Côte d’Ivoire : un budget 2022 ambitieux, mais en quête de recettes fiscales

Par  - à Abidjan
Mis à jour le 20 octobre 2021 à 20:37

 

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Patrick Achi prévoit de dépenser quelque 15 milliards d’euros en 2022, un montant en hausse de près de 15 % par rapport à 2021. Ici, le Premier ministre au palais présidentiel à Abidjan, le 7 avril 2021. © LEGNAN KOULA/MAX PPP


Pour 2022, Abidjan présente un budget en hausse de près de 15 % malgré le contexte de post-pandémie. Il faudra mobiliser recettes fiscales et endettement pour le financer.

Le budget ivoirien ne connaît pas la crise. Malgré l’impact de la pandémie de Covid-19, le gouvernement de Patrick Achi prévoit pour 2022 de dépenser 9 901 milliards de F CFA (environ 15 milliards d’euros), un montant en hausse de près de 15 % par rapport aux 8 621,1 milliards de F CFA de l’exercice 2021.

Adopté en Conseil des ministres aujourd’hui mercredi 20 octobre, ce budget est le plus élevé de la zone de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA), loin devant les 5 160 milliards de F CFA du Sénégal, met en avant Abidjan.

Il doit permettre de poursuivre la transformation structurelle du pays par des investissements massifs dans les infrastructures ainsi que dans les secteurs productifs et sociaux.

Mobiliser les recettes fiscales

Abidjan table sur une croissance de 7,1 % pour 2022, un niveau supérieur aux 6,5 % de 2021 mais n’atteignant toutefois pas les deux chiffres.

LE PAYS AURA RECOURS AU MARCHÉ FINANCIER INTERNATIONAL, SOIT PAR UN EUROBOND, SOIT À TRAVERS UN PRÊT SYNDIQUÉ

Pour financer le budget, le gouvernement entend mettre l’accent sur la mobilisation des recettes fiscales intérieures, notamment au niveau des services des douanes et du fisc, prévoyant de collecter quelque 4 767 milliards de F CFA de recettes.

« Il y a beaucoup de déperdition. Une rationalisation des systèmes de collecte permettra d’optimiser les procédures et d’engranger suffisamment de ressources », assure une source gouvernementale.

L’équation est délicate : les réformes engagées et à venir doivent bénéficier à l’État sans décourager les investissements et le dynamisme des acteurs économiques privés.

Soutien du FMI

« Le pays aura recours au marché financier international, soit par un eurobond, soit à travers un prêt syndiqué. Les DTS du Fonds monétaire international (FMI) ne sont que des mécanismes de comptabilité dans le tableau des opérations de trésorerie de l’État », confie un conseiller du Premier ministre.

La Côte d’Ivoire, qui n’est plus sous programme financier avec le FMI est toutefois en discussion pour conclure un nouvel accord lui permettant de recevoir 1 milliard de dollars, promis par l’institution de Washington dans le cadre de la relance économique post-Covid.

Déficit de 4,7 %

Le pays, qui a réussi deux premières émissions d’eurobonds en novembre 2020 et février 2021, prépare depuis plusieurs mois une troisième émission pour financer son déficit budgétaire.

Le président ivoirien Alassane Ouattara a plaidé en juillet auprès de la directrice du FMI Kristalina Georgieva pour un relèvement du taux de déficit afin d’augmenter la capacité d’endettement de son pays et de financer la relance de l’économie.

Pour 2022, le déficit est estimé à 4,7 % du PIB contre 5,6 % pour l’exercice en cours, la norme de convergence communautaire étant fixée à 3 %.