Vu au Sud - Vu du Sud

Mali : l’attaque contre la base militaire de Boulikessi revendiquée par l’organisation jihadiste d’Iyad Ag Ghali

Par Jeune Afrique avec AFP
 

Selon l'agence mauritanienne ANI, l'attaque ayant coûté la vie à 11 militaires maliens dimanche dernier à Boulikessi a été revendiquée par la nouvelle organisation d'Iyad Ag Ghali, Jamaât Nasr Al islam wa Al mouminin. Elle est Issue de la fusion récente de plusieurs groupes terroristes actifs dans le Sahel.

L’attaque de Boulikessi, survenue le 5 mars dans le centre du Mali, près de la frontière avec le Burkina Faso, est la première opération officiellement revendiquée par cette formation. Quelques jours à peine après l’annonce de sa constitution par les agences privées mauritaniennes ANI (Agence Nouakchott Information) et Al-Akhbar.

Citant un porte-parole du groupe, celles-ci rapportent que Jamaât Nasr Al islam wa Al mouminin serait à l’origine de l’attaque, pendant laquelle ses membres auraient tué plus d’une dizaine de militaires maliens, détruit des véhicules, et emporté de nombreux armements. D’après ce porte-parole, les jihadistes n’auraient compté que deux blessés dans leurs rangs.

Une source sécuritaire de l’AFP, implantée dans la région, avait imputé l’attaque au groupe Ansarul Islam, mené par le prédicateur islamiste radical burkinabè Ibrahim « Malam » Dicko, actif dans le nord du Burkina Faso, limitrophe du Mali, et lié à des jihadistes basés dans ce pays.

Fusion d’organisations jihadistes

L’annonce de la formation de Jamaât Nasr Al islam wa Al mouminin (groupe pour la victoire de l’islam et des fidèles) a notamment été rendue publique le 2 mars dans une vidéo sur laquelle apparaissent côte à côte plusieurs dirigeants jihadistes. Les groupes concernés sont Ansar Eddine, Al Mourabitoune, la katiba Macina et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Les groupes ayant fusionné étaient déjà clairement liés à Al-Qaïda ; certains font partie des organisations jihadistes qui ont pris le contrôle du nord du Mali en mars-avril 2012.

Auparavant concentrées dans le Nord, les attaques jihadistes se sont étendues depuis début 2015 vers le centre puis le sud du Mali.

Togo : des élèves manifestent
contre un nouveau mot d’ordre de grève
lancé par des syndicats d’enseignants

 

Deux organisations syndicales de l’enseignement ont lancé lundi une nouvelle grève de 72 heures dans tout le pays pour exiger du gouvernement la satisfaction immédiate de leurs revendications. La réaction des élèves ne s'est pas fait attendre.

L’année scolaire est-elle en danger au Togo ? Malgré les différents dialogues initiés par le gouvernement pour une sortie de crise durable, certains syndicats de l’enseignement ont lancé un nouveau mot d’ordre de grève, du 6 au 8 mars.

Conséquence : des élèves en colère dans plusieurs villes du pays, qui réclament leurs enseignants et, surtout, exigent que les cours non dispensés pendant les grèves soient repris.

Cet énième mot d’ordre de grève est lancé par la Coordination des Syndicats de l’Enseignement (CSET) et la Fédération des Syndicats de l’Éducation Nationale (FESEN). « Il n’y a pas eu de décisions concrètes concernant nos revendications », indique un responsable de la CSET.

Des revendications qui portent sur la question des primes (logement, travail de nuit, salissure…), l’adoption du statut particulier et les affectations dites « punitives ». Les grévistes demandent également au gouvernement le remboursement immédiat « des précomptes abusivement et arbitrairement effectués sur les salaires » et rejettent les deux semaines de trêve issues des conclusions du groupe de travail.

« Il n’y a pas eu de décisions concrètes concernant nos revendications », indique un responsable de la CSET. Les deux organisations dénoncent « la lenteur dans la résolution de la crise » pour justifier leur décision. « Nous ne voulons plus nous faire avoir par les mêmes méthodes, des promesses qui ne sont pas tenues ».

De fait, les élèves du public étaient encore dans les rues le 6 mars à divers endroits du pays. Ce mardi, la situation à la mi-journée était beaucoup plus calme.

Sauver l’année scolaire

Mi-janvier, le gouvernement a pourtant institué un groupe de travail multipartite pour réfléchir et trouver des solutions durables à la crise dans le secteur de l’éducation. Un groupe composé des centrales syndicales, des représentants des parents d’élèves, de ceux des enseignements confessionnels et privés, et des partenaires techniques et financiers du Togo comme l’UNICEF, la Banque Mondiale et l’Agence française de Développement.

Le 3 mars, à la fin des travaux de ce groupe de travail, les acteurs sont parvenus à un compromis sur les différents points inscrits à l’ordre du jour. Mieux, une trêve de deux semaine a été décidée afin de permettre au gouvernement d’initier la mise en œuvre du relevé de conclusions. Sauf que, absente des discussions, la Coordination des Syndicats de l’Enseignement (CSET) a décidé de poursuivre la grève dès le 6 mars.

« J’ai de la peine à appréhender les réelles motivations et objectifs de certaines personnes, aussi bien les responsables syndicaux que les enseignants. Quelles sont leurs motivations ? Prendre le système éducatif en otage ? Amener les élèves à la violence ? Amener les parents d’élèves à la violence ? », s’est interrogé Gilbert Bawara, le ministre de la Fonction publique.

Malgré l’incompréhension, le gouvernement maintient la porte ouverte au dialogue pour sauver l’année scolaire en cours et ramener durablement la sérénité dans le secteur éducatif togolais.

Grand-Bassam: le ministre de l'Intérieur ivoirien dresse un bilan de l'enquête

 
                   Le ministre de l'Intérieur ivoirien, Hamed Bakayoko, en conférence de presse à Abidjan, le 22 mars 2016.
© SIA KAMBOU / AFP
 

En Côte d'Ivoire, des centaines de personnes vêtues de blanc ont participé, lundi 13 mars, à l'inauguration d'une stèle portant le nom des victimes de l'attentat islamiste qui a fait 19 morts, le 13 mars 2016 à Grand-Bassam. En marge de la cérémonie, le ministre ivoirien de l'Intérieur Hamed Bakayoko a fait un point sur l'enquête.

Le maire de la ville, Georges Ezaley, a conduit avec les élus locaux et les autorités religieuses une marche silencieuse du stade municipal jusqu'à une stèle de marbre où ont été gravés les noms des victimes. Peu après, le vice-président ivoirien, Daniel Kablan Duncan, a déposé une gerbe à l'entrée de la plage et a observé une minute de silence.

A l'issue de la cérémonie, le ministre ivoirien de l'Intérieur a dressé un bilan de l'enquête qui a permis l'arrestation en Côte d'Ivoire, mais aussi au Mali, au Burkina Faso et au Sénégal, d'une trentaine de personnes impliquées dans les attentats commis dans la sous-région depuis plus d'un an.

« 38 personnes ont été arrêtées, précise Hamed Bakayoko. Des enquêtes ont également permis de lier les attentats d’Ouaga et d’Abidjan. C’était à peu près la même équipe. Donc nous avons travaillé à démanteler le réseau dormant en Côte d’Ivoire et dans ces pays-là et le travail continue.

Les réseaux dormants sont des réseaux supports

Je veux vous faire remarquer également que depuis un an nous avons réussi à protéger notre territoire d’un autre attentat, ce qui n’est pas un fait banal. Et nous pensons que la collaboration entre les différents services doit être quelque chose de renforcé, pour que nous puissions surtout arriver à démanteler les réseaux dormants. Parce que c’est ceux-là qui sont les réseaux supports qui permettent la réalisation des attentats »

Pour le ministre, l'arrestation au Mali de Mimi Ould Cheikh, le patron de Kounta Dalla - le logisticien qui est venu sur place à Grand-Bassam -, « est une grosse prise ». « Le commanditaire, c’était Mimi Ould Cheikh qui a été arrêté, et nous pensons que son interrogatoire va permettre de donner des éléments qui permettent d’arrêter Kounta Dalla et d'autres personnes », qui ont participé à la mise en oeuvre de l'attentat.

Au Mali, les patrouilles mixtes relancent l’espoir de paix

Par AFP
 

Les premières patrouilles mixtes entre soldats maliens, groupes armés pro-gouvernementaux et ex-rebelles relancent timidement les espoirs de paix dans le nord du Mali, où les défis sécuritaires restent immenses après une série d'attentats sanglants.

« C’est un beau jour ! » s’est félicité samedi le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian en rencontrant des éléments de ces patrouilles lancées jeudi à Gao, la plus grande ville du Nord, conformément à l’accord de paix au Mali signé en mai-juin 2015.

« Les premières patrouilles mixtes, si attendues, si symboliques, si importantes sont maintenant au rendez-vous », a-t-il ajouté, « ce sont des gages importants pour l’avenir ».

Ces patrouilles à Gao, dont les effectifs atteindront à terme 600 hommes, concernent des soldats de l’armée régulière, des combattants des groupes pro-gouvernementaux de la Plateforme et ceux de l’ex-rébellion à dominante touareg du nord du Mali de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

Pour la visite du ministre français, une trentaine d’entre eux étaient réunis en rangs d’oignon par 40 degrés au camp de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).

Sur leurs uniformes vaguement coordonnés, tous arboraient des brassards affichant « MOC », sigle du « Mécanisme opérationnel de coordination » chargé d’organiser ces patrouilles censées préfigurer la refonte d’une armée malienne unitaire. Le MOC espère lancer bientôt le même dispositif à Kidal (extrême nord-est) et Tombouctou (nord-ouest), sous l’égide de la force de la Minusma.

« Formidable ! Belle perspective ! Maintenant il faut tenir la suite », a lâché Jean-Yves Le Drian à l’adresse des patrouilles, fortement soutenues par la force française Barkhane (1.400 hommes) dédiée à la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Leur lancement, jeudi, est intervenu près de cinq semaines après un attentat-suicide avec un pick-up bourré de 500 kg d’explosif, contre le camp du MOC, situé à quelques centaines de mètres de celui de la Minusma.

Cette attaque, revendiquée par le groupe Al-Mourabitoune du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar rallié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a fait près de 80 morts selon des bilans concordants.

Porosité 

« Aujourd’hui, nous assurons la sécurité des sites du MOC. Mais nous allons dans un bref délai rentrer dans l’opération de sécurisation de la ville de Gao avec les forces maliennes, de la Minusma et Barkhane », a assuré le chef du MOC, le colonel Sidi Mohamed Rhissa, issu de l’armée malienne.

D’anciens rebelles touareg, hier membres de groupes jihadistes, se rallient doucement, attirés par la perspective d’une solde régulière dans une région déshéritée, a souligné une source militaire à la Minusma.

Mais la porosité entre groupes signataires de l’accord de paix et combattants radicaux ainsi que trafiquant en tous genres, membres de mêmes tribus, reste grande.

La sécurité était de fait maximale lors de la venue du ministre Le Drian, encadré par une débauche de forces spéciales et gardes du corps lourdement armés. La patrouille mixte, arrivée à bord de pick-up estampillés MOC, était quant elle non armée.

Le MOC, dont le camp était réputé perméable aux allers et venues d’éléments externes, a assuré de son côté avoir pris « toutes les protections » pour sa sécurité. Mais la tension reste grande.

« La présence de certains groupes ou nationalités, comme les Pakistanais, dans Gao présage pour nous un mauvais augure », a affirmé Aimée-Thérèse Faye Diouf, responsable du programme DDR (Désarmement, Démobilisation et Réinsertion) pour le compte de la Minusma à Gao.

« A chaque fois qu’ils sont là, quelque temps après, on a une explosion, une attaque assez complexe », a-t-elle dit.

Quatre ans après le déclenchement, en janvier 2013, à l’initiative de la France, de l’intervention militaire internationale dans le Nord qui a mis en déroute les jihadistes sans en éradiquer la menace, Jean-Yves Le Drian concède aussi que les défis restent nombreux.

« Il reste encore beaucoup à faire pour que l’autorité de l’Etat s’impose sur l’ensemble du territoire », a-t-il noté. « Quel que soit votre succès, il ne vous met pas à l’abri d’une attaque ou d’un attentat », a-t-il ajouté devant les soldats de Barkhane.

Longtemps concentrées dans le nord du Mali, les attaques jihadistes se sont étendues à partir de 2015 vers le centre puis le sud du pays ainsi qu’au Niger voisin où, selon les autorités, 19 soldats ont été tués mercredi par un groupe jihadiste, selon une source militaire française.

Lutte contre Boko Haram: la délégation de l'ONU au Tchad et au Niger

Nigérians qui ont fui les attaques de Boko Haram pour trouver refuge dans la région de Diffa au Niger.
© REUTERS
 

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies effectue une tournée dans le bassin du lac Tchad. Après l'extrême nord du Cameroun, les diplomates onusiens se sont rendus à N'Djamena, au Tchad, où ils ont pu faire le point sur l'état de la lutte contre Boko Haram, puis au Niger où le président Issoufou leur a fait part de son inquiétude sur les effets économiques et sociaux qui résultent de la présence de Boko Haram.

Au Tchad, les ambassadeurs ont pu rencontrer la Force multinationale mixte dont le quartier général est établi dans la capitale tchadienne. Cette force compte à ce jour 10 000 soldats provenant du Cameroun, du Tchad, du Nigeria et du Niger. Premier constat dressé par les militaires de la Force multinationale mixte, Boko Haram n'est plus en mesure de mener des attaques frontales de grande envergure.

La Force multinationale mixte affirme avoir tué 828 terroristes et arrêté 615 membres de Boko Haram depuis janvier 2016. A cela s'ajoutent 1300 personnes qui se sont rendues aux autorités dans la région de Baga Sola.

Fonds de soutien décaissés

Mais le commandement de la Force mixte a encore besoin de soutien pour affiner son travail. Ses besoins pour être plus efficace sont considérables, a pointé le Premier ministre, Albert Pahimi Padacké. « Cette force a besoin d’être soutenue encore davantage, en termes matériels, en termes financiers et en termes juridiques », a-t-il souligné.

Pas de réponse dans l'immédiat à cette requête. Les diplomates onusiens reconnaissent que le décaissement des fonds déjà alloués par les partenaires prend du temps. Mais ça y est, les procédures sont engagées, a assuré François Delattre, ambassadeur de France à l'ONU, « l’opérationnalisation est entérinée et dans les faits et l’Union européenne lui apporte un soutien important avec 50 millions d’euros, dont une partie, 31 millions ont été décaissés. C’est un peu lent à venir mais c’est important ».

Sur le plan humanitaire, d'après la Force multinationale mixte, près d'un million de personnes se trouvent dans des zones encore difficiles d'accès.

La reddition des combattants de Boko Haram au Niger

Après le Tchad, le Conseil de sécurité s'est rendu au Niger, où il a eu entretien avec le président Mahamadou Issoufou, qui à son tour a tenu à insister sur les besoins humanitaires urgents dans la région de Diffa : tous les indicateurs économiques et sociaux sont au rouge, notamment dans cette région, fortement affectée par Boko Haram. Le président du Niger dresse une liste exhaustive des secteurs à redresser dans cette zone : les infrastructures, l'accès à l'eau potable, l'éducation... Selon Fodé Ndiaye, représentant résident des Nations unies au Niger, cette visite du Conseil de sécurité va permettre une meilleur visibilité des difficultés des communautés du bassin du lac Tchad.

Enfin, parmi les échanges avec les diplomates, une question occupe les esprits : celle de la « main tendue » des autorités envers les repentis. Quelque 130 membres de Boko Haram se sont rendus, indique le président Issoufou : « Nous nous sommes dit que Boko Haram est affaibli en raison de ses divisions internes, explique le chef de l'Etat nigérien, donc si des gens veulent se rendre, nous sommes prêts à créer les conditions d'une réinsertion économique et sociale ».