Dans le Petit Echo n° 1088 cet article sur ce Missionnaire qui a travaillé au Burkina Faso et en Mauritanie

 

Hans  Remhs 1931 – 2017


Il est né le 2 novembre 1931 à Amsterdam. Pour devenir missionnaire il a suivi notre formation à ‘s-Heerenberg, Thibar où il fit son serment missionnaire le 26 juin 1956, puis à Carthage où il fut ordonné le 21 avril 1957.

Il avait un bon jugement pratique, il était systématique et bien organisé. Son caractère dynamique et sa volonté firent qu’il persévérait dans ce qu’il jugeait important, avec un sens de responsabilité pour les tâches qui lui étaient confiées. A l’adolescence il était plutôt introverti et pas bavard ; durant ses années de formation il s’est épanoui. Il s’est rappelé d’un trésor de bits d’information et aimait en parler.

Après son ordination il enseigne pour quelques mois à notre Petit séminaire de Santpoort. En 1958, il étudie les mathématiques au Collège d’Eindhoven tout en enseignant à notre Petit séminaire de Sterksel. Il part au Burkina Faso, récemment indépendant, le 19 novembre 1960 ; c’est à Paris qu’il va pour arranger son visa à l’ambassade du Burkina où tous semblaient connaître les Pères Blancs.

Pendant 6 mois il étudie la langue Moré et la culture du pays à Guilongu ; puis il va au diocèse de Ouahigouya, à la paroisse de Tikaré (érigée en 1953, très peuplée, à peine 400 catholiques et 600 néophytes) ; il s’y dévoue au travail pastoral et y découvre la situation locale ; c’est ainsi qu’en septembre 1961 il devient professeur au petit séminaire de Koudougou. Le diocèse n’avait que 4 paroisses, une cinquième étant en voie de formation. Notre ancien Supérieur général, Mgr Durieux, en était l’évêque jusqu’à sa mort en 1965. Un Burkinabé lui succéda, notre confrère Mgr Tapsoba.

Hans enseigne toutes les classes de mathématiques ; cela demandait beaucoup de préparation, corrections de devoirs, surveillance. Quand le professeur d’anglais allait en vacances Hans le remplaçait pour toutes les classes d’anglais. Il était difficile de trouver assez de professeurs vu qu’en ce temps-là les laïques n’étaient pas acceptés ou disponibles. Pendant les vacances, Hans visite les paroisses et conduit un camp de trois semaines pour les séminaristes. Le 18 août 1964, il écrit : « Beaucoup de travail et de soucis pour donner aux étudiants une formation intellectuelle et spirituelle solide ».

A partir du 2 juillet 1965, il obtient un temps sabbatique, 6 mois de vacances et un an et demi de travail pastoral à Tikaré en pleine préparation au baptême de 148 néophytes. En septembre 1967 il retourne au séminaire de Koudougou. En janvier 1972 son régional écrit : « Il travaille bien et est apprécié des séminaristes. » A la fin des années 70 ils reçurent le premier recteur Burkinabé avec lequel Hans s’entendait à merveille.

A partir du 11 septembre 1980 il peut faire à nouveau 8 mois de travail pastoral à Tikaré, et le 1.5.1981 on lui demande de devenir économe diocésain de Ouahigouya. Hans commente le 3 novembre 1981 : « Dans mon nouveau travail, je n’ai aucune chance de m’ennuyer. Je regarde avec nostalgie vers ces 8 mois que j’ai passés en brousse et que j’ai aimés. » L’évêque avait la tête pleine de projets de construction, le premier étant une grande clinique ophtalmologique. En 1983 on donne à Hans un assistant. En 1986, il reçoit la médaille de l’Ordre d’Orange-Nassau. Pendant la semaine de Noël 1989 commence la « Guerre des Pauvres » entre le Burkina et le Mali voisin. Son régional écrit (pas de date) : « Hans est resté à son poste pour aider à l’accueil des réfugiés en leur fournissant un abri ou en leur permettant de continuer leur fuite. Deux ou trois fois dans la journée, l’ambassadeur lui téléphonait pour s’enquérir de la situation locale. Sa manière efficace d’agir était estimée héroïque ».

L’évêque envoie un prêtre diocésain à Paris pour deux ans de formation en gestion des affaires et comptabilité, mais avant de le nommer comme successeur de Hans il voulut qu’il fasse 3 ans d’expérience pastorale afin qu’il devienne conscient des besoins réels du diocèse. En 1991, ils ont eu 4 ordinations portant le nombre de prêtres diocésains à 23 et 14 PB. Voici le commentaire de Hans : « Il est grand temps que l’un d’entre eux prenne en charge l’administration financière du diocèse ». Cette année-là, ils connurent aussi les conséquences d’une sécheresse sévère ; avec d’autres organisations et le gouvernement Hans aide pour les secours alimentaires. Dans le nord, de plus en plus de familles partent et quelques villages sont complètement désertés. Le désert avance. La récolte suivante est «excellente». Hans commente: « Tant mieux pour les gens et beaucoup moins de soucis pour nous. »

Le 1 juin 1992, il devint économe pour les Pays-Bas. Il fait cela avec dévouement et grand soin. Le dimanche, il préside à l’eucharistie au home de St Michielgester… Le 14 mars 1999 il devient économe du diocèse de Nouakchott, en Mauritanie. Ce diocèse couvrait une immense superficie mais les « implantations » étaient peu nombreuses. De plus, Caritas avait ses propres finances et les comptes ne dépendaient pas du diocèse. Sa tâche est de superviser le comptable du diocèse, gérer les propriétés et investissements, et aider les quelques travailleurs pastoraux et les religieux à faire leurs budgets. Hans y est heureux. Plus tard il racontera des tas d’histoires et d’anecdotes de cette époque.

En 2003, il souffre d’un trouble oculaire qui le laisse avec un rétrécissement du champ visuel ; le 19 février 2003, il revient aux Pays-Bas pour traitement. L’amélioration est si faible qu’il reste là pour de bon et se fixe à Dongen. L’économat provincial était bien géré par des laïques ; on demande à Hans d’être leur conseiller et de faciliter leur rapport avec l’équipe générale pas encore habituée à travailler avec un économe provincial laïc.

Hans était un magicien en informatique, surfant beaucoup sur Internet. Il savait beaucoup de choses sur la marche des ordinateurs et était toujours prêt à aider ceux qui étaient coincés. Il faisait souvent des traductions en et du français pour le délégué du secteur et pour notre Lien. Il était membre de notre comité de publications. Avec sa voix de stentor il racontait ses histoires et anecdotes. Ces dernières années, ses hanches et genoux commencent de lui causer beaucoup de souffrances.

Le jour de son jubilé d’or il soulève le voile de ce qui l’inspirait : il avait fait l’expérience de Jésus comme un ami proche qui, aux moments difficiles, l’encourageait à faire encore un effort avec des résultats miraculeux, et qui l’attendait sur le bord du lac avec un repas préparé pour lui. (Jn 21, 1-3).

Le 27 mai 2010 il déménage à Heythuysen. Après un peu de temps il reçoit un déambulateur et un scooter de mobilité. Il consulte beaucoup l’ Internet et peut en parler avec beaucoup de détail. Il aide les confrères avec leurs ordinateurs et outils TIC. En septembre 2017, un mal grave est diagnostiqué ; il meurt dans son appartement paisiblement le 15 novembre 2017. Avec sa parenté et ses amis nous l’avons enterré dans notre cimetière de St Charles le 20 novembre 2017.

Voici la caractéristique de Jésus que Hans a illustrée dans sa vie : « Jésus s’approcha et il faisait route avec eux. » Lk. 24.15

Marien van den Eijnden, M.Afr.