Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Dans le journal "La Croix" du 15 septembre

Pour le cardinal Schönborn, l’islamisme pourrait bénéficier de la tiédeur de la foi en Europe

Le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, a affirmé dimanche 11 septembre que « beaucoup de musulmans » souhaitent une « conquête islamique » de l’Europe, pointant la responsabilité des Européens qui ont « dilapidé » leur héritage chrétien.

Le cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, au Vatican, en 2013.

Le cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, au Vatican, en 2013. / VINCENZO PINTO/AFP

Chaque 11 septembre, l’Autriche commémore sa victoire lors du deuxième siège de la capitale autrichienne par les Ottomans, en 1683. Depuis, cette date est pour l’Église la fête du « saint nom de Marie », car le roi Polonais, qui menait alors la coalition contre les Ottomans, avait consacré son royaume à la Vierge Marie avant de partir à la bataille.

À cette occasion, dans une homélie sur le thème de la perte de l’héritage chrétien de l’Europe, le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, s’est livré à une comparaison entre cette bataille et la situation actuelle de l’Europe. « En ce jour, il y a 333 ans, Vienne était sauvée », a-t-il rappelé dans la cathédrale de Vienne, dimanche 11 septembre. « Y aura-t-il à présent une troisième tentative de conquête islamique de l’Europe ? Beaucoup de musulmans le pensent, l’espèrent et disent : c’est la fin de l’Europe », a-t-il affirmé.

Le cardinal autrichien de 71 ans a accusé l’Europe d’avoir « dilapidé et gaspillé » son héritage chrétien, la comparant au fils prodigue de la célèbre parabole du Christ. « Que va-t-il advenir de l’Europe ? », s’est-il interrogé. « Je pense que nous devrions demander pour l’Europe ce que Moïse demande (pour le peuple hébreu) et ce que Dieu dans sa miséricorde accorde au fils prodigue : Seigneur, donne-nous une autre chance ! », a-t-il poursuivi.

L’archevêque de Vienne a conclu son propos par une prière : « Seigneur, ne nous abandonne pas ! N’abandonne pas cette Europe qui a produit tant de saints. Ne nous abandonne pas, parce que nous sommes devenus tièdes dans notre foi. »

Les Européens responsables, « pas les islamistes »

Sur le site du diocèse, une mise au point a été publiée quelques jours après cette homélie. Sans revenir sur les propos du cardinal, ce texte – non signé – insiste sur la responsabilité des Européens dans la situation qu’il décrit. « Nous sommes ceux qui ont mis l’héritage chrétien de l’Europe en péril. Il est vrai que l’islamisme pourrait en bénéficier », peut-on lire.

Le cardinal a également commenté, jeudi 15 septembre, sur son compte Twitter personnel : « Les islamistes aimeraient pouvoir tirer profit du fait que nous perdions notre héritage chrétien, mais ils n’en sont pas responsables. C’est nous qui le sommes.

Le cardinal Schönborn, partisan de l’accueil des migrants

Les propos du cardinal peuvent surprendre après qu’il a pris plusieurs fois position en faveur notamment de l’accueil des migrants en Europe. En janvier 2016, il avait notamment dénoncé que « le rideau de fer existe de nouveau » en Europe, et avait déploré « les peurs et les nouveaux nationalismes » qui pouvaient être vaincus par « la miséricorde chrétienne ».

En septembre 2015, après la découverte non loin de Vienne des corps de 71 migrants, trouvés morts dans un camion frigorifique, il avait eu des mots forts : « C’en est assez ! Assez de morts, assez de souffrance et de persécution. Nous ne pouvons plus continuer à détourner les yeux. Ceux qui sont morts, ceux que nous pleurons, sont nos frères et sœurs, simplement des êtres humains, (…) des hommes qui survivent actuellement, et veulent juste vivre, comme nous tous », s’était-il indigné.

> Lire aussi : Un « rideau de fer » existe de nouveau en Europe, estime le cardinal Schönborn

« Il faut s’attendre à une augmentation du nombre de migrations. C’est notre réalité aujourd’hui. Et cela va rester la réalité. Et cela va changer notre vie », avait-il également prévenu à cette occasion, sans toutefois se montrer alarmiste. Il a d’ailleurs réfuté, sur Twitter jeudi 15 septembre, tout lien entre son homélie du 11 septembre et sa position sur les réfugiés : « Il ne faut pas prendre mon homélie pour un appel à se défendre contre les réfugiés. »

Le respect réciproque, fondement du dialogue interreligieux (traduction complète)

«L’Amérique en dialogue–Notre maison commune», congrès sur Laudato si’

Amérique, congrès interreligieux © L'Osservatore Romano

Amérique, congrès interreligieux © L'Osservatore Romano

« S’il n’existe pas de respect réciproque, il n’existera pas de dialogue interreligieux, affirme le pape François, c’est la base pour pouvoir marcher ensemble et affronter les défis. »

Le pape a évoqué la « coopération interreligieuse » lors de l’audience accordée aux participants de la première rencontre interreligieuse « Amérique en dialogue – Notre maison commune » ce jeudi matin 8 septembre 2016, au Vatican.

« Ce dialogue, a dit le pape,  est fondé sur les identités respectives et sur la confiance mutuelle qui naît quand je suis capable de reconnaître en l’autre un don de Dieu et que j’accepte qu’il a quelque chose à me dire. »

« Chaque rencontre avec l’autre, a-t-il poursuivi,  est une petite graine déposée ; si on l’arrose avec un soin assidu et respectueux, basé sur la vérité, il poussera un arbre luxuriant, avec une multitude de fruits. »

Le pape a rappelé que cette rencontre se déroulait  au cours de l’année jubilaire de la miséricorde: « Celle-ci a une valeur universelle qui inclut les croyants comme les non-croyants, parce que l’amour miséricordieux de Dieu n’a pas de limites : ni de culture, ni de race, ni de langue, ni de religion ; il embrasse tous ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit. »

Il a également mis en garde contre l’utilisation du « nom de la religion » « pour commettre des atrocités, comme le terrorisme, et semer la peur et la violence ». «Il est nécessaire de condamner de manière conjointe et déterminée ces actions abominables », a-t-il déclaré.

Voici notre traduction complète, de l’italien, du discours du pape François (prononcé en espagnol).

MD

Discours du pape François

Messieurs et Mesdames,

Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue, vous tous qui participez à cette première rencontre : « Amérique en dialogue – Notre maison commune », qui se tient ici à Rome. Je remercie l’Organisation des États américains et l’Institut du Dialogue interreligieux de Buenos Aires pour les efforts accomplis afin de faire de cet événement une réalité, ainsi que le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux pour sa collaboration. Je sais que vous travaillez ensemble au projet de constituer un Institut du dialogue qui comprendra tout le continent américain. Travailler ensemble est une initiative louable et je vous exhorte à avancer pour le bien non seulement de l’Amérique mais du monde entier.

Cette première rencontre est centrée sur l’étude de l’encyclique Laudato si’. J’ai voulu, dans celle-ci, attirer l’attention sur l’importance d’aimer, de respecter et de protéger notre maison commune. Nous ne pouvons pas ne plus nous émerveiller de la beauté et de l’harmonie qui existent dans toute la création ; c’est le don que Dieu nous fait pour que nous puissions le trouver et le contempler dans son œuvre. Il est important de viser une « écologie intégrale » où le respect pour les créatures valorise la richesse qu’elles recèlent et met l’être humain au sommet de la création.

Les religions ont un rôle très important dans cette tâche de promouvoir le soin et le respect de l’environnement, surtout dans cette écologie intégrale. La foi en Dieu nous porte à le reconnaître dans sa création qui est le fruit de son amour pour nous et nous invite à prendre soin de la nature et à la protéger. C’est pourquoi il est nécessaire que les religions promeuvent une véritable éducation, à tous les niveaux, qui aide à diffuser un comportement responsable et attentif envers les exigences du soin de notre monde et, en particulier, à protéger, promouvoir et défendre les droits humains (cf. Laudato si’, n.201). Par exemple, une chose intéressante serait que chacun des participants se demande comment dans son pays, dans sa ville, dans son environnement ou dans sa croyance religieuse, dans sa communauté religieuse, dans les écoles, il a intégré tout cela. Je crois que, sur ce point, nous sommes encore au niveau de l’ « école maternelle ». C’est-à-dire intégrer la responsabilité, non seulement comme matière mais aussi comme conscience, dans une éducation intégrale.

Nos traditions religieuses sont une source d’inspiration nécessaire  pour promouvoir une culture de la rencontre. La coopération interreligieuse, basée sur la promotion d’un dialogue sincère et respectueux, est fondamentale. S’il n’y a pas de respect réciproque, il n’y aura pas de dialogue interreligieux. Je rappelle que, quand j’étais enfant, dans ma ville, un curé du lieu a ordonné de brûler les tentes des évangéliques mais, grâce à Dieu, cela est dépassé ; s’il n’existe pas de respect réciproque, il n’existera pas de dialogue interreligieux : c’est la base pour pouvoir marcher ensemble et affronter les défis. Ce dialogue est fondé sur les identités respectives et sur la confiance mutuelle qui naît quand je suis capable de reconnaître en l’autre un don de Dieu et que j’accepte qu’il a quelque chose à me dire. L’autre a quelque chose à me dire. Chaque rencontre avec l’autre est une petite graine déposée ; si on l’arrose avec un soin assidu et respectueux, basé sur la vérité, il poussera un arbre luxuriant, avec une multitude de fruits, où tous pourront s’abriter et se nourrir, et où personne ne sera exclu et en lui tous feront partie d’un projet commun, unissant leurs efforts et leurs aspirations.

Sur ce chemin de dialogue, nous sommes témoins de la bonté de Dieu qui nous a donné la vie ; celle-ci est sacrée et doit être respectée et non méprisée. Le croyant est un défenseur de la création et de la vie ; il ne peut pas rester muet ou les bras croisés devant tant de droits impunément anéantis ; l’homme et la femme de foi sont appelés à défendre la vie dans toutes ses phases, l’intégrité physique et les libertés fondamentales comme la liberté de conscience, de pensée, d’expression et de religion. C’est un devoir que nous avons, parce que nous croyons que Dieu est l’artisan de la création et nous des instruments entre ses mains pour faire en sorte que tous les hommes et les femmes soient respectés dans leur dignité et dans leurs droits et puissent se réaliser comme personnes.

Le monde nous observe constamment, nous les croyants, pour vérifier quel est notre comportement devant notre maison commune et les droits humains ; en outre, il nous demande de collaborer entre nous et avec les hommes et les femmes de bonne volonté qui ne professent aucune religion, afin que nous donnions des réponses effectives à tous les fléaux de notre monde comme la guerre et la faim, la misère qui afflige des millions de personnes, la crise de l’environnement, la violence, la corruption et la dégradation morale, la crise de la famille, de l’économie et surtout le manque d’espérance. Le monde d’aujourd’hui souffre et a besoin de notre aide conjointe ; il nous le demande. Vous rendez-vous compte que cela est à des années-lumière d’une quelconque conception prosélyte ?

En outre, nous constatons douloureusement que le nom de la religion est parfois utilisé pour commettre des atrocités, comme le terrorisme, et semer la peur et la violence et, en conséquence, les religions sont indiquées comme responsables du mal qui nous entoure. Il est nécessaire de condamner de manière conjointe et déterminée ces actions abominables et de prendre des distances par rapport à tout ce qui cherche à envenimer les âmes, à diviser et détruire la coexistence ; il faut montrer les valeurs positives inhérentes à nos traditions religieuses pour obtenir un solide apport d’espérance. Pour cette raison, les rencontres comme celle-ci sont importantes. Il est nécessaire que nous partagions nos douleurs comme nos espérances pour pouvoir marcher ensemble, en prenant soin l’un de l’autre ainsi que de la création, dans la défense et dans la promotion du bien commun. Comme il serait beau de laisser le monde meilleur que nous ne l’avons trouvé. Dans un dialogue qui s’est tenu il y a quelques années, un enthousiaste du soin de notre maison commune a dit : nous devons laisser pour nos enfants un monde meilleur. Y aura-t-il des enfants ? a répondu l’autre.

Enfin, cette rencontre se déroule dans l’année consacrée au Jubilé de la miséricorde ; celle-ci a une valeur universelle qui inclut les croyants comme les non-croyants, parce que l’amour miséricordieux de Dieu n’a pas de limites : ni de culture, ni de race, ni de langue ni de religion ; il embrasse tous ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit. En outre, l’amour de Dieu enveloppe toute la création ; et nous, en tant que croyants, nous avons la responsabilité de défendre, en prenant soin d’eux, et de guérir ceux qui en ont besoin. Que cette circonstance de l’Année jubilaire soit une occasion pour ouvrir de nouveaux espaces de dialogue, pour aller à la rencontre de notre frère qui souffre, ainsi que pour lutter afin que notre maison commune soit une famille où il y a de la place pour tous et où personne n’est exclu ni éliminé. Chaque être humain est le don le plus grand que Dieu puisse nous faire.

Je vous invite à travailler et à promouvoir des initiatives conjointes afin que, tous ensemble, nous prenions conscience du soin et de la protection de notre maison commune, en construisant un monde toujours plus humain, où personne n’est de trop et où nous sommes tous nécessaires. Et je demande à Dieu de nous bénir tous.

© Traduction de Zenit, Constance Roques

 

Aïd al Adha
Fête du Sacrifice

Fête du Sacrifice : Aïd al Adha ou Aïd el Kébir


Appelée communément " Aïd el Kébir " (la Grande fête) en Afrique du Nord, elle est aussi appelée
" Tabaski "
en Afrique de l'Ouest, " Tafaska " chez les Berbères et " Kurban Bayrami " en Turquie.

L'Aïd al Adha (la Fête du Sacrifice) est l'une des fêtes musulmanes les plus importantes. Elle marque chaque année la fin du pèlerinage à La Mecque et a lieu le 10 du mois de Dhou al Hijja, dernier mois du calendrier musulman.

 

Cette année cette fête est célébrée le 12 septembre 2016 (en France), nous sommes dans la 1437ème année depuis l'Hégire de Muhammad vers Médine).Elle dure 4 jours et est célébrée dans le monde entier.

C'est la grande (kébir) fête du monde musulman.

Cette fête commémore la soumission à Dieu du patriarche Abraham qui était prêt à sacrifier son fils aîné sur son ordre (Ismaël, selon la tradition musulmane, ou Isaac, selon la Bible ; le Coran ne donne pas explicitement le nom de ce fils).

 

La veille de l'Aïd el-Kébir, tout est purifié : les maisons sont nettoyées de fond en comble, les tissus jusqu'au moindre petit chiffon, consciencieusement lavés.

Chaque famille musulmane, dans la mesure de ses moyens, sacrifie un animal (brebis, chèvre, mouton, vache ou chameau) en l'égorgeant couché sur le flanc gauche et la tête tournée vers La Mecque. Une partie de la chair de ce sacrifice bénéficiera aux plus démunis parmi les musulmans, affermissant ainsi la solidarité et l'assistance mutuelle tel que les prescrit Allah.

C'est un jour de réconciliation où chacun est invité à pardonner à celui qui lui a fait du tort.

Sourate II, 196. Al-Baqarah (La vache)

 

" Et accomplissez pour Allah le pèlerinage et l'Umra. Si vous en êtes empêchés, alors faites un sacrifice qui vous soit facile. Et ne rasez pas vos têtes avant que l'offrande [l'animal à sacrifier] n'ait atteint son lieu d'immolation. Si l'un d'entre vous est malade ou souffre d'une affection de la tête (et doit se raser), qu'il se rachète alors par un Siyam ou par une aumône ou par un sacrifice.

Quand vous retrouverez ensuite la paix, quiconque a joui d'une vie normale après avoir fait l'Umra en attendant le pèlerinage, doit faire un sacrifice qui lui soit facile.

S'il n'a pas les moyens, qu'il jeûne trois jours pendant le pèlerinage et sept jours une fois rentré chez lui, soit en tout dix jours. Cela est prescrit pour celui dont la famille n'habite pas auprès de la Mosquée sacrée. Et craignez Allah. Et sachez qu'Allah est dur en punition

 

Rappel
CALENDRIER DES FETES MUSULMANES

Les dates données sont susceptibles de fluctuer d'un jour ou deux selon la possibilité de voir la lune dans nos régions. Ces festivités peuvent fournir aux communautés chrétiennes l'occasion de signifier leurs vœux de bonne fête à leurs voisins musulmans, surtout s'il se trouve un lieu de culte musulman dans la même localité.

(Texte et photos pris sur le site Lavigerie.org M.Afr. Belgique)

Voir aussi :
Ramadan
Fin du Ramadan Fête de l'Aïd El Fitr
La lune, le calendrier et les fêtes Musulmanes

* L'ISLAM et ses COURANTS (du groupe rencontre Belgique)

Sur le site de l'ARCRE, ces livres recensés par Gilles Mathorel.

Le Fondamentalisme Islamique. Décryptage d’une logique. Michel Younès (dir.), Ghaleb Bencheikh (préface). Karthala, collection Disputatio,  2016 – 214 pages – 15€ – ISBN 978-2-8111-1597-5 [recension par Gilles Mathorel]

 

le-fondamentalisme-islamique-9782811115975_0

Ce livre très dense est le fruit des travaux, en 2015, du CECR (Centre d’Etudes des Cultures et des Religions) basé à Lyon, en France. Ce n’est que le premier volume de toute une série en préparation ; les suivants devant être : protestants, catholiques, ultra-orthodoxes juifs … (p.14). Les auteurs variés veulent nous proposer un « décryptage », c’est-à-dire mettre en évidence des éléments à toutes nos questions sur les événements récents qui ont secoué notre monde culturel et religieux.

Le fondamentalisme « islamique » reste la notion de base tout en admettant qu’il n’est pas spécifique à l’Islam (p.182). Ce fondamentalisme a pris en Islam des formes et connotations variées. Avec Samir Amghar, on peut l’analyser sous les formes d’un salafisme soit quiétiste, soit militant, soit révolutionnaire (p.21). Michel Younès nous présente le Hanbalisme comme source d’un certain fondamentalisme partisan d’une lecture littéraliste d’un Coran incréé. Maurice Borrmans, de son côté, nous initie à deux des théoriciens passés auxquels beaucoup de fondamentaliste/salafistes se réfèrent : Ibn Taymiyya et Mohamed al-Wahhab. Bénédicte du Chaffaut quant à elle, après nous avoir décrit la situation de la femme selon les fatwas d’hier, nous laisse entrevoir un renouveau grâce au Conseil Européen de la Fatwa qui, depuis 1997, cherche à produire un nouveau corpus juridique en référence à ce nouveau contexte européen où les musulmans sont minoritaires. (p.112) Ali Mostfa nous donne un éclairage très intéressant sur le Maroc qui semble nous présenter un double visage à la fois fondamentaliste et moderniste (p.153). La contribution de Bertrand Souchard est très précieuse comme texte référence sur le fondamentalisme en Islam et ailleurs. On peut y voir que le fondamentalisme reste une déviation à la portée de tous ceux qui s’éloigne du réel : « Lorsque le réel contredit une idée, l’idéologue ne conteste pas son idée, mais le réel. » (p.174) … porte ouverte sur toute sorte de violences. Emmanuel Pisani veut confronter l’islamologie au fondamentalisme afin que ce dernier soit mieux intégré dans la première. Ce qui n’empêche qu’il faut « enrayer les dynamiques mortifères aujourd’hui à l’œuvre … bien des penseurs musulmans ou des universités musulmanes s’y adonnent avec passion et urgence. Fort heureusement car la barbarie gronde. Mais ils ne sont pas assez nombreux et le temps presse. » (p.210)

En conclusion, Michel Younès espère que toutes les contributions de ce livre rendront possible « une sorte de vivre ensemble sociétal ; où la prudence et la connaissance permettent l’anticipation et le traitement des dérives sectaires du fondamentalisme religieux, ici islamique. » (p.213)

Il ne fait aucun doute qu’un tel livre trouvera sa place dans toute bibliothèque d’islamologie.

Gilles Mathorel

________________________________________________________________________________________________________

Henri de La Hougue & Saeid Jazari Mamoei : Dieu est-il l’auteur de la Bible et du Coran ? Salvator 2016 – 215 pages – 20€ – ISBN 978-2-7067-1374-3 [Recension par Gilles Mathorel]

Dieu-est-il-l-auteur-de-la-bible-et-du-coran

Nous avons là un livre qui fera date dans la bibliographie du dialogue interreligieux et plus spécialement islamo-chrétien. En effet, nous sommes face à deux auteurs, membres du GRIC ou Groupe de Recherche Islamo-Chrétien. Henri de La Hougue est un prêtre catholique sulpicien, déjà bien connu pour sa thèse de doctorat dans le domaine interreligieux. Saeid Jazari Mamoei est un religieux chiite iranien. À la différence de bien d’autres livres, ce livre n’est pas fait d’une juxtaposition de chapitres dépendant de leur auteur respectif. Non, « Cet ouvrage a été rédigé entièrement par les deux auteurs… Il est composé avec compétence et respect, sans volonté de s’assimiler la pensée de l’autre » nous écrit Pierre Lory dans sa préface. « Ce livre, dit-il, cherche à conduire le lecteur aux intuitions premières, à la logique spirituelle qui anime les croyants » (pages 9 & 11).

Le titre de l’ouvrage nous donne le point de départ de la dissertation : quelle est la relation entre Dieu et chacun des deux livres saints, Bible et Coran ? Après une première partie plus concernée par Jésus et Muhammad selon les écritures respectives, la deuxième cherche à explorer dans quelle mesure un regard positif sur l’autre religion est possible. Le 3ème chapitre de cette section aborde un peu ce qui est au centre des débats contemporains sur les rencontres inter-religieuses : « Comment aller plus loin dans le regard positif sur l’autre ? ». La 3ème et dernière partie du livre envisage les défis théologiques que cela pose tout autant du côté chrétien que musulman. La conclusion du livre revient sur le point de départ quant à l’identité de l’auteur de chacun de ces livres saints, la Bible et le Coran. Il ne s’agira pas de produire une réponse claire et nette par un Oui ou un Non. Les auteurs sont plus circonspects quant au respect de la foi de chacun. Ils croient qu’un regard positif et bienveillant reste possible tout en reconnaissant que certains éléments fondamentaux ne sont pas connus ou développés par l’autre côté. C’est pourquoi, une certaine réserve restera de mise sur certains points cruciaux comme le statut de Muhammad ou encore le partage des livres saints dans la vie ordinaire de chacun des croyants. Encore moins serait-il possible de faire une sélection parmi toutes les variétés que présentent chacun de ces deux religions.

Aussi, « malgré les divergences importantes, tant dans les concepts théologiques que pratiques, nos regards réciproques doivent être nourris par la conscience que les deux grandes religions mondiales partagent une base commune essentielle qui doit les engager dans une démarche commune de sanctification et de construction d’un monde plus juste et plus pacifique » (p.214)

Nos deux auteurs vont donc bien au-delà d’un simple problème scripturaire. Ils nous emmènent au cœur de l’interreligieux. Sans occulter les difficultés, il se dégage néanmoins de ces chapitres une certaine sérénité que nous pourrions qualifier de contagieuse. Un livre relativement facile à lire par toute personne convaincue que la religion est indispensable à l’homme et à la société d’aujourd’hui.

Gilles Mathorel

________________________________________________________________________________________________________

Laicite-et-rencontres-de-la-laicite    Abdennour Bidar:  Les rencontres de la Laïcité.

Laïcité et religions dans la France d’aujourd’hui.

Privat 2016 – 165 pages – 9.80€. ISBN 978-2-7089-5641-4 [recension par Gilles Mathorel].

Abdennour Bidar n’est pas un inconnu pour les islamologues et ceux et celles intéressées par l’interreligieux en France et au-delà. Musulman et Docteur en philosophie, il est aussi Chargé de Mission sur la pédagogie de la laïcité au Ministère de l’Education français. Ce livre est la suite d’un colloque organisé en Haute Garonne sur la « laïcité et république ». Après une introduction de Georges Méric, Abdennour Bidar essaye de nous présenter en 5 chapitres les valeurs républicaines de la laïcité autour de la devise traditionnelle « Liberté, égalité, fraternité ». Les 34 dernières pages sont la retranscription du débat public qui s’en suivit.

L’auteur cherche à donner toute sa valeur positive à la laïcité comme favorisant la liberté et la fraternité dans un contexte d’égalité face à l’État. Cet Etat ne sera pas laïque en tant que tel mais plutôt impartial, cherchant à donner sa chance à chacune des religions qui se présenteraient. Il ne sera pas neutre, s’abstenant de prendre position en matière de valeurs (20). Car on peut être croyant tout en vivant dans un État laïque (24). Ce qui importe c’est que chaque religion devra se « concilier avec un univers de valeurs et de principes fixés par les hommes et non par les dieux. On appelle cela la démocratie. » (26)

L’auteur reste donc un fervent partisan de la laïcité où tout est remis entre les mains des hommes seuls. Le monde dans lequel nous vivons est difficile, générant un vide anxieux sans promesse ni espérance. On assiste alors à un certain retour de la religion ou du religieux qui aurait tendance à devenir la « boîte à outils du sens » de la vie » (70/71). La religion ‘est alors vue qu’à travers ses déviations, comprises par l’auteur comme « des vices » ou « ses maux classiques » que sont dogmatisme, fanatisme, radicalisme (77). Et pourtant par-delà la religion, il y a encore cette soif de transcendance et de sacré dont nous devons prendre soin. En bon philosophe, veut répondre à cette soif par la fraternité qui pourra devenir, « si on y travaille un sacré ou un universel partageable » (81). Ainsi il semble voir la religion seulement comme une étape vers un monde nouveau, émancipé de toute dépendance divine. Il intègre la religion mais il nous invite à la dépasser pour un meilleur « vivre ensemble. »

On peut remettre en questions bien des affirmations d’Abdennour Bidar. Son livre reste cependant très intéressant et peut nourrir la réflexion. De toute façon, il s’ajoute au dossier déjà épais des débats sur la laïcité dans le monde occidental.

Gilles Mathorel

_______________________________________________________________________________________________________

     dialoguer-en-verite Juifs, chrétiens, musulmans, COEXISTER ? [recension par Gilles Mathorel].

Le monde de la Bible N°217 – mai 2016 – 40 pages – 16.85€

On pourra lire avec intérêt ce numéro du « Monde de la Bible » consacrée à la coexistence interreligieuse entre juifs, chrétiens et musulmans. Selon leur expression, la rédaction a cherché seulement à « explorer » des textes fondateurs et des expériences historiques ou humaines. Il est évident que nous avons là un sujet très vaste qui ne peut pas être couvert en 40 pages, surtout quand il nous faut ajouter de magnifiques pages d’illustrations, dans la bonne tradition de la revue. Malgré tout, le lecteur y trouvera une base solide qui lui permettra de poursuivre et approfondir sa recherche en ce domaine.

Nous trouvons quelques pages sur la Bible et sur le Coran. Mais l’évocation de certaines expériences humaines est très stimulante. Mathieu Tillier nous parle des juifs et chrétiens sous les Omeyyades musulmans. Il y avait bien là une certaine coexistence de ces trois religions si l’on évoque les débats théologiques et interreligieux de l’époque. Mais avec les débuts des croisades, les chrétiens furent perçus comme une menace et sont devenus une minorité indésirable (p.50). Michel Balard nous parle d’une coexistence pacifique mais éphémère  en Sicile normande du 11ème siècle (p.52). Plus intéressante est la contribution de John Nolan sur les relations interreligieuses dans l’Espagne médiévale. Il y discerne des interactions réelles entre les membres de ces trois religions. Mais de telles fréquentations sont déconseillées par leurs autorités respectives ; car toute amitié ou intimité pourrait avoir des conséquences néfastes. Alors, on peut percevoir en creux « l’art fragile du vivre ensemble ». Jérusalem fut aussi au début du 20ème siècle un lieu d’une certaine convivialité, « au ras du sol » entre les religions. Enfin Dionigi Albera nous évoque les dévotions communes et partagées liées à ces lieux communs comme les tombeaux des Patriarches Bibliques ou Coraniques et qui sont devenus ce qu’il appelle des « lieux principiels ». En ces lieux nous faisons face à une mixité dévotionnelle et à des formes discrètes d’interaction.

Que dire à la fin de ce survol historique d’un problème bien épineux ? Nous pouvons nous laisser interpeller par cette conclusion : « Des paysages mélangés se profilent là où un regard pressé ne perçoit que la différence et le différend. » (p.64). À nous maintenant de continuer la recherche et l’exploration.

Gilles Mathorel

Sue le site de Radio France Internationale, ces informations

Des musulmans d’Afrique sensibilisent sur les dangers de la radicalisation

Vue générale de la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou.
© REUTERS/Joe Penney/Files
 

Des jeunes musulmans d'Afrique en lutte contre les extrémismes se sont réunis à Ouagadougou au Burkina Faso. Plus de 240 jeunes, venus de huit pays de la sous-région, ont décidé de renforcer la sensibilisation des jeunes musulmans contre la radicalisation et l'extrémisme violent. Ils demandent par ailleurs aux différents gouvernements de jouer pleinement leur rôle en offrant des opportunités d'emploi et de formation aux jeunes afin d'éviter qu'ils tombent dans le piège des terroristes.

Pour l’Organisation de la jeunesse musulmane en Afrique de l'Ouest (Ojemao), il faut aller « vite », car les terroristes et certains prédicateurs radicaux ont pris de l'avance.

Au Niger par exemple, l'association des clubs de jeunes musulmans initie, depuis des années, des rencontres dans les écoles et les quartiers pour sensibiliser les jeunes sur les valeurs de paix, de développement et l'amour de la patrie, selon Seyni Ibrahim, le président national de cette association de jeunes musulmans : « Nous organisons des exposés sur l’islam, sur le comportement des jeunes, sur la relation parentale, le respect des parents. Et nous rencontrons les jeunes dans les quartiers et même dans les écoles coraniques pour dialoguer avec eux. Nous avons beaucoup de rencontres de formation pour expliquer, former les jeunes. »

Eviter « le piège » jihadiste

L'un des objectifs visés par ce club de jeunes musulmans du Niger est d'éviter que d'autres régions du pays soient la cible de terroristes, selon leur président national : « Il fallait aller vite pour que les régions qui ne sont pas à côté du lac Tchad et [leurs] jeunes ne tombent pas dans le piège. Nous pouvons rassurer aujourd’hui, il y a moins de jeunes qui s’engagent et ce n’est pas seulement notre effort mais c’est l’effort des chefs traditionnels, des populations, des imams, de toute la société civile. »

En plus de la sensibilisation, ces clubs de jeunes musulmans du Niger organisent des tournées de solidarité islamique au cours desquelles les plus riches viennent en aide aux plus démunis.

Niger: les vols des pèlerins pour La Mecque fortement perturbés

           L'aéroport Diori-Hamani de Niamey au Niger.  © Wikimedia
 

Au Niger, les vols charters qui doivent transporter les 12 000 pèlerins nigériens n'ont pas encore commencé. Les premiers vols devaient commencer le 16 août 2016. Les vols ont été annulés et les pèlerins se retrouvent bloqués à Niamey.

Pour Cheick Bello Garba, commissaire chargé à l'organisation du hadj au Niger, le retard accusé par les pèlerins nigériens cette année est dû à des raisons techniques sans en dire plus. « Pourquoi est-ce que le programme n’a pas eu lieu ? Je pense que c’est pour des raisons techniques. L'opérateur nous a renseignés de ces raisons et on les a acceptées. Et on assure aux pèlerins que tout le monde va repartir », confirme-t-il.

Boukari Sani, le représentant de la compagnie Max Air, qui devait effectuer les vols annulés, explique qu'il a été empêché d'obtenir les autorisations nécessaires pour le survol de l'Arabie saoudite afin que le marché du transport des 12 000 pèlerins profite intégralement à une compagnie privée saoudienne. « Ce n’est pas que nous n’avons pas honoré notre engagement. Flynas, qui est une compagnie privée saoudienne, en complicité avec le commissaire au hadj, n’a pas voulu qu’on nous délivre les vols à destination de Jeddah ou de Médine », résume-t-il.

L'annulation des vols en question engendre des frais supplémentaires pour les agences de pèlerinage. « Par rapport au contrat de bail à Médine, là pour le premier groupe qui devait partir le 16, il part carrément. Pour les pèlerins de l’intérieur du pays qui viennent, ils sont à la charge des agences », explique Ada Malam Djibo, directeur de l'agence de pèlerinage Firdaous

Selon le nouveau calendrier, l'acheminement des pèlerins nigériens vers La Mecque doit débuter ce dimanche 28 août.