, oblige la CMA a concenter ses efforts aux milieux Sénoufo-Minianka, Dogon et Bwa. les adeptes de la religion traditionnelle se sont montrés plus réceptifs à l’Évangile. Outre l’évangélisation, la CMA joue aussi un rôle au niveau social en construisant dispensaires et maternités, notamment à N’torosso, Baramba, Farkala, Somasso, Sanekuy, Famorola et Katiena. C’est la CMA qui est à l’origine de l’Église Chrétienne Évangélique du Mali (ECEM).

 

En 1950, la CMA abandonne ses stations du septentrion (de Gao et Tombouctou) à la EBM (Mission Évangélique Baptiste) qui œuvrait précédemment au Niger. Au Mali, l’EBM travaille dans les régions les plus islamisées du pays. On la trouve non seulement à Gao et Tombouctou mais aussi à Niafunké, Diré et Menaka.

 

Enfin, en 1954, la UWM (Mission Unie Mondiale) s’installe à Kayes et Kenieba. Son travail donne naissance à l’Église Évangélique de Kayes. Elle établit dans la région un hôpital, un orphelinat et une école biblique. (à suivre)

 

Bientôt, le Centre !

La réhabilitation des bâtiments destinés au Centre se poursuit. La grande salle et l’espace documentation seront bientôt disponibles ainsi que les bureaux. D’importants travaux de drainage, d’électricité et de pose de carrelages ont été nécessaires. “En Chemin” en profite pour dire un grand merci à toutes les personnes, organismes et communautés qui nous ont aidés. Les livres et revues offerts par des communautés Missionnaires d’Afrique de France (Bry-sur-Marne, Paris et Lyon) et l’important lot de livres neufs financé par l’“Association des Amis des Pères Blancs” de Paris, seront bientôt mis à la disposition du public qui fréquentera le Centre. L’informatisation de la bibliothèque est actuellement en cours.

 

Le Père Gwénolé Jeusset à Bamako

Le Père Gwenolé Jeusset - ofm, invité de l’ANRM, a animé deux retraites en juillet sur le thème de “l’esprit d’Assise”. Il a aussi donné une conférence sur le dialogue interreligieux, dans l’esprit d’Assise, à la paroisse cathédrale de Bamako, le samedi 12 juillet. Alain Fontaine a recueilli ses impressions ...

AF /Qu’entendez-vous par “esprit d’Assise” ?

GJ / L’événement d’Assise (le 27 octobre 1986) n’est pas venu fortuitement. Il était préparé de longue date par une fréquentation assidue entre croyants amorcée par le Concile Vatican II et fortifié par les voyages des papes Paul VI et Jean-Paul II. Ces journées exceptionnelles de prière dans la cité de François vont développer un “esprit d’Assise”. Désormais l’Église et les croyants qui se sont associés à sa démarche s’acheminent vers une fraternité sans frontière. Les fondations ont été lancées, “... nous voulons commencer un chemin commun à Assise” dira le pape Jean-Paul II.

AF /Y-a-t-il une spiritualité franciscaine de la rencontre ?

GJ / Saint François, dans la période très troublée où il vivait, a invité ses contemporains a passer de l’esprit de croisade à l’esprit de la rencontre. Et il ne s’est pas contenté de le dire, il a posé un geste fort, en pleine croisade, en “... passant sur l’autre rive” pour se rendre auprès du Sultan à Damiette en Égypte. Saint François nous enseigne à sortir de nous-mêmes pour aller aux au-tres et vivre, non pas à côté d’eux mais parmi eux !

AF /Pendant vos entretiens, vous avez souvent employé le terme “courtoisie” ...

GJ / En effet ! Dieu est courtoisie quand il s’adresse à nous avec délicatesse et tendresse. On entend souvent dans l’Évangile Jésus nous dire “Si tu veux !”. François adoptera cette attitude, ne cachant pas son identité mais proposant “courtoisement” la Bonne Nouvelle à qui veut l’entendre. Dans la première règle franciscaine, François enseignera à ses frères de se comporter toujours de la sorte ... une façon de chercher la communion le plus loin possible !

AF /Des temps nouveaux pour l’Église ?

GJ / Je le crois. Il est temps de quitter nos murailles ... tout ce qui nous enferme, en renonçant au racisme, ethnique, social et religieux. Malheureux ceux qui jugent une religion sans chercher à rencontrer ceux et celles qui en vivent !

 

Activités du Centre Foi et Rencontre de Bamako

t Le Père Josef Stamer a animé une causerie-débat sur “les sectes” , le 8 août 2003, aux journées de formation des jeunes à Koulikoro et une causerie sur le thème “ ...devant les problèmes que je rencontre au quotidien, vers qui je vais me tourner, où vais-je chercher des solutions ?” à Falajè-Banankabugu, le dimanche 17 août, après l’eucharistie dominicale.

t Publication, le 15 août 2003, d’une première brochure intitulée “Le Veilleur”. Il s’agit d’une collection de textes destinée aux jocistes et aux autres mouvements où chrétiens et musulmans ont l’occasion de se retrouver ensemble pour prier. Cette brochure est disponible au Centre et à la Rotonde au prix de 1000 F Cfa.

t Préparation d’une seconde brochure “Qui est le Paraclet ?” qui sera publiée dans le courant du mois de septembre.

 

Courrier des lecteurs

t La Conférence épiscopale du Mali nous fait part de la nouvelle composition des commissions et secrétariats. Après le décès de Mgr Julien M Sidibé, c’est Mgr Joseph Dao, évêque de Kayes, qui devient président du secrétariat pour le dialogue interreligieux et l’œcuménisme. Le nouveau secrétaire en est Monsieur l’Abbé Marc Diarra, curé de Kita dans le diocèse de Kayes. (CEM)

 

t La revue “En Chemin” est appréciée au monastère bénédictin de Koubri (Burkina Faso) où nous venons de fêter le 40e anniversaire de la fondation. Certains articles sont lus au réfectoire durant les repas. À Koubri, nous sommes très heureux de recevoir ainsi ces nouvelles de l’Église famille du Mali. (Frère Pierre Poudiougo - postulant malien à Koubri (Burkina faso)

 

t Merci pour “En chemin”. En échange, je vous adresse quelques articles qui pourraient vous être utiles dont celui des “Études” intitulé “Foi chrétienne et versets coraniques”. Bon courage pour votre Centre. (Père Maurice Borrmans du Pisai à Rome (Italie)

 

Calendrier 

 

t 15 août 2003, arrivée de Sœur Françoise Dartigues dans l’équipe du Centre.

t 27 août 2003, réunion du comité de pilotage à Hamdallaye.

t 3 septembre 2003, causerie au “CFC - Monseigneur Pierre Leclerc” à Ntonimba dans le cadre de la formation diocésaine des laïcs.

t 3-9 septembre 2003, le Père Alain Fontaine participe à la semaine de formation JP1, destinée aux jeunes profes(ses) du Mali.

t 15-18 septembre 2003, retraite pour les catéchistes/animateurs de la paroisse de Bandiagara (diocèse de Mopti) par le Père Josef Stamer.

 

 

 

 

 

Nous remercions très sincèrement toutes les personnes et communautés qui ont offert des livres pour la bibliothèque du Centre Foi et Rencontre.

La saisie informatique est en cours ainsi que la confection des étagères pour le rangement et la consultation publique.

Restent encore quelques travaux importants, notamment pour l’électricité, l’eau et le téléphone.

Un grand merci à tous ceux et celles qui nous ont apporté leur aide précieuse pour la réhabilitation du bâtiment qui va abriter le Centre Foi et Rencontre de Bamako.